La première phrase : " Au commencement fut l'assassinat de ma mère et de ma soeur"
Un livre étrange par son écriture, par les mots qui nous transpercent...Cette histoire au début je pensais que c'était au roman. Et au fil des lignes j'aurai tellement voulu que ce soit un roman.
C'est l'histoire d'un meurtre ; la mère et la soeur de l'auteur tuées par un voisin, c'est l'histoire d'une famille d'immigrés. Une famille heureuse. Et puis c'est un fait divers dans les journaux...Mais c'est toute la souffrance d'une famille, dans l'indifférence de la justice. L'auteur dit qu'il n'y a rien eu : pas d'aides psychologiques, pas de procès, un re-mariage imposé au père pour éviter le placement des enfants. .
Deux femmes sont mortes, sans enquête, sans recherche de la vérité. Non-lieu. le coupable était un déséquilibré pour la justice. Et Fadéla Hebbadj la recherche, elle, cette vérité. Se replongeant des années après dans les archives. Elle dit "le malheur est impensable pour celui qui ne l'a jamais rencontré". Elle est dans une tragédie, elle est Antigone, elle est la douleur et la colère.
Et dans ce livre il y aussi la France en 1972, où la vie de 2 femmes immigrées ne vaut pas grand chose...Sans doute parce que la guerre d'Algérie était encore si présente dans les mémoire.
Un livre à lire d'un seul souffle tellement il nous secoue.
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Fadéla Hebbadj a choisi de raconter une partie de son histoire qui trouve son origine dans un fait divers et un drame sordide. L'écriture est ressentie comme un cri de colère et d'injustice mettant la narratrice face à son passé. Une écriture libératrice qui ne laisse pas indifférent le lecteur.
Néanmoins, le style alterne entre une écriture poétique et introspective parfois obscure, et une écriture distanciée et très factuelle lors du témoignage des évènements qui peut perturber le lecteur et nécessite presque une relecture du début...
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vie détruite par mère et soeur. Longuet
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fadela, ce jour,au 8 de la rue de Grenoble, ou le malheur t a frappe, j attendais Zineb au coin de la rue de Macon, pour nous rendre a l école, je ne l ai jamais oublie, je te souhaite une tres grande reussite dans ta vie
je me souviens bien de vous
yvonne odinotte
Si vous êtes seul dans votre appartement, dans la tristesse et la mélancolie, dans un sombre dénouement conjugal, si votre femme s'en va avec vos enfants, Messieurs les Français, vous avez le droit de tuer tous ceux envers lesquels vous éprouvez de la haine ou de la rancoeur. L'Etat prendra soin de votre tristesse et il vous consolera.
Quand on tuait, de manière préméditée, deux algériennes, en France, ça ne valait même pas le vol d'une pomme.
A-t-on le droit de tuer parce qu'on se sent seul au monde ?
"Les ensorcelés" de Fadéla Hebbadj .Interview de Fadéla Hebbadj à l'occasion de la sortie de son second roman "Les ensorcelés" (Editions Buchet/Chastel, en librairie le 26 août 2010 / © Cinq2Couv' Production).« Au commencement fut l?assassinat de ma mère et de ma soeur.J'ai crié d'effacer le sang sur la porte mais ils n'ont entendu qu?un cri. Je l?entends dans la nuit, sous un ciel détruit. Je l'entends restituer sa déchirure sous un soleil en ruine. Je l'entends entrer en moi, ce cri inaudible, niellé au fond des os. Ce cri qui m'a servi à injurier, à maudire et à diffamer, ce cri de mort me revenant par je ne sais quel miracle intact. Un cri puis un mot puis un chant, ma bouche s'est mise à articuler les mots du cri de mon histoire. »Retrouvez-nous sur : www.libella.fr
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