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Edmond Beaujon (Traducteur)
EAN : 9782702135822
289 pages
Calmann-Lévy (01/08/2005)
3.96/5   85 notes
Résumé :

L'angoisse, l'amour, la mort : Hermann Hesse retrouve à travers quatre nouvelles somptueuses quelques-uns des grands thèmes qui hantent son univers romanesque. Une fois encore, l'écrivain se révèle un fantastique chirurgien des âmes, toujours soucieux de mettre à nu ce qu'il y a de plus absolu et de plus mystérieux dans le maelström des sentiments humains.«La scierie du marbrier» explore les paradoxes de l'amour. «Ame d'enfant» retranscrit les terreurs é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Qu'ont en commun un étudiant en vacances qui découvre son premier amour, un jeune garçon qui dérobe un objet dans le bureau de son père, un homme dans la trentaine qui déraille un peu et un artiste qui essaie de produire son chef d'oeuvre ? Hermann Hesse ! Ces quatre nouvelles ont été réunies dans le recueil intitulé le dernier été de Klingsor. Même si elles traitent de sujets forts différents, voire diamétralement à l'opposé les uns des autres, leur dévelopement et la manière qu'a l'auteur de plongé au coeur de l'âme humaine reste presque inégalée. En ce sens, son écriture me fait penser à celle de Stefan Zweig. Peut-être un peu plus intellectuelle mais tout de même abordable. Et, avec des thèmes aussi universels que l'amour, l'angoisse et la peur, la folie, l'énergie créatrice, la mort, comment ne pas se sentir interpelé ?

Dans «La scierie du marbrier», le jeune narrateur, étudiant passant les vacances d'été à la campagne, s'éprend d'un amour fou pour Hélène mais il apprend qu'elle est promise à un autre. Les deux essaient de prendre des distances pour s'éviter les pleurs inutiles et la séparation inévitable mais, le premier amour – et tous les autres aussi, non ? – c'est toujours le plus terrible et le plus difficile à résister. L'évocation de la nature bucolique et des souvenirs d'enfance aident à entrer dans la peau de ce jeune homme de dix-sept ans, à vivre avec lui cet amour naissant, presque innocent.

« Ame d'enfant » nous ramène au petit garçon – ou à la petite fille – que nous avons été. Dans un moment trouble, sans trop savoir pourquoi, le narrateur de onze dérobe un objet dans le bureau de son père. Ce qui devait arrive se produit : le paternel découvre le méfait. Mais comment lu iexpliquer le désarroi dans lequel on était plongé, comment lui faire saisir qu'on avait besoin de lui ? C'est alors que l'enfant comprend que la figure paternelle n'est finalement pas à la hateur et que, malgré les liens de parenté, jamais il n'y aura de totale communion entre deux êtres. Pour toujours, nous sommes seuls avec nous-mêmes.

«Klein et Wagner» nous plonge dans l'enfer de folie. Un homme en fuite en Italie essaie de comprendre et de rationnaliser les crimes qu'il a commis. Surement une influence de la musique wagnérienne. Mais sa réflexion déborde : qu'en est-il de la responsabilité individuelle, de l'amour, puis de la vie et de la mort ? À trop se perdre dans ses débats intérieurs, on ne sait plus séprarer le réel et l'imaginaire. «Le dernier été de Klingsor» nous élève encore plus. Un peintre, à travers sa démarche de création artisite, recherche la beauté, la perfection. Et peut-être aussi du divin, l'immortalité. Il y parviendra mais à quel prix ?

