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EAN : 9782246726913
186 pages
Grasset (04/03/2009)
3.13/5   19 notes
Résumé :
Prague, 1969. Dans un café, la patronne acariâtre et jalouse épie sa jeune serveuse. Elle assiste en voyeuse à l'éclosion et au massacre d'un amour pur, qui lui rappelle une blessure de jeunesse. A travers ce huis-clos et une poignée de personnages, c'est tout le cauchemar d'un régime politique qui nous est restitué.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans une longue lettre "intérieure", Ivana, patronne d'un café, raconte et se souvient :
Prague 1969, Anna est serveuse.
Sa gaieté radieuse dans un pays en plein régime, a provoqué chez Ivana une haine envieuse, une jalousie amère qui l'ont conduite à épier en secret la jeune serveuse.
Quand Anna rencontre Pavel, un étudiant recherché par la police, Ivana assiste sans état d'âme à la destruction de leur amour.
Un amour qui réveille en elle une douleur enfouie et qu'elle confesse 20 ans plus tard, au moment de la chute du mur.

C'est avec beaucoup de finesse et de pudeur que l'auteur développe cette histoire d'amour broyée par le régime.
Le monologue d'Ivana, poignante confession pleine de violence contenue, révèle à demi-mot la tragédie d'un pays soumis à une dictature subreptice et rampante, où les mots sont proscrits, où les sentiments doivent se refouler.
La jalousie, l'amertume, la déloyauté des protagonistes, loin de provoquer l'antipathie, soulignent ainsi la tristesse d'une Prague morne et grise, oppressée par le linceul de la peur.
Un bref et beau roman.
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Prague, printemps 1969, Ivana trône à l'accueil d'un grand café sur la rive de la Vlata. La quarantaine austère, elle observe d'un oeil implacable son personnel. Tomas, le fidèle chef de salle, Heinrich l'Autrichien, élégant, rêveur et pianiste d'ambiance de l'établissement, les serveuses, et notamment Anna, jeune Slovaque d'à peine vingt ans qui danse entre les tables sourire aux lèvres et plateau à bout de bras. de son poste, Ivana assiste à la naissance d'un amour impossible, fulgurant, entre Anna et un client, l'étudiant Pavel qui jour après jour va savoir la conquérir. Une passion chaotique va s'en suivre dans une Prague encore groggy par la gueule de bois soviétique qui lui a définitivement ravi son printemps de liberté en Août 68.

"Peut-être qu'alors on ne pouvait tomber amoureux, à Prague, que dans l'interdit ou le grotesque."

Si d'emblée on pourrait percevoir Ivana telle un cerbère à la solde du régime - on sait que faits et gestes de ce jeune couple d'amants sont enregistrés sans concession par son regard froid ou recueillis grâce à l'aide du trouble Tomas - on comprend vite que derrière tout cela se cache autre chose. Les blessures et silences intimes des divers protagonistes ont tous à voir avec la situation politique du pays et nous sont distillés peu à peu avec toute la retenue des êtres meurtris.

Prague la secrète, la mystérieuse, protège de son brouillard les amours clandestines des révoltés, étouffe les cris des espoirs déçus et les regrets muets de ses habitants lâchés par les Occidentaux. Et si l'été donne une faible illusion de légèreté, la chape de plomb est bien trop lourde pour se faire oublier et ne laisse s'échapper que la nostalgie de ce qui a failli advenir.

A la violence politique se mêle celle des sentiments fougueux, à la triste atmosphère accablant la ville se mélange celle confinée, un brin surannée de ce café où, comme derrière une vitrine ou une scène de théâtre, on suit la duplicité des personnages et on assiste à la collusion tragique de la petite et de la grande Histoire.

On chemine dans cette histoire à pas feutrés, soucieux de ne pas déranger, presqu'honteux de toutes nos libertés chèrement gaspillées. Une fragile sensualité accompagne le lecteur dans la mélancolie de tous ces rendez-vous manqués et on savoure la pudeur empreinte de dignité qui habille les acteurs figés dans le glacis de la dictature. Un émouvant retournement final et du très beau travail d'équilibriste sur un fil tendu entre deux révolutions. En dessous, un vide de vingt ans se réfléchissant dans un miroir et dans lequel se sont engouffrés le temps de la jeunesse et les regrets.

Les idylles amoureuses ne sont pas ma tasse de thé, mais le contexte historique de ce livre m'attirait et lui confère une profondeur particulière. Sa construction habile en complète le charme. Un court roman intense à ne pas rater !


Lien : http://moustafette.canalblog..
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Nous sommes à Prague, en 1969, et le "printemps" tchécoslovaque n'est plus qu'un rêve brisé par les chars du pacte de Varsovie.

