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3,7

sur 468 notes
Starship troopers

UNE SOCIETE EN GUERRE TOTALE : Un thème certes , mais aussi une métaphore et un cadre d'étude et certainement pas un plaidoyer réactionnaire , mais une allégorie aussi sur le patriotisme , et sur la nécessité certaine de défendre son potager si on ne veut pas boire la soupe ( sourires ) .
Henlein est souvent taxé de militarisme existentiel . C'est une absurdité à l'aune de l'ensemble de son oeuvre ...
C'en est également une au regard de ce roman qui parle d'une guerre totale , qui bien que réaliste , est un cadre qui permet de disserter et de réfléchir plus qu'il n'est un manifeste politique ...

Le bouquin est sortis dans un contexte particulier ou la guerre ne pouvait être massivement perçu de façon négative , par ailleurs si l'auteur n'est pas antimilitariste ce ne fait pas de lui et pour autant un fasciste réactionnaire .
Résumé du contexte historique :
-L'Europe et l'Asie-pacifique avaient étées intégralement ravagées par la barbarie nazie , l'impérialisme japonais et leurs conséquences (seconde guerre mondiale ) cf. : les tickets de rationnement jusque les années 50 en Europe , et les beaux champs de ruines très décoratifs , un peu partout .
-Jusque 1962 , les risques réels ,tangibles et palpables de conflits généralisés est/ouest ont lourdement pesés sur les consciences ( en SF c'est la floraison du genre apocalyptique et de l'utopie – dystopie ).

l'idée de guerre justifiée et juste était aussi commune que le beurre dans les épinards à l'époque ...
Il est tout simplement un homme de son temps et pas très réactionnaire et pour vous en convaincre lisez : En Terre Etrangère du même auteur .

Le thème des soldats qui monopolisent les droits politiques fait référence à une posture analytique qui est d'un classicisme rigoureux et qui se rapporte à la Grèce antique et notamment à la constitution d'Athènes ( emblématique de la démocratie grecque )..
Pour Henlein c'est une simple posture classique , un mode opératoire ....

Pour ne pas être trop long je ne parlerais pas du contexte qui fait que Henlein puisse être perçu comme un militariste ... 30 ans après et déjà ( seulement ! ) ....
L'idée de guerre juste et ( non plus seulement justifiée est dans l'air à nouveau ) ...

Le roman repose sur le personnage principal et il est construit sur le mode narratif première personne .
Le lecteur suit le fantassin du stade de jeune recrue au stade d'officier , un parcours agrémenté de champs de batailles futuristes époustouflants , de terrains d'entrainements tout à fait convaincants et inondés de sueur .
Le lecteur est dans l'armure de combat et ce n'est pas un euphémisme .

Le texte est assez drôle par moment , il est choquant aussi car l'infanterie n'est pas vraiment bien élevée , polie et prévenante .
Sachez que quand Haldeman arpentait le gazon au pays des merveilles ( Vietnam ) , il avait ce texte ( starship troopers ) dans sa poche , cf : Les Deux Morts de John Speidel .

Étoiles garde à vous est un bouquin fascinant , à lire tous les 3 ans . Il faut en abuser et sans modération surtout svp ..
Le texte est construit à la perfection ... intrigues et caractérisation ...

Hugh .
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Une fois n'est pas coutume quand Hollywood passe par là, on est assez loin du film réalisé par Paul Verhoven en 1997. Ce film à la limite de la parodie d'une série B, bien qu'inspiré du roman de Robert A. Heinlein raconte une histoire très différente.

