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EAN : 9782290216064
250 pages
J'ai lu (19/01/2000)
4.32/5   528 notes
Résumé :
Quatrième de couverture
" Je pleure jamais. Comme ça, personne peut me faire de mal.
- Que veux-tu dire ?
- Si je pleure pas, ils savent pas que j'ai de la peine. Alors ils peuvent pas me faire de mal. Personne peut me faire pleurer non plus. Même mon papa quand il me bat. "

A six ans, Sheila a déjà un lourd passé. Abandonnée par sa mère sur une aire d'autoroute, battue par son père, elle ne connaît pas la douleur et l'effroi jusq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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Pour anticiper et répondre à une question que l'on va inévitablement me poser : oui, je suis en train de lire toute la collection des livres de Torey Hayden, notamment les livres-documents (elle a également écrit trois romans).

Torey accueille dans sa classe un petit bout de chou de six ans, Sheila. Il s'avère que ce petit être est une véritable tornade qui détruit tout sur son passage, surtout lorsqu'elle est contrariée. Si elle ne veut pas voir sa classe en feu, Torey n'a pas intérêt à lui demander d'écrire quoi que ce soit. La gamine entre alors en transe ! Mais c'est mal connaître l'éducatrice qui, si elle tombe des nues au départ, va employer l'artillerie lourde (entendez par là de la psychologie) pour essayer de faire avancer cette gamine au passé bien chargé (abandonnée sur une autoroute par sa mère, partie avec le petit frère) et au présent qui ne l'est pas moins puisqu'elle vit avec son père, attiré sensiblement par la bouteille et beaucoup moins par le ménage, dans un camp de saisonniers.

L'enfant qui ne pleurait pas est le tout premier livre de Torey Hayden. On y découvre le dur travail d'éducatrice dans une classe spécialisée ainsi que les souffrances de ces gamins que la société rejette (ou qui s'isolent volontairement) par la faute, la plupart du temps, des adultes dont la cruauté n'a pas d'égal.

Et si vous voulez savoir ce que sont devenues les personnes dont parle l'auteur dans ses livres, n'hésitez pas à aller visiter son site.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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L'enfance à la dérive, la maltraitance, les violences physiques et psychologiques sur les petits, Torey L. Hayden en a fait se cheval de bataille.
Célèbre psychologue américaine, elle est spécialisée dans les problèmes de l'enfance inadaptée. C'est à travers l'écriture entre autre, qu'elle partage son travail avec le monde entier.
Elle témoigne de son travail à travers plusieurs livres bouleversants.
L'enfant qui ne pleurait pas retrace la rencontre de Torey et de Sheila, une petite fille de quatre ans abandonnée par sa mère et battue par son père. Un jour ce petit bout bascule à son tour dans la violence, qui a toujours fait partie de sa vie, et commet l'irréparable. Jugée dangereuse, Sheila doit être placée en institut psychiatrique, mais attendant une place, elle est d'abord dirigée dans la classe spéciale tenue par la psychologue.
Les débuts de la petite dans le groupe sont chaotiques. Sheila ne connaissant que la violence, a forgé une carapace instinctive et animale. Elle fait bêtise sur bêtise et dans son regard transparait la peur et l'effroi. Pourtant Sheila refuse de montrer aux autres ses angoisses. Comme elle le dit plus tard à Torey, elle ne pleure jamais, comme ça personne ne peut lui faire mal. La faiblesse serait sa perte. Ce comportement est très choquant chez un petit bout de choux. Elle est si fragile...Torey va trouver derrière ce petit sauvageon, une petite fille brillante et à l'intelligence hors norme et va décider de l'apprivoiser et lui apprendre l'amour d'autrui.
En entrant dans la vie de Sheila, la psychologue va découvrir une fillette débordante d'amour, un père totalement débordé et désespéré par l'abandon de son épouse, une vie trop difficile...autant d'ingrédients qui ont blessé la petite profondément.
