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sur 1445 notes
Un grand roman que Tess d'Uberville, tant de la littérature anglaise que mondiale. Il fait même partie des 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie. Je dois admettre que ce n'est pas le genre d'oeuvre que j'affectionne particulièrement. Mais il s'agit de plus que d'une histoire d'amour, c'est le tragique destin d'une héroïne dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle. Mais pas dans les milieux nobles ou petits bourgeois bien connus, l'auteur Thomas Hardy nous transporte plutôt chez les gens de la terre.

Tess Durbeyfield est la première née d'une famille de pauvres paysans du Wessex. Apprenant qu'elle tire son origine de la noble famille des d'Uberville et étant soudainement nécessiteux, elle entreprend naïvement de demander l'assistance de ses lointains et riches cousins. Alec d'Uberville accepte de lui venir en aide avant de profiter d'elle. Honteuse, elle retourne chez les siens le ventre gros mais ne se plaint pas. C'est qu'elle est travailleuse. Que ce soit aux champs pour aider les siens ou dans un ferme laitière du côté de Talbothays où elle trouve un emploi. D'ailleurs, là, une deuxième chance s'offre à elle en la personne d'Angel Clare, fils cadet d'une famille de pasteurs.

Beaucoup se seraient dérouragées mais pas Tess Durbeyfield. Quelle héroïne ! Toujours, elle retrousse ses manches. Même (et d'autant plus) quand le sort s'acharne sur elle. C'est qu'elle n'est pas tant victime d'un tragique destin que d'une société fortement hiérarchisée (presque en castes) où chacun doit tenir son rôle. Cette situation engendre des injustices que Thomas Hardy a bien su exploiter et montrer à la face de l'Angleterre victorienne si pudique qui ne permettait pas aux femmes de jouer les rebelles. Oppression sociale au rendez-vous ! Pas étonnant que son roman ait connu un tel succès et que, longtemps après sa parution, l'on continue à l'étudier et le décortiquer.

Même si, avec Tess d'Uberville, Hardy trempe dans le romantisme, son roman n'en contient pas moins plusieurs scènes qui relèvent du réalisme. Il a su dépeindre avec précision le travail des paysans (dans les champs, dans les fermes laitières), celui des petits bourgeois et des prêcheurs ainsi que celui des gens plus fortunés. le lecteur se retrouve devant une peinture sociale très réussie. Et ses élans dramatiques trouvent leur dénouement dans une finale des plus réussies. Décidément, un grand classique !
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Oh my Lord, what a book!
Les occasions sont rares, quand on ouvre un livre, de non seulement sentir dès les premières pages qu'on va vraiment l'aimer comme un bon vin qui a de la cuisse, mais en plus de découvrir un grand auteur vers lequel on aura plaisir à revenir.

Un double bonheur que je viens de vivre avec ce "Tess d'Urberville", d'une richesse savoureuse : tragédie, roman social, romance douloureuse, roman de terroir, roman psychologique, roman politique aussi sur la condition des femmes, "Tess" est tout cela à la fois.

La narration est extraordinairement fluide, cinématographique, rythmée par le déroulement des saisons dans la campagne anglaise dont on sent chaque odeur, chaque couleur et chaque pierre des chemins que Tess parcourt de vallée en vallée. Par son destin tragique, le personnage de Tess a un caractère intemporel qui marque durablement la mémoire, le tour de force de Thomas Hardy étant d'avoir évité d'une plume subtile la mièvrerie à cette jeune fille qui paiera cher sa naïveté première.
Magnifiquement écrit, intelligent, captivant, "Tess d'Urberville" est un grand classique!
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Pour avoir découvert qu'il est le descendant de l'illustre lignée des chevaliers d'Urberville, John Durbeyfield se pique de noblesse et envoie sa fille Tess entre les griffes d'un lointain cousin et véritable séducteur. La jeune fille a plus d'éducation et d'honnêteté que ses parents et se réclamer d'une lointaine parente lui fait horreur. « L'orgueil de Tess lui rendait le rôle de parente pauvre particulièrement antipathique. » (p. 45) Mais pour offrir son aide à sa famille, elle accepte la place que lui propose Alec d'Urberville et subit son odieuse séduction.

