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Charles Resnick tome 12 sur 12
EAN : 9782743634100
333 pages
Payot et Rivages (11/11/2015)
3.91/5   43 notes
Résumé :
Dans cette douzième et ultime aventure de Charlie Resnick, personnage emblématique qui a conquis un large public sur deux décennies, John Harvey se confronte à un événement majeur de l'histoire sociale de la Grande-Bretagne : la grève des mineurs de 1984. La découverte du cadavre d'une femme qui avait disparu pendant la grève remet l'inspecteur Charlie Resnick en scène et l'amène à se confronter à son passé de jeune flic. Trente ans plus tôt, Resnick était en premiè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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C'est compliqué la littérature de genre: on aime y trouver ce qu'on est venu y chercher; on aime y être surpris mais pas décontenancé; l'équilibre est périlleux.
Polar classique de chez classique, ce douzième et dernier opus des aventures de Charlie Resnik met fin au cycle non par une mort mais par l'effacement progressif du héros vieillissant, en deuil et désillusionné.
Sa dernière enquête est un cold case et le renvoie aux grandes grèves des mineurs sous Thatcher. La postface contient une bibliographie impressionnante qui témoigne de la volonté de John Harvey à restituer le contexte socio-politique de ces événements. C'est d'ailleurs assez ballot parce que, perso, ce que je connais du contexte me vient de mon DVD de "Billy Eliott" et je n'ai pas eu l'impression d'en apprendre plus ici. Ah, si, quand même! La très bonne idée de ce polar, c'est de s'être basé sur l'argent envoyé de partout pour soutenir les grévistes et qui généra évidemment des convoitises. Très bonne idée, donc, mais très sous-exploitée, ce qui réduit un tantinet l'intérêt qu'elle aurait pu susciter.
Donc l'histoire se poursuit cahin-caha, alternant les épisodes de l'enquête et les réminiscences du passé (procédé éprouvé et pour tout dire rapidement ennuyeux). Les révélations ne sont jamais dues à l'enquête mais tombent assez au hasard - après tout, ce doit être souvent comme ça dans la vraie vie.
Rien d'épastrouillant, donc, mais rien non plus de rédhibitoire (c'est d'ailleurs plutôt bien écrit), mais je me demandais ce qui pouvait bien me gêner dans ma lecture.
Et j'ai fini par trouver.
Alors, oui, hein, on s'en doute, avec un titre pareil, noir c'est noir: les flics ne font pas leur boulot, les syndicats se laissent corrompre, l'amour est un leurre, et surtout le monde est un terrain de chasse pour mâles arrogants qui courent la gueuse.
La victime est une femme dont on peut dire sans trop dévoiler l'intrigue qu'elle fut tuée par un homme. Un meurtrier en série trucide les femmes. Un petit meurtre annexe renvoie à la disparition prématurée d'une jeune femme insuffisamment soumise.L'épouse du détective est elle-même passée de vie à trépas dans un épisode précédent (tuée par un homme, est-il nécessaire de le préciser?) et la détective en chef choisit très mal son petit ami.
Alors loin de moi la volonté de minimiser la réalité des féminicides mais serait-il possible de ne pas faire des femmes d'éternelles victimes? Deux hommes meurent aussi dans ce roman, l'un dans un accident de voiture, l'autre emporté par le blizzard: pas du genre petites choses fragiles et martyres.
Alors déjà qu'un mâle m'explique avec condescendance à quel point il est désolé pour moi ça m'énerve, mais le plus drôle c'est que cette bonne conscience ne se sent pas gênée de coexister avec le cliché le plus relou (littérature de genre, vous dis-je)
Donc, le héros, qui n'est plus de première jeunesse et qui fait équipe avec une ravissante jeune femme, est à deux doigts de se glisser dans son lit. "Elle mentionna Lynn. Cela le sauva. Les sauva tous les deux." Lynn étant l'ancienne femme de Charlie, tuée en service. Avant le meurtre, les collègues plaisantaient sur lui: "Il est au chaud avec cette jeunette de la Criminelle, le petit veinard." Donc, le Charlie a beau être un féministe de bon aloi, il n'ira pas jusqu'à se taper une femme de son âge.
Résumons: dénoncer les violences faites aux femmes, d'accord, mais sans renoncer au héros vieillissant qui s'envoie de jolies jeunettes. Y'a des limites à l'autoflagellation, faut croire.
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Solitaire et déprimé, Charlie Resnick passe ses journées à regarder des films ou à écouter des cd de jazz, un chat arthritique confortablement installé sur les cuisses. Que du bonheur ! Pour briser la monotonie de ses journées, il occupe un poste de réserviste à temps partiel dans un commissariat de Nottingham. La découverte d'un cadavre sous les fondations d'une maison d'une cité ouvrière va ramener Resnick à un passé vieux de trente ans. Jeune policier, il avait été chargé d'y recueillir le maximum de renseignements sur les grévistes. La victime est rapidement identifiée. Il s'agit de Jennifer Hardwick l'épouse d'un mineur, mère de trois enfants, qui s'était lancée dans le mouvement social. La jeune femme avait disparu en décembre 1984, au moment de la grande grève des mineurs. Resnick va aider Catherine Njoroge, une jeune inspectrice d'origine kényane, à mener l'enquête. La mission du duo d'enquêteurs se complique ; avec les années, les souvenirs s'effacent, certains témoins sont décédés et d'autres ont disparu de la circulation. Et les pistes se multiplient : tueur en série, drame conjugal, crime passionnel... John Harvey revient sur cet épisode marquant de l'histoire britannique : la grande grève des mineurs brisée à l'aide de méthodes policières contestables. Répression brutale, manipulation, infiltrations campagnes de presse, toutes les méthodes sont bonnes pour mater et discréditer le mouvement. Jenny, la victime, incarne la lutte passionnée pour un monde ouvrier en lutte, dans un dernier sursaut avant le naufrage. Et il y a un parallèle entre l'enquête sur les circonstances de son meurtre et l'éclairage sur cette période sombre de l'histoire. Charlie Resnick tire sa révérence avec cette histoire pleine d'humanité dans un monde chaque jour plus monstrueux.
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Un polar magistral !

