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EAN : 9782221111635
416 pages
Robert Laffont (09/10/2008)
3.16/5   197 notes
Résumé :
Icône de la chanson française, Françoise Hardy livre ses Mémoires.
« Elle a l'expression immobile des gens qui ont beaucoup voyagé, sans croire au changement, et beaucoup aimé, sans renoncer à leur solitude. Elle sourit au ralenti comme dans un rêve et ce sourire ajoute on ne sait quelle mélancolie à ce visage lointain, trop précis pour le brouillard, mais trop fragile pour le soleil », a écrit de Françoise Hardy, dès ses débuts, le grand poète surréaliste Ge... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,16

sur 197 notes
Arrivée au terme de cette lecture de presque 400 pages j'avoue éprouver pour cette autobiographie (s'achevant en 2008) un abime de perplexité, tant la personnalité de Françoise Hardy me semble… et je ne trouve pas le qualificatif adéquat.
J'ai toujours trouvé du talent à la chanteuse, du moins pour certaines de ses chansons plutôt bien écrites, sensibles, et qui correspondent bien à son timbre de voix un peu feutré mais assez joliment timbré. La femme ne m'a jamais particulièrement émue, ni physiquement, ni de ce que j'ai pu entrevoir de son caractère. Les silhouettes androgynes ne m'attirent nullement, et ses apparitions médiatiques timides et souvent maladroites m'ont souvent ennuyée.
Pourtant, j'ai eu l'envie de lire ce livre à un moment où je ne suis pas disponible pour grand-chose, car Françoise Hardy a fait de la chanson son métier, a évolué dans le domaine artistique et côtoyé des gens intéressants, et je pensais que l'écrit lui permettrait de s'exprimer plus facilement.
En effet, pour le dernier point, le livre est correctement écrit.
Françoise Hardy m'a parue sincère et plutôt sympathique, car elle ne cherche pas à épater, ou à apitoyer, bien au contraire. S'il est un trait de son caractère qui ressort tout particulièrement à la lecture de ces nombreuses lignes, c'est bien une propension ahurissante à l'auto-dénigrement.
Ce paradoxe pour quelqu'un qui fut et demeure encore une star et plus encore une icône, qui a réussi à vivre de sa passion immense pour la chanson, fait tout le sel du livre. Malgré tout, très vite, sans doute à cause de mon tempérament latin, j'ai souffert pour elle de ses tortures mentales qu'elle ne cesse de s'infliger : anxiété maladive, timidité, analyse perpétuelle, doutes, etc… qui sont souvent le lot des esprits créatifs, mais chez elle non compensés par l'euphorie que peut apporter l'acte de création, l'intensité d'une vie faite de passion…
Ici, avec Françoise, la morosité est partout. Ce pourrait être insupportable, mais comme elle est très lucide et qu'elle adore tout décortiquer, elle est la première à se trouver sinistre et ennuyeuse, et ça la rend attendrissante.
Françoise est définitivement une cérébrale : on cherchera vainement le mot « plaisir », ou la moindre étincelle de sensualité. le seul moment où on la sent véritablement vibrer et où elle se laisse aller, elle qui prône le lâcher-prise, est lorsqu'elle évoque son rôle de mère et son fils adoré Thomas.
Chanter ? Elle est d'une timidité maladive, le trac la paralyse et lui fait détester les scènes publiques.
Séduire ? Ayant été rabaissée dès son plus jeune âge par une grand-mère horrible, elle n'a jamais eu la moindre conscience de son pouvoir de séduction, si ce n'est que très tard.
Aimer ? Aimer c'est souffrir, puisqu'à travers des lignes et des lignes de psychologies parfois un peu fumeuses pour moi, Françoise nous dit simplement que nous sommes tous condamnés à aimer les êtres qui nous font du mal, puisqu'ils nous complètent et sont donc nos opposés. Soit. Si tu veux, Françoise… Malgré cette lucidité qu'elle reconnait avoir mis des années à acquérir sentimentalement, elle avoue être au fond une midinette indécrottable. L'homme de sa vie, Jacques, n'a été qu'un tourment (six mois de bonheur dit-elle), puisqu'il était « polygame », bien qu'il lui ait dit qu'il ne l'a jamais trompé, car, « ce qui se passe au-dessous de la ceinture ne compte pas ». J'avoue que par moment on frise les exposés conformistes, mais c'est exprimé avec un tel entêtement et une telle souffrance que c'est attendrissant, encore une fois.