Plusieurs années plus tard, pensant avoir expié sa faute et pouvoir mener une vie nouvelle, elle prend une place d'aide dans une laiterie et y rencontre Angel Clare, fils de pasteur qui apprend le métier de fermier. En dépit de l'affection réciproque qui la lie au jeune homme, Tess s'estime inférieure et déclassée et elle met longtemps à accepter la demande en demande de son amoureux. « Je ne veux pas me donner le grand bonheur de vous promettre d'être à vous parce que je suis sûre que je ne dois pas le faire. » (p. 227) Quand elle se rend enfin aux tendres arguments d'Angel et que le mariage approche, Tess craint que sa faute passée nuise à son bonheur futur. « Je ne me sens pas tranquille. […] Je puis être châtiée plus tard de toute cette chance par un tas de malheurs. » (p. 267) Foncièrement honnête, Tess ne peut s'empêcher d'avouer son ancienne souillure à Angel. Répondant ainsi aux mauvais présages qui ont entouré les noces des deux jeunes gens, l'aveu est un cataclysme. Angel sera long à pardonner la faute et la confession tardive. de son côté, Tess se désole une nouvelle fois de ses errances passées et attend sans espoir le pardon de son époux. « Elle pleura sur l'homme aimé, dont le jugement soumis aux conventions sociales avait causé tous ces derniers chagrins. » (p. 387)

Tess est d'autant plus vertueuse qu'elle a péché et s'est repentie. Elle est une victime expiatoire à plusieurs degrés : elle expie d'abord pour avoir été séduite dans sa jeunesse, mais elle expie également pour toute la lignée des d'Urberville dont elle est pourtant la digne héritière au vu de sa noblesse de coeur. John Durbeyfield et son épouse Joan se piquent de grandeur et échafaudent des projets imbéciles sur des ambitions avinées, grossières et paresseuses qui causent la perte de Tess. « C'est bon d'être parent à un carrosse, même si vous roulez pas dedans. » (p. 33) Contrairement à son père qui se donne du Sir John, Tess mérite cette ascendance glorieuse à qui elle redonne un lustre et une fraîcheur toute naturelle. le roman célèbre d'ailleurs la nature et la pureté d'avant le progrès et critique fortement les machines agricoles qui dénaturent le travail et dévoient les hommes.

Je voulais lire ce roman depuis longtemps et je ne suis pas déçue. Voilà un très bon roman anglais du 19° siècle sans rapport avec ceux de Jane Austen que j'apprécie beaucoup par ailleurs. La critique de la société y est moins ironique, plus franche et plus sinistre. Tess d'Urberville est une héroïne sacrifiée pour laquelle – c'est très palpable – son auteur a beaucoup d'affection. Impossible de ne pas compatir aux nombreux malheurs de la jeune fille. La plume de Thomas Hardy est solide et puissante. Si la morale distillée tout au long du texte a de quoi agacer par son côté définitif, il faut souligner qu'elle était parfaitement novatrice pour l'époque et c'est bien ce qui a valu à Tess d'Urberville d'être si largement censuré lors de sa publication.
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Il se passe toujours quelque chose de merveilleux lorsque j'entre dans un roman de Thomas Hardy. Tess d'Urberville fait partie de ces lectures que je n'oublierai jamais. Je l'ai lu il y a très longtemps, je l'ai relu tout récemment. Je ne sais pas si c'est celui que je préfère car il est très sombre. Loin de la foule déchaînée est forcément plus solaire et m'avait emporté dans l'ivresse de l'odeur de la campagne anglaise et les braises mêlées à la lumière des personnages.
Tess d'Urberville aurait sans doute rêvé de goûter à cette lumière. Cela ne faisait sans doute pas partie de son chemin.
Jeune paysanne innocente placée dans une famille, Tess Durbeyfield est séduite puis abandonnée par Alec d'Urberville, un de ses jeunes maîtres. L'enfant qu'elle met au monde meurt en naissant.
Dans la puritaine société anglaise de la fin du XIXe siècle, c'est là une faute irrémissible, que la jeune fille aura le tort de ne pas vouloir dissimuler. Dès lors, son destin est une descente aux enfers de la honte et de la déchéance...
Thomas Hardy possède cet art subtil de savoir poser un sujet, construire une histoire, déployer une narration. Ici le récit se met en place pas à pas, comme si c'était un puzzle que l'auteur nous invite à construire en nous délivrant au gré des pages quelques-unes des pièces. Thomas Hardy est un incroyable peintre des beaux personnages de ce livre et de leurs sentiments parfois complexes.
La manière de dérouler le rythme des saisons enchante l'écriture du récit.
Tess d'Urberville est cette femme dont le destin m'a touché au coeur. À cette seconde lecture, je me surprends encore naïvement à vouloir imaginer qu'elle finira par être heureuse, qu'elle s'en sortira bien de tout cela. Mais une petite voix en moi me dit que je me trompe et me ramène au texte.
Pourquoi ?
Tess demeure tout au long de l'histoire cette femme simple, digne, étonnée par ce qui lui arrive. Il me semblait qu'elle était née cependant pour être heureuse.
Le malheur vint plus tard.
Le malheur né des hommes.
J'aurais voulu qu'elle soit heureuse comme cela, sans le malheur qui venait sur elle, malgré elle. J'aurais tant voulu qu'elle se rebelle devant le sort qui s'acharnait contre elle... Mais à quel endroit aurait-elle pu trouver la force de se révolter ? Et contre qui ? Contre quoi ? Tout était écrit peut-être déjà, malheureusement...
J'aurais tant voulu inverser le cours des choses pour cette femme.
Je ne saurai dire pourquoi, la première fois que j'ai lu ce roman, la naïveté de cette jeune fille m'avait presque laissé indifférent comme de l'eau glissant sur les plumes d'un colvert, tandis que cette fois-ci je crois bien avoir réussi à traverser les pages du livre et lui saisir la main afin de la réconforter...
C'est un très beau roman, sombre et cruel. Un véritable chef-d'oeuvre de la littérature anglaise.
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25, c'est le nombre de fois où Thomas Hardy fut pressenti pour être récipiendaire du prix Nobel de littérature et si cette donnée peut légitimement nous étonner, personnellement je m'étonne encore plus du fait qu'il ne l'ait jamais obtenu !