Tous ces personnages, ils pensent, ils cogitent. Oui, ils sont un peu victimes des circonstances, mais leur expérience les enrichit. Et, à travers leurs monologues intérieurs, on suit leur raisonnement. C'est fascinant. Évidemment, un lecteur plus porté vers l'action risque de s'ennuyer un peu. Je l'ai écrit plus haut, l'oeuvre de Hesse est intellectuelle et ça peut en agacer plus d'un. Au moins, les nouvelles sont variées et pas trop longues. Pourtant, les quatre personnages qu'elles mettent de l'avant, on semble les connaître aussi bien que s'ils nous avaient été décrits en long et en large dans un pavé. C'est ça, le talent. Dans tous les cas, il s'agit d'une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui porte à la réflexion.
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Peur et insécurité durant cette période troublée de mon enfance. Encore une dévorante inquiétude. La réconciliation et l𠆚ngoisse d’une conscience tourmentée. Je faisais vite c’était bâclé. de taches d𠆞ncre. Dans l𠆞xpress qui l𠆞mportait. Il avait exigé beaucoup de la vie et de lui-même. Ogno, Ogna.
L’homme imagine gouverner sa vie en agissant de son propre chef ( Goethe) . L𠆚ngoisse ne cédait la place que dans les moments où il ne critiquait pas lui-même. Quelques vieux messieurs de Tourgueniev et de Fontane ( effi Briest)
Le vallon de Pimpambio, au bon vin, assourdi comme un rêve, sa palette ne comptait que du jaune et du rouge de cadmium, du vert Veronese,et du bleu et violet de Cobalt, de la laque de garance. Ce penchant existait bien mais personne n𠆞n parlait. Li Tai Pe, poète chinois de la boisson, ou Verlaine chinois, aimait les arbres de Judee. Il se prenait à regretter toutes les œillades auxquelles il n𠆚vait pas répondu, vivre nuit et jour à l’état de brasier. rouge, bleu, l�ord de la totalité. On y chantait jamais que par instants. Courir contre tout le monde. Sur les hauteurs de Castagnetta, Klimt regarde toutes les femmes de sa vie, faute de mieux. du café turque en Crete. le Chablis ,ce petit morceau d’étoffe rose. N𠆚urais tu peint que cela, ta vie serait justifiée. Un succédané peu importe que tu sois un moine du mont Athos ou un viveur parisien. C𠆞st tout un. Thu Fu le poète avait retrouvé son ton d’ordinaire si enjoué. Vieux phoque au marasquin. Et nous filons. Louis était parti pour la Chine et entré dans la légende. L𠆞xcursion a Careno ou les maisons jaunes vifs citron semblaient dormir dans la torpeur. Avec le magnifique parasol, je déplorais l’instabilité des choses. C𠆞st une vraie misère de penser. Refuser d𠆚ppendre la sagesse. La vie passe comme un éclair. Ce matin encore. On courait comme Li Tai Pe sur sa barque. Elle subtilise à chacun sa raison. Bambina! Aujourd’hui la journée est magnifique et fleurit une plante merveilleuse qui ne s’épanouit q’une fois. L’oiseau fabuleux n’ a chanté qu’une seule fois. Mon papa ne veut pas que j’épouse un bersaglier. La vieillesse deja? le monte Genaro se dressa devant lui. Nagasaki ou l�rique, la reine des montagnes où habite la fatme, la perle des femmes vers Damas, la formule de Salomon. le défilé de Morbio dans voyage d’orient de Hermann Hesse. Fleurs purpurines. Tes yeux rouges et ta bouche bleue. L𠆞tat libre des iles fortunees. Kill kalia, salue à toi mort vie venue. Vert sourd et mat. Son travail n’était qu’une lutte sanglante contre l𠆚néantissement . Ce qui est pour toi est pour moi une naissance sur le mode Tsing Tse. Il entendait résonner les couleurs. Mais tu es un homme traqué . Elle nous libère de la lus pernicieuse illusion qu𠆞st le tempsj : la magie. J𠆚i souvent giclé de la céruse et l’outre-mer au creux des orbites. Je n𠆚i pas fini de la mettre en joue. Trinque avec moi à la santé de nos tristes carcasses. le coeur lui pesait comme la dalle d’une tombe. Chenu, courbe, édenté. L𠆚rbre de ma vie se dénude feuille à feuille. le peintre de Castagnetta, peu de chose me suffit. La nuit, je m𠆚ssoie ivre. Ma chanson la défie. Les yeux goguenard d𠆞nfant perdu.et des taches ecce homo dit le decadent. Faust et les Karamazoff. Leurs boutons arrondis, près d’éclater, la giroflée plein de miel. Il connaît le nom des fleurs ce que je ne connais pas. Babylone et Berlin. Les flots bruissaient prodigieusement.
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J'ai pris l'habitude de lire les recueils de nouvelles dans l'inspiration du moment, selon les titres. Tout où presque prend ses racines dans l'enfance... Une bonne raison de commencer par « Âme d'enfant ». Ensuite vient le jeune homme amoureux dans « La scierie de marbre », puis à un âge plus avancé « Klein et Wagner » avec une rupture radicale dans une vie de famille bien installée, et enfin, avec « Le dernier été de Klingsor », une période de solitude comme on en connaît tous au moins une fois dans la vie. Quatre périodes de la vie, quatre « saisons » que j'évoque ici dans mon ordre de lecture, formant en arrière-plan un autoportrait précis et complet de l'auteur à travers ses personnages de fiction.

