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Alain Billault (Traducteur)John Keegan (Préfacier, etc.)
EAN : 9782847344790
298 pages
Tallandier (31/10/2007)
4.27/5   22 notes
Résumé :
Les Grecs n'ont pas seulement inventé l'idée centrale de la politique occidentale, la démocratie, ils ont aussi créé un fait central de la guerre, qui a perduré jusqu'à nos jours : la bataille rangée d'infanterie. Est-ce un hasard si ces deux institutions sont nées à peu près à la même époque ? Appliquant une pensée totalement neuve à l'examen des textes et de l'armement antique, Victor Davis Hanson livre ici plus qu'une analyse de l'art de la guerre dans la Grèce c... >Voir plus
Que lire après Le Modèle occidental de la guerre : La bataille d'infanterie dans la Grèce classiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Comme son titre ne l'indique pas, le modèle occidental de la guerre traite de la Grèce antique. On le trouve aussi sous-titré “La bataille d'infanterie dans la Grèce classique”, ce qui est déjà beaucoup plus clair.
D'après Hanson, ce modèle hérité des Grecs consiste en 1) une guerre courte, soldée par 2) une bataille rangée décisive, cette dernière se résumant à 3) un choc frontal. C'est plus ou moins ainsi que se battront les Européens tout au long de leur histoire, moyennant quelques changements à partir du XIXe siècle, quand la simple bataille de rupture commencera à virer à la bataille d'anéantissement, puis au XXe siècle avec les doctrines d'écrasement total aussi bien militaire que civil. Cela dit, ce modèle reste ancré dans les moeurs, en témoigne la difficulté des Occidentaux à mener des conflits sortant de la bête bataille rangée entre pairs (guerres de décolonisation, guerres de partisans, Viet-Nam, Afghanistan, Irak...). Ce premier volet du bouquin est très éclairant sur la conduite de la guerre et ses représentations dans la mentalité occidental. On regrettera toutefois l'absence de confrontation entre ce modèle et ceux d'autres civilisations, qu'ils soient analogues ou différents. Je pense aux guerres féodales japonaises, qui, toutes proportions gardées, présentent un modèle assez proche des conflits ritualisés de la Grèce classique.
La seconde partie de l'ouvrage est pour ainsi dire un autre livre, puisqu'on passe du modèle global et abstrait aux réalités concrètes à l'échellon d'un hoplite. Hanson se base autant sur les sources que les reconstitutions avec ses étudiants pour parler armement, marche sous le soleil, placement des troupes, choc et poussée dans la mêlée. Seul bémol, la présentation très péremptoire de Hanson, qui confond hypothèse et vérité, et semble avoir oublié le caractère intrinsèque des sources de l'histoire antique, à savoir que la documentation est autant partielle que partiale.
Le modèle occidental de la guerre n'en reste pas moins un bon bouquin, audacieux sur pas mal de raisonnements, une lecture de choix pour comprendre la conception occidentale de la guerre et saisir la réalité du combat entre hoplites.
Lien : https://unkapart.fr/critique..
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Après avoir déguisé ses étudiants en hoplites et avoir fait des des tests, le professeur Hanson pose ici les bases de la tactique et de la façon de combattre des grecs anciens: Ces hoplites au casque à crête, au bouclier rond et à l'armure d'airain. Il y révèle également l'étique et la philosophie de ces guerres helléniques et en fait le modèle occidentale de faire la guerre. Bien que plus controversé sur ce dernier point, l'ouvrage nous permet de disposer d'arguments pertinents pour décrire le combat antique et expliquer les raisons de la supériorité incontestée des hoplites grecs sur les champs de batailles.
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Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, des hommes suivent scrupuleusement des procédures dans l'activité collective suprême de la guerre. Ces hommes de simples agriculteurs, propriétaires de leurs outils de travail, vont transposer cette excellence dans la vie courante en créant la démocratie. Ici Victor Davis Hanson nous décrit le fonctionnement d'une phalange à l'origine du miracle grec. On ne peut étudier la démocratie athénienne sans connaître le fonctionnement d'une phalange.