J'ai vraiment trouvé ce livre « a part » dans son genre. C'est probablement ce qui en fait pour certains lecteurs un chef d'oeuvre ou pour d'autre un livre un peu spécial. Je pense faire partie de la deuxième catégorie car si j'ai vraiment aimé cette histoire en revanche certains aspects de l'écriture m'ont passablement gênés.
Durant la première moitié du livre, l'auteur écrit son récit en se concentrant principalement sur les détails et en particulier sur la vie de son personnage, Johnnie Rico. Jeune américain qui, fraîchement sorti des études, s'enrôle volontairement dans l'armée et se voit affecté dans l'infanterie mobile. L'histoire défile agréablement mais il n'y a pas vraiment d'enjeu, on suit l'entrainement de Johnnie dans les détails alors que les événements à travers le monde sont exposés de manière anecdotiques. On peu passer 5 pages sur la description d'une armure de combat mais lorsque une des grandes villes américaine est totalement détruite par une attaque et que sa propre mère y laisse la vie, on l'apprend sur une ligne et on retourne à l'entrainement.

Ce n'est que vers la fin du livre que Johnnie participera vraiment à des combats et au moment ou les enjeux deviennent intéressants, au moment où la guerre pourrait prendre un nouveau tournant, il n'y a plus de pages à tourner. Il n'y a pas de fin à cette histoire, je me suis même demandé si le tome 2 avait été écrit mais ce n'est pas le cas. Tout s'arrête pour moi en plein milieu, au moment ou cette aventure aurait pu devenir épique mais à l'évidence ce n'était pas le thème du livre. D'ailleurs ne vous attendez pas non plus à des actes héroïques car le personnage principale est plutôt du genre « juste au dessus des exigences requises ».

Bref, l'histoire d'une tranche de vie captivante et très bien contée dans une guerre ou la survie de la planète ne tient qu'à un fil, mais ça c'est une autre histoire que vous ne trouverez pas dans ce roman.
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Je n'ai jamais vu le film et ce que j'ai vu dans la bande annonce (après avoir lu quelques chapitres) m'a confortée dans l'idée que j'allais préférer lire le roman. Je ne peux bien évidemment pas comparer les deux. Je vais donc me contenter de parler du bouquin.

Dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment de lecture. J'ai beaucoup aimé la narration à la première personne et le personnage de Rico.

À l'époque où se déroule l'histoire (un lointain futur), pour obtenir sa citoyenneté il suffit de faire 2 ans de service dans l'armée. Les civils (sans statut de citoyen) sont très mal considérés et n'ont pas le droit de vote.

Dès le départ, Rico se rend bien compte qu'il s'est engagé pour bien plus. On va suivre tout son parcours de formation avec en parallèle des infos sur la guerre qui les opposes aux Punaises, des aliens de forme arachnéenne. Il y a aussi quelques éléments de l'Histoire mondiale qui expliquent comment la société a évolué et s'est réorganisée après l'Effondrement.

J'ai eu l'impression que cette histoire était un prétexte pour aborder des sujets qui n'ont rien à voir avec la science-fiction. D'un côté, l'auteur amène des idées intéressantes qui posent question et font réfléchir mais d'un autre… je n'ai pas trop aimé la glorification du militaire à côté de qui on ne vaut pas grand-chose.

L'écriture de Heinlein est fluide et même si on n'est pas trop dans un roman d'action, je ne me suis pas ennuyée un instant. Je me suis attachée à Rico et je pense qu'il faut peut-être juste comprendre – à travers lui – que militaire est un métier comme un autre et que des gens l'exercent avec conviction.





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Ma première réaction à ce roman est : il y a tromperie sur la marchandise.

J'avais évidemment en tête le film Starship Troopers, bien que j'aie été averti par la communauté babeliote de la distance avec le roman original. Je m'attendais cependant à un roman de science-fiction distrayant.
Au lieu de cela j'ai lu un essai sur l'instruction militaire valable pour toutes les époques et abordant des sujets sociaux actuels tels que le rôle de la punition dans l'éducation et les faiblesses d'un gouvernement démocrate qui ignore la notion de devoir.