Qu'elle parle de Jean-Marie Périer (personnage vraiment sympathique), Dutronc, ou les deux ou trois hommes qu'elle a eus dans sa vie, à aucun moment Françoise ne nous évoque un quelconque plaisir charnel. Non par pudeur excessive, (elle nous raconte son dépucelage (et celui de son fils) « je n'ai rien ressenti »), mais parce qu'il semble évident que ce domaine amoureux n'a pas été pour elle des plus satisfaisants. Lorsque ces personnages évoluant dans le milieu du show-biz, avec des horaires décalés, fêtards excessifs pour certains, au risque de faire tomber le mythe, se retrouvent enfin au lit ensemble, ils sont souvent trop épuisés pour faire quoi que ce soit d'autres que dormir. Françoise, sage comme une image, ménagère accomplie, a passé sa vie à attendre ses hommes qui une fois à la maison n'avaient plus la force physique de partager quoique ce soit d'autres que leurs ronflements. Elle est attirée par les hommes faibles « affectivement », androgynes, auxquels elle se soumet pour ne pas être abandonnée. le côté ludique de l'amour ? Elle est passée à côté, et elle le regrette.
Françoise a attendu aussi toute sa vie des déclarations, des preuves d'amour, et s'est aperçue bien tard de celles qu'elle n'avait pas su voir, aveuglée par sa jalousie, ses carences affectives. Là encore, elle ne dresse pas un portrait aigri ou revanchard de Dutronc, elle constate simplement leurs malentendus.
Pourtant, et là aussi il faut lui rendre justice, elle en est parfaitement consciente, Françoise a eu beaucoup de chance. Après une enfance morne auprès d'une mère célibataire et d'une soeur jalouse, dans un milieu plutôt pauvre financièrement et culturellement, elle est devenue célèbre à la vitesse de l'éclair à 18 ans (un choc terrible), et a bénéficié de moyens financiers très confortables qui l'ont tenue à l'écart tout au moins jusqu'aux années 2005 des soucis matériels.
Une maison sublime en Corse pour les vacances, plusieurs appartement successifs pour cette fille qui n'aime que Paris, déteste voyager (à l'exception d'un engouement tardif pour le Japon), vêtements de luxe (sobres mais coûteux), bijoux rares (sobres mais coûteux), accès à toutes sortes de médecines pour cette hypocondriaques… ajouté à une totale ignorance du monde politique ou social…
Hardy-Dutronc, finalement, vivent et aiment leur confort très bourgeois, même si Jacques a besoin de s'y soustraire régulièrement pour ses excès divers… Thomas ira dans une école privée (Françoise est furieuse de n'avoir pu l'inscrire dans une autre école privée qu'elle convoitait, et nous en écrit tout un paragraphe parfaitement indigent…), sera brillant, et ne fera même pas sa crise d'adolescent, ce qui aurait pu un peu la secouer. Non, il est poli, gentil, sa petite amie est « bien », Françoise regrette qu'il n'ait pas choisi un métier « sûr »… on est loin de la folie des artistes.
Françoise, au fond, aurait aimé être Sylvie Vartan, qu'elle admire et égratigne un peu (car elle a la dent dure). Sylvie la blonde, sûre de sa féminité et de sa séduction, qui sait imposer ce qu'elle veut sur le plan artistique, et qui s'est toujours accommodée de la polygamie de Johnny, jusqu'au jour où elle en a eu marre et l'a quitté. Elles ont en commun de venir d'un milieu populaire, contrairement à France Gall, que visiblement Françoise ne porte pas dans son coeur, car elle a un gros faible pour Michel Berger et aime beaucoup le « civilisé » Julien Clerc.
