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Critique de kathy


L'anecdote même dont est issu ce livre – l'aventure héroïque d'un vieux pêcheur cubain- a été donnée à Ernest Hemingway via une chronique locale. Il s'agissait de la lutte d'un vieil homme avec un gros poisson.
Pêche au gros, au cours de laquelle le pêcheur doit traquer le poisson et attaquer au bon moment. Se bagarrer avec l'animal (pouvant peser près de 500 kg) et qui n'est pas de tout repos car sa puissance est étonnante sous l'eau. Un véritable combat se déroule alors : le pêcheur mouline, tire, se cambre, se redresse et remouline encore et encore. Si le poisson est robuste, cela peut durer plusieurs heures.

Mais, dans le vieil homme et la mer (1936) et au-delà de ce simple fait divers et d'un savoir technique, Ernest Hemingway nous livre bien plus qu'une lutte « ordinaire » contre un gros poisson.
Il nous raconte l'histoire d'un vieux pêcheur, Santiago, qui, seul sur son bateau, partit capturer un espadon fabuleux au milieu du Gulf-Stream.
En 130 pages, il nous donne à lire un récit à la fois mythique, épique et lyrique, écologique, philosophique et mystique.

Dans la dimension MYTHIQUE, il est question de lutte, d'affrontement entre l'homme et les forces de la nature, peuplée de monstres marins.
Pendant longtemps les profondeurs sous-marines sont restées une énigme pour l'homme. Ce monde vaste et inconnu, donc terrifiant, a fait naître d'innombrables récits peuplés de créatures étranges et menaçantes, sorties tout droit de l'imaginaire collectif.

La dimension EPIQUE ET LYRIQUE transforme ce récit en un véritable poème de la mer et de l'aventure humaine : une Odyssée de trois jours dans un espace infini, beau, puissant, riche en espèces animales et végétales mais potentiellement dangereux, où l'homme et la nature sont sublimés.

La dimension ECOLOGIQUE dans laquelle Ernest Hemingway nous propose une image idéale du pêcheur alliant les nécessités alimentaires, la connaissance profonde du milieu naturel et le respect de ses équilibres, la reconnaissance de l'interdépendance des êtres vivants et des éléments. D'où la nécessité pour l'homme d'avoir une attitude responsable dans son quotidien, à l'égard de son univers de vie.

La dimension PHILOSOPHIQUE où il est question de la lutte d'un homme contre la nature, contre son corps vieillissant, contre sa condition, contre lui-même.
Seul dans sa barque, au milieu de la mer immense, Santiago nous confie ce qu'il perçoit, ressent, pense ; mais aussi ce qu'il devine grâce à son sens de l'observation et son expérience ; et enfin, ce qu'il voit en imagination quête, défaite et victoire. Il affirme ainsi, à la fois, son humanité profonde, pétrie de faiblesse, et son héroïsme.

La dimension MYSTIQUE fait jour lors de l'attaque des requins. le pêcheur affirme son sentiment de fraternité avec l'espadon car il a le sentiment de partager un sort commun : « Je regrette bien d'être allé si loin poisson. Ca nous a perdu tous les deux ». Faut-il en conclure à la défaite. Non car il déclare courageusement : « Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu ». Leçon ultime empreinte d'acceptation de soi, de sérénité et de sagesse.

Au final, un récit bref mais dense, d'une résonnance universelle et intemporelle.
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