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Hussein Emara (Traducteur)Moïna Fauchier-Delavigne (Traducteur)
EAN : 9782742785414
189 pages
Actes Sud (30/11/-1)
3.77/5   185 notes
Résumé :
Portant chacune sur un aspect particulier de la vie sociale, économique ou politique en Egypte, ces cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire composent un tableau fascinant de ce pays à un moment clé (avril 2005-mars 2006) du règne du président Hosni Moubarak — qui sollicitait alors un cinquième mandat. Tout y est, en effet : les difficultés quotidiennes de la grande majorité de la population, la corruption qui sévit à tous les échelons de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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[Livre choisi en octobre 2009- Librairie le comptoir des mots, Paris 20e]
Lecture le 31 mai 2019


L'auteur dans plus d'une cinquantaine de bavardages et d'échanges avec des taxis cairotes, le plus souvent nous fait part de la situation économique, politique de l'Egypte et de la capitale, le Caire....dans les années 2005-2006, sous le régime de Moubarak, alors qu'il briguait un 5ème mandat !...

Un panorama très large du quotidien du peuple égyptien: les misères du petit peuple, la corruption de l'Etat, les intégrismes grandissants, les abus policiers, le manque de liberté, l'intoxication gouvernementale, la désinformation généralisée...Les persécutions envers la minorité chrétienne , etc.

Comme le précise justement le 4ème de couverture... Ces 58 conversations, dialogues entre l'auteur et les taxis égyptiens "relèvent à la fois de la création littéraire et de l'enquête de terrain..." abordant les
sujets et les problèmes les plus divers de la société égyptienne et du quotidien éprouvant du peuple... ne parvenant à vivre décemment du fruit de son travail !

"Je ne comprends pas ce qu'ils veulent de nous. Il n'y a pas de travail et on accepte de faire n'importe quel boulot. Mais chaque fois ils nous tendent des guets-apens et nous empêchent de travailler. Ils n'arrêtent pas de piller, de voler et de prendre des pots-de-vin. (...)

Eh bien, au final, on va larguer ce pays pourri comme tout le monde. C'est clair que c'est le véritable projet du gouvernement : nous obliger tous à partir. Mais je ne comprends pas, si on part tous, qui est-ce que le gouvernement va pouvoir voler ? Il ne lui restera plus personne.

Franchement, je ne sais pas si le ministre de l'Intérieur avant de dormir pense à ce qu'il nous fait subir. Est-ce qu'il sait qu'on a reçu une bonne éducation et est-ce qu'il sait à quel point nos familles se sont tuées à la tâche pour nous instruire ? Est-ce qu'il sait à quel point on est humiliés par ses hommes dans la rue ? Est-ce qu'il se rend compte, la tête sur son oreiller, que ça y est, on va exploser ? Franchement, ce n'est plus supportable. On se tue pour vivre. " (p. 109)

En dépit de la gravité des sujets abordés... l'auteur a le don de la narration et un humour détonant...qui rend cette lecture attachante et joyeuse... car on sent à quel point al Khamissi ressent du respect, de la tendresse, parfois de la malice envers les "humbles", et tous ces taxis rencontrés, personnalités imaginaires et réelles...




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"Taxi" nous plonge dans la vie du peuple : celle des petites gens qui, bien souvent, n'ont que la débrouille pour survivre. Mais ce que l'on découvre surtout au travers de ces récits, c'est une Egypte où il ne fait bon vivre que pour les riches ; une Egypte où règnent la corruption et la violence, qui profite à ceux qui ont le pouvoir et affaiblit chaque jour davantage la population.

En quelques lignes, Khlaled al Khamassi nous campe des personnages et des situations avec un réel talent de conteur, sans jamais se départir d'une forme d'humour qui donne une résonance particulière à ses mots. Tantôt le narrateur est à l'écoute des chauffeurs qui ont besoin de se confier, tantôt il les questionne. Petit à petit se dessine une image de la société cairote.