Françoise traîne aussi un vieux complexe d'infériorité à cause de son peu de culture, mais elle aime apprendre et surtout approfondir ce qui l'intéresse. En l'occurrence, la psychologie. Sa passion pour l'astrologie est connue (et elle en parle assez prudemment), mais elle a écumé les salons de voyantes, hypnotiseurs, magnétiseurs et autres directeurs de conscience. Et nombre de psychothérapeutes. Ainsi elle nous fait part de quelques recettes qui m'ont personnellement beaucoup ennuyée, tant elles sont raisonnables. Mais sa curiosité et son envie d'apprendre sont bien sympathiques.
Bien sûr je ne suis pas objective, je réagis avec ce que je suis à ce qu'est Françoise. Elle nous le martèle sans cesse : nous sommes con-di-tion-nés. Certes, mais à partir de là, quoi que l'on fasse, nous répèterons toujours les mêmes erreurs, et comprendrons bien trop tard ce qui aurait pu nous être bénéfique. Youpi ! Qu'est-ce qu'on rigole avec Françoise !
Ses amis ? Houellebecq (qu'il est drôle), Stockausen (idem)… j'exagère, elle aime parfois s'entourer de femmes aux antipodes d'elle, ainsi une vieille call-girl défraichie qui a eu tout le monde dans son lit (y compris Thomas qu'elle a initié), deux ou trois lesbiennes laides mais qui ont « compris que la beauté intérieure compte plus que tout ». Elle est folle d'admiration pour la pianiste Hélène Grimaud (elle en parle avec plus de chaleur que de n'importe qui), et de certains grands scientifiques. Elle a la chance d'avoir aussi pour ami d'adolescence Patrick Modiano, qui passe son temps à lui envoyer des petits mots hilarants et légers pour la dérider.
Françoise ne se sent bien qu'avec les femmes androgynes comme elle : si Charlotte Rampling constitue son nirvana de séduction, elle assassine (il n'y a pas d'autres mots) Romy Schneider (qui a séduit Jacques, qui entre nous s'est bien laissé faire), n'est pas tendre avec Catherine Deneuve, sans doute trop féminines pour être fréquentables. Quand elle est triste, heureusement il y a Benjamin Biolay dans les parages… c'est dire…
Je me moque, mais gentiment, parce que je l'aime bien au fond Françoise, j'accepterais même de déjeuner avec elle… si c'est moi qui fais la cuisine.
Elle m'a touchée quand elle avoue avec sincérité son incapacité à chanter en mesure, ce qui lui a valu des séquences d'enregistrement désastreuses avec de grands musiciens qui croyaient qu'elle faisait sa diva (c'est mal la connaître). Malgré tout, sur le plan musical, je m'attendais à apprendre davantage que quelques anecdotes un peu people assez ennuyeuses. Seule son évocation de Mireille et son mari Emmanuel Berl est un peu émouvante.
Françoise avoue ses lacunes dans le livre, mais dans la vie elle n'est pas diplomate pour un sou, est maladroite verbalement et souvent agressive… elle a froissé nombre de gens. Elle en a pris pour son grade également, pour avoir exprimé certaines idées « réactionnaires ». Si elle ne cache pas sa détestation de la gauche et une certaine sympathie pour le libéralisme, elle pense avoir été imprudente dans certains de ses propos que les médias se sont empressés de tronquer. Ceci dit, elle ne prétend pas avoir une pensée politique affirmée et même intéressante. Lucide, je vous dis.
Au final, j'aurais envie de lui écrire, allez Françoise, va manger un bon couscous, bois un bon Chablis, et je te laisse deviner pour le reste, mais lâche-toi !! Profite tant qu'il est encore temps.
Et écris-nous encore de belles chansons.
Encore une chose… le titre de ton livre, « le désespoir des singes », j'ai bien compris, c'est un arbre qui te plait, mais pour les « autres bagatelles », j'attends toujours. Peut-être dans le prochain tome ?

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Depuis qu'il est sorti, je me disais que je lirais cette autobiographie un jour.
Et bien j'ai eu raison d'attendre et de tomber sur une occasion à deux euros sur un vide grenier.
J'aimais bien la personnalité de Françoise Hardy, son personnage un peu en dehors du showbiz, sa classe. Je lui trouvais une sensibilité particulière. Je ne détestais pas ses chansons.