Ce petit roman est bouleversant. Peut-on imaginer, dans nos petites vies bien proprettes, qu'une petite fille peut commencer son chemin dans la vie en pensant que le monde ne l'aime pas et qu'elle n'est qu'un objet encombrant. Ne pas voir sourire une petite princesse blonde, la découvrir luttant sauvagement contre ses sentiments pour ne pas souffrir encore plus. Alors que dans nos foyers, les enfants rayonnent de joie, les rires illuminent nos vies et leurs facéties viennent emplir nos coeurs de joie. de lire l'histoire de la petite Sheila nous renvoie dans l'horreur de la vie. Nous n'avons pas tous la chance d'avoir eu une enfance paisible. Heureusement que des personnes comme Torey L. Hayden viennent porter leur regard sur ces enfants à la dérive. Ils apportent leurs compétences et leur amour pour tenter de les remettre dans le chemin de l'enfance. Apaisant un peu leur souffrance du mieux qu'ils peuvent, ils donnent de leur vie pour tenter de les sauver.

En bref, ce témoignage m'a totalement bouleversée. Les larmes me sont venues des les premières phrases. La force et le courage de cette petite fille m'ont pris aux tripes. Je voulais prendre ce petit bout dans les bras et lui murmurer à l'oreille que "Tout irait mieux maintenant, qu'elle ne devait plus avoir peur".
Je vous le conseille vivement.
Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Livre dur et émouvant mais, paradoxalement, rempli d'amour et d'espoir. En effet, la détresse de cette petite fille disparaît au fil des pages grâce au travail acharné et patient de l'auteur. Et même si elle est, de nouveau, confrontée à de terribles épreuves, elle réussie malgré tout à se reconstruire avec l'aide et l'attention que lui porte l'éducatrice.
J'ai ressenti une grande admiration pour cette femme qu'est Torey Hayden et pour le travail qu'elle effectue. Son livre, réaliste, sans chichis, est bouleversant.
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On ne peut décemment pas juger de cette oeuvre comme on jugerait une oeuvre de fiction littéraire. Ici, il s'agit d'un vécu qui se doit d'être entièrement respecté. Il s'agit d'une vocation, qui se doit d'être admirée. Je vais donc choisir, dans ce cas, de donner mes impressions et mon ressenti sur ce bouleversant témoignage.
Dès le début du livre, j'ai perçu Torey comme une personne dotée d'une grande patience et très généreuse. Elle donne beaucoup de son temps et de ses pensées à ces enfants rejetés, oubliant parfois qu'elle-même a sa propre vie. Son métier oscille entre de très bons moments et de très grandes difficultés. Car avec ces enfants, le plus petit des tracas peut faire basculer leurs repères. Mais Torey reste forte et droite. Elle cache habilement ses émotions pour ne pas les troubler. Pour les faire avancer. Mais éduquer, pour Torey, ce n'est pas que leur apprendre de nouvelles choses. Éduquer, ça passe aussi par l'amour. Et de l'amour, elle leur en donne. Comme s'ils étaient ses propres enfants. Comme une mère, elle leur parle, les câline, les rassure, mais aussi, les dispute lorsque c'est nécessaire. Torey utilise un mot très choquant pour désigner sa classe : la classe-poubelle. Poubelle, car c'est là où atterrissent les enfants dont personne ne veut s'occuper. Comme s'ils n'étaient qu'un déchet de la société, on vient les jeter ici. C'est absolument atroce comme expression.