"L'adieu à Resnick" annonce le bandeau rouge entourant le livre. John Harvey le dit dans sa postface, il est temps pour son flic fétiche, Charlie Resnick, de prendre du recul après vingt-cinq années de présence dans les romans et nouvelles de son créateur. Et si le livre s'ouvre sur une scène d'enterrement, Harvey a le bon goût de ne pas faire mourir Resnick mais de le laisser posé sur son banc, dans un square de Nottingham, rêvant de la seule passion qui lui reste : le jazz.

Ténèbres, ténèbres est un vrai polar noir : l'histoire est sombre, les personnages aussi et l'espoir ne montre que rarement le bout de son nez. L'intrigue, remarquablement construite sur un rythme lent (on est loin du page turner...) se développe selon deux axes-temps.

Dans le premier, contemporain, une femme - Jenny Hardwick - considérée comme disparue depuis trente ans est retrouvée par hasard, enterrée sous la terrasse d'un pavillon. Resnick reprend alors bénévolement du service pour assister Catherine Njoroge, chargée de l'enquête. Peu de pistes sinon des fausses, des témoins aux abonnés absents et des moyens limités puisque finalement, personne ne tient vraiment à élucider les travers du passé.

Parallèlement, on suit la vie au quotidien de Jenny en 1984, lors de la grande grève des mineurs anglais que Thatcher avait décidé de faire plier. Si cette histoire finira par donner peu à peu la clé de l'énigme, elle est remarquablement documentée sur cette période trouble. La grève dure, les affrontements avec la police sont quotidiens, les "jaunes" font l'affaire du gouvernement (il faut bien manger...) et les femmes se jettent dans la bataille. Les consciences se forgent ou se défont. Un monde est en train de basculer.

Et c'est là qu'Harvey excelle : dans la description très fouillée de ses personnages, ceux d'il y a trente ans comme ceux d'aujourd'hui. Jenny et toutes les autres femmes, passionnées autant que déboussolées. Catherine, brillante inspectrice, confrontée au sexisme, au racisme et à la violence. Et Resnick, qui traverse le livre avec le regard désabusé de celui qui a tout vu, trop vu.

Oui, après 1984, le monde a basculé en Angleterre. Mais les gens ont-ils changé pour autant ?