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Livre indubitablement éclairant sur la vision occidentale des conflits et, partant, sur les difficultés rencontrées par les Occidentaux à sortir de leurs schémas de pensée quant ils sont confrontés à des peuples notamment orientaux.
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Traquer l'empreinte mentale contemporaine dans le détail intime du combat de hoplites.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/07/01/note-de-lecture-le-modele-occidental-de-la-guerre-victor-davis-hanson/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La raison d’être de la bataille d’infanterie lourde en Grèce à l’époque classique ne peut résider dans le fait qu’elle était un moyen d’empêcher un désastre agricole. Nous devons plutôt considérer qu’elle se présentait comme une provocation ou une réaction contre la simple menace d’une attaque contre les fermes. Le simple spectacle de pillards ennemis traversant au pas de course, librement, les terres de ceux qu’ils envahissaient était à lui seul considéré comme un outrage aussi bien à la vie privée des individus qu’à la fierté municipale. D’ordinaire, l’on considérait comme nécessaire une réplique rapide sous la forme d’une colonne de fermiers lourdement armés et cuirassés débouchant dans une petite plaine au site approprié, le lieu de travail par excellence en temps de paix, où une bataille brève, mais violente, aboutissait ou bien à des concessions faites à l’armée d’invasion, ou bien à une retraite humiliante et forcée des vaincus vers leur territoire. La victoire finale, au sens moderne du terme, et l’asservissement du peuple conquis, n’étaient considérés par aucun des deux camps comme un choix possible. Les batailles d’hoplites grecs étaient des luttes entre petits propriétaires fonciers qui, d’un commun accord, cherchaient à limiter la guerre et, partant, la tuerie à un affrontement unique, bref et cauchemardesque.
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Dans cet exposé du combat entre fantassins à l’époque classique en Grèce, j’ai essayé d’évoquer le cadre de cette expérience de la bataille ainsi que le mal et les difficultés extraordinaires qu’avaient les hommes qui combattaient. J’espère aussi offrir davantage qu’un récit descriptif des coups donnés et reçus. Car ma conviction est que la forme pure de la bataille chez les Grecs nous a laissés, en Occident, possesseurs d’un héritage embarrassant : nous sommes devenus persuadés qu’une bataille autre qu’une confrontation face à face entre des ennemis calmes et déterminés est contraire à nos valeurs et à notre style.
Le modèle grec de la guerre a développé en nous une aversion pour ce que nous appelons le terroriste, le guérillero ou le franc-tireur qui choisit de faire la guerre d’une autre façon et n’est pas disposé à mourir sur le champ de bataille pour tuer son ennemi. Nous n’éprouvons non plus aucun penchant pour l’extrémiste religieux ou politique, le fanatique au comportement suicidaire qui veut périr plutôt que de continuer à vivre en traversant l’épreuve d’une bataille. Nous avons tellement admis pendant les 2500 dernières années le modèle grec de la bataille rangée que nous avons à peine remarqué qu’en fait la guerre en Occident ne lui ressemble plus depuis longtemps, pas plus que nous n’avons remarqué sa disparition dans les guerres de la fin du XXème siècle.
(…) L’on tient pour plus moins admis, dans notre culture, que les hommes et les femmes, comme leurs devanciers grecs, savent naturellement sans que leurs gouvernements aient à le leur dire que l’unique façon de défaire un ennemi est de le rencontrer et d’engager la lutte avec lui dans le but de finir toute l’affaire aussi vite et aussi franchement que possible. Et ainsi ils ont fait leur cette suprême absurdité de la guerre : la bataille rangée.
