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Critique de mjaubrycoin


Zeba a été découverte les mains pleines de sang, dans la cour de sa maison , à côté de son mari qui gisait mort avec une hache dans la tête. Sa culpabilité ne fait aucun doute et elle est incarcérée dans l'attente d'un procès qui conduira à sa condamnation à mort. Refusant de donner une explication à son geste meurtrier, elle se mure dans le silence et refuse de partager avec son avocat, le jeune et idéaliste Yussuf le lourd secret qu'elle s'est juré de préserver.
Dans un pays où les femmes ne sont pas seulement méprisées, mais considérées comme des êtres inférieurs, est-il raisonnable d'espérer que son innocence sera reconnue et qu'elle pourra retrouver ses quatre enfants qui lui ont été arrachés par la famille de son mari ?
Nadia Hashimi qui vit aux Etats-Unis où elle exerce la profession de pédiatre, excelle à décrire son pays d'origine l'Afghanistan à travers de superbes histoires de femmes comme dans son précédent roman "si la lune éclaire nos pas" ou le célèbre "la perle et la coquille" qui a révélé son talent aux lecteurs occidentaux.
Le sort fait aux femmes dans ce pays qui ne parvient pas à s'extraire de ses coutumes ancestrales, est positivement effroyable. Fillettes données en mariage à des hommes âgés qu'elles ne découvriront que pendant une nuit de noces que l'on n'imagine qu'avec effroi, femmes lapidées pour avoir osé aimer en dehors du mariage ou emprisonnées pour le délit de "zina" constitué si elles sont vues en compagnie d'un homme qui ne leur est pas apparenté. Si en plus elles sont simplement soupçonnées d'avoir brûlé une page du Coran, c'est la mort assurée et avec la bénédiction de toute la société en prime !
Cette description de la condition féminine au 21ème siècle ne peut que faire frémir d'horreur les lectrices occidentales. Quand on y adjoint la mécanique d'un système judiciaire resté au stade médiéval, on mesure le fossé culturel qui nous sépare de ce pays.
L'indignation est présente tout au long de la lecture et chacun des personnages porte une part d'ombre trop lourde pour le rendre sympathique qu'il s'agisse d'une magicienne que l'efficacité de ses sorts rend redoutable ou d'un homme qui n'a de saint que le nom que l'on veut bien lui donner. Zeba elle-même qui se drape dans un silence fier, n'a t'elle pas toléré l'intolérable sous son toit?
Seul Yussuf qui se dévoue inlassablement pour une cause indéfendable, échappe à la noirceur ambiante et illustre tristement le sort de ces milliers d'avocats qui , dans le monde entier, luttent pour davantage de justice, quelquefois même au péril de leur vie.
Même si le tragique ne l'emporte pas in fine, j'ai moins aimé ce livre que les précédents, tant je me suis sentie interpellée par ce terrible réquisitoire qui ne propose que des solutions biaisées pour remédier à l'injustice, comme les mensonges des villageois pour sauver la vie de Zeba.
Quel espoir pour l'Afghanistan ? Et pour les Afghanes dont l'auteur met en évidence la triste condition ? Fuir ? Aux Etats-Unis, peut-être ? Même si ce pays ne détient pas la palme d'or en ce qui concerne le respect des droits de l'homme, il pourrait faire office de paradis terrestre en comparaison ...
Est-ce le but recherché par Nadia Hashimi ?
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