Je pensais qu'elle avait des choses intéressantes à dire dans son bouquin.
Or, à part parler de ses chansons, de son Dutronc qui lui en a fait baver, de ses maisons de disques, encore son Dutronc, ses chansons, ses enregistrements , ses compositeurs, son Dutronc, ses chansons….. on assiste à un plat défilement chronologique de sa vie.
En plus, ses révélations assez privées sur des gens célèbres qu'elle a côtoyés ne sont pas du meilleur goût.
Bref, bien qu'ayant sauté de nombreuses pages, je me suis profondément ennuyée et je suis déçue, et du livre, et de Françoise Hardy.
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Mon ressenti après la lecture de ce livre : tristesse.
Tout ce qu'a pu endurer Françoise dans sa vie, et surtout dans sa vie sentimentale est d'une tristesse sans nom, les seuls moment de bonheur ou de sérénité sont ceux qu'elle vit quand elle devient maman de Thomas.
Jacques Dutronc, son compagnon d'infortune je dirais car je ne le considère pas comme son époux car elle a été là pour lui dans l'ombre mais lui ne la considère pas .

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Oublions ses facheuses déclarations pré-campagne électorale dans laquelle elle revenait malencontreusement sur la proposition du futur président Hollande sur les taxations fiscales... et oublions aussi sa passion pour l'astrologie que je ne partage absolument pas avec elle pour se concentrer sur l'essentiel : Françoise Hardy est incontestablement une de nos chanteuses françaises vivantes les plus fascinantes qui soient!!!

Certes, ce n'est pas une artiste de ma génération, mais, lorsque j'étais gosse, j'avais pris la facheuse habitude d'écouter en boucle plusieurs de ses morceaus, comme Message Personnel ou Partir quand même (oui j'ai toujours eu des gouts musicaux qui mettent super la pêche).

Puis, j'avais un peu arrété de suivre de près celle qui reste pourtant l'égérie de tous un tas de chanteurs branchés, comme Blur qui avait fait un duo avec elle, avant de me réinteresser à elle, par le prisme de son autobiographie le Desespoir des singes et autres bagatelles que j'avais dévoré avec une réelle passion.

Je pouvais enfin mieux comprendre pourquoi Françoise Hardy ressassait avec autant de constance et de douleur rentrée le même répertoire mélancolique en décortiquant avec un tel talent point les tourments et les vicissitudes du sentiment amoureux.

Car grâce à ce livre confession, loin des biographies lisses et sans saveur, j'ai pu en savoir plus sur les douleurs intimes de l'artiste et de la femme : enfance difficile, jeunesse amère, chagrin. C'est évidemment l'une des sources dans lesquelles elle puise pour aborder avec une telle tristesse, mais aussi une telle beauté dans ses chansons les passions et les grandes questions de la vie: l'amour, la croyance et la fragilité de l'existence.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tout le monde connaît Françoise Hardy, la chanteuse magnifique de Message Personnel, de Tous les garçons et les filles, de Partir quand même, de VIP, etc...., l'égérie de Jean-Marie Perier, la femme de Jacques Dutronc et la mère de Thomas Dutronc.
On se souvient de son amitié pour le grand Serge Gainsbourg, Etienne Daho, Sylvie Vartan,...
Dans son autobiographie au titre un peu compliqué, qu'on ne comprend qu'en fin de livre, Françoise Hardy se livre avec beaucoup de pudeur, sans rien épargner ou presque (les noms de certains protagonistes ne sont pas cités). Il n'y a aucun voyeurisme malsain, ni de course aux révélations sensationnelles.
Non, ce livre déroule une vie somme toute banale mais devenue extraordinaire par le succès de la chanteuse, dès 18 ans, avec Tous les garçons et les filles.
Au départ, sa mère est une fille-mère et l'enfance de Françoise Hardy se déroule entre une grand-mère tyrannique, une soeur capricieuse, une mère aimée et un père déjà marié.