Parlons d'abord de l'habillage SF. En fait j'ai retrouvé de nombreux éléments et scènes présents dans le film. Les débuts et les fins des deux oeuvres collent bien. La guerre contre les Punaises – cette espèce construite sur le modèle d'une fourmilière et qui rappelle les Doryphores de Ender - est bien l'arrière-plan du roman. Les personnages – Rico, Carl, la belle Carmen – sont bien là même si, hormis pour Johnny Rico, leur rôle est négligeable. Ne sont présents dans le livre ni le triangle amoureux Carmen / Rico / Flores ni l'invasive super CNN gonflée à la pub et à la guerre en direct. Il y a de sacrés scènes de batailles, toujours vues du point de vue de Rico donc d'un soldat sur le terrain. Elles sont cependant difficiles à suivre, centrées sur les mouvements d'un peloton de l'infanterie que je n'ai pas toujours compris. Bon, ça défouraille quand même pas mal.

Mais comme je l'ai dit tout ça n'est qu'un habillage pour un essai sur l'instruction militaire qui enseigne la notion de devoir, voire de sacrifice, et forme ainsi les seuls citoyens véritablement responsables et donc aptes à posséder le droit de vote. Je dis bien un essai car c'est assurément la pensée de l'auteur qui est exprimée au travers des cours des professeurs de Rico. Ces profs ne sont que des marionnettes de papier sans épaisseur. Ils n'ont pas d'autre opinion que celle de leur Deus ex Machina, j'ai nommé Heinlein.
On pourra facilement se laisser aller à dire que son discours est réactionnaire. Je pense qu'il l'est dans la mesure où il s'oppose à certaines idées progressistes modernes telles que l'abandon de la punition corporelle pour l'éducation des enfants ou de la peine de mort. Il s'oppose au mouvement ; c'est donc une « réaction ». Mais je ne donne pas à ce mot un sens péjoratif car les arguments choisis trouvent un écho certains sur des choses que je n'aime pas dans le monde contemporain.

Par exemple le prof monsieur Dubois (une des marionnettes pour le discours) dit à propos des délinquants juvéniles : « La moyenne d'âge des plus dangereux était inférieure à celle de cette classe… La police arrêtait souvent ces jeunes... Est-ce qu'on les grondait ? Oui, et plutôt méchamment. On leur mettait le nez dans leur faute ? Rarement… Est-ce qu'on leur donnait la fessée ? Bien sûr que non ! Pour la plupart, dans leur plus jeune âge, leurs parents ne les avaient jamais corrigés. A l'époque, on croyait couramment que le fait de frapper un enfant, de le punir physiquement, pouvait causer des troubles psychiques permanents. »
Ça ne vous rappelle pas le débat très contemporain : « pour ou contre la fessée » ? Je n'ai pas la solution à ce problème mais perso je déteste voir des bandes de jeunes se balader impunément en volant et agressant tout un chacun. Et j'ai souvent la pensée, lorsque j'en croise, « il y a des gifles qui se perdent ! ».


Je pourrais continuer mais je deviens trop sérieux et ce n'est pas le lieu. Ce livre incite au sérieux. J'espère que mon prochain livre de SF sera moins « prise de tête ».
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Johnnie Rico s'en va en guerre.
Un roman intéressant à double titre, car, à mon humble avis, il raconte une histoire intemporelle et certaines opinions affichées par l'auteur sont sujettes à polémique.
Avant de lire un roman de science-fiction, j'ai d'abord lu l'itinéraire d'un jeune homme qui s'engage dans l'armée par refus de suivre la voie que lui a tracé son père. Des instructeurs (j'ai furieusement pensé à la première partie de Full métal jacket) vont faire de lui un soldat animé de l'esprit de corps qui obéit aveuglément aux ordres de ses chefs.
Johnnie est de tous les temps. Il aurait pu être hoplite, soldat de la garde impériale, de la Wehrmacht, ou bien béret rouge, sa formation et son conditionnement auraient été rigoureusement les mêmes. D'ailleurs, les références historiques qui émaillent le roman tendent à le prouver (voir la citation attribuée à un caporal hellène en 1194 av. JC qui aurait très bien pu être prononcée de nos jours par un autre caporal).
Le roman est essentiellement axée sur cette formation, sur ce conditionnement au point que les évènements extérieurs, notamment l'attaque de la planète Terre par les extra-terrestres apparaissent presque, aux yeux du narrateur, comme une chose mineure. Pour toute réponse à ces évènements dramatiques, Johnnie est prêt à se battre sans se poser de questions là où on l'enverra… Et c'est exactement ce que l'armée attend de lui.

