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Alexandra Cade (Traducteur)
EAN : 9782253933687
123 pages
Le Livre de Poche (15/10/2002)
3.85/5   24 notes
Résumé :

On part pour se retrouver. Ainsi, quand Hermann Hesse entreprend ce court voyage à Nuremberg, quelques années après la Première Guerre mondiale, des rêves anciens, des images de son enfance remontent à la surface et troublent la vision du paysage actuel. Il se laisse guider par son âme, pour faire résonner un monde profond, enseveli sous les apparences du progrès : Car nous n'avons rien à apposer à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
D'une délicatesse vivifiante, le voyage à Nuremberg est un pur concentré de Hesse. Deux mois de voyage pour un saut de puce du Tessin à Nuremberg avec quelques conférences littéraires en toile de fond et déjà tant de questions et si peu de réponses. Quand Hermann Hesse prend le train en égrenant villes, séjours, amis et paysages c'est pour mieux écouter comment le monde retentit en lui-même. Avec cette magistrale spécificité : parce qu'il est profondément humaniste, Hesse n'aime pas être dérangé.
Entre constante recherche de soi, quête de connaissance et farouche indépendance, dans un style d'une absolue limpidité, Hesse se met lui-même en scène, comme dans tous ses écrits, sorte d'aller-retour entre artiste et penseur, sans jamais dévoiler toute la profondeur de ses secrets. Maintenir ce fragile équilibre quasi musical entre moi profond condensé sur sa quête de sens et expansion de l'homme dans le monde. Armé de ses seules confidences à moitié offertes, Hesse l'émotif ne s'épanche jamais : il prend son temps, sa façon à lui de détourner lois et conventions, en rebelle tranquille. Quand il effleure ses déchirures, Hesse n'en donne jamais les dimensions.

Suivre les empreintes d'Hermann Hesse et ce retour à pas de velours sur son enfance Souabe où Hölderlin, sa lune et ses élans sont omniprésents. Merveille entendue, à l'adolescence, enchantement poétique, car Hesse est habité de poésie. Eternel chercheur d'instants de grâce, il se promène dans sa mémoire et ses tentations. Tentations du rêve.
Car la part du rêve est une part du chemin, et ce rêve est issu de l'écriture, mais sans jamais fuir la souffrance de vivre. Pour lui, toute route est élan initiatique où la béatitude suprême serait dans la sincérité mystique d'un paysage naturel, le temps d'une promenade, plutôt que dans un sacerdoce. Errance du regard pour suspendre la course du temps et capter un instant d'extase fécond de questionnement.

Mais aussi refus de la modernité industrielle et surtout de sa vitesse, car Hesse-le-rêveur exècre le monde pressé, la vie hâtive mécanisée, qui condamnent l'humaine promenade pour instaurer une course manufacturée peuplée de travailleurs inquiets. Exister prend du temps, comme l'amitié et ses fidélités autour d'un verre de vin nouveau, comme prennent du temps les voûtes d'une église ou l'angle fleuri d'un jardin.
Et enfin cet humour de Hesse qui exige d'avoir assez souffert pour s'ennuyer des vanités intellectuelles et ne pas prendre la littérature trop au sérieux, bien au contraire : écrire entre espoir et anxiété, expérimentant chute et plénitude, pour librement participer au monde mais sans la certitude de savoir d'où pourrait bien venir notre Salut.
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Hermann Hesse tel que nous l'apprécierons à jamais !

Quelques années après la Première Guerre mondiale, l'auteur entreprend un voyage jusqu'à Nuremberg en s'arrêtant dans d'autres villes pour retrouver ses amis, la nature et lui-même. La méditation sur le temps qui passe est au coeur de l'ouvrage.