"Prague qui ne se livre jamais tout à fait à eux. "Prague est mystérieuse", diraient-ils, de retour dans leur pays. Puis ils diraient "C'est gris, c'est triste, ça serre le coeur". Ils ont beau cherche à percer ce mystère, avec leurs armes qui dans leur pays libre fonctionnent bien, armes de parole, de questions, de sourires qu'ils vous adressent à vous, serveuses, pour tenter d'en savoir plus, pour happer des détails dont ils sont curieux, ça ne marche pas. Ils ne comprennent pas que nous ne pouvons pas parler."

La gérante d'un café, la quarantaine aigrie, s'adresse à l'une de ses serveuses, une belle Slovaque un peu naïve à l'insolente gaieté dans ce pays si triste. Elle s'adresse à elle à vingt ans de distance, l'interrogeant et la harcelant à propos de son premier amour, un étudiant nommé Pavel.

C'est une histoire d'amour tragique, dont on sait dès le départ qu'elle se finit mal, mais dont on découvre au fil du livre comment. le drame d'Anna et celui de sa patronne finissent par se répondre.

En peu de mots, la fragilité des uns, la cruauté des autres sont brossés avec finesse. Un rayon de soleil qui pénètre dans le café, les tiges des tulipes fanées d'un bouquet que l'on jette, une goutte de sang sur un napperon blanc, et c'est l'urgence de vivre qui surgit.

Dans un récit épuré, la tragédie de toute une famille d'êtres broyés. Sur un thème pourtant rebattu (les anonymes détruits par les rouages de l'Histoire avec un grand H), un petit livre surprenant. Un talent incontestable de conteuse, un style sensuel et percutant qui se déroule comme un discours intérieur. Une auteur que j'ai, du coup, bien envie de réessayer, après avoir littéralement dévoré Juste avant l'hiver.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Une patronne de café est le témoin d'une histoire d'amour qui se révèle au sein de son café.
Il s'agit de la jeune Anna qui n'est autre que sa serveuse.
Mais cette histoire la ramène à la sienne ou elle vivra une blessure d'amour qu'elle ne pourra oublier.
Alors elle surveillera ces jeunes amoureux, les jalousera et souffrira de sa propre blessure dans ce complexe historique ou Prague se révèlera si triste.
On y partagera cette puissante complainte écrite dans un chagrin immense.
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Françoise Henry nous introduit dans un huis-clos du café, où Anna la serveuse fait face aux regards envieux des hommes. Anna vit une histoire d'amour avec Pavel. Passion chaotique qui sera tragique. Ivana sa patronne une vieille femme désenchantée, est dévoré de jalousie à son égard, elle souffre de ce qu'elle a perdu et qu'elle ne retrouvera jamais. L'autrice nous livre une complainte poétique, profondément mélancolique, teintée de regrets dans un style puissant qui révèle la violence des émotions et des sentiments. C'est à l'image de cette femme Ivana, sans espoir et pourtant si touchante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Et moi je sais, Anna, que je pourrais avoir toute la haine du monde en moi, je pourrais souffrir du manque d'amour à en crever qu'il y aura toujours, dans tous les cafés du monde et aussi sous mes yeux, sous mon toit - ce toit du café que je leur offre par procuration, moyennant finance, le temps d'une boisson qu'ils ne prennent même pas la peine de consommer tant ils sont absorbés par leur mutuelle contemplation, et parce qu'ils ne sont entrés là que pour mieux s'approcher, se toucher - des amoureux.
Des amoureux : je parle du début de l'amour. Ce temps ne revient jamais.
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Il y avait, Anna, ce fin tintement des tasses et des soucoupes et vous circuliez ainsi que vos collègues dans un parfait ballet de cette musique qui, jusqu'au moment où apparaissait Heinrich, à dix-huit heures précises, était la seule autorisée : le cri d'un morceau de sucre qui chute au creux d'une tasse de porcelaine.
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Et moi je sais, Anna, que je pourrais avoir toute la haine du monde en moi, je pourrais souffrir du manque d'amour à en crever qu'il y aura toujours, dans tous les cafés du monde et aussi sous mes yeux, sous mon toit - ce toit du café que je leur offre par procuration, moyennant finance, le temps d'une boisson qu'ils ne prennent même pas la peine de consommer tant ils sont absorbés par leur mutuelle contemplation, et parce qu'ils ne sont entrés là que pour mieux s'approcher, se toucher - des amoureux.

Des amoureux : je parle du début de l'amour. Ce temps ne revient jamais.
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l'amour se passe de mots aussi bien dans ses troublantes prémices – ces regards, ces frôlements, ces danses souterraines des corps qui s'aimantent – que dans ses consécrations. Qui fait l'amour en parlant qui ?
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j'ai senti naître entre vous ce tressaillement d'amour qui me met toujours mal à l'aise, car il m'apparaît d'un temps si injustement révolu pour moi.
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