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EAN : 9782867464508
280 pages
Liana Lévi (10/05/2007)
3.62/5   40 notes
Résumé :
Harlem. Le seul bout de terre qui appartienne totalement aux Noirs d'Amérique. Dans le bien et le mal. De plus en plus dans le mal. Cela n'empêche pas le narrateur de cette extraordinaire chronique de retourner y vivre. Et ce retour délibéré est le point de départ d'un voyage envoûtant dans le quotidien et dans l'histoire de ce quartier new-yorkais qui s'effrite physiquement et moralement: les appartements délabrés, les trottoirs sordides, les sacs-poubelles remplis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans sa petite enfance, Eddy L. Harris vivait à Harlem avec sa famille. Ses parents ont fuit le ghetto pour Saint Louis, pour une vie meilleure, pour leurs enfants, pour leur éducation,tentant d'échapper à la condition dévolue aux gens qui habitent ce quartier mythique.
Ils ont mis le petit Eddy dans une école blanche et catholique, ils lui ont appris à surtout ne pas devenir comme eux...
Eddy Louis Harris a été à l'université, est devenu cadre chez IBM puis écrivain.
Il a eu besoin toute sa vie de chercher qui il était en remettant son destin dans les mains du voyage.
Il est d'abord parti seul descendre le Mississipi, Missipi Solo, puis, a voyagé en Afrique, à la recherche de racines introuvables, "Native Stranger".
Il a ensuite entrepris un périple à travers le sud des états unis, pays de l'esclavage et de l'apartheid, "South of haunted dreams". Enfin, il a éprouvé le besoin de retourner à Harlem, se fondre dans ce quartier pour une immersion de deux ans durant laquelle il a continué à se chercher.
Aux aguets, il tente de découvrir la place qu'il veut avoir dans ce monde, et il écrit Harlem.
Nous le retrouvons avec les mêmes questions sur l'identité et la difficulté d'être soi.
Quels choix de vie opérer pour s'assurer d'être Eddy Harris et rien d'autre ?
Comment se construire un avenir sans s'entraver dans les pièges du passé.
Comment reconnaître ses propres désirs quand on est plein des rêves et des espoirs des générations précédentes ?
Pourquoi avoir délaissé Harlem, pourquoi ne pas y revenir ? Pourquoi y revenir ?
Peut-on ? doit-on ? se libérer de la culpabilité d'avoir réussi à échapper à la condition peu enviable des gens prisonniers de Harlem, de sa misère, de son abandon, de sa violence et de sa décrépitude ?
Harlem a été le rêve emblématique d'une vie meilleure et libre pour des milliers de migrants du Sud. Quelques cent ans plus tard, ce n'est que désespoir et pauvreté qui rodent à tous les coins de rue.
Comment cette histoire si bien commencée a-t-elle pu si mal finir ?
C'est ce que tente de nous raconter l'auteur avec son style propre qui mêle les portraits des gens qu'il rencontre aux souvenirs qu'ils lui évoquent de son enfance ou des histoires colportées par son père.
Il croise savamment les descriptions des lieux avec une introspection constante qui le fait aller toujours au plus près, au plus juste de la pensée et du ressenti.
En fermant ce livre, j'ai très envie de découvrir le premier qu'il a écrit : "Mississipi Solo"... Merci aux éditions Liana Levi de bien vouloir faire paraître sa traduction, juste pour moi....:)
En fait, je crois que j'ai envie de suivre tous ses voyages, parce que finalement, ils n'en font qu'un...
Parcours initiatiques vers une vie d'homme, libre, digne, sincère et honnête... Un Ulysse des temps modernes en quête vers la vie bonne...
Des images et des liens sur le blog
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Une plongée magnifiquement poétique dans LE quartier noir de référence : Harlem.
Défi relevé par l'auteur, impatient de retrouver une communauté noire, un endroit que le temps a quelque peu mystifié, le seul endroit aux Etats Unis que les noirs possèdent totalement.