La petite Sheila, au départ, semble être une enfant très perturbée. Très dangereuse même. Ce sont ces caractéristiques qui font que personne, avant Torey, ne s'est attardé sur elle. On ne peut pas dire que son arrivée ne cause pas de problèmes aux autres enfants. Tous avaient trouvé leur équilibre. Et puis, tout a basculé. À ce moment, on se dit c'est injuste pour les autres. Ils n'ont pas à subir ça. Et puis, on comprend que ce n'est qu'une épreuve de plus afin qu'ils arrivent un jour à s'adapter à des situations inattendues dans leurs propres vies. C'est ce qu'on peut appeler, un mal pour un bien. À force de patience, Torey apprivoisera l'enfant et apprendra qu'elle est surdouée. Un Q.I. qui dépasse l'entendement. À six ans, elle sait lire, écrire et compter sans aucune difficultés. Son vocabulaire est même très développé, si bien qu'elle connaît le terme « biens mobiliers ». C'est en réalité, un petit génie. Mais ce petit génie s'avère être plein de troubles. Des troubles dûs à son enfance malheureuse. Comment une mère peut-elle abandonner son enfant ? Comment un père peut-il le battre ? Autant de questions qui resteront toujours incomprises, car il n'y aura jamais d'explications satisfaisantes à nos yeux. 
Au bout de la lecture, on se rend compte qu'on a oublié que Sheila a kidnappé un enfant. On a oublié ses troubles. On a oublié ses petites sautes d'humeur. On ne voit plus qu'une petite fille qui demande de l'attention, qui a peur de l'abandon et qui, au fond, ne souhaite qu'une chose : être aimée. Elle est devenue, à nos yeux, une petite fille normale.
L'histoire de Sheila est un véritable crève-coeur. Comment ne pas s'émouvoir face à une petite fille, innocente, victime des erreurs de ses parents ? Comment ne pas en vouloir à ces parents ? 
J'ai lu ce livre en une journée tant il était passionnant. Pas passionnant dans le sens où l'histoire était magnifique, poétique. Non, passionnant de voir le courage que cette petite fille déployait à être encore debout après toutes les atrocités qu'elle a subit. Un exemple de courage pour nous adulte, qui parfois nous plaignons de choses absolument futiles. Elle ne se plaint pas et ne pleure pas. Elle a vite compris que les choses ne sont pas toujours comme on souhaiterait qu'elles soient. Et, elle vit avec. Elle s'adapte ! Malgré les difficultés.
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Peut-on massacrer une enfant déjà massacrée ?

Retour une nouvelle fois du côté de mon adolescence et des livres qui l'ont marquée 30 ou 40 ans plus tôt. Et de mon point de vue, un livre bien plus dérangeant que ne peut l'être un marquis de Sade par exemple, un "Ne sont pas morts tous les sadiques" de Max Roussel, fameux livre aux mille procès et censures, "Confession sexuelle d'un anonyme russe" , livre érotique où le narrateur nous raconte sa vie sexuelle avec de petites filles ou "Suicide mode d'emploi" que tout le monde connaît.
Parce que notamment il n'est ici nullement intention de choquer, mais au contraire de prétendre dire l'espoir...
J'avais déjà à l'époque une très sale image de l'humanité, ce témoignage (une histoire vraie) a participé à consolider cette conception.
C'est l'histoire d'une petite fille de six ans, Sheila, qui a kidnappé un tout petit, l'a attaché à un arbre et y a mis le feu. Et qui se retrouve alors entre les mains d'une institutrice spécialisée en attendant une place en hôpital psychiatrique trop plein pour l'instant.
Face à un gouffre de haine qu'est cette petite fille, cette véritable boule incontrôlable de violence et de frayeur, une enfant de six ans à qui la malnutrition donne un corps de trois, la narratrice, à force de patience, de douceur parfois et d'amour, va tirer cette "petite fille du côté de la vie". Avec pour paroxysme du bonheur chez cette petite fille qui jusqu'alors ne possédait en tout et pour tout qu'une seule salopette puant l'urine d'une façon abominable, l'achat d'une superbe robe façon princesse.
La robe dans laquelle elle sera aussitôt massacrée une deuxième fois , cette fois par son oncle : comme il n'arrive pas à pénétrer son vagin de six ans, il estime que c'est de sa faute à elle, qu'elle "n'y met pas du sien", et donc la viole avec un couteau et la transperce jusqu'au colon.