"Taxi" ne se lit pas d'une traite, comme un roman. C'est un livre qui se distille, que l'on ouvre le temps de deux ou trois récits puis que l'on repose, encore dans la réflexion qu'il inspire. C'est aussi un témoignage lucide mais plein de tendresse qui nous éclaire sur ce qui a amené les Egyptiens à se soulever : le besoin viscéral de vivre dans la liberté et la dignité.

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-Hep, taxi!!
-Salam aleikum ya Hanem*, où voulez-vous aller?
-Promenez-moi dans l'Egypte de Moubarak…


A travers les bavardages savoureux de chauffeurs de taxi au Caire, l'auteur nous trace une véritable chronique sociale voire sociologique de l'Egypte en 2006.
Et même si le tableau est sombre, corruption, humiliation, et surtout, précarité omniprésente, on dévore ce livre avec beaucoup de plaisir pour la tendresse et le respect que l'auteur nous amène à ressentir pour ces hommes simples pleins d'humour et de philosophie.

Une réussite à ne pas laisser passer.


*Hanem = Madame

is@ juin 2013
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Très bon livre et vraie découverte, des nouvelles (point commun entre toutes un chauffeur de taxi) qui ont pour toile de fond la misère, la politique de l'Egypte et la politique internationale. Une vision des plus juste étant donné qu' al Khamissi est diplômé des sciences politiques de l'université du Caire et de relations internationales de Paris-Sorbone. Petit plus ce livre est truffé d'humour.
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L'auteur nous raconte la vie quotidienne en Egypte avant le bouleversement du printemps Arabe et le renversement de Moubarak à travers les récits de chauffeurs de Taxi .
Ces discussions permettent de nous rendre compte de la situation des Égyptiens en 2005/2006 ,entre misère,corruption, administration défaillante,violence ...mais aussi les espoirs ,les rêves ,les changements attendus pas les égyptiens. Certaines situations sont drôles ,d'autres révoltantes !
Un livre très intéressant sur cette société encore en transition ,qui aspire à plus de liberté .
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critiques presse (2)
Lexpress
29 novembre 2011
A travers ces propos rapportés, a priori anecdotiques, Al Khamissi brosse sans en avoir l'air un portrait acide de l'Egypte de Moubarak au bord de l'explosion, avec sa répression policière, ses conflits sociaux et ses problèmes du quotidien.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
27 octobre 2011
Tel Albert Cossery, Khaled Al Khamissi use d'une plume mordante et comique. Son sens de l'observation, son écoute et son humour permettent de mieux comprendre un pays. C'est un livre prémonitoire qui explique pourquoi l'Égypte en est aujourd'hui là. Il faut aussi saluer l'écriture remarquable de l'auteur.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (73) Voir plus Ajouter une citation
- Qu'est-ce qui se passerait si on disait aux États-Unis : "vous avez des armes nucléaires, vous avez des armes de destruction massive, si vous ne nous débarrassez pas de toutes ces armes, nous allons rompre nos relations avec vous et déclarer la guerre. Nous allons aussi être obligés d'utiliser notre force armée pour protéger Cuba, qui est un petit État. Nous devons veiller sur lui."
Bien sûr, on dirait juste ça comme ça. Ça servirait à créer un précédent. Et le monde entier serait obligé de se ranger de notre côté, comme il s’est rangé de notre côté des Américains quand ils ont dit la même chose à l’Irak. Et comme ils disent aujourd’hui à l’Iran. Je suis sûre que vous comprenez ce que je veux dire. Il faudrait juste dire exactement ce qu’ils disent, eux, à d’autres pays. Par exemple, on pourrait demander à observer les élections américaines parce qu’on ne se fie pas à leur processus électoral. On réclamerait l’envoi d’observateurs internationaux pour contrôler les urnes. Et on aurait raison de réclamer tout ça. Tout le monde, aux États-Unis et ailleurs a parlé de trucage dans l’élection de Bush et ont dit que son frère avait faussé l’élection dans son État. Donc on dirait qu’on doit défendre la démocratie et qu’on doit envoyer les juges égyptiens pour s’assurer du bon déroulement du processus démocratique.