Âme d'enfant :
Racontée à la première personne, est une histoire que j'ai particulièrement aimée. Au bord de la dépression, se sentant « petit et nul », en conflit avec son père, le chemin à trouver dans cette vie compliquée ne va pas de soi pour ce petit garçon au langage soutenu d'écrivain confirmé. Avec la peur de tomber dans le mal, le vol, voire dans le crime. Désordre intellectuel provoqué par le poids d'une éducation religieuse destinée à briser toute résistance. L'auteur cherche aux tréfonds de l'âme humaine, explorant en précurseur, il y a un siècle de cela, les sentiments d'un enfant insoumis. le propos n'est pas à la légèreté même si l'auteur a recours de temps à autre à l'humour.

La scierie du marbrier :
Le narrateur a réussi ses examens. Il a vingt-quatre ans et ce qu'il faut d'argent pour passer deux mois de vacances sans soucis. La nature est exubérante en ce beau mois de juin.
Il est dans cet « élan irrésistible vers le bonheur », évoqué dans la nouvelle Klein et Wagner. Au milieu d'un vallon boisé il découvre une scierie de marbre et fait la connaissance du propriétaire et de sa fille Hélène. le jeune homme est libre, voit s'ouvrir tous les possibles et ne rêve qu'à l'amour. Il perçoit que la jeune fille mélancolique, restant à distance, cache un secret. C'est la nouvelle la plus courte du recueil, peut-être trop courte pour faire passer aussi vite d'une idylle à une vraie tragédie. Angoisse, mystère, amour et mort sont les ingrédients de cette histoire ouvrant le recueil.

Klein et Wagner :
Dans ce récit plus question d'un enfant ayant volé des figues à son père mais d'un dénommé Klein en rupture avec sa femme et ses enfants, fuyant vers l'Italie sous un faux nom – revolver en poche – après avoir détourné de l'argent à son entreprise. Comme une prise de distance avec ce personnage sulfureux, le récit est raconté à la troisième personne. Les thèmes sont l'amour et la dépression, l'espoir d'une nouvelle vie, d'une rencontre qui change tout.
Peut-être la nouvelle la plus tourmentée, à la limite du fantastique avec hallucinations proche de la folie.

Le dernier été de Klingsor :
La religion est présente et Dieu invoqué régulièrement. le Dieu de Hermann Hesse n'est pas un Dieu soumettant l'homme, il semble plutôt assimilé à la nature, à la vie dans son ensemble dont l'homme n'est qu'un élément parmi d'autres. A travers ce peintre nommé Klingsor, l'auteur mène une introspection poussée sur la fonction de l'art et sur la mort. Un court roman qui me semble donner un reflet particulièrement saisissant des aspirations et des angoisses d'Hermann Hesse :
« Il plongeait furieusement son pinceau dans le cadmium ou le cobalt aux fraîches tonalités, il étirait par touches fluides la laque de garance à travers l'or et le vert du ciel. »
J'ai aimé et trouvé très actuelle la façon qu'à le narrateur de voyager dans des contrées extraordinaires… en fait dans la campagne environnante, par sa seule intense vie intérieure. On est loin des impératifs modernes de consommation effrénée, d'impératifs de destinations lointaines ! Lui trouve l'exotisme au cours d'une promenade ou à l'évocation d'un poème avec un ami.

La chute est à la hauteur de cette belle et longue nouvelle.
Hermann Hesse est un écrivain, poète et peintre allemand, ayant pris à partir de 1924 la nationalité Suisse, lauréat du prix Nobel de littérature 1946. Sa famille était dans la frange piétiste du protestantisme allemand, prônant une éducation extrêmement dure. Homme revendiquant son libre arbitre, il gardera toute sa vie une opposition farouche à l'autorité. Quand il écrit Âme d'enfant c'est un peu la sienne qu'il décrit ; Klein et Wagner représente la fuite et l'errance qu'il a connu plusieurs fois. le dernier été de Klingsor est le reflet du grand promeneur qu'il a été, peignant des paysages. La fiction part chez lui de ce qu'il a vécu, toujours...