Je pense que ce qui me fascine le plus dans un roman de Thomas Hardy, ce très grand auteur, c'est la façon dont le récit se met en place avec la logique et la complexité d'un puzzle mais sans jamais céder pour autant à la facilité, sans tirer des ficelles grosses comme des cordes et sans tomber dans un pathos de mauvais aloi. La beauté des caractères et des comportements dans toute leur pluralité psychologique et sociologique vient de l'incroyable réalisme avec lequel l'auteur dépeint ses personnages.

Ce faisant, comme ne pas être ému(e) par une Tess d'Urberville ? Une femme simple et digne, belle et sincère ? Issue d'une famille misérable, notre héroïne, mieux éduquée et avertie aurait sans doute échappé aux atavismes héréditaires et aurait alors connu un destin moins sombre et surtout moins impassible face aux circonstances navrantes qui, de malheurs en épreuves, vont la mener à sa perte.

Née pour être un ange, Tess se laissera accoutrer de la nature d'une pécheresse, subissant les événements, manquant d'analyse et de moyens pour échapper à son destin de proie. Convaincue d'attirer sur elle le malheur comme une juste récompense d'une faute commise sur elle par un autre, Tess ira de non-choix en concessions, ne découvrant en elle que bien trop tardivement la force de la rébellion.

Un très beau roman bien que plus sombre et plus cruellement crédible que beaucoup d'autres du même auteur. Thomas Hardy s'est vu refuser les honneurs du Nobel sous prétexte que son oeuvre globale était jugée trop noire, une justification bien vaine selon moi et qui fait fi du précieux caractère naturaliste de sa prose.


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Challenge 19ème siècle 2015
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"Tess d'Urberville" est l'un de ces livres que l'on peut difficilement oublier...J'ai vraiment adoré ce roman ; son histoire captivante nous mène au fin fond de l'Angleterre, dans le petit village de Marlott, John Durbeyfield vient d'apprendre par le pasteur Tringham qu'il est le descendant de la vieille famille des Urberville, composé de chevaliers et autres grands conquérants. Sir John va alors raconter cette nouvelle à sa femme et ses enfants et Tess, l'aînée, va devoir se rendre chez une famille parente située près de Kingsbere. Elle y rencontre donc Alec, son cousin, qui, après l'avoir séduite, l'abandonne. Tess, humiliée et méprisant désormais Alec, donne naissance à un enfant qui meurt peu de temps après.
Voulant oublier définitivement sa vie passée, elle se fait engager dans la laiterie de Talbothays où elle fait la connaissance de trois autres laitières : Marianne, Izz et Retty ainsi que de celui dont elle va s'éprendre, Angel Clare. le bonheur arrive enfin pour Tess, cependant, le malheur viendra vite gâcher ses premiers émois amoureux et l'éloignera de celui qu'elle aime...

