J'ai découvert
Johan Heliot avec “
Faerie Hackers” qui m'a, je l'avoue, laissé sur le cul! Au bout de 2 pages, le style, le phrasé de l'écrivain m'a entièrement conquit, envoûté et son univers, différent de ceux de la Fantasy classique, m'a aspiré en son sein.
Je tenais là, à mes yeux, l'un des meilleurs auteurs de Fantasy francophone, au même titre que
Mathieu Gaborit. Dire que j'attendais avec impatience cette suite est un euphémisme... Et je ne fus pas (trop) déçu.
Disons-le d'emblée, «
Faerie Thriller » est un cran en dessous de «
Faerie Hackers ». Peut-être est-ce dû à l'intrigue que Heliot situe la plupart du temps dans notre monde plutôt qu'en ce merveilleux monde de Faerie… peut-être.
L'intrigue, parlons-en : un double meurtre est commis à la FNAC parisienne Saint-Lazare la veille du lancement du dernier best-seller d'Etienne Verbellec, l'auteur à succès des célèbres éditions Magillard. En même temps en Faerie, un corps est retrouvé dans la bibliothèque de la Folie Clébédia. Pas de doute, ces meurtres sont liés, ce qui plonge la fey Lil et le capitaine Lartagne à nouveau au coeur de l'action.
Thriller fantastique ok, mais cette fois-ci le thriller prend singulièrement le dessus. En effet, c'est une véritable enquête policière que nous suivons, allègrement teintée de magie évidemment (aah l'utilisation de la Couleur récupérée sur certains monuments et immeubles au passé historique plus que chargé… je ne m'en lasse pas !).
Mais cette enquête se déroule principalement à la Surface (lire : notre monde), le monde fantastique et ô combien riche ! de Faerie n'étant malheureusement plus trop exploré. En effet, les seules incursions en ces territoires gorgés de magies ancestrales se résument à la bibliothèque de la Folie Clébédia et ses jardins. Un rien frustrant pour ceux qui avaient appris à aimer ce monde merveilleux, haut en couleur et au bestiaire plus qu'original.
Ceci dit, l'auteur nous offre une photo plutôt grinçante (voir mordante) du monde de l'édition (règlement de compte ?) où tous les coups sont possibles, voir normaux. Bref, notre monde (la Surface) n'a rien à envier question dangerosité à celui de Faerie pourtant peuplé de Trolls, de Monstres et autres sorciers belliqueux.
Le style de Heliot est résolument moderne et le rythme est plutôt soutenu (peu ou pas de temps morts). Mais ce que j'adore par-dessus tout chez cet auteur, c'est sa facilité à jouer avec la langue française et à manier les mots. Honnêtement, je connais peu (voir pas du tout) d'auteurs (en thriller/fantasy/SF s'entend) qui parviennent à placer comme ça, nonchalamment, les mots « faseyant », « matutinal » ou « ratiociner » au cours de leur roman sans que cela ait l'air empouler, pompeux. Chapeau !
De plus dans ce roman, on sent que Heliot s'est amusé à glisser un tas de jokes (private jokes ?). Par exemple, lorsque Lil se fait passer pour une journaliste, c'est sous le pseudo de Marie Chellais. Les éditions Magillard, anagramme d'une autre célèbre maison d'édition, etc… Et la fausse revue de presse sur le dernier brûlot de Verbellec est tout simplement jouissive !
En résumé, lecture très agréable qui plaira autant aux fans de Thriller que de Fantasy.
Note : 7,5/10