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EAN : 9782742796113
150 pages
Actes Sud (06/04/2011)
4/5   7 notes
Résumé :
Dénonçant le silence qui entoure les maladies psychiques, Ann Heberlein, intellectuelle suédoise atteinte de trouble bipolaire, livre ici un témoignage bouleversant dans lequel elle avoue sa forte pulsion suicidaire.
Quelle aide la société pourrait-elle apporter pour combattre ces maladies chroniques dont les symptômes ne se voient pas à l'oeil nu ? Réflexion et témoignage d'une bipolaire en colère. Comment une journaliste talentueuse, mère de trois enfants, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ecrit lors d'une phase de dépression profonde et d'obsession suicidaire, 'Je ne veux pas mourir, je veux juste arrêter de vivre' est un témoignage bouleversant et un recueil de réflexions passionnant.

Ann Heberlein, son auteure, est une bipolaire stabilisée depuis longtemps, mère de trois beaux enfants, mariée, journaliste reconnue, bien intégrée parmi ses amis, pleine d'énergie. Quand s'annonce une période d'angoisse et de souffrance, la plus forte qu'elle ait connu depuis longtemps...

Elle nous la raconte sur le vif, ses tentatives désespérées de ne pas se suicider, de résister à la tentation ultime, ses appels à l'aide à ses amis, aux médecins, à son mari, à ses enfants même. Ses difficultés à se lever, à se laver, à parler aux gens, à faire les choses les plus simples. Ses passages en pilote automatique pour répondre aux interviews et faire son travail, avant de replonger dans sa léthargie angoissée... Ces passages racontés sur le moment, au coeur de la panique et du mal-être sont bouleversants.

Elle y associe une réflexion tout à fait intéressante sur le suicide et le fait de sauver les gens d'eux-mêmes. Sa conviction ? Certains passages à l'acte sont 'juste' des manifestations de désespoir, pas des décisions réfléchies de mourir; ceux qui les commettent pourraient changer d'avis si on les gardait en vie quelques minutes ou quelques heures...

Elle s'appuie pour ses théories à la fois sur sa propre expérience de bipolaire, sur l'observation de certains proches, mais aussi sur la littérature et les études dans des parties très documentées. C'est aussi dérangeant et déprimant que c'est passionnant.
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Un petit livre qui m'a été dur, car c'est difficile émotionnellement (sauf pour les insensibles) de partager le ressentit de quelqu'un qui souffre, sans pouvoir y faire quelque chose pour aider. Écrire ce livre a dû être émotionnellement plus dur pour Ann Heberlein, car cela a dû lui faire revivre tous ses tristes moments vécus.

Ici Ann nous raconte avec de fortes émotions sa condition et celle que partage un grand nombre de gens qui survivent avec ça, chaque jour, pendant de longues périodes... une torture. Un mal que cette société a créé et qui malgré tout, ces gens sont patients en survivant / endurant tout ce temps ce mal qui est omniprésent partout, dans quasi chaque être humain.
> Ce mal qu'elle et toutes les autres personnes ont en étant sensible à ce monde extérieur. (stress, boulot, collègues, argent, famille, dettes, violences... )
> Ce mal qui est dans ces gens qui sont soit-disant sont là pour aider, mais ne sachant le faire correctement font donc du mal (les psys, médecins, infirmiers, médicaments...)


Ce qui est intéressant, c'est qu'Ann Heberlein, même si ses angoisses qui sont ses pensées tournant à pleine vitesse en elle et l'empêchant d'y trouver l'aire de repos, ... elle sait ce qui lui fait du bien, qui l'apaise, comme de manger des aliments ronds doux claires, neutres rassurants, incolore, et sans goût → de la nourriture gentille. Ce qui montre qu'elle et tout un tas de gens ont l'inverse en général.
La solution est si simple, dans ce monde de brutes, de violences qu'est notre monde d'humains. Mais nous faisons l'inverse, en allant vers les choses compliquées qui nous détruisent physiquement, moralement, psychologiquement. Car la douceur ne vient pas à nous. Et des gens s'étonnent donc que d'autres humains ne veuillent pas de ce monde, ne veulent pas y être absorbé par cette marée noire collante comme du mazout et veulent donc en être loin.