Puis ce sera le succès, à un âge très jeune, la rencontre avec Mireille et Emmanuel Berl, dont plus personne ne connaît l'oeuvre ni les discours qu'il écrivit pour le Maréchal Pétain, et bien sûr, avec Patrick Modiano, qui fréquentait Berl.
Puis, son aventure avec Jean-Marie Perier, puis ses débuts au cinéma, notamment avec John Frankenheimer, et ses succès dans la chanson...
Françoise Hardy parle sans détour de sa relation avec Jacques Dutronc, de son amour pour lui, des relations multiples de Dutronc, notamment avec Romy Schneider.
Et ce qui bouleverse, c'est l'amour d'Hardy qui dépasse toutes les aventures sexuelles de Dutronc, qui les pardonne et les accepte. C'est tellement incroyable qu'on se demande parfois si on n'est pas dans une fiction.
On est attendri aussi par l'amour qu'elle porte à son fils Thomas.
Les pages dans lesquelles, elle raconte comment elle aide sa mère à mourir sont d'une justesse et d'une sincérité époustouflantes.
Bien sûr, la vie de Françoise Hardy est parfois un catalogue de rencontres : les Rolling Stones, Bob Dylan, Michel Berger, France Gall, Hélène Grimaud, Alain Bashung, Gabriel Yared ...
Bien sûr, ses propos sur l'astrologie et les sciences parallèles peuvent également agacer.
Mais on ne peut lâcher cette autobiographie, car Françoise Hardy est d'une rare honnêteté et c'est ce qui fait sa force.
Lien : http://livrespourvous.center..
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Dans un premier temps, l'absence, l'infidélité, l'insaisissabilité de l'autre exacerbent sinon les sentiments que l'on croit éprouver à son égard, du moins le besoin qu'on a de lui. Durant nos trop rares moments d'intimité, Jacques me témoignait malgré tout tant de tendresse, de délicatesse, de possessivité et de jalousie aussi, qu'il me donnait l'impression de compter presque autant pour lui que pour moi. Peut-être ne voyais-je que ce que j'avais envie de voir, mais Jean-Marie, me confia, longtemps après, qu'à force de me savoir au plus mal, seule chez moi, pendant que Jacques "s'amusait"; il lui avait un jour posé carrément la question : "Et Françoise dans tout ça ?", ce à quoi l'intéressé aurait répondu : "Elle, c'est différent, je l'aime, et je ne veux pas faire comme tout le monde : ne voir qu'elle au début pour la tromper à la fin. Mieux vaut commencer par la fin et finir par le commencement". Jean-Marie avait été bluffé par cette façon originale d'envisager les rapports de couple, mais quand j'en eu la révélation sur le tard, je me sentis flouée. Changer les règles du jeu sans en informer sa partenaire mène autant à l'échec que les suivre, et revient à jouer délibérément sans elle. Je me rappelai toutes ces lettres, envoyées ou non, où je tentais stupidement de convaincre l'homme de ma vie que c'était une erreur de tabler sur un avenir, par définition incertain, et qu'il fallait vivre au présent. Mais sans doute vivait-il bien plus au présent que moi, simplement nous n'en avions pas la même notion : il vivait au jour le jour ce qui était sans lendemain, et restait parcimonieux pour ce qui lui semblait relever du long terme. Vu sous cet angle, il était beaucoup plus sage que moi
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Force est de reconnaître que plus les amours sont impossibles, plus elles s'exacerbent et entretiennent l'illusion que l'être sur lequel nous avons cristallisé nos manques et nos espoirs est le seul aimable au monde, le seul qu'on aimera jamais. La souffrance qui en résulte est pourtant bien réelle et peut détruire autant que dynamiser. Bien qu'elle ait été de loin ma principale source d'inspiration, je me suis souvent demandé s'il n'aurait pas mieux valu que je sois assez équilibrée pour me porter au-devant de partenaires épanouissants, plutôt que passer ma vie à compenser des frustrations aussi dérisoires que les miennes en faisant des chansons. Il m'arrive de me dire aussi qu'il vallait mieux me morfondre seule avec ma guitare et des idéalisations sans aussi proches de moi qu'éloignées de leur objet, qu'aller au bout d'une attirance qui n'aurait pas résisté longtemps à l'épreuve de la réalité, au rpix parfois d'un terrible gâchis. Mais on ne peut pas lutter contre l'inconscient qui nous dirige obstinément, avec la précision du radar le plus sophistiqué, vers l'être dont les failles sont suffisamment complémentaires des nôtres afin d'actualiser la problématique dont nous sommes prisonniers, jusqu'à ce que, à force d'échecs et de douleurs, nous finissons par la percevoir avec assez de lucidité pour tenter de nous en dégager.