Avec tout l'héritage de la période Harlem Renaissance et la pléthore d'écrivains, de musiciens, d'artistes qui ont fait de Harlem un lieu mythique, avec le bagage émotionnel transmis par son père, Eddy L. Harris décide de s'installer pour un an, voire plus, en ce lieu.
C'est hélas avec l'idée d'un désespoir profond qu'il en repart : le manque de perspective, d'ambition, de modèles positifs, de règles, de cadres, le manque d'argent aussi bien sûr ... tous ces vides sont comblés à Harlem par la violence, la délinquance, l'alcool et la drogue.
Ghetto fermé, replié sur lui-même qui est fui par ses habitants dès qu'ils peuvent aspirer à une vie meilleure.
Un constat assez triste mais réaliste sur cette Amérique tant adulée outre atlantique.
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Lorsque l'on referme Harlem de Eddy L. Harris, on est un peu KO. Enfin, j'étais un peu KO, j'avais pris un grand coup dans mes convictions. J'avais lu, il y a bien longtemps le " Black Boy de Richard Wright ", plus récemment, Beloved de Toni Morisson, mais mes lectures d'écrivains noirs américains se sont arrêtées là et ma vision de la condition de ce peuple s'est construite sur des reportages radios et télévisions. Concernant Harlem, j'en étais resté, à la vision papier glacé de " paradis nègre ". En retournant vivre à Harlem le narrateur entraîne le lecteur dans une immersion sans concession. Eddy L. Harris, nous montre la réalité crue de ce quartier, son histoire, sa vie faite d'immeubles délabrés, d'immondices qui jonchent les trottoirs, d'enfants qui errent au milieu de la nuit, de violences, mais également une vie intense faite d'un bouillonnement culturel, d'échanges humains forts, ainsi que de réussites individuelles. Il magnifie la transmission de valeurs entre père et fils " Celui avait contribué à me donner mon sens de moi-même ". Il nous fait partager ses questions sur la condition de son peuple, sa force, ses torts, Sans s'en prendre aux blancs, il montre les raisons qui ont transformé Harlem, en ghetto. Une fois le livre refermé je me suis posé la question de la date de l'édition originale, constatant que le livre est paru en 1996, il me vient, obligatoirement, une question, qu'en est-il de Harlem et de la condition des noirs, maintenant qu'un métisse est président des Etats-Unis? L'espoir que cette élection a suscité a-t-il fait changer les choses?
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L'auteur a écrit un livre pour se justifier.
L'immersion d'Eddy L. Harris dans le quartier rude d'Harlem n'est que temporaire.
Si les habitants de ce quartier pauvre n'ont pas d'autre choix que d'y vivre, Eddy L. Harris peut interrompre cette plongée quand il le souhaite.
Il est conscient de ce privilège et juge son immersion comme une duperie par rapport à ses frères de couleur.
Tels des mantras, les réflexions d' Eddy L. Harris évoluent progressivement au rythme des situations et des personnages récurrents.
L'auteur porte un regard désabusé sur la communauté des Noiraméricains qui n'a pas su s'organiser pour faire d'Harlem sa terre d'accueil. Harlem était un quartier vivant et sécure. Aujourd'hui Harlem est délabrée et dangereux.
La communauté a raté sa chance.
Pourquoi la destinée de la communauté afro-américaine ne peut-être que la misère ?
Est-ce qu'avoir la peau noire aux États-Unis condamne à vivre comme des sous-hommes ?
Cette interrogation essentielle sous-tend le roman d'Eddy L. Harris.
Le naufrage d'Harlem en serait une illustration évidente.
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« Et de l'autre côté de la rue où j'habite (Harlem, New York, É-U), un homme fracassait une femme contre un mur de pierre, Il exhibait sa force, lui ôtant à coups de poing toute dignité, comme le monde avait fait avec lui, et exigeant d'elle, (…), la soumission qu'on avait exigée de lui ».