A quoi à pensait cette toute petite fille au moment où cet oncle pourtant si attentionné jusque là, l'éventre ? Lui dit que ce qu'ils sont en train de faire, c'est ce que font tous les adultes, par exemple ta gentille maîtresse avec son amoureux (symbole pour Sheila du papa rêvé, celui qui lui a offert la jolie robe) ? Elle à qui on vient de faire découvrir amour et douceur ? N'est-elle pas plus fragile que la petite sauvage du début, elle, sans le moindre espoir, le moindre confiance en l'humain, la moindre attente, capable de créer une situation de « hors la vie » ou la douleur ne peut exister, ou personne ne pouvait lui arracher une larme ?
Même si l'auteur laisse finalement entendre qu'il soit possible que Sheila "s'en sorte", déjà à l'époque je doutais de la fin pleine d'espoir du roman. J'avais du mal à croire (aujourd'hui je n'ai toujours pas de réponse) qu'un être à ce point massacré (abandonné par sa mère sur un bord d'autoroute, saccagé par son père alcoolique...) puisse dépasser un début de vie entièrement entre les mains du chaos, quelque soit la "vie réussie" en apparence qu'elle puisse avoir par la suite (c'est par exemple ce que veut nous faire croire ardemment Christiane Rochefort dans son livre « La porte du fond »)
Le malheur de cette gamine-là précisément, c'est son intelligence hors du commun, phénoménale (elle explose tous les tests que les adultes lui font passer) synonyme d'une hypersensibilité : toute l'horreur qu'elle vit, elle la vit avec plus de douleurs qu'aucun autre. Quand enfin elle décide de céder à l'amour, elle y entre avec plus de force que quiconque. Quand viendra la trahison, un nouvel abandon de cette mère provisoire, la douleur sera terrible.
Peut-on donc massacrer un enfant déjà massacrer ?
Et pour cela, fallait-il d'abord avant lui faire entrevoir combien la vie pourrait être lumineuse ?
Torey L. Hayden nous dit qu'en donnant quelques amours , elle crée l'espoir, la possibilité.
Je me suis demandé au contraire si cette parenthèse d'amour n'avait pas rendu la petite guerrière (après avoir été éventrée, elle passe la nuit, se rend en bus à l'école comme si de rien n'était, va en classe, et ce n'est qu'au bout d'une heure parce que sa maîtresse voit du sang coulé d'entre ses jambes qu'elle est amenée mourante à l'hôpital) plus fragile face à la réalité.
Du point de vue de la petite fille qui n'avait jamais fait l'expérience de la tendresse (et qui fera l'expérience aussi de la trahison quand Torey partira), sort elle plus forte ou moins forte de cette rencontre ? Cet avenir incertain auprès d'une autre maitresse-maman, pourra t-il en faire un être heureux à raison d'être apaisée jamais ?
Peut-être n'aurait-il jamais fallu laisser entrevoir un autre possible, ne pas rendre le retour dans le monde réel aussi douloureux... Était-ce lui rendre service que d'amener cette gamine à dévoiler ses faiblesses (ses premières larmes) ? La Sheila d'avant la rencontre avec Torey n'aurait certainement pas été aussi facilement apprivoisé par cet oncle sorti de prison, elle aurait gardé cette distance salvatrice d'avec tous les autres ; cela n'aurait certainement pas empêcher qu'un adulte bien plus fort physiquement la déchire, mais au moins n'aurait-elle pas été surprise par la cruauté et la trahison...
Est-ce là le récit d'un combat lumineux ou le livre d'un échec ?

J'ai longtemps cherché dans les livres des témoignages me prouvant que je me trompais, que "malgré tout" on peut "se reconstruire", que le bourreau n'est pas à jamais le seul vainqueur...