Quelle bonne surprise ! J'ai particulièrement aimé l'évolution de la vie de Tess, cette pauvre héroïne si malchanceuse, avec une préférence, j'avoue pour les époques "Le Renouveau" et "La Conséquence", les plus belles, d'après moi, et bien évidemment les plus heureuses du roman. Quant aux personnages, j'ai ressenti beaucoup de pitié à l'égard de Tess, mais je me suis finalement attachée à elle ; de même, Angel a été pour moi un personnage attachant. Enfin, les trois laitières, Liza-Lou et Mrs. Joan Durbeyfield m'ont aussi touchées.

Pour conclure, je voudrais dire que ce magnifique roman, bien que tragique, est un véritable chef-d'oeuvre de la littérature anglaise, dont l'auteur, Thomas Hardy, est, pour toujours, entré dans la lignée des brillants écrivains.

A lire absolument !
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Thomas Hardy commence la rédaction de son roman en 1888. Il signe un contrat avec un groupe de journaux pour qu'il soit publié sous forme de feuilleton comme c'est l'habitude pour beaucoup d'oeuvres à cette époque. Mais lorsqu'il livre les six premiers épisodes, son histoire est jugée immorale et il est obligé de rompre à l'amiable le contrat éditorial. Après maintes coupures et réécritures au goût de l'époque, « Tess d'Urberville » parait en juillet 1891. A la fin de l'année, l'auteur réussit à se faire éditer la version originale non censurée sous la forme de trois volumes destinés à un public moins populaire et donc plus à même d'apprécier certaines situations sans les condamner. le roman changea plusieurs fois de titre pour s'appeler successivement : « l'Âme et le corps de Sue », Sue étant le premier prénom donné à Tess, puis « Aimée trop tard » et enfin « Tess d'Urberville ».
Il raconte l'histoire d'une famille populaire anglaise qui apprend qu'elle est la descendante des d'Urberville, dont la noblesse remonte à Guillaume le conquérant. le père, Jack Durbeyfield, encourage sa fille Tess à se présenter au manoir voisin où habitent des d'Urberville. Elle fait la connaissance du fils, Alec, qui tombe sous le charme, essaye de la séduire et finit par l'engrosser. Honteuse, Tess retourne auprès des siens pour accoucher d'un enfant qui décède à la naissance. Se sentant déshonorée, elle finit par trouver du travail dans une ferme loin de sa famille où personne ne la connait. Elle y fait la connaissance d'Angel Clare, fils de pasteur qui se destine à être fermier. Après maintes hésitations, remords, refus, l'amour l'emporte et ils se marient. Ce n'est qu'une fois le mariage consommé que Tess confie ce qui pour elle est une faute impardonnable : son aventure avec le fils d'Urberville. Angel profondément marqué par son éducation protestante ne pardonne pas et prononce leur séparation. Il part pour le Brésil demandant à Tess d'attendre son retour…
Les idées développées dans le roman de Thomas Hardy, les comportements, la morale religieuse sont bien évidemment passés de mode et font de cette oeuvre, une oeuvre désuète qui peut faire sourire parfois et agacer le plus souvent. le romantisme hypertrophié poussé à son paroxysme frôle souvent le ridicule.
« Tess d'Urberville » est un roman qui a mal vieilli, qui plaira à certains nostalgiques d'un temps où l'église régissait encore les esprits, où youporn n'existait pas et où le marquis de Sade était tombé aux oubliettes.
L'adaptation cinématographique du roman par l'excellent Roman Polanski, quoiqu'en pensent certaines actrices hystérico-féministes en mal d'exposition médiatique, avec pour interprète du rôle principal la merveilleuse Nastassja Kinski, a considérablement rajeuni cette histoire.
Traduction de Madeleine Rolland.
Editions le livre de poche Classiques, 422 pages.
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Plus encore que Jude l'Obscur, c'est ce roman de Thomas Hardy qui me faisait le plus peur.
J'avais vu très jeune le film de Polanski, avec Nastassia Kinski dans le rôle de Tess. le film, d'une très grande beauté plastique, m'avait cependant marqué par la noirceur de son histoire et le destin de Tess m'avait terriblement émue. Il m'a d'ailleurs laissé une impression tellement durable que je ne me suis jamais aventurée à le revoir.
Une fois la dernière page tournée, je peux qu'être admirative devant le talent de l'écrivain. Il a une écriture lumineuse, mais sans concession. Et j'avoue que même si je connaissais l'histoire, je ne pouvais m'empêcher d'espérer je ne sais quoi qui arrive pour contrecarrer la chute de la jeune femme. Mais hélas, Tess est bel et bien dans un engrenage, et malgré toutes ses valeurs, elle n'arrivera pas s'en sortir, victime des hommes et de son destin.
Comment ne pas être touchée par ce personnage où tout sonne si terriblement juste ? Il faut dire que Thomas Hardy restitue avec beaucoup d'authenticité la vie au quotidien des « petites gens » et surtout il nous dresse la triste condition des femmes à l'époque, qui, si elles n'ont pas la chance d'être nées suffisamment riches s'épuisent à survivre et à faire survivre leur famille.


