AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782283027011
176 pages
Buchet-Chastel (03/10/2013)
3.75/5   14 notes
Résumé :
Et si un jour on donnait libre cours à nos pulsions et à nos pensées les plus noires ? Sans hésiter, on se débarrasserait alors de nos bébés pleureurs et on ferait taire définitivement celui qui, depuis vingt ans, nous empêche de boire en silence le café du matin.
"Les petits contretemps" ce sont ces moments de basculement, où tout change soudain de couleur et de rythme. Des instantanés, des "vignettes", qui, dans une écriture très visuelle, fixent avec crua... >Voir plus
Que lire après Les petits contretempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je commence par un mot de Raymond Carver, comme une exergue de la vie foudroyante du passé. Débuter un bouquin par Ray est toujours de bon augure. C'est un signe diraient certains, si je dois croire aux signes. Mais comme je ne crois à rien, si ce n'est à la poussière qui se dépose sur mon cuir, je me laisse embarquer, d'entrée de jeu par Ray. Et là tu te dis que j'essaie de te vendre du Carver à faire tout un paragraphe sur une simple citation du maître du spleen et du couple. Mais je ne suis pas là pour te vendre quoi que ce soit, même pas un tapis pour enrouler le corps de ta femme dedans. Non, je suis là juste pour déjeuner en paix. Je regarde sur la chaise le journal du matin, les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent, "Crois-tu qu'il va neiger?".

Je prépare un café bien tassé, et des tartines beurrées. Je déjeune tout(e) seul(e) dehors en écoutant les oiseaux.

Parce que les histoires de couple commencent toujours par un café bien noir avant de finir avec un bourbon bien tassé. du moins dans l'univers de Ray. Sauf que je ne suis pas dans un conte à Ray, je suis dans une suite de temps et de contretemps de Gaëlle Héaulme. Et si le savoureux exergue est bien choisi, c'est aussi parce que d'emblée, je retrouve cet univers qui mêle le spleen et l'ironie, les travers de porcs et de couples, ces petits instantanées d'une vie qui en l'espace d'une fraction de seconde ou d'une éjaculation précoce basculent. Ces petits contretemps comme aiment les définir l'auteure sont autant de petites savoureuses scénettes - cyniques - d'une vie à deux - à la chute cocasse - qui finit souvent à un(e).

Le bruit du vent dans les bambous.
Le petit jardin d'herbe et de pierres.

L'histoire d'un homme ou d'une femme, d'un couple ou de croque-monsieur, très présents les croque-monsieur, base fondatrice du couple parce qu'il faut beurrer d'abord le pain, un peu de beurre chérie. Tiens je me rend compte que le beurre est aussi très présent. le beurre c'est ce qui permet au couple de glisser dans la vie. Et qui dit terrain glissant, dit aie, aie aie, tu pues l'ail, chéri, pourtant y'a pas de quoi en faire une aïoli - ou tout un fromage, et hop le twist de la mort, je reviens mine de rien sur le croque-monsieur. Qui a dit que j'errais en terrain miné, c'est que sous la couche de poussière, on ne sait jamais où poser ses sabots. Merci.
Commenter  J’apprécie          345
Trente-cinq histoires,très courtes,insérées dans cent soixante-huit pages,une prose très visuelle,qui en 2-3 pages vous immisce dans l'intimité d'un homme,d'une femme,d'un couple,d'une famille en plein drame...C'est loin d'être gai, mais très revitalisant avec un humour décapant.Et ma préférée est "J'ai quelque chose à te dire",juste pour cette histoire ça vaut la peine d'acheter le livre!
Commenter  J’apprécie          90
Un recueil de nouvelles souvent très courtes qui commence très fort :

- Déjeuner en paix : une femme aimerait bien prendre son petit-déjeuner au calme, mais son mari est aux petits soins. Je ne lis pas les 4èmes de couverture avant, ce fut donc une surprise et je me régalais à l'avance des histoires suivantes.