De très bonnes remarques sur ce que ressentent les gens fragiles, dépressifs, et leurs besoins qui ne sont hélas, jamais écoutés. Où est l'amour ? Pourquoi ne sommes-nous pas libres de mettre fin à SA vie ? Pourquoi sommes-nous obligés de souffrir constamment par des gens qui continuent de prescrire des médicaments qui aux vues des résultats c'est un zéro pointé ! Ces psys et autres gens des milieux médicaux qui sont quasi tous là à mal faire leur travail, car n'ayant eux-même pas vécu cela directement ainsi que le formatage créé par les études, qui les font NIER la réalité... Et le pire est qu'ils se font de l'argent encore une fois de plus sur la souffrance des gens !


Notre XXI ème siècle ne sera pas le siècle des débuts de la fin des problèmes, et encore moins des libertés des êtres humains.
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Sans complaisance pour elle même, sans mièvrerie, avec des mots justes et souvent crus, Ann Heberlein livre là un récit sur la pulsion suicidaire disséqué à la hache. Un livre juste pour qui est habité par le même mal
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Si vous saviez comme j'ai peur quand je me rends compte que les autres sont normaux, que tout le monte réussit lá ou j'échoue. Dans ces moments-lá, j'ai l'impression qu'on me parle dans une langue étrangère incompréhensible. il me manque quelque chose. Un parfum, un son, une lumière. Quelque choses de familier. Un monde à moi, qui m'appartienne. Dans lequel j'ai eu jadis ma place. Un mode dont je connaissais les saveurs, les mélodies e les contes. je sais q'il existe, quelque part, mais j'ai perdus ma boussole. Je me suis égarée. Etrangére parmi des inconnus. Et j'ai si peur. Je suis rongée par la peur.
Comprends-tu enfin ce que je veux dire? Ton pays n'existe pas non plus, n'est ce pas? Je sais qu'il y a une différence entre nous. Mais ton pays n'existe pas non plus. Vous êtes nombreux a raconter vos contes, a chanter vos chansons, a cuisiner comme vos ancêtres. ( Tu cherches une femme qui parle ta langue. Voila pourquoi, m'as-tu déclaré. C'est important pour toi. Je ne parle pas ta langue.) Tu possèdes quelque chose qui me fait défaut et que je t'envie. Une explication à l'égarement que je lis dans ton regard.
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p.87-8.
Cependant – et c'est là qu'intervient ma théorie du vingt/quatre-vingts-, ce bonheur que nous recherchons avec tant d'assiduité, en quoi consiste-t-il ? Nous nous acharnons à combler notre quotidien d'activités dont nous tentons de nous persuader qu'elles ont un sens. (Jouer au golf. Déguster des vins. Dresser un chien. Cultiver des roses. Ecrire des livres.) Comment dire ? Tout cela n'est-il pas désespérément vide ? Il y a cent ans, quatre-vingts pour cent de notre temps de veille était consacré à des activités de première nécessité : enlever les cailloux des terres cultivables, semer, sarcler, moissonner, nourrir les bêtes, traire la vache, éplucher les patates, tricoter des moufles, abattre le bétail, tisser, mouler des chandelles, faire la lessive, et tout le reste. On s'employait à des besognes indispensables à la survie. Il restait peu de temps libre, environ vingt pour cent, réservé aux distractions : bavardage, danse, lecture, sexe ,jeux de cartes, prières, chants, accordéon et dentelle au fuseau. Relativement peu de temps à tuer, en somme. De nos jours, la proportion est inverse : nous avons réduit au minimum la plupart des taches ingrates. Plus besoin de déterrer les cailloux dans les champs, de conduire le bétail au pré, de faire le pain ou de coudre ses vêtements. Nos occupations sont quasiment toutes artificielles. Superflues. Inventées de toutes pièces. Nous sommes désormais aliénés. Ce qui occupait jadis quatre-vingts pour cent de notre vie active n'en réclame plus que vingt. Nous ne nous consacrons plus exclusivement à survivre, loin de là. En fait, nous passons le plus clair de nos journées à nous distraire. A tuer le temps. Pas étonnant que nous ayons des angoisses, que nous perdions le sommeil ou que nous soyons névrosés. Nous n'avons rien de mieux à faire qu'être à l'écoute de nous-mêmes, que RESSENTIR.