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Challenge Multi-Défis 2022

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Thomas Hardy est dans ma liste des auteurs à découvrir depuis bien longtemps. Mais je repoussais toujours le moment de m'y frotter, me disant que j'avais le temps, comme si le statut de classique d'une oeuvre amoindrissait l'urgence à la lire. Les superbes critiques de Gwen, presque des déclarations d'amour à l'oeuvre de l'auteur, ont achevé de me convaincre de ne plus différer ma lecture. Pour cela, je remercie chaleureusement Gwen, qui m'a ainsi permis de faire une merveilleuse découverte avec "Tess d'Urberville".

On peut dire beaucoup, d'ailleurs tout a été dit, sur le fond de ce roman, sur la force de son propos, sur la pertinence de la critique sociale, illustrant l'injustice d'un ordre social et moral qui, comme le souligne la post-face, rejetait toute la faute et la responsabilité sur la femme. L'auteur déploie tout son talent pour mettre en lumière l'opposition entre la rigidité morale conservatrice de la religion d'Etat, source d'injustice et de souffrance, et la pureté et la simplicité des croyances anciennes liées à la terre, à la Nature.

La forme vient appuyer joliment le propos. le style de Hardy est splendide. Elégante, fluide, la qualité d'écriture est remarquable, notamment dans la peinture saisissante de la vie rurale. La campagne, colorée, lumineuse, décrite en termes poétiques, s'oppose à la ville, grise, boueuse. Lorsque la campagne est triste et terne, c'est qu'elle a été "contaminée" par l'industrialisation, incarnée par la moissonneuse, décrite comme un monstre de fer fumant qui tue les petits animaux des champs. L'Homme s'éloigne de la Nature et ainsi de sa nature.

"Tess d'Urberville" est un ouvrage progressiste, presque transgressif mais n'est pas que cela. "Tess d'Urberville" est avant tout une oeuvre qui parle au coeur, une sublime tragédie habitée par des personnages inoubliables. Tess et Angel sont des êtres tellement magnifiques qu'il est impossible de ne pas tomber amoureux d'eux. Cela n'a l'air de rien, et pourtant c'est un prodige qui s'accomplit sous la plume de Hardy. Sous une plume moins fine et subtile, Tess et Angel auraient vite sombré dans la mièvrerie et auraient pu provoquer de l'agacement. Mais Hardy est un génie qui aime profondément ses deux personnages et son amour, il sait parfaitement le transmettre au lecteur qui, au fil des pages, s'émeut, espère, pleure avec Tess et Angel.

J'ai été bouleversée par le destin de Tess et Angel comme rarement je l'avais été dans ma vie de lectrice. Finalement, je me dis que si les classiques sont immortels, je ne le suis pas et qu'il y donc urgence à les lire s'ils réservent d'aussi belles et fortes émotions.

Challenge Multi-Défis 2016 - 7 (catégorie "un classique étranger")
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Tess d'Urberville va rejoindre Belle du Seigneur dans mon panthéon personnel : je reconnais que ce sont des chefs d'oeuvre et des belles histoires d'amour... mais leurs héroïnes sont à mes yeux d'agacantes coupeuses de cheveux en quatre qui tissent leur malheur toutes seules comme des grandes à force de tergiversations et de jérémiades !

L'histoire de Tess, puisqu'il s'agit d'elle ici, est fort simple : jeune fille pauvre, bien qu'issue d'une grande famille, elle se fait piéger et mettre enceinte par un homme corrompu et fat mais riche. Elle s'enfuit, donne naissance à un bébé qui meurt très vite, puis essaie de repartir à zéro comme fille de ferme dans une laiterie. Jusque là, rien à dire. Et là, ça devient très énervant !

Le rendu du sentiment de culpabilité est parfait, de même que celui des hésitations et des doutes... le style ne l'est pas moins... Non plus que la critique de cette société traditionnelle qui fait porter toute la faute aux femmes même quand elles n'y sont pour rien... Ou encore la description de la vie dans les campagnes anglaises, avec des travaux rudes et souvent des espérances bien maigres... Mais rien n'y fait, Tess est bien trop agaçante pour que je lui donne 5 étoiles !
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