Roman écrit en 1959, en pleine guerre froide, les opinions affichées par l'auteur en ont choqué plus d'un qui l'ont qualifié au mieux de militariste et de réactionnaire, au pire de fasciste. D'autres, au contraire, ont trouvé que ce livre était un pur chef-d'oeuvre.
Heinlein décrit une société futuriste construite sur les décombres de la nôtre. Seuls les militaires votent et ont le statut de citoyen car, par leur sacrifice, ils sont capables de dépasser leur individualité pour ne penser qu'à l'intérêt général.
Une réponse à notre société qui s'est effondrée car la population ne pensait plus qu'en terme de droits, et non de devoirs. Droits, devoirs ! Gros sujet de polémique, comme vous voyez, encore et surtout de nos jours…
Franchement, le procès fait à Heinlein me parait un tantinet exagéré. Je vois surtout un livre portant sur la formation militaire davantage qu'un livre militariste. Un bon livre, inégal à bien des côtes, parfois assommant, notamment durant les leçons d'histoire et de philosophie morale données sur un ton martial, parfois captivant.
Le livre d'Heinlein ne mérite ni cet excès d'indignité, ni cet excès de vénération... Il pose quand même un certain nombre de questions intéressantes et polémiques sur la notion de droits, de devoirs, et sur le dépassement de soi…
A vous de juger…

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Un roman court bien écrit et bien construit, étonnamment moderne dans sa prose pour une oeuvre de 1959. Heinlein dépeint efficacement entraînement des recrues, spleen des combattants et relations qui les unissent. Des innovations intéressantes comme les sauts en capsules (on retrouvera les mêmes dans moult néo space-op), les armures mobiles (on retrouvera les mêmes dans "Mobile Suit Gundam" de Yoshiyuki Tomino) où les manipulations génétiques avec les néochiens des unités CROC. Mais au final très peu d'action passé l'introduction digne d'un film de guerre.

Je résume le roman :
100 pages d'entraînement très explicites sur les vertus du marche ou crève. 50 pages d'opérations militaires très pudiques sur les horreurs de l'expérience combattante. Les cauchemars récurrents que fait Rico après l'opération DDT sur Klendathu sont expédiés en 1 ligne. 100 pages de formation très explicites sur les immenses vertus du militarisme. 50 pages d'opérations miliaires très discrètes sur les drames de la guerre totale. L'anéantissement de la moitié de la Californie est traité en 1 ligne.
Alors qu'Howard dépeint dans "Le Crâne Vivant" (1929) les Syndromes de Stress Post Traumatique chez les combattants de la 1ère Guerre Mondiale (1914-1918), alors même qu'on s'intéresse aux traumatisé de la Guerre de Corée (1950-1953) avec le film "Un crime dans la tête" ou la série "Les Envahisseurs"… on passe ici sous silence les ravages de l'ultraviolence qui vont produire les générations perdues de la Guerre du Vietnam. Pour une vaste réflexion morale et philosophique, on oublie le plus important : c'est quand même confusant !

Toute l'histoire est contée du POV à la 1ère personne du jeune Johnnie Rico qui va passer du grade de trouffion à celui d'officier avec une naïveté tantôt touchante (vision du sexe opposé digne d'un préado puceau) tantôt consternante (c'est une machine à obéir qui gobe tout le bourrage de crâne qu'on lui fait ingurgiter). L'histoire de Rico est proche de celle de "Forrest Gump" : un gars gentil qui rentre à fond dans le conservatisme. Et au final cela ressemble plus à un essai qu'autre chose, car la guerre contres les Arachnides intervient tardivement dans le récit et on apprend peu de choses sur celui-ci alors qu'on est fort prolixe niveau discours politico-philosophiques auxquels le héros ne comprend pas grand-chose (sont-ils destinés aux gentils enfants qui devaient lire le roman ?).
Nous sommes en pleine Guerre Froide, au sommet de la vague maccarthyste : les Arachnides sont des communistes déguisés que l'on a en horreur parce qu'on ne le comprend pas (doit-on les éradiquer à coup de têtes nucléaires ou doit-on négocier avec eux en bonnes et dues formes ?).

