CHARLES LE SAGE.PREMIER DAUPHIN.

René Héron de Villefosse a choisi de retenir la partie la plus difficile de la vie de Charles, premier Dauphin de l'histoire de France, fils de Jean le Bon, son enfance et sa jeunesse traversées par des drames et des bouleversements qui marquèrent la psychologie du personnage : folles entreprises de son père, capture de ce dernier sur le champ de bataille de Poitiers-Maupertuis en 1356, obligation pour son fils de porter sur ses épaules la lourde charge du gouvernement dans les habits trop légers de simple Lieutenant du royaume, mouvement de contestation bourgeoise à Paris en signe de protestation contre une politique fiscale alourdie par la nécessité de lutter contre l'envahisseur anglais alors que la guerre faisait rage, démêlés avec l'évêque Robert le Coq et le prévôt des marchands de l'eau Étienne Marcel, assassinat sous ses yeux apeurés de deux de ses conseillers par les révoltés parisiens, fausse entente avec ces derniers et volonté de leur fausser compagnie à la première occasion pour prendre sur eux sa revanche. C'est la partie la plus mouvementée de cette vie de prince et de fils de roi de celui qui deviendra Charles V le Sage qui a captivé René Héron de Villefosse. On le comprend. C'est bien durant ces années difficiles que Charles fit son apprentissage de futur roi de France, et l'on sait combien il sera soucieux de ne pas reproduire les erreurs de son père Jean le Bon. Même ceux qui n'ont qu'un goût modéré pour les vies de princes et de rois seront sans doute attirés par ce jeune Charles, qui sut rétablir l'autorité de l'Etat, au sens fort du terme en un moment où tout semblait compromis. Gardons-nous toutefois de tout manichéisme, car il est évident qu'un homme comme Étienne Marcel avait également à coeur les affaires du royaume et voulait que l'argent collecté par l'impôt fut employé utilement dans la lutte contre les Anglais sans risquer de tout perdre dans des combats hasardeux où la présomptueuse chevalerie française se faisait généralement dominer par une archerie anglaise bien décidée à terrasser ses ennemis par l'application d'une stratégie qui ne visait qu'à l'efficacité. Charles allait retenir la leçon, s'adapter et trouver la parade. Mais ceci appartient à la seconde période de sa vie, celle qui correspond à son règne.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010).