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La maladie ne frappe pas n'importe où, ni n'importe comment non plus : les organes ou les fonctions qu'elle affecte, renseignent sur la nature de notre souffrance psychique. C'est parce que nous ne sommes pas à même de percevoir cette souffrance dans sa globalité, avec ses enjeux contradictoires, qu'elle s'exprime dans le corps. Notre vision de la réalité est faussée par les jugements conditionnels partiaux et partiels que nous portons sur ce qui nous blesse et sur nous-mêmes. En diversifiant les angles de vision et en aidant ainsi à y voir plus clair, le langage métaphorique d'une somatisation peut contribuer à la guérison *. "Nous ne pouvons faire en sorte que les situations traumatisantes que nous avons vécues n'aient pas eu lieu, insiste le Dr. Dransart, mais nous pouvons changer le reagrd que nous portions sur elles jusque-là. "
*On en peut évoquer en quelques lignes la pensée aussi subtile que lumineuse du Dr Dransart, sans être très réducteur
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Au cours de mes quarante-six années d'activité professionnelle, les deux tiers des journalistes auxquels j'ai eu affaire m'auront posé des questions insipides pour mettre ensuite mes réponses à leur sauce, dénaturant ainsi, consciemment ou non, mes propos. Trop souvent, lorsque je tombe sur l'une de mes interviews, je suis sidérée tant par la médiocrité de la mise en forme que par le décalage entre ce que j'ai dit et ce qui en a été fait : rien qu'un mot à la place d'un autre peut modifier le sens général d'une phrase ou la rendre triviale. La presse écrite abonde aussi en redoutables spécialistes de ce montage pernicieux consistant à coller ensemble quelque chose que vous avez dit en début d'entretien avec quelque chose que vous avez dit à la fin sur un tout autre sujet, ce qui, en général, rend le propos incohérent, du moins pour le lecteur attentif. Sans parler des phrases tronquées, mises en exergue et extraites de leur contexte... Même si les bonnes surprises ne sont jamais exclues, venant souvent de là où on les attend le moins, je me méfie donc des journalistes, le hic étant qu'une fois face à eux ma spontanéité prend vite le dessus : j'oublie avec qui je suis et je parle à bâtons rompus comme si je me trouvais avec de vieux amis.
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Force est de reconnaître que plus les amours sont impossibles, plus elles s'exacerbent et entretiennent l'illusion que l'être sur lequel nous avons cristallisé nos manques et nos espoirs est le seul aimable au monde, le seul qu'on aimera jamais.
La souffrance qui en résulte est pourtant bien réelle et peut détruire autant que dynamiser. Bien qu'elle ait été de loin ma principale source d'inspiration, je me suis souvent demandé s'il n'aurait pas mieux valu que je sois assez équilibrée pour me porter au-devant de partenaires épanouissants, plutôt que passer ma vie à compenser des frustrations aussi dérisoires que les miennes en faisant des chansons. Il m'arrive de me dire aussi qu'il valait mieux me morfondre seule avec ma guitare et des idéalisations sans doute aussi proches de moi qu'éloignées de leur objet, qu'aller au bout d'une attirance qui n'aurait pas résisté longtemps à l'épreuve de la réalité, au prix parfois d'un terrible gâchis. Mais on ne peut pas lutter contre l'inconscient qui nous dirige obstinément, avec la précision du radar le plus sophistiqué, vers l'être dont les failles sont suffisamment complémentaires des nôtres afin d'actualiser la problématique dont nous sommes prisonniers, jusqu'à ce que, à force d'échecs et de douleurs, nous finissions par la percevoir avec assez de lucidité pour tenter de nous en dégager.
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