D'ailleurs tout commence par l'anéantissement d'une communauté alien, les Skinnies (Squelettes dans le roman, Décharnés dans l'anime) à coup de roquettes nucléaires, de lance-flammes, de gatlings et de grenades. Leurs crimes ? Tarder à choisir le bon camp dans la guerre entre Humains et Arachnides. Les populations du Vietnam, du Laos et le Cambodge subiront le même sort quelques années plus tard.
Qu'en pense le héros Juan Rico ? On a failli arriver en retard et on a perdu un homme.

Roman d'apprentissage ou roman d'embrigadement ? le débat est lancé ! Car "Etoiles, gardes à vous !" a fait et fait encore polémique. A juste titre, n'ayons pas peur de le dire. Entre le militarisme à tous les étages, l'anticommunisme primaire caricatural, l'apologie de la violence (châtiments corporel et peine de mort comme méthode scientifique de régulation des sociétés), la mise en avant de la virtus romaine et de l'agogé spartiate, Heinlein donne beaucoup d'eau au moulin de ses contradicteurs.


Le roman est-il fascisant ?


Le roman est-il militariste ?


Le roman est-il réactionnaire ?


Et concernant l'apologie de la peine de mort :



Et malgré tout cela, des indices peuvent laisser à penser que c'est plus subtil qu'il n'y paraît.
Est-ce que le système du obéis et tais-toi a éliminé la criminalité ? non
Est-ce que les militaires dressés sont meilleurs que les civils indisciplinés ? non
Est-ce que les généraux pensent davantage au bien commun que les politiciens ? non
Un passage est explicite où le superviseur de Rico lui explique que les rivalités mesquines entre officiers empoisonnent le bon fonctionnement des opérations militaires et de l'armée en général. A la question « la guerre et la perfection morale proviennent-ils du même héritage génétique » on répond par une autre question « Mais l'homme a-t-il le droit de se répandre dans tout l'univers ? ».
Les soldats de l'Infanterie mobile défilent au son de chant antimilitaristes : c'est contradictoire non ?
La 1ère réaction du père de Rico est « c'est ce prof qui t'a bourré le crâne avec ses discours idéologiques ? ». Et à un moment Rico a un très bref éclair de lucidité :
« Nous nous retrouvions comme les chiens de Pavlov ! Non… laissons tomber les réflexions. »

Démonstration par l'absurde ? Difficile d'arriver à cette conclusion !
Si c'est une apologie du militarisme, c'est tellement gros voire caricatural que c'est contreproductif. Si c'est une dénonciation du militarisme, c'est tellement ambigu et ambivalent que c'est contreproductif. Dans un sens comme dans l'autre les 5 adaptations du livre sont toutes des dénonciations du fait militaire… La vision hautement controversée de l'auteur tranche avec le reste de sa bibliographie qui comporte nombre d'ouvrages prêchant la tolérance et l'humanisme, mais rien n'empêche quelqu'un de bien de devenir un vieux con réac.

Car l'homme qui a demandé que soit créée une instance supranationale de contrôle des armes nucléaires avant même l'élaboration des armes nucléaires a fustigé les pacifistes (les victimes irradiées des essais nucléaires le remercient), a embrassé ouvertement l'anticommunisme (les victimes des listes noires qui ont perdu leur emploi le remercient) et a soutenu la Guerre du Vietnam (les victimes asiatiques et américaines le remercient). Pour ceux qui ont des doutes sur le fond de la pensée du bonhomme, il a fini conseiller spécial de Ronald Reagan, néolibéral par excellence qui avait travaillé aux services de propagande maccarthystes, et est à l'origine du programme IDS qui a relancé la course aux armements et a ravivé les tensions entre les grandes nations.