La nature, les saisons, les couleurs sont au coeur de récits où il explore et peint l'âme humaine, exaltant la vie quand elle n'est pas sous contrainte. Il y a là bien des raisons de nous y intéresser face aux questions actuelles de dérèglement climatique et d'injonction à la soumission à un ordre du monde pourtant mortifère. Écrits bien avant le loup des steppe et Narcisse et Goldmund, ils sont d'une grande modernité et donnent un bel aperçu du génie de cet immense auteur. C'est mon avis… le partagez-vous ?

Certains éléments biographiques repris dans cette chronique sont tirés du documentaire : « Hermann HESSE – Un siècle d'écrivains : Être poète ou rien du tout ». Je vous le recommande si vous vous intéressez à cet auteur !
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Chronique avec photos sur Clesbibliofeel ou Bibliofeel, lien direct ci-dessous...
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Challenge Nobel de littérature 2013.2014

Dans le dernier été de Klingsor, quatre nouvelles:

- La première "La scierie du marbrier" . Un jeune homme s'éprend de la fille du marbrier et lui rend souvent visite. Son fiancé ne dit mot, n'imaginant pas les conséquences.

- Dans la seconde, le narrateur parle de son enfance et du vol d'un collier de figues dans la chambre de son père.

- Dans la troisième , Klein quitte le pays après avoir changé de nom, détourné de l'argent et falsifié ses papiers. Il revoit son passé et cherche à comprendre son geste.

- La quatrième nouvelle raconte le dernier été du peintre Klingsor où il peint son portrait: " le monde n'a jamais été aussi beau et son art si brillant".

