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EAN : 9782070732777
336 pages
Gallimard (22/09/1995)
3/5   1 notes
Résumé :
«Le volume des Écrits politiques de Martin Heidegger ne correspond pas à un tome de l'édition intégrale en cours de publication à Francfort depuis 1975. Il rassemble de manière originale l'ensemble des textes qui ont directement rapport avec l'engagement de Heidegger, en 1933-1934, pour la "révolution nationale" à laquelle Hitler, en prenant le pouvoir, avait appelé les Allemands. Il contient, bien sûr, le Discours de rectorat, les allocutions et les articles de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Heidegger a génialement su pratiquer la réflexion philosophique. Il s'est pro-jeté corps et âme en questionnements, rejetant toujours ses positions antérieures, afin de pouvoir toujours creuser encore plus profondément, mais sans jamais mettre en question son pro-jet lui-même en tant que tel.
Il avait, en effet, une confiance naïvement inébranlable en la justesse de sa quête infiniment indéfinie de l'être en tant qu'être et y concentrait toutes ses forces vives. Sa conscience, toute remplie de son pro-jet, restant, de ce fait, entièrement imperméable à l'autre.
Aussi n'a-t-il rien compris à la réalité politique horripilante qui s'est brusquement érigée au cours de la période Nazi, partout autour de lui, à l'université d'Heidelberg et dans toute l'Allemagne.
On peut même dire, car la chose est évidente, que si il n'a jamais été un Nazi authentique, quelque chose en lui s'est tout de même laissé entraîner à un certain enthousiasme de provenance Nazi. En effet, sans jamais défendre l'eugénisme arien et la brutalité implacable envers l'ennemi, certaines formes de sa pensée ont alors pris une tournure qui se pliait aux formes prises par le régime, sans jamais en endosser l'inique contenu.
Il a ainsi été membre du parti Nazi et a terminé, dès 1933, des discours en radotant des formules consacrées que chérissaient le nouveau pouvoir en place, comme, par exemple: « Pour notre grand dirigeant Adolf Hitler un Sieg Heil allemand »(114), mais sa collaboration au régime s'est produite, exactement comme pour la grande majorité de ses contemporains, à partir d'une incompréhension complète de ce qui se produisait réellement.
Pourtant, on pourra objecter que son maître Husserl avait du s'exiler, que ses amis Jaspers (marié à une juive) et Bultmann ont du faire de même (ce dernier ne lui pardonnera d'ailleurs jamais son aveuglement) et que son ancienne étudiante Hannah Arendt, qui était devenue sa maîtresse et à qui il portera toujours une grande tendresse, s'est elle aussi exilée aux États-Unis (elle était juive et elle lui en gardera toujours une certaine rancoeur). Et ce ne sont que quatre exemples, parmi des centaines d'autres, d'amis, d'étudiants, de collègues ou de concitoyens que Heidegger a vus partir, se faire arrêter, etc. Que répondre à cela?
Il semble bien que la lumière irradiant de l'être l'ait aveuglée si complètement aux ombres de la vie réelle au cours de cette époque que tous ces évènements, pourtant si proches de son humanité, ne le touchaient en rien.
Avec le temps, il a fini par comprendre un peu mieux ce qui se produisait. Il a du, par prudence, renoncer à son poste de recteur et restreindre ses recherches à des sujets qui n'avaient aucune chance d'approcher les questions politiques. Il a ainsi fini par souffrir aussi lui-même sous le régime qui s'imposait comme clôture à sa libre pensée et aux opportunités académiques qu'il aurait autrement acceptées avec joie. Il a alors compris que sa vie et sa pensée étaient menacées par le nazisme, mais il était alors trop tard pour partir. Sans l'intervention des Américains, il se serait, tôt ou tard, certainement retrouvé dans l'eau chaude.
Et il a du subir les conséquences de son inconscience politique après 1945. Au cours de la période où les alliés jugeaient les criminels de guerre, qu'on était frappé jusqu'à l'hébétude complète par toute l'horreur que l'on découvrait, on lui a même interdit d'enseigner. Il était impossible alors de comprendre la position génialement bête de Heidegger. le Nazi (authentique ou non) prenait alors la place du juif dans la nouvelle société qu'imposaient les vainqueurs et la philosophie de Heidegger fut ainsi mise à l'index exactement comme les Nazi avaient faits avec la théorie de la relativité einsteinienne lorsqu'ils dominaient l'Allemagne.
Tous ces évènements, qui ont largement entachés la personne de Heidegger, permettent au moins de mettre en garde quiconque voudrait devenir son disciple. À moins d'accepter la possibilité de collaborer éventuellement de manière inconsciente avec les pires atrocités imaginables, on ne peut trouver d'avantage chez lui qu'un authentique exercice de pensée philosophique au sens le plus pur du terme.
Plus tard, sans jamais avoir à s'expliquer sur cet épisode difficile de sa vie, Heidegger retrouvera la place qu'il mérite dans les milieux académiques. Il ne s'excusera jamais.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La technique dans son être est quelque chose que l'homme de lui-même ne maîtrise pas.(257)
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Vidéo de Martin Heidegger
POÉSIE-PENSÉE – La Philosophie face à la Poésie selon HEIDEGGER (France Culture, 1964) Un extrait d’un hommage radiophonique au philosophe, par René Farabet, diffusé le 25 septembre 1964 sur France Culture. Interventions : Beda Allemann, Michel Deguy et René Char. Lecteurs : Henri Rollan et Jean Topart. Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l’unique objet de perpétuer la Poésie sur tous les fronts.
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