"Mécanique" parfaitement ficelée, écriture extrêmement soignée, profondeur des personnages et ambiance léchée : ce livre de John Harvey est impérativement à lire pour qui apprécie les polars "Plus" : ceux qui sont des grands livres avant d'être des polars.
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Le mot « ténèbres » est pour moi un des plus beaux, parce que la lumière ne se voit jamais mieux que lorsqu'elle perce les ténèbres, quels qu'ils soient.
Charlie Resnik est le héros de John Harvey, il lui a consacré douze enquêtes, en vingt-cinq années d'écriture – dans la postface, John Harvey explique comment il a choisi le dénouement pour son personnage, après en avoir écrit un autre. A mes yeux, son choix définitif est bien meilleur que le premier.
Charlie Resnik est officiellement à la retraite, mais il a pu rempiler dans un travail administratif qui l'occupe, et surtout, l'empêche de trop penser, lui qui rentre presque seul chez lui, avec un chat et ses disques de jazz. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que l'on retrouverait le corps d'une femme disparue depuis trente ans – et morte depuis trente ans. Les cold case, dans les séries télévisées, c'est bien, c'est facile. Dans un roman qui se veut crédible, cela l'est nettement moins, rares sont les personnes qui n'ont pas déménagées en trente ans, qui n'ont pas changé de métiers, surtout vu le contexte. Trente ans plus tôt, se déroulaient les grandes grèves des mineurs. Resnik était un jeune policier, confronté aux ordres de ses supérieurs et au méthode de certains collègues, sur lesquelles les supérieurs fermaient les yeux – tant que les événements allaient dans le sens qui convenait à la police, tout était bon à prendre.
Resnik jeune, et Jenny, la victime, vivante, voilà les morceaux de passé qui nous sont livrés dans le récit rétrospectif. Jenny, bien vivante, soutenant la grève, participant à des meetings, se débrouillant pour faire garder ses trois enfants, ou pour être revenue à temps pour les chercher à l'école. Un mari, Barry, non gréviste qui ne comprend pas sa femme, qui sort trop du rôle traditionnel des épouses soumises, cantonnées à leur maison, qui ne comprend pas non plus ses grévistes venus d'on ne sait où et qui le traitent de « jaune », lui qui veut seulement continuer à travailler pour que sa famille ait de quoi se nourrir.
Dans le présent, le travail est minutieux, long, fastidieux, surtout que Resnik et Catherine, assignés à cette mission avec deux autres agents, n'ont qu'une semaine pour trouver une piste valable – il est tant d'autres affaires qui attendent, surtout que Picard, le charmant supérieur imbuvable, est assez fataliste, ou réaliste, comme on voudra : le coupable est peut-être mort depuis longtemps !
Petite précision : Catherine Njoroge est noire, pas noire Beyoncé, non, noire noire comme elle le dit elle-même, et j'entends déjà le commentaire (j'en ai déjà eu) précisant que de nos jours, on s'en fout. Ce serait bien, effectivement. Catherine est cependant très consciente que tous ne s'en moquent pas, et qu'elle, son avancement, dérange, certains pensant qu'elle ne l'a obtenu qu'à cause de sa couleur de peau, au nom de la discrimination positive et n'attendant qu'une chose, un bel échec. Ajoutez à cela des parents qui ne comprennent ni son choix professionnel, ni sa rupture avec son compagnon dont, selon eux, elle n'était pas à la hauteur. Ou comment introduire dans un roman, sans jamais utiliser le terme, un personnage de pervers narcissique. Catherine a été suffisamment fine pour s'en rendre compte, de là à dire qu'elle est suffisamment forte pour lui résister constamment, c'est une intrigue qui sous-tend le récit principal.
J'espère que vous apprécierez autant que moi ce roman.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Encore une lacune dans mes connaissances sur les auteurs de romans policiers : j'ignorais l'existence de John Harvey et celle de son personnage l'inspecteur Charlie Resnick.
C'est réparé grâce à la critique de Nameless en février dernier sur la dernière aventure de l'inspecteur Resnick "Ténèbres, Ténèbres", critique qui m'a donné envie de lire cet ouvrage. Je ne le regrette pas bien au contraire.