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p.49.
Le monde est une sale affaire, je le sais. Il est envahi par le mal. Je suis douloureusement consciente de la pédophilie, du trafic de drogue, de l'esclavage moderne, de la situation en Birmanie, des enfants-soldats, des nouveau-nés sidaïques, des overdoses, du conflit israélo-palestinien, de la guerre civile en Somalie, de toutes les victimes quotidiennes d'une chose aussi triviale que la diarrhée, du réchauffement climatique, des viols et des mutilations que subissent des femmes et des enfants – des hommes aussi, d'ailleurs. Bref, les êtres humains se comportement comme des porcs les uns envers les autres. Le monde déborde de souffrance. Des abîmes de douleur et de tourment. […]
(Pourtant, ma lucidité vis-à-vis de toutes les saloperies perpétrées dans le monde ne rend pas mes pathétiques angoisses plus faciles à gérer. Vraiment pas. Loin de là.)
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p.105.
Une ville ne devient pas championne européenne des suicides par hasard. Les problèmes de société cités plus haut provoquent un désespoir généralisé, qui couvre son paysage déjà gris d'une chape de plomb. Kaliningrad se sent abandonnée de tous, malaimée. Qui pourrait y vivre heureux ? Qui supporte d'y habiter? Toutes les vies ne valent peut-être pas la peine d'être vécues, surtout pas telles qu'elles se présentent aujourd'hui. Ne devons-nous pas alors, en tant qu'êtres humains, nous assurer que le plus grand nombre mène des vies dignes de ce nom ? De nombreux facteurs externes y font obstacle : la pauvreté, la violence, la toxicomanie, la pénurie de logements, la famine.
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p.50.
(En fait je suis obsédée par le mal. Sur le plan professionnel, je me suis spécialisée dans les concepts de mal, de faute, de péché. Quand on me demande pourquoi ces sujets, je suis toujours aussi surprise. Cela me semble si évident : rien d'autre n'est réellement digne d'intérêt. Je ne vois pas à quoi cela rime de parler d'autre chose. Tant que le mal ne sera pas anéanti.)
[…]
Une grande partie de ma thèse est consacrée au concept du mal. Je pense avoir écrit une centaine de textes à ce sujet, sous toutes ses formes : viols, maltraitance des enfants, meurtres, nazisme, racisme, Abou Ghraib, esclavage... J'en ai parlé à la radio, à la télévision, dans des débats publics, dans mes cours. Je ne fais que répéter la même chose tout le temps. Il ne faut jamais oublier que le mal est partout. Parmi nous. Il est notre voisin. Notre sœur, notre frère. Le mal habite mon cœur et le tien. Il faut oser le voir en face. Et le dire. Il faut parler du mal et définir ce qu'est la cruauté. Soyons vigilants. Y compris lorsque le souvenir de Bobby, d'Engla, de Louise, de Riccardo et de la tragédie de Rödeby aura commencé à s'effacer. Il faudra continuer. Aborder les événements douloureux, les sujets qui fâchent. Il faudra affronter ce que nous refusons de voir. Pourquoi vous ne m'écoutez pas ? Hein ? Pourquoi ? Vous êtes sourds ? Bande d'idiots.
Le mal se nourrit d'indifférence. De la mienne, de la tienne, de la nôtre. Si seulement tu arrêtais de ne te préoccuper que de ta vie de chiottes, de tes rêves à la con et de chieurs de mômes, le mal n'occuperait pas une si grande place dans ce monde. TU COMPRRENDS ?
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