Le soumission en tant que noir, la soumission en tant que pauvre, la soumission en tant que personne peu ou pas éduqué, etc, etc…

Voici le ton donné dès le début du livre. L'objectif n'est pas d'écrire l'histoire des noirs États-uniens mais bien l'Histoire de son histoire, surtout celle en relation avec son père.

Oeuvre vraie car toute personnelle.

« L'homme noir est mort (…) mais c'est d'une autre mort dont je parle et que je désire pour tous les hommes noirs: c'est la mort de ce que l'homme noir a fini par symboliser. C'est une mort porteuse d'une résurrection et d'une renaissance glorieuses… »

Recommandée, sans aucun détour…
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle me faisait soudain penser à mon père, qui, à présent qu'il prend mon écriture au sérieux, me voit lui aussi comme une sorte de témoin, quelqu'un qui dira ce qui doit être dit, car rien ne survit simplement parce que ça a existé autrefois; sans aucune trace les vies disparaissent. Ce sont les conteurs qui se souviennent et racontent leurs histoires, les écrivains qui les recréent et les maintiennent en vie. Et l'histoire de Harlem, tout comme celle de mon père, tout comme tant d'autres histoires, a besoin de survivre afin que les enfants de Harlem et nos enfants et les enfants de nos enfants sachent un jour ce que, pour eux, les gens ont enduré et surmonté. C'est ainsi qu'ils pourront un jour puiser leur force à la force de ceux qui les ont précédés, et tirer fierté de leur fierté, courage de leur courage. Ne serait-ce que pour cette raison, je sentais que j'avais besoin d'être là.
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Le passé est un lieu dangereux à visiter. Il se présente sous des dehors sûrs, mais il est aussi traître que l'enfer. Il est beau. Il est pesant, aussi. C'est là que nous allons nombreux pour nous souvenir de qui nous sommes, parfois même le découvrir. C'est là que nous allons souvent quand le présent commence à nous submerger, à se flétrir, quand il se refuse à la moindre étincelle, au moindre éclat. Si nous n'y prenons pas garde, sa ronde hypnotique risque de nous engloutir dans un tourbillon d'illusions et de déconvenues.
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C'était peut-être naïf d'espérer qu'on pourrait peut-être un jour - nous tous, pas seulement les noirs - être jugés d'après notre coeur, comme disait le Dr King, et pas d'après la couleur de notre peau. ça ne serait pas génial si on n'était pas coincé dans l'abjection, si notre destin n'était pas soumis au caprice des blancs ? Pourquoi on ne peut pas avoir le destin qu'on choisit, nous , Ce n'est pas ça qu'ils nous ont promis ? Qu'avec la bonne dose d'effort, la juste dose de persévérance, et même, ouais, la juste dose de chance, on pouvait s'élever et réussir, avoir n'importe qu'elle vie et être n'importe qui, si on était suffisamment déterminé ? Mais c'est un mensonge. Qui a persévéré davantage que le peuple noir ? Qui a travaillé plus dur et pour moins de récompense que nous autres ? Peut-être ça doit tenir à la dose de chance, parce qu'on a eu vraiment pas de chance
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Le jour même de mon emménagement à Harlem, sur une population supérieure à deux cent cinquante millions d'Américains, il y avait trente et un millions de Noirs qui, statistiquement parlant, étaient ce jour là, et le sont toujours, sept fois plus susceptibles que les Blancs en Amérique de mourir par homicide, trois fois plus de contracter le sida, deux fois plus de vivre en centre-ville et quatre fois plus de naître hors mariage. Ils ont deux fois moins de chances d'avoir une éducation supérieure et trois fois plus une vie miséreuse, trois fois plus de chances d'être au chômage, sept fois plus de chances de faire de la prison. Un homme noir sur trois entre vingt et trente ans est en prison. Même si nous l'admettons et si nous cherchons à contourner ce qui est une évidence criante, la couleur de peau compte pour beaucoup dans ce pays, et en dépit de ce que je pensais enfant, en dépit de ce que j'espère naïvement encore, savoir que je peux être qui je veux, réussir tout ce que je désire suffisamment fort, et vivre la vie qui me plaît le plus, un Noir est défini par certaines réalités statistiques et par le domaine plus restreint des possibilités.
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La vie est une question de choix, j'en ai pris le parti, la vie et les mauvaises passes où nous nous trouvons. Tout se réduit à ce que nous choisissons, et à ce que les autres choisissent pour nous. Que nous le sachions ou ne l'ayons jamais remarqué, quelqu'un fait pour nous - très souvent nous-mêmes et tout aussi souvent d'autres -les choix qui semblent affecter jusqu'à notre souffle, jusqu'à nos pensées, et tout ce que nous entreprenons ou cherchons à entreprendre, tout ce que nous sommes. Et il ne nous reste, après tous ces choix acceptés ou non, aucun choix, en somme.
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Videos de Eddy L. Harris (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eddy L. Harris
Organisée par la Médiathèque le Point d'Interrogation du Bourget, cette rencontre s'est tenue en ligne dans le cadre du festival Hors limites 2021.
En 1985, alors qu'il va sur ses 30 ans, Eddy L. Harris – qui n'en est pas à sa première aventure à travers le monde – se lance à lui-même un défi aussi grandiose que déraisonnable : descendre en canoë les 4000 kilomètres du fleuve Mississippi près duquel il a grandi. Seul. Pour cet auteur « noir américain », comme il aime se définir, ce voyage initiatique revenait à sonder le coeur des États-Unis en passant par l'aorte : du Nord au Sud, depuis le Minnesota jusqu'au golfe du Mexique.
Frontière naturelle de nombreux états et marquant la séparation entre l'Est et l'Ouest, élément fondamental de la culture nord-américaine et de son histoire, intimement lié au roman d'aventures (on pense bien sûr à l'oeuvre de Mark Twain) et lié aux légendes amérindiennes et à l'esclavagisme, emprunter le fleuve mythique revenait, pour le jeune homme qu'il était, à éprouver « la confiance qu'il a en lui-même et celle qu'il a dans son pays ». Par chance, cette route maritime des plus périlleuses déboucha sur un chef-d'oeuvre de la creative non-fiction – enfin traduit en français grâce aux éditions Liana Lévi – mais surtout, confirma Eddy L. Harris dans sa vocation d'écrivain et irrigua toute son oeuvre – au point qu'il retentât l'expérience, pour un film documentaire cette fois, en 2014 !
#médiathèque #SeineSaintDenis #festival #littérature #rencontrelitteraire
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