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Dans cet exposé du combat entre fantassins à l’époque classique en Grèce, j’ai essayé d’évoquer le cadre de cette expérience de la bataille ainsi que le mal et les difficultés extraordinaires qu’avaient les hommes qui combattaient. J’espère aussi offrir davantage qu’un récit descriptif des coups donnés et reçus. Car ma conviction est que la forme pure de la bataille chez les Grecs nous a laissés, en Occident, possesseurs d’un héritage embarrassant : nous sommes devenus persuadés qu’une bataille autre qu’une confrontation face à face entre des ennemis calmes et déterminés est contraire à nos valeurs et à notre style.
Le modèle grec de la guerre a développé en nous une aversion pour ce que nous appelons le terroriste, le guérillero ou le franc-tireur qui choisit de faire la guerre d’une autre façon et n’est pas disposé à mourir sur le champ de bataille pour tuer son ennemi. Nous n’éprouvons non plus aucun penchant pour l’extrémiste religieux ou politique, le fanatique au comportement suicidaire qui veut périr plutôt que de continuer à vivre en traversant l’épreuve d’une bataille. Nous avons tellement admis pendant les 2500 dernières années le modèle grec de la bataille rangée que nous avons à peine remarqué qu’en fait la guerre en Occident ne lui ressemble plus depuis longtemps, pas plus que nous n’avons remarqué sa disparition dans les guerres de la fin du XXème siècle.
(…) L’on tient pour plus moins admis, dans notre culture, que les hommes et les femmes, comme leurs devanciers grecs, savent naturellement sans que leurs gouvernements aient à le leur dire que l’unique façon de défaire un ennemi est de le rencontrer et d’engager la lutte avec lui dans le but de finir toute l’affaire aussi vite et aussi franchement que possible. Et ainsi ils ont fait leur cette suprême absurdité de la guerre : la bataille rangée.
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La raison d’être de la bataille d’infanterie lourde en Grèce à l’époque classique ne peut résider dans le fait qu’elle était un moyen d’empêcher un désastre agricole. Nous devons plutôt considérer qu’elle se présentait comme une provocation ou une réaction contre la simple menace d’une attaque contre les fermes. Le simple spectacle de pillards ennemis traversant au pas de course, librement, les terres de ceux qu’ils envahissaient était à lui seul considéré comme un outrage aussi bien à la vie privée des individus qu’à la fierté municipale. D’ordinaire, l’on considérait comme nécessaire une réplique rapide sous la forme d’une colonne de fermiers lourdement armés et cuirassés débouchant dans une petite plaine au site approprié, le lieu de travail par excellence en temps de paix, où une bataille brève, mais violente, aboutissait ou bien à des concessions faites à l’armée d’invasion, ou bien à une retraite humiliante et forcée des vaincus vers leur territoire. La victoire finale, au sens moderne du terme, et l’asservissement du peuple conquis, n’étaient considérés par aucun des deux camps comme un choix possible. Les batailles d’hoplites grecs étaient des luttes entre petits propriétaires fonciers qui, d’un commun accord, cherchaient à limiter la guerre et, partant, la tuerie à un affrontement unique, bref et cauchemardesque.
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Que des individus téméraires quittent la ligne pour aller chercher un succès personnel avait peu d'utilité...Aristodémos fut l'hoplite grec le plus courageux à la bataille de Platée. Pourtant, après la victoire, les Spartiates ne s'arrêtèrent pas à lui au moment de décerner le prix de la bravoure, car il avait quitté "son rang comme un furieux" (Hérodote IX,71). A la vérité, quitter ainsi sa formation pour affronter l'ennemi dans une démonstration individuelle de vaillance guerrière était ce qu'un soldat pouvait faire de pire. Hérodote (IX, 61) nous rappelle que les Perses subirent les conséquences d'une témérité de ce genre : à Platée, ils scellèrent leur destin en quittant leurs rangs au pas de course pour affronter les Spartiates. Le serment des éphèbes que l'on exigeait des jeunes Athéniens décrivait le comportement idéal dans une bataille. Chacun jurait :"Je n'abandonnerai pas mon camarade où que je me trouve sur le champ de bataille".
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