Quand j'étais adolescente, j'avais lu «
le conservateur des ombres », je me souvenais encore parfaitement de la couverture des éditions Labor et, pourtant, impossible de me rappeler de l'intrigue, si ce n'est qu'elle se déroulait autour d'une bibliothèque, en Allemagne, avant la guerre. Et impossible de remettre la main sur cet ouvrage que j'étais pourtant certaine de posséder ! Ça faisait beaucoup de mystère autour de ce roman, assez pour que j'ai eu envie d'aller l'emprunter à la bibliothèque pour le relire.
L'intrigue se déroule à Flachsenfingen, une petite ville d'Allemagne, au début des années 30. Quatre notables de la ville collectent des ouvrages pour recréer la bibliothèque municipale qui a brûlé. Cette bibliothèque traverse le temps alors que monte le nazisme et qu'éclate la guerre et plusieurs personnages gravitent autour d'elle : Henrich Klippinger, récent héritier de la scierie familiale, sa fiancée Gertrud Jassfeld qui souffre d'un profond ennui, Theodor Bonhiver, écrivain qui travaille sur un mystérieux projet et Franz Grünenwald, le bibliothécaire boiteux, très méticuleux et passionné par le mystère qui entoure Bonhiver.
Dévoiler le projet sur lequel travaille Theodor enlèverait toute une partie de l'intérêt de l'ouvrage car son obsession et celle de Franz constituent toute la trame du roman et une belle allégorie de l'Histoire et du nazisme. Je ne dirai donc rien à ce propos. Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce roman, c'est que l'on ne perçoit pas immédiatement comment s'articulent les destins des personnages qui sont tantôt esquissés, tantôt détaillés. L'intrigue se construit comme un puzzle au fur et à mesure que l'histoire, la « petite » comme la « grande », se déroule et s'accélère.
Il y a beaucoup de poésie dans cet ouvrage, un peu de philosophie aussi mais, surtout, matière à réfléchir. Je ne regrette absolument pas de l'avoir relu !