Militaire ou pas, militariste ou pas, un classique de la SF très intéressant car l'auteur pose de bonnes questions. Malheureusement les réponses qui semblent apportées sont au mieux réactionnaires. Nos sociétés modernes ont besoin de remettre solidarité, intérêt général et éducation civique au centre de tout. le manque de valeurs et de civisme actuel est hallucinant, et l'auteur nous propose de dresser et d'embrigader les gens d'en bas, mais comme le dit le proverbe chinois millénaire « le poisson commence toujours à pourrir par la tête »… A bons entendeurs salut !
Je lui préfère "La Stratégie Ender", version jeunesse du roman, et l'humanisme que dégage son héros empathe. Je lui préfère "La Guerre éternelle" de Haldeman, beaucoup plus critique dans son approche de la guerre.
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Chef d'oeuvre de sf militaire.
Peu de livres méritent ce qualificatif, "Etoiles garde à vous" en fait indéniablement partie.

On peut ne pas adhérer à la vision d'avenir d'Heinlein :
Seuls les vétérans votent car ils ont su mettre l'intérêt commun avant leur propre vie en s'engageant et en risquant sa vie pour la société ? Ou simplement parce que cela marche.
Apologie de la peine de mort et des punitions corporelles.
Critique acide du système éducatif et de la justice actuelle (eh oui, bien qu'écrit en 1959, le point de vue d'Heinlein reste cruellement d'actualité).

Mais que cette histoire est efficace. La narration est fluide, facile d'accès. L'entraînement des recrues, les combats très bien décrits, les états d'âme des combattants et les relations qui les unissent. Tout concours à faire de ce roman un superbe moment de distraction mâtinée d'une pointe de reflexion.

A rapprocher sans soucis d'autres chefs d'oeuvre de la sf militaire que sont : le Cycle d'Ender, tome 1 : La Stratégie Ender ou La Guerre éternelle

Pour les fans de sf militaire et pour les autres, A lire absolument.
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Promis à un avenir confortable en héritant de l'entreprise de son père, Juan Rico, entraîné par ses amis, décide de faire son service militaire. Servir deux ans dans l'armée est nécessaire pour obtenir la citoyenneté, considérée comme un luxe inutile pour beaucoup. Les officiers eux-mêmes ne font rien pour encourager les recrues, attirés par la gloire, mais qui craquent après quelques jours.

Rico est enrôlé dans l'infanterie, son dernier souhait d'affectation. Au camp Arthur Currie, il découvre la discipline, l'obéissance aveugle aux ordres, la punition. Il croise plusieurs mentors, qui lui expliquent le rôle de l'armée, l'importance du sens du sacrifice dans la société et la nécessité des châtiments corporels.

Ce n'est qu'après avoir terminé ce livre que j'ai découvert la controverse à son sujet : Heinlein, écrivain militariste à tendance fasciste ? Certes, la société décrite par l'auteur est structurée autour des valeurs militaires, mais dans un monde en guerre, ça n'a rien d'illogique. Et on peut très bien décrire quelque chose sans en faire forcément l'apologie. Il me faudra plus d'un livre pour me faire une opinion. En tout cas, ces idées ne m'ont jamais traversé l'esprit pendant ma lecture, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le découvrir. Même si, comme beaucoup, je déplore le côté trop théorique du texte et je regrette le manque de bataille.
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Heinlein convoque ses expériences de soldat puis de lieutenant dans la Navy pour alimenter le récit initiatique de Juan Rico.
Lequel a, non seulement, l'ambition de survivre aux insectes (intergalactiques) mais aussi de ne pas commettre d'erreurs pour s'élever dans l'échelle de commandement.

Etrange histoire car si peu d'actions. le ton professoral de la doctrine militaire, faite de discipline avant tout, l'emporte sur les mouvements auxquels on pouvait s'attendre.