Je n'ai pas de réponse. Guérit-on d'un tel massacre ? Ce massacre qui fait partie de vous, qui est irrémédiablement vous. Au mieux on vit avec, mais l'on meurt surtout avec.

J'ai rencontré dans le cadre de mon boulot certains de ces enfants massacrés. Jamais je n'ai su si l'on pouvait les "réparer". Si toute leur vie ne tournerait pas autour de ce qu'ils ont vécu. Si leur personnalité, leur personne, n'était pas en grande partie ce qu'ils ont vécu.
La seule à détenir la vérité ici, c'est Sheila, la petite fille de six ans, même pas l'adulte devenu. Par exemple à l'hôpital, avant qu'elle n'entre dans le coma, dans un monde où l'enfant serait réellement une personne, on lui aurait demandée :
« Voilà : on peut essayer de te sauver la vie. Mais on peut aussi faire cesser toutes ces souffrances une bonne fois pour toutes. Il suffit d'une piqûre… A toi seule de choisir. »
La seule condition à laquelle on pourrait prétendre avoir entendu cet enfant.
Pour qui Torey L . Hayden s'est battue ici ? Pour qui se bat l'infirmier ? le psychologue ? le pompier ? le policier ? Et plus généralement, à qui l'empathie fait avant tout du bien ?
Face aux enfants de la classe, à la petite victime, qui tous demandent "pourquoi il a fait ça son oncle ?", Torey n'a comme réponse que des mots maladroits (car elle-même incapable de penser l'impensable, que dire aux enfants la vérité de l'humain pouvait non les enrichir mais les fragiliser, les enfants qui auraient besoin d'être "protéger" de la vérité, alors que la vérité - dont elle se targue auprès des enfants justement - n'aurait-elle pas été de juste dire : "Pourquoi il a fait ça ? Parce qu'il avait envie")
Il n'est jamais trop tard pour commencer à se construire une idée de l'humanité.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
- Torey ?
- Oui ?
- Tu vas jamais me quitter, hein ?
J'écartai sa frange de son front.
- Un jour ou l'autre, il le faudra bien, j'imagine. Quand l'année scolaire sera finie, tu iras dans une autre classe, avec une autre institutrice. Mais pas avant, et il reste encore beaucoup de temps.
Elle bondit sur ses pieds.
- C'est toi, ma maîtresse. Je veux jamais en avoir une autre.
- Je suis ton institutrice pour le moment. Mais un jour, nous ne serons plus ensemble.
Elle secoua la tête ; son regard s'était assombri.
- Ici, c'est être ma classe. Et je veux y rester toujours.
- Ce n'est pas pour tout de suite, tu sais. Et quand le moment viendra, tu seras prête.
- Pas question. Tu m'apprivoises, tu être 'sponsable de moi. Tu peux jamais me laisser, parce que tu être 'sponsable de moi pour toujours. C'est ce qui est écrit, là*, et c'est ta faute si je être apprivoisée.
- Hé là, mon poussin ! (Je la pris sur mes genoux.) Ne te fais donc pas de mauvais sang.
- Mais tu vas me laisser, dit-elle, d'un air plein de reproche, en fuyant mon étreinte. Comme ma maman. Et Jimmie. Et tout le monde. Mon papa aussi, il me laisserait, mais il a peur d'aller en prison à cause de ça. Il me le dit un jour. Tu être comme tous les autres. Tu me laisses aussi. Même après que tu m'apprivoises et moi je te demande rien.


* Torey venait de lire à Sheila Le Petit Prince de Saint-Exupéry.
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C'était un article très court, juste quelques paragraphes coincés en page 6 sous les bandes dessinées. Il parlait d'une petite fille de six ans qui avait kidnappé un enfant du quartier. Par cette froide soirée de novembre, elle avait emmené le gamin de trois ans, l'avait attaché à un arbre d'un bosquet voisin puis avait mis le feu. L'enfant était à l'hôpital dans un état critique. La petite fille avait été appréhendée.