Nouveau retraité Resnick occupe un poste de citoyen réserviste au commissariat central.
A l'occasion de travaux un squelette est découvert. Il s'agit de celui d'une jeune femme,Jenny Hardwick, disparue en 1984 lors de la grande grève des mineurs.
l'enquête est confiée à l'inspectrice Catherine Njoroge, d'origine Kényane. Elle se fait assister par Charlie qui était en poste en 1984. Il était à la tête d'une équipe d'agents secrets qui se mêlaient aux grévistes.

Le livre est construit sur deux périodes : la période actuelle et 1984.
les chapitres consacrés au présent nous permettent de suivre l'enquête, les interrogatoires des différentes personnes ayant eu un lien avec la grève ( syndicalistes, témoins, policiers, membres de la famille et amis de Jenny.)
Les chapitres concernant l'année 1984 nous plongent au milieu des grévistes et dans la vie Jenny. Ils nous apportent des informations sur cette grève qui dura un an et se termina sans que les grévistes obtiennent satisfaction. Jenny est une mère de famille mariée avec un mineur non gréviste "un jaune". Au contraire de son mari elle milite du côté des grévistes. Sa disparition restera un mystère jusqu'au dénouement de l'enquête.

Bien que ce soit mon premier contact avec Charlie Resnick, j'ai apprécié le personnage avec son côté humain, honnête et modeste. J'ai également aimé le personnage de Catherine qui doit affronter le racisme coté professionnelle et la violence côté vie privée.

PS : ceux qui écrivent la quatrième de couverture ont-ils toujours lu le livre concerné ? la quatrième de couverture de l'édition Rivage/Noir indique que Jenny est "l'épouse d'un meneur de la grève" alors que c'est exactement le contraire !



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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ça a commencé au pub un peu plus tôt. Deux de nos gars se sont accrochés avec d’autres clients. Les prises de bec habituelles. Si bien qu’à l’heure du changement d’équipe, il y avait foule devant la mine, un piquet comme on en n’avait pas vu depuis longtemps. Enfin, je ne vous apprends rien. La police s’excite, appelle des renforts. Au début, ça criait, ça s’injuriait, mais rien de méchant, jusqu’à ce que quelqu’un lance une pierre qui érafle la tête d’un flic. C’est ce qui a mis le feu aux poudres. Il faut quand même que je vous dise une chose, Charlie, le type qui a jeté cette première pierre, c’était un policier. J’en suis sûr, je l’ai déjà vu. Au premier rang, en uniforme. Sauf qu’aujourd’hui, il était en civil parmi les nôtres, à les chauffer, les exciter, et il a fini par lancer cette satanée pierre. Il aurait pu défigurer un de ses collègues.
- Un policier, vous êtes sûr ?
- Sûr et certain.
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Il était venu {dans la zone commerciale} un dimanche après-midi avec Lynn, qui espérait trouver une robe chez Laura Ashley pour se rendre au mariage d’un collègue. En fait, tout ce qu’ils avaient trouvé, c’était une version moderne de l’enfer, pensait Resnick pour qui le shopping, quand il ne s’agissait ni de CD ni de nourriture, relevait de l’hérésie. Il était prêt à passer des heures à fouiller parmi les bacs de l’Eric Rose’s Music Inn, dans la galerie marchande West End Arcade, mais attendre quinze minutes pendant que Lynn examinait une série de robes le mettait au supplice.
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Plus on vieillissait, plus on était censé trouver le multiculturalisme menaçant, avait-il lu quelque part. Pourtant, s'il ne pouvait pas dire qu'il l'avait adopté, il ne le trouvait certainement pas menaçant, à l'exception des incursions occasionnelles de la mafia d'Europe de l'Est. Le multiculturalisme avait même accompli des miracles en ce qui concernait la gastronomie anglaise.
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Catherine commanda un club sandwich, Resnick une tourte à la viande et à la bière. Pour changer de sujet, elle l’interrogea sur sa famille et il lui raconta ce qu'il savait de l'histoire de ses parents, qui avaient débarqué en Angleterre à la fin de l'été 1939, fuyant l'invasion nazie comme d'innombrables Polonais.
"nous ne sommes pas si différents, vous et moi, Charlie. Des exilés de l'âme."
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Mais ce n'est pas dehors que ça se passe, n'est-ce pas ? Vous devez le savoir mieux que personne. Les enfants, toutes ces choses horribles qui peuvent arriver, la violence, les sévices, la plupart du temps, c'est à la maison.
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John Harvey raconte ses débuts dans le roman noir.
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