Las, cette première est sans conteste la plus efficace du recueil, les autres nouvelles sont moins percutantes, ce sont des tranches de vies ordinaires, mais de vies tellement plates, sombres et pessimistes. C'est un peu comme si vous passiez une soirée en charmante compagnie. le dîner est excellent et lorsque la donzelle ou le damoiseau selon que vous êtes un garçon ou une fille ou vice-versa est ou sont je ne sais plus combien on est avec tout ça, je ne maîtrise plus rien, je ne voulais pas faire une partie fine, juste une soirée à deux. Pouf pouf, je me reprends, l'autre partie est partante (belle assonance !) pour plus si affinités et manifestement affinités il y a. Voilà deux personnes consentantes qui se retrouvent seules avec des idées derrière les têtes et ailleurs aussi, si je puis me permettre. Doucement, les préliminaires débutent, prometteurs, chacun étant au summum de son désir, et là, patatras, la belle (ou le beau) se met à parler de sa mère (ou de son père ou de ses ex ou de son chien ou de l'ombre d'icelui voire d'iceux, faites vôtre la formule qui vous plaira)… quelles débandade certaine et frustration énorme ! J'ai préservé les sensibilités de tous, j'ai essayé d'être soft dans ma métaphore, j'aurais pu tout aussi bien dire que la belle ou le beau enlevant ses atours n'était plus que l'ombre de lui-même ou d'elle-même : le décolleté tentateur s'est dégonflé et le slip kangourou tâché du bellâtre a dégoûté madame de l'accouplement. Chacun prend pour lui l'image qu'il veut...

Moi, qui suis d'une nature optimiste je suis sorti de ce livre démoralisé. Il n'y est question que de séparations, d'abandons, de départs, de maladies, de morts. Une femme quitte son mari, un homme quitte son épouse (pour une plus jeune bien sûr). Chacun partant sur une impulsion, abandonnant époux(se) et enfants. Un constat amer et totalement désespéré sur la vie qui va vite, sur la perte de la jeunesse et des illusions. Totalement désabusé et sans espoir.

Cependant, dans le lot des 35 nouvelles, certaines m'ont plu (des tentatives pour remettre le couvert dirais-je élégamment dans le cas d'une métaphore filée). Elles sont un peu différentes des autres par l'angle de narration, le trait d'humour ou d'ironie, le très léger espoir qu'on peut y lire. L'écriture générale de ce recueil est comme il est précisé en 4ème de couverture très visuelle : des phrases courtes décrivant la vie quotidienne, les questionnements de tout un chacun, des dialogues qui virent souvent à l'explication, des non-dits, des soucis de compréhension.



Si vous êtes motivés, en joie, tentez votre chance, si vous êtes un rien déprimés, je ne suis pas sûr que ce livre soit bon pour le moral, écoutez plutôt la Compagnie Créole...
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
Commenter  J’apprécie          10
"Les petits contretemps" est un livre piquant. Piquant dans le sens où chacune des trente-cinq nouvelles qui le compose se plante efficacement en vous et provoque un sentiment mélangé de plaisir et de douleur.
Ecrire une bonne nouvelle, surtout courte, nécessite à la fois talent et regard vif. Gaëlle Héaulme a tout cela avec, en plus, une qualité d'écriture, simple directe, qui dépeint en peu de mots un univers familier ou pas. On est tout de suite dans la tête du narrateur. Et nous serons tout à tour hospitalisée, enfermé dans un avion forcé d'amerrir, excédée par un mari trop longtemps supporté, glacée par l'humidité de la maison où nous gardons des enfants... Et chaque fois, nous nous trouvons au moment où il y a une étincelle qui peut ou fait tout basculer. On les connaît tous, ces moments de désespoir, de doute, d'agacement où l'on ne supporte plus ce robinet qui goutte alors qu'il aurait dû être réparé depuis bien longtemps, ces moments d'inattention où un enfant échappe à notre surveillance, ces souvenirs cruels qui soudain nous étreignent. il suffirait d'un rien pour que tout bascule, un geste, un objet tranchant, une envie de tout plaquer. Cela ne se produit généralement pas, heureusement ... mais chez Gaëlle Héaulme, oui !
Le quotidien des casseroles pas lavées, des enfants braillards, des voitures mal entretenues explose. le personnage se trouve alors au bord du vide, s'interrogeant ou pas sur la nécessité de sauter. le lecteur pourrait jubiler de ce passage à l'acte souvent rêvé, jamais réalisé, mais le plaisir éprouvé se brouille bien vite. Cette étincelle éclaire aussi tous nos minables petits arrangements de nos si mesquines petites vies.
C'est grinçant, un peu cruel, quelque fois absurde, souvent douloureux, comme ce quotidien que l'on affronte sans cesse. Ce livre est le miroir d'une réalité qui fait mal ou souffrir, la poussière que l'on cache sous le tapis, le bouton que l'on camoufle, le sourire qui essaye d'éluder la tristesse.
Un peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          40
En lisant ces nombreux petits récits, je me suis dit que l'auteur devait être une femme touchée par un cancer et souffrant des nombreux effets secondaires de sa chimio (polyneuropathie toxique, troubles digestifs, ...), avec des enfants, et avec peut être des antécédents de relations amoureuses compliquées.