Je lus l'article de l'œil indifférent dont je parcourais le reste du journal, avec un vague sentiment d'indignation sur l'évolution de la société. Plus tard, au cours de la journée, il me revint en mémoire tandis que je faisais la vaisselle. Je me demandais ce que la police avait fait de la petite fille. Pouvait-on mettre une enfant de six ans en prison ? J'eus quelques visions kafkaïennes de la gamine errant dans la vieille prison sinistre de la ville. J'y pensais d'une manière anonyme, impersonnelle. Mais j'aurais dû m'en douter.
J'aurais dû me douter qu'aucun enseignant n'accepterait dans sa classe une élève ayant un tel antécédent. Qu'aucun parent ne voudrait que son enfant côtoie à l'école une fillette de ce genre. Que personne ne la laisserait se promener en liberté. J'aurais dû me douter qu'elle finirait par échouer dans ma classe.
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Je demandai aux gamins de prêter attention aux gestes de gentillesse qu’ils observeraient chez les autres et de rédiger une note qu’ils mettraient dans la boîte, ou bien, s’ils ne savaient pas écrire, de venir me trouver pour que je la rédige pour eux. Ainsi prit naissance l’un des exercices les plus appréciés des enfants et les plus efficaces. Chaque soir, je lisais une trentaine de messages des gamins sur les gentillesses qu’ils avaient remarquées chez les autres. Outre qu’elle encourageait les enfants à observer chez les autres un comportement positif, cette formule les incitait à se surpasser dans l’espoir que leur nom apparaîtrait dans la boîte à la fin de la journée. Certains messages étaient classiques, mais d’autres dénotaient d’une grande finesse, félicitant tel enfant pour un progrès infime mais significatif, parfois pour un comportement qui m’avait échappé. Par exemple, Sarah reçut des compliments pour n’avoir pas utilisé, au cours d’une discussion, une expression vulgaire dont elle raffolait, et Freddie pour avoir déniché un kleenex au lieu de se moucher dans sa chemise. J’adorais ouvrir cette boîte chaque soir, car j’y contribuais un peu, si ce n’est pour m’assurer que tous les enfants avaient au moins un message, et c’était un tel plaisir de découvrir ce qu’ils avaient remarqué. Et aussi, je l’avoue, de trouver de temps à autre une note qui m’étais destinée.
La lecture des messages qui clôtura donc ce mercredi, après la confection des bananes au chocolat, fut particulièrement agréable, car pour la première fois le nom de Sheila y apparut dans une autre écriture que la mienne. Sheila, qui se tenait encore à l’écart du groupe, garda la tête baissée pendant que les gamins applaudissaient à ses messages. Mais elle accepta volontiers les bouts de papier quand je les lui tendis.
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Comme dans l'histoire, quand le petit prince part après avoir apprivoisé le renard, en fait il restera toujours avec le renard, car chaque fois que le renard verra un un champs de blé, il pensera au petit prince. Il se rappellera combien le petit prince l'aimait. Ce sera la même chose pour nous. Nous nous aimerons toujours. C'est plus facile de se séparer ainsi, car chaque fois que l'on se souvient que quelqu'un nous aime, on ressent un peu de son amour.
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Extrait de la postface de l'écrivain japonais Otsuichi au manga Mad World, qu'il a scénarisé :

J'ai lu les récits de Torey Hayden au point que n'importe qui en aurait la nausée. Mais après les avoir digérés, j'étais déprimé après l'idée que j'avais tout lu. Qu'allais-je désormais pouvoir lire de plus intéressant pour le reste de ma vie ? Au final, j'ai pris la décision de relire ses œuvres tous les ans. A l'occasion de mon anniversaire. J'ai respecté mon engagement pendant deux ans puis j'ai trouvé la force de passer à autre chose.
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