Vous savez, si on faisait ça, on leur ferait comprendre ce qu’ils sont en train de faire subir aux gens. Comme ça, on apaiserait la colère qui nous ronge. […] On pourrait aussi inventer un procès contre les États-Unis, en les accusant de soutenir le terrorisme international et les États qui ne sont pas démocratiques. On donnerait des preuves. […] On pourrait aussi menacer d’imposer des sanctions économiques aux États-Unis, s’ils ne respectent pas ces injonctions […] Mais il faudrait surtout qu’on arrête tous d’utiliser les mots « Américains » et qu’on dise un « protestant blanc irlandais d’Amérique », un « musulman noir d’Amérique », un « Latino d’Amérique », un « catholique blanc d’Amérique », exactement comme ils disent ces temps-ci : Six « chiites d’Irak » et deux « sunnites d’Irak » ont été tués. Et les fils de chien, dans nos journaux, répètent tout. Évidemment, ils vont aussi dire un « copte d’Égypte », ou un « musulman d’Égypte ».
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- En plus, les Américains sont incompréhensibles. Ils aident Moubarak, ils aident les Frères musulmans, ils aident les chrétiens qui créent des problèmes à l'étranger et ils donnent de l'argent à l'Arabie saoudite, qui paie des islamistes qui sont censés mener des opérations terroristes contre l'Amérique. Ils mélangent tout. C'est à devenir fou. [...]
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Mon Dieu ! Quel âge pouvait avoir ce chauffeur de taxi ? Et quel âge pouvait avoir sa voiture ? Je n’en croyais pas mes yeux quand je me suis assis à côté de lui. Il y avait autant de rides sur son visage que d’étoiles dans le ciel. Chacune poussait l’autre tendrement, créant un visage typiquement égyptien qui paraissait sculpté par Mahmoud Mokhtar. Quant à ses mains, qui tenaient le volant, elles s’étiraient et se rétractaient, irriguées par des artères saillantes comme le Nil allant abreuver la terre desséchée. Le léger tremblement de ses mains ne faisait basculer la voiture ni à gauche ni à droite. Elle marchait droit en avant, et les yeux du chauffeur, recouverts de deux énormes paupières, laissaient transparaître un état de paix intérieure qui suscitait en moi et dans le monde entier une profonde quiétude.
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Le chauffeur était en train de fumer une cigarette et me crachait sa fumée au visage. je n’ai pas supporté de voir ce serpent qui dansait dans l’air et se dirigeait vers mes narines. Mes poumons ont envoyé un ultimatum sans équivoque à mon cerveau : il fallait réagir immédiatement pour que cesse cette danse silencieuse.
J’ai un peu réfléchi et me suis dit que, si je lui demandais poliment d’avoir pitié de mes poumons et d’éteindre ma cigarette, il refuserait avec dédain. J’ai donc décidé de tenter la méthode brutale pour qu’il s’imagine un instant que j’étais officier, qu’il s’incline devant mon autorité, et jette sa cigarette.
- Jette cette cigarette, lui ai-je lancé d’une voix dure. Il y a suffisamment de pollution à l’extérieur.
Il a scruté mon visage pour voir s’il cadrait avec celui d’un officier. Puis il a jeté sa cigarette par la fenêtre. Je me suis ainsi rendu compte que je pouvais passer pour un policier.
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Je suis un ennemi acharné des droits de propriété intellectuelle vu le fossé qui s’agrandit tous les jours entre nous, le monde sous-développé, et le monde développé. Je suis persuadé qu’il faut donner au peuple auquel j’appartiens accès à la culture et aux soins médicaux afin qu’il puisse affronter les deux ennemis féroces que sont l’ignorance et la maladie, qui dévorent notre société depuis des siècles.
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