Quand elle sera reine

Mira se nourrit de colère et de rêve. Sa mère est partie quand elle était petite, lui laissant un livre magnifique mais illisible. Son père distant et taiseux s'est remarié et sa femme n'aime pas Mira car elle est différente. Au milieu des blonds et des bruns, elle arbore une chevelure couleur de feu et sa silhouette mince et déliée la distingue également. de plus, elle se sent plus à l'aise à battre la campagne qu'à aider aux tâches domestiques. Sa beauté farouche et sa furieuse envie de vivre détonnent dans cette communauté villageoise calme et tranquille. Elle est attirée par la mer indomptable, par l'inconnu et le différent car elle sent qu'elle le porte en elle. Cette soif de connaissance est un temps apaisée par la découverte des livres et de la lecture mais Mira est ainsi marginalisée au sein de sa communauté mais aussi au sein de sa famille.

Autant le vocabulaire est riche et précis en ce qui concerne la description des sentiments de Mira, autant le contexte historique et géographique est imprécis.
On est en Europe, peut-être en Europe de l'Est, à la fin des années 30-début des années 40 et ce qui arrive à Mira, ce qui la différencie, c'est qu'elle est Juive (le mot n'est jamais employé pourtant) et qu'elle va subir les rafles, le ghetto et la déportation, même si elle ne comprend rien aux événements.

L'auteure ne met pas l'accent sur l'aspect historique, ni sur le déroulement d'une intrigue mais plutôt sur l'éveil à la sensualité, à la sexualité d'une jeune fille, le processus psychologique de sa maturation dans un monde qui sombre dans le chaos.
L'écriture poétique et imagée, le style à base de phrases courtes, rythmées, précises nous emportent dans le tourbillon des sensations et des sentiments de Mira et brosse un très joli portrait de femme.

Bref, une très belle découverte de ma part car je ne connaissais pas cette auteure et une lecture marquante pour ce petit roman.

A partir de 14 ans

Comment parler d'un roman de Rachel Hausfater ?
Le résumer avec mes mots serait l'assimiler à un roman quelconque, qui parle d'exclusion, de vie difficile, de camp de concentration.
Alors que c'est un texte superbe, à la fois poésie envoûtante et histoire d'une extrême dureté.

Comme dans "La danse interdite" on est emporté par ces mots, cette musique.
A chaque page, je me suis dit qu'il fallait que je recopie cet extrait-là, mais en fait, il faut le lire pour comprendre.
Et au hasard de plein de phrases, on découvre des alexandrins, cachés dans chaque chapitre, comme une petite musique qui nous aide à avancer.
Car j'ai trouvé ce texte dur, très dur, et j'ai eu parfois du mal à continuer tant il est triste.
Un superbe roman junior, mais que je ne conseillerais qu'à partir d'un certain âge. Je le trouve très beau pour un adulte, mais j'hésiterais pour les jeunes.