Je ne vais cependant pas jeter cet ensemble dans les oubliettes d'une bibliothèque poussiéreuse qui, peut-être, dissimule quelques arachnides et insectes qui, sans être de l'espace, sont, comme par un effet miroir, évoqués dans le livre.

Car il y a des réflexions qui méritent l'attention, concernant notamment l'engagement et les difficultés psychologique et physique des entraînements.

J'ai aussi servi dans l'armée, dans le cadre du service militaire, et j'ai retrouvé des souvenirs avant un saut ou une mission nocturne. J'ai aussi goûté la fierté de faire partie d'un groupe de combat comme dans le livre, en plaignant ceux qui n'en n'étaient pas. Mais mon âme de rêveur n'était pas compatible avec la carrière militaire, plutôt avec la fantaisie militaire.

Le livre défend donc une position militariste, détruire l'autre avant qu'il ne vous détruise. Tout en évitant l'écueil d'un nationalisme, la glorification d'une nation, le livre intègre la formation du soldat dans celle du citoyen.
Il a ses trouvailles avec les néo-chiens, qui sont des machines de combat, les équipements du soldat, comme des exosquelettes, et la propulsion des vaisseaux qui défie la vitesse de la lumière.
Tout est parfaitement maîtrisé mais j'ai regretté le manque d'intrigue et d'action.
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Une oeuvre polémique que ce "Starship Trooper", qui se vit attribuer le prix Hugo en 1960 et qui fut adaptée au cinéma par Paul Verhoeven, en 1997.

Le récit est à la première personne et nous narre la formation militaire du jeune Johnnie Rico, au sein de l'infanterie mobile, un corps de soldats armés de scaphandres militaires équipés de charges nucléaires et décuplant leurs capacités physiques. L'armée de la Fédération Terrienne est engagée dans une guerre sans merci contre les Arachnides, une race extraterrestre insectoïde très agressive. Les combats ont lieu sur divers planètes, qu'il convient de nettoyer de la vermine Arachnide.

Il est intéressant de remettre ce roman dans son contexte de production, c'est-à-dire la fin des années 50, aux USA, en plein maccarthysme, tandis que la guerre froide est à son apogée. Alors qu'aux Etats-Unis, des voix s'élèvent pour réclamer l'arrêt des tests nucléaires, Heinlein décident de répliquer en apportant son soutien à la mouvance conservatrice, qui réclame toujours plus d'armement et une position dure vis-à-vis de l'URSS.

Il rédige ce roman dans ce but. La visée politique de l'oeuvre est donc manifeste. Y sont mises en avant les vertus du patriotisme, de l'ordre (incluant peine de mort et châtiment corporels), de la formation militaire et de la virilité. Y sont attaqués le communisme et le pacifisme béat. Ce que pense Heinlein, c'est que la guerre est inévitable et qu'il faut mieux s'y préparer si l'on souhaite défendre son modèle de société.

Dire que ce roman est fasciste me semble exagéré mais il est clairement très conservateur. Je suis le premier à dire que la SF a souvent une portée politique (dépeindre un futur possible pour critiquer le présent) et c'est quelque chose que j'apprécie. Ce n'est donc pas ceci que je reprocherais à ce roman, quand bien même ses idées ne vont pas dans le sens des miennes, ceci me paraît relever du plus élémentaire respect de la liberté d'expression. Et puis je n'oublie pas que l'Amérique, à travers Joe Haldeman, a également produit "la Guerre Eternelle"

En fait, la note reflète simplement le fait que c'est quand même un peu chiant de se taper des pages et des pages d'instructions militaires, puis de combats, quand on a affaire à des personnages sans consistance, quand peu d'émotions transparaissent, quand le "fun" ou l'épique sont absents, bref, quand la valeur littéraire ou la capacité de divertissement sont faibles. Et je ne parle pas non plus de l'absence de finesse de l'auteur pour faire passer ses idées (ni métaphore, ni allégorie, ni symbole). On est presque, finalement, en présence d'un manifeste légèrement romancé.

C'est rare, mais pour le coup, j'ai préféré le film au livre.








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