C'est toujours comme ça... On n'a jamais le temps d'apprendre. On vous pousse dans le jeu. On vous apprend les règles et, à la première faute, on vous tue.
Le monde brise les individus,et, chez beaucoup, il se forme un cal à l'endroit de la fracture ; mais ceux qui ne veulent pas se laisser briser, alors, ceux-là, le monde les tue. Il tue indifféremment les très bons et les très doux et les très braves. Si vous n'êtes pas parmi ceux-là, il vous tuera aussi, mais en ce cas il y mettra le temps.
La sagesse des vieillards, c'est une grande erreur. Ce n'est pas plus sages qu'ils deviennent, c'est plus prudents.
"si seulement il y avait un endroit où nous puissions aller", dis-je. Je commençais en effet à éprouver cette difficulté toute masculine de rester debout longtemps avec une femme dans les bras.
Je saluai et sortis. Il est impossible de saluer des étrangers à la manière italienne sans se sentir embarrassé. J'ai toujours pensé que le salut italien n'était pas fait pour l'exportation.
Cette année-là, à la fin de l'été, nous habitions une maison, dans un village qui, par-delà la rivière et la plaine, donnait sur les montagnes. Dans le lit de la rivière il y avait des cailloux et des galets, secs et blancs au soleil, et l'eau était claire, et fuyait, rapide et bleue dans les courants. Des troupes passaient devant la maison et s'éloignaient sur la route, et la poussière qu'elles soulevaient poudrait les feuilles des arbres. Il y avait également de la poussière sur le tronc des arbres, et, cette année-là, les feuilles tombèrent de bonne heure, et nous voyions les troupes passer sur la route; poussière soulevée; chute des feuilles détachées par la brise; soldats en marche, et de nouveau la route solitaire et blanche sous les feuilles.
La plaine était couverte de récoltes. Il y avait de nombreux vergers, et à l’horizon les montagnes étaient brunes et dénudées.
Le paysan a du bons sens parce qu'il a été vaincu dès le commencement. Donnez-lui le pouvoir et vous verrez ce que deviendra son bon sens.
La sagesse des vieillards, c'est une grande erreur . Ce n'est pas plus sages qu'ils deviennent, c'est plus prudents .
- C'était pour toi ce que j'en disais.
- Il n'y a pas de moi. Moi, c'est toi. Ne me donne pas un moi séparé.
Si elle allait mourir ? Non, elle ne mourra pas. On ne meurt plus en couches de nos jours. C’est l’opinion de tous les maris. Oui, mais tout de même, si elle allait mourir ?.. Non elle ne mourra pas. C’est un mauvais moment à passer, voilà tout. Après, on parlera de ce mauvais moment et Catherine dira que ce n’était pas si terrible que cela après tout. Mais si elle allait mourir ?… Elle ne peut pas mourir… oui, mais pourtant, si elle allait mourir ?..Elle ne peut pas mourir, je vous dis, il ne faut pas être stupide. C’est un mauvais moment à passer, voilà tout. C’est tout simplement la nature qui l’embête. Le premier accouchement est toujours laborieux. Oui, mais si elle allait mourir ? Elle ne peut pas mourir. Pourquoi mourrai-t-elle ? Quelles raisons y-a-t-il pour qu’elle meure ? C’est tout simplement un enfant qui veut naître… le produit des belles nuits de milan. Il cause des ennuis, il naît, on s’en occupe et on finit par l’aimer peut-être. Mais si elle allait mourir ? Elle ne mourra pas. Elle va très bien. Mais tout de même, si elle mourait ?
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