Hermann Hesse,prix Nobel de littérature en 1946, a une belle écriture, mais ses narrateurs cogitent beaucoup et cela a fini par me fatiguer. Je n'ai peut-être pas lu ce livre au bon moment!
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Quatre nouvelles mais presque de vrais petits romans, tant elles en ont la densité. Angoisse, amour et mort en sont les principaux thèmes communs mais avec des éclairages différents.
« Scierie du marbrier » nous parle de l'absolu de l'amour ;
« âme d'enfant » dit toutes les terreurs, vaines mais bien réelles, d'un enfant dans le monde des adultes, révolte, espoir et désespoir, l'impossibilité de s'expliquer.
Dans « Le dernier été de Klingsor » c'est tout l'amour de la belle nature et la recherche du divin en toute chose, qui sont explorés ici dans un conte sur le thème de la création artistique.
Quant à « Klein et Wagner », le plus désespéré peut être, est l'histoire d'un homme qui se perd, une allégorie sur l'amour et la mort.
J'avais beaucoup aimé "âme d'enfant" qui nous plonge au coeur de notre sensibilité enfantine, dans la clairvoyance toute spéciale que nous avons des choses et des êtres qui nous entourent, dans cet état de dépendance empreinte tour à tour de félicité et de désespoir, dans notre impuissance à nous exprimer. Quand on repense à cela, à tout ce qui nous animait ou nous effrayait alors, on ne peut que changer le regard que nous posons sur l'enfant afin qu'il soit peut être un plus précautionneux ...
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
D'une traite, je pris ma course et grimpai d'abord dans la montagne, m'élevant jusqu'à la forêt. Du mont des Chênes, je redescendis vers le moulin de la Ferme, où je traversai le chemin pour reprendre ma course à travers les forêts. C'était là que nous avions établi notre dernier camp d'Indiens ; là que, l'an dernier, mon père étant en voyage, notre mère avait fêté Pâques avec nous et caché les oeufs dans la forêt, sous la mousse. En ce même lieu, j'avais construit avec mes cousins, pendant les vacances, un château fort qui était encore à moitié debout. Partout, des témoignages du passé me renvoyaient comme en un jeu de miroirs une toute autre image de moi-même. Avais-je donc été ce garçon-là? Si gai, si content, si généreux, bon camarade, fils tendre et attentif, en somme prodigieusement heureux et libre de tout souci?
Comment expliquer ce changement total, qui faisait de moi un être à ce point agressif, inquiet, départagé? Les choses n'avaient pas changé, pourtant : la forêt, le fleuve, les fougères, les fleurs, le château fort, les fourmilières, et cependant tout était empoisonné, dévasté ; le retour était-il donc impossible vers le pays de l'innocence et du bonheur? Pourrais-je une fois retrouver cette gaieté, ces jeux avec mes soeurs, cette quête des oeufs de Pâques?
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Merveilleuse perspective : une vie sans angoisse! Surmonter l'angoisse, c'était le salut, le bonheur suprême. Toute sa vie, il avait souffert de l'angoisse, et voilà qu'à l'instant où la mort le tenait à la gorge, il en était délivré ; toute peur, toute épouvante avait disparue ; il n'éprouvait que détente, libération, il se sentait en accord avec le monde. Soudain, il découvrait ce qu'est l'angoisse, et qu'elle ne peut être dominée que par l'homme qui en a reconnu la nature. Mille choses pouvaient créer en nous un état d'angoisse : l'idée d'avoir à souffrir, celle d'avoir à se présenter devant des juges ou d'écouter ce que vous dit votre propre coeur ; on se tourmentait à l'idée de dormir, de se réveiller, de rester seul, d'avoir froid, de succomber à la folie, à la mort. Mais tout cela n'était que feinte et déguisement. En réalité, l'angoisse avait une seule cause : la perspective de se laisser aller sans résistance possible, la prévision de l'ultime pas à franchir dans l'inconnu, qui vous ferait lâcher prise et quitter toutes les protections dont on s'était entourée. Celui qui une fois, une seule fois, s'abandonnait et s'en remettait totalement au destin par un acte de confiance absolue, celui-là était libéré. Il n'était plus soumis aux lois terrestres, il s'intégrait à l'espace cosmique et participait aux mouvements des astres. Oui, c'était aussi simple que cela. N'importe quel enfant aurait pu le comprendre.
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Je me trouvai soudain devant la porte dont je m'étais promis que mon regard ni ma main ne sauraient plus rien. Il était trop tard. [...]
Hélène était en face de moi. [...]
Ses yeux me fixaient avec gravité. Un long moment, leur regard soutint le mien.
"Vous rappelez-vous, lui dis-je, un jour, au jardin ?
- Oui, je me souviens.
- Hélène, j'ai cru, à ce moment-là, que vous m'aimiez. Maintenant, je dois partir".
Elle retint ma main dans la sienne et m'attira vers la fenêtre.
"Laissez-moi vous regarder une fois encore", me dit-elle, et, de sa main droite, elle me fit lever un peu la tête. Alors elle approcha ses yeux des miens et me pénétra d'un regard extraordinairement ferme, impassible. Son visage était tout près du mien et je ne pus faire autrement qu'appliquer mes lèvres sur les siennes. Elle ferma les yeux et me rendis mon baiser. Je la saisis dans mes bras et murmurai :
"Mon trésor, pourquoi aujourd'hui seulement ?
- Tais-toi ! reprit-elle. Va-t'en et reviens dans une heure."
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A partir de ce jour-là et malgré un certain pressentiment du bonheur, les choses se gâtèrent sérieusement pour moi. La mélancolie me consumait, telle une faim dévirante ; finis le sommeil, la paix de l'âme ; le monde sombrait autour de moi ; coupé de tout, emprisonné dans la solitude et le silence, je ne percevais rien d'autre que les cris plus ou moins distincts de ma souffrance. Je rêvais que la belle et grave jeune fille s'approchait de moi, se blottissait contre ma poitrine ; puis en larmes et plein de rage, j'étreignais le vide et rôdais nuit et jour autour du moulin où je n'osais même plus entrer.
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Bien que j'eusse peur de mon père, je trouvais parfois du secours auprès de lui, dont j'avais beaucoup à me faire pardonner. S'il était plus simple de chercher le réconfort chez ma mère, la consolation avait plus de prix, venant de mon père : elle impliquait la paix avec la conscience morale, la réconciliation et un nouveau pacte avec les puissances du bien. Après des pénibles scènes, des explications, des aveux et des punitions, il m'était arrivé souvent de sortir ragaillardi et purifié de la chambre paternelle. Non sans correction ni réprimande, certes, mais raffermi par de nouvelles résolutions, encouragé par mon alliance avec le Tout-Puissant contre le Malin.
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Après "Bienvenue au club", le CNL en partenariat avec Public Sénat, met en avant les conseils des lecteurs en leur donnant la parole dans l'émission #LivresetVous. Une nouvelle chronique à ne pas manquer tous les vendredi à 17h30.
Que peut nous apprendre la philosophie au quotidien?Pour répondre à cette question Guillaume Erner est accompagné de Géraldine Mosna-Savoye et d'Emmanuel Kessler. Cette semaine, David, étudiant et membre du club de lecture de l'université d'Orléans, répond au thème de l'émission en convoquant « Siddharta » de Hermann Hesse, et «l'insoutenable légèrté de l'être » de Milan Kundera.
Une émission présentée par Guillaume Erner, en partenariat avec France Culture.
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