J'ai découvert par la suite que Gaëlle Héaulme était décédée peu après la parution de ce livre, et qu'elle avait souffert d'un cancer en effet. Je m'étais bien dit que l'auteur avait trop bien décrit les souffrances induites par ces traitements que pour être seulement dans la fiction.

Malgré certains passages difficiles, cela reste très lisible car il règne une certaine légèreté dans ce livre, comme si tout cela n'était que pour rire. La répétition de situations identiques (adultère, souffrance, décès) a cependant induit une certaine indigestion et déforce le résultat global.

J'ai pris ce livre, à posteriori, comme un livre témoignage, décalé certes, mais témoignage de l'état d'esprit de l'auteur durant la rédaction de ces pages. J'ai connu plus drôle...
Commenter  J’apprécie          21

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je suis en train de beurrer le pain de mie pour les croque monsieur quand il entre dans la cuisine et reste planté là à me regarder.
Je lui dis, Tiens, aide-moi, coupe le jambon et le fromage en carrés, comme ça, et fais des piles.
Nous avons quatre enfants.
L'ainée est affamée depuis sa naissance, il lui en faut au moins trois. La deuxième, deux. Les jumelles s'en partagent trois. Et nous deux chacun. Ce qui fait 3+2+3+4=12, et une salade verte pour faire passer le tout.

Je tartine, il découpe.
Puis il dit :
- Faut qu'on parle.
- Oui ?
- Ça fait longtemps que j'attends le moment.
- Ah ?
- Mais il n'y a pas de bon moment, je crois.
- Ah bon ?
- Tu m'écoutes ?
- Quoi ?
- Je m'en vais.
Commenter  J’apprécie          62
Au fur et à mesure que la voiture s'enfonce dans la ville, puis dans ses faubourgs, l'espace s'élargit et la tension monte. Je mets un peu de musique pour détendre l'atmosphère. C'est pire, Summertime chanté par Janis Joplin me donne envie de pleurer.
Commenter  J’apprécie          110
Un jour enfin on la remonte, on la couche dans un lit propre, elle a une fenêtre, elle peut voir les arbres et la lumière. Pas de voisine. Le soleil se couche et les branches sont dentelle noire.
On lui lave les cheveux. Un oreiller sous la tête.
Une fois, elle transpire comme un boeuf, sent l'écurie ou l'abattoir et vacille, l'infirmier, sans qu'elle ait proféré un son, penche sur elle son beau visage, Ne vous inquiétez pas, vous êtes une rose.
Commenter  J’apprécie          00
Tu me quittes, d'accord, mais d'abord tu fais ce que tu dois faire depuis dans cette maison depuis belle lurette. tu répares le robinet qui fuit. Tu changes la roue du vélo de Jojo. Tu consolides les étagères dans l'entrée, et tout le reste, tiens, j'ai la liste.
Et je lui mets sous le nez la liste de mes griefs, rangée dans le tiroir du haut et entamée il y a plusieurs années. En face de ce qui a été fait, j'ai mis des croix.
Il y en a deux.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis à l'hôtel avec mes filles. Je regarde par la fenêtre en buvant mon café. Je vois ma maison qui brûle. Tiens, la maison brûle. (p.137)
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : séparationVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (20) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20053 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}