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Critique de Bartzella


Une de mes lectures COUPS DE COEUR à vie ! Belle. Poignante. Hivernale.

Seattle. 1974. Ernt Allbright (le père), Cora (la mère) et Leni (Lenora, 10 ans) vivent modestement sans réel attachement à leur milieu de vie. La famille était heureuse avant qu'Ernt parte pour le Vietnam mais à son retour, c'est un homme transformé, brisé et dévasté psychologiquement qu'elles retrouvent. Alcoolique, violent, démotivé, dépressif. Incapable de garder un emploi et incapable de trouver la paix en restant longtemps au même endroit, Ernt a besoin d'air. Coup de bol, un courrier lui annonce qu'un ami proche mort au combat lui lègue une parcelle de terre et un chalet quelque part au fin fond de l'Alaska. Fou de joie, Ernt pense qu'un changement de vie radical le remettra sur les rails pour de bon. C'est avec enthousiasme qu'il organise le déménagement, bien que sa famille ait des doutes. Ils quittent donc tout et partent vers l'inconnu.

Et l'inconnu, ils le trouveront ! Au bout du monde, de l'autre côté de la baie de Kachemak. Aucune route ne s'y rend, il faut prendre soit l'avion ou le bateau pour accéder à cette partie reculée du continent. Pas de courant, pas de téléphone. Pas de voisin proche. C'est la nature dans son état le plus pur.

"Ils vivaient sur un terrain inaccessible par la mer à marée basse, dans une péninsule habitée seulement par une poignée de gens et des centaines d'animaux sauvages, dans un climat assez rude pour vous tuer. Il n'y avait pas de gendarmerie, pas le téléphone, personne pour vous entendre crier. Pour la première fois, Leni comprit vraiment ce que son père avait dit: ils étaient coupés du monde."

La famille arrive là sans être préparée le moins du monde à ce qui les attend, ne sachant ni comment attraper des proies, ni comment ni quoi cultiver sous ce type de climat, ni comment préparer son abri, ni comment faire face aux conditions météorologiques hostiles. Ils ne sont même pas vêtus en conséquence. L'aide de la petite communauté soudée de moins de 30 personnes leur sera bien précieuse pour tout préparer et pour leur apprendre "comment vivre en Alaksa". Ils vivent de la nature et de troc.

"Leçon numéro un: ne jamais marcher en silence, ou sans arme, en Alaska. Pas dans une région aussi reculée, et pas à cette période de l'année. (...) Avoir peur, c'est du bon sens ici. Beaucoup de gens viennent ici, Cora, avec des appareils photo et le rêve d'une vie plus simple. Mais cinq Alaskains sur mille disparaissent chaque année. Ils disparaissent, tout simplement. Et la plupart des utopistes...eh bien, ils craquent le premier hiver. Ils s'empressent de retourner au pays des drive-in et du chauffage qui s'allume en tournant un bouton. Et du soleil."

Ils devront se retrousser les manches et travailler dur, sans relâche, toute l'année afin d'être prêts chaque hiver. Trois saisons d'ouvrage pour en préparer une. Répéter chaque année. C'est l'Alaska dans toute sa violence et toute sa splendeur qui nous explose au visage. L'immensité de son paysage. Dans toute sa blancheur, toute sa froideur mais aussi dans toute sa beauté avec ses cieux flamboyants, de jour comme de nuit, et ses cours d'eaux majestueux. Sa faune, sa flore, toute la nature constitue presqu'un personnage en elle-même. L'Alaska, on la vit, on la respire, on s'y sent bien. C'est vaste. On s'y sent libre.

"Deux sortes de personnes viennent en Alaska, Cora. Ceux qui cherchent quelque chose et ceux qui fuient quelque chose. La seconde catégorie...il faut les garder à l'oeil. Mais il n'y a pas que les gens dont il faut se méfier. L'Alaska elle-même peut être une belle endormie et se transformer tout à coup en garce armée d'un canon scié. On a un dicton: 'Ici, vous pouvez commettre une erreur. La deuxième vous tuera'."

Pourtant, rien ne sera facile pour la petite famille et au fil du temps, l'humeur d'Ernt redeviendra morose, ses démons revenant le hanter durant les longs mois de nuit. C'est leur vie que l'on verra se dérouler dans les lignes du "Paradis Blanc", univers dans lequel nous verrons Leni grandir, heureuse comme jamais. Avec un entourage soudé presque comme une famille. Cette histoire est très humaine, emplie de beauté et de sentiments forts. J'ai pleuré de vraies larmes. C'est une belle histoire, bien écrite, bien racontée, qui peut toucher tout le monde. Un univers qui nous rapproche de la nature, aussi.

Un roman qui m'a énormément touchée et que je relirai sans hésiter. Dans mon Top 10 à coup sûr.

LC THÉMATIQUE DE DÉCEMBRE : LE RETOUR DE L'HIVER
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