Comment marier Chani Kaufman

J'ai été attirée par le sujet de ce livre, ayant vécu dans un quartier peuplé de familles juives orthodoxes, tel que celui où se déroule l'histoire, et ayant moi-même des origines juives. J'y ai découvert un quotidien encore plus codifié que ce que j'imaginais : tout est ritualisé jusque dans les actes les plus anodins de la vie, les rencontres entre garçons et filles, les repas, la façon de s'habiller, et tout est rythmé par les prières et les bénédictions. le roman se construit autour du futur mariage de Chani, issue d'une famille modeste mais très pieuse où sont nées 8 filles, dont elle est la 5ème. Elle n'a que 19 ans, mais déjà sa mère s'angoisse : va-t-elle lui trouver un bon parti, à cette fille qui s'interroge un peu trop sur le bien-fondé des traditions ? Et voilà qu'elle croise le chemin de Baruch, fils d'une famille beaucoup plus bourgeoise que sa mère voudrait caser avec une jeune femme de même niveau social. Mais ces deux-là se plaisent, et Baruch contre l'avis de ses parents arrivera à obtenir leur union. Comme leur foi leur a interdit jusque-là tout contact avec le sexe opposé, ils se questionnent l'un et l'autre sur leur future vie de couple et notamment la fameuse nuit de noces. Pour trouver des réponses, Chani qui ne peut compter sur sa mère se tourne vers Rivka, la rabbine qui l'accompagne pour la préparation des rituels d'avant mariage. Ce qui va raviver les souvenirs de cette dernière, mariée depuis plus de 20 ans au rabbin Chaïm. Ils se sont rencontrés au début des années 80 à Jérusalem, jeunes gens modernes et vivant librement leur relation amoureuse. Mais Chaïm s'était rigidifié au fil des années, adhérant à la vision ultra-orthodoxe de la religion juive et obligeant celle devenue son épouse à le suivre dans cette voie. Tout en préparant Chani à son mariage, Rivka petit à petit remet en question son existence faites de contraintes et de frustration, et les questions de la jeune fille font resurgir des envies de liberté qu'elle pensait avoir oubliée. Baruch de son côté essaie également de s'informer sur "les choses de la vie. Il interroge son ami Avromit, fils de Rivka et Chaïm. Mais celui-ci qui vient de vivre une passion torride avec une jeune femme non-juive ne peut se résoudre à se confier à Baruch, afin de ne pas jeter l'opprobre sur toute sa famille...Arrive le jour des noces, et aucun des 2 jeunes mariés ne sait comment affronter cette terrible inconnue.
Ce roman m'a beaucoup touchée, car j'ai côtoyé ce type de familles en ignorant (du moins en partie) ce que vivaient les jeunes et les femmes, le peu de connaissances qu'ont les jeunes au sujet de la sexualité et de la vie moderne alors que tout autour d'eux le monde vit à un rythme totalement différent. Les personnages sont certainement très proches de la réalité, et je me suis sentie vraiment immergée dans leur monde, tout en mesurant ma chance d'avoir échappé à ce destin !

Ce roman nous plonge au coeur de la communauté juive orthodoxe de Londres, en 2008, à travers 4 personnages principaux : Chani, la future mariée ; Baruch, le futur marié ; la rabbine ; Avromi, son fils et ami de Baruch. Au fil de l'histoire, on découvre les rituels propres à cette communauté.
Sans me laisser un souvenir impérissable, j'ai apprécié ce roman, qui met en lumière le contraste entre le monde « moderne » et l'extrême rigidité des conventions que respectent les membres de la communauté juive orthodoxe. On assiste à la rencontre fortuite des deux jeunes gens, puis à leur rencontre formelle, rendue possible par une entremetteuse. Un sujet intéressant du livre est la condition de la femme, vouée à être mère et à se cacher éternellement derrière ses habits noirs et de faux cheveux, et considérée comme « impure » lorsqu'elle a ses règles. Avec Avromi, on assiste à un dilemme entre respect des traditions et éveil amoureux / sexuel avec une jeune fille étrangère à la communauté. Ce qui ressort particulièrement dans ce roman est l'ignorance des jeunes gens (Chani, Baruch, Avromi) de tout ce qui concerne l'autre sexe, puisque femmes et hommes sont soigneusement tenus à l'écart les uns des autres tout au long de leur vie. Enfin, bien sûr, la question de la foi est soulevée. Qu'est-ce qui peut pousser une jeune femme moderne à devenir rabbine et à accepter une vie de sacrifices ?
En bref, un roman qui nous apprend beaucoup sur cette communauté et sa confrontation avec le monde d'aujourd'hui. Je regretterais une intrigue un peu « légère », qui ne contient pas beaucoup de rebondissements. Tout est dit dans le titre :)

Londres, 2008. Chani Kaufman, a 18 ans. Juive orthodoxe, elle est sur le point de se marier avec Baruch, un jeune homme qui l'a choisie contre l'avis de ses parents. C'est que même si Chani est jolie, intelligente, vive et très pieuse, elle est pauvre, ou du moins son père, rabbin d'une minuscule synagogue, n'a pas un sou. En parallèle à l'histoire du jeune couple, le roman nous invite à découvrir le parcours de l'épouse du rabbin qui initie Chani aux lois du mariages, et ça, c'est nettement moins banal…
Ce qui est intéressant dans ce roman c'est l'invitation qu'il nous adresse à pénétrer un monde fermé. Et il n'hésite pas à en dessiner certains travers. L'épuisement des femmes notamment qui croulent sous les tâches ménagères et l'éducation de leurs très nombreux enfants – la mère de Chani en a 8! L'ignorance totale des jeunes gens en matière de sexualité qui fait de leur nuit de noces une véritable catastrophe. Il dénonce avec humour –ah la scène magistrale des deux familles qui se rencontrent avant le mariage! – l'argent qui trace une frontière chez les Juifs orthodoxes comme dans l'ensemble de la population. Quant au jeune couple, il est très attachant, ruant –doucement – dans les brancards des multiples codes auxquels il est soumis. Par contre, rien à signaler du côté du style. C'est simple et propre mais on est assez loin de la grande littérature.
Comment marier Chani Kaufman, Eve Harris, Plon

Au travers de cette histoire, on découvre comment chaque individu compose avec les traditions émanant de sa culture religieuse. Dans ce roman, il s'agit ici des traditions juives qui touchent notamment au mariage. Nous partageons les interrogations de la jeune génération, tiraillée entre respect des rites ancestraux et désir d'écouter ses propres envies et/ou limites personnelles. Nous découvrons aussi les désillusions de couples plus anciens.
Ce roman est une ode au respect de soi-même.

Voilà pourquoi j'aime lire ! Être transportée dans un univers complètement différent du mien et découvrir cette humanité universelle.
Ce roman m'a rappelé la très bonne série télé "Unorthodox", plongeant dans la vie de différents membres de la communauté juive ultra-orthodoxe de Londres. Passionnant !