Pour mémoire, Prix Nobel de Littérature en 1946. Les temps ont bien changé ...
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Cet écrit relate un voyage de deux mois du Tessin à Nuremberg qu'entreprend Hermann Hesse pour donner diverses conférences. Il n'est pas question d'un marathon mais bien de prendre son temps, de pouvoir retrouver des lieux, des amis et pourquoi pas une petite cure tout en sachant qu'il devra se rendre à tel ou tel endroit pour les rencontres. Peu de descriptions les villes visitées c'est surtout son ressenti, ses souvenirs, c'est une contemplation, une méditation sur le temps qui passe, sur la création littéraire, sans oublier la nature toujours présente et très bien décrite.
Un livre qui permet d'avoir le ressenti, le discernement de l'auteur, je dirais en instantanée et pourtant presque un siècle nous sépare.
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Allemand de naissance, mais installé en Suisse depuis 1912, successivement à Berne (Ostermundigen) puis à Montagnola, Hermann Hesse entreprend en 1925 une série de conférences en Allemagne qui le mèneront à Ulm, à Augsbourg, à Munich, et finalement, à Nuremberg.

« On part pour se retrouver ». En fait un impérieux besoin le taraude de revoir Blaubeuren et la Souabe de son enfance. Un retour aux sources en quelque sorte : plaisir de revoir des lieux, des amis…

« le voyage à Nuremberg » est bien plus qu'un simple récit de voyage. Il s'agit en fait d'une méditation mélancolique sur le temps qui passe, l'amitié, la création littéraire, la connaissance de soi, bref, du Hesse dans le texte...
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Hermann Hesse dans ce texte court de 1927 nous montre une fois encore une splendide humanité, idéaliste en proie à la réalité, avec l'humour comme solution. La souffrance alternant avec des moments de grâce. Qui seuls donnent la force et la possibilité de poursuivre une vie dans un monde déjà de plus en plus fou, froid et pollué.
Le style n'est pas exceptionnel (par rapport à d'autres du génie) mais il est juste tout le temps. Et parlant directement de lui, se prenant lui-même comme personnage, sa sincérité fait mouche.
Une mouche qui bourdonne, comme une abeille, comme une transporteuse de vie.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Tous ces lieux étaient d'une grande beauté, mais ils étaient à présent cernés par la grande ville affairiste, froide et triste, par le bruit des moteurs pétaradants, par les files de voitures. Tout frémissait légèrement au rythme d'une époque nouvelle. Mais cette époque ne construisait pas de voûtes sur croisées d'ogives et ignorait l'art d'orner les cours silencieuses de fontaines aussi gracieuses que des fleurs. Tout semblait prêt à s'effondrer dans l'heure suivante car plus rien n'avait de sens ni d'âme.
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Une fois de plus, je sentais violemment s'opposer en moi deux pôles de ma personnalité, je sentais osciller les passerelles aériennes au-dessus de l'abîme qui sépare le réel et l'idéal, la réalité de la beauté ; passerelles créées par l'humour. Oui, c'était cela ; grâce à l'humour, on pouvait endurer cette situation, on pouvait même supporter l'existence des gares, des casernes, des conférences littéraires. En riant, en refusant de prendre au sérieux la réalité, en ayant constamment en tête sa fragilité extrême, il devenait possible de vivre. Un jour peut-être, les machines, prises de folie meurtrière, se battront entre elles, les fabriques d'armes et de munitions dégorgeront leur bazar, un jour ou l'autre l'herbe repoussera, les belettes et les martres se faufileront à nouveau là où se dresse aujourd'hui une grande ville. Non, il n'était pas nécessaire de prendre ce monde étrange au sérieux, il n'était pas nécessaire de lui faire cet honneur.
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Ceux-ci peuvent écrire ce qu’ils veulent ; tous les titres et sujets de livres ne sont que des prétextes. En vérité, ils parlent tous et toujours d’une seule et unique chose de la singulière tristesse de la vie et, qu’on me permette l’expression « des emmerdes » qu’elle génère. Mais ils s’étonnent en même temps que cette existence misérable pusse tout de même être si belle et délicieuse. (Page 27)
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Je pourrais aussi mentionner le fait que je ne gaspille pas mon temps par simple paresse ou par manque d’ordre. Enfin, je pourrais dire que dans mon mode de vie, je proteste consciemment contre la phrase la plus folle et la plus sacrée du monde moderne, celle qui dit que le temps c’est de l’argent. En soi, cette affirmation est sans doute totalement vraie ; on peut facilement transformer du temps en argent comme on peut aisément produire de la lumière et de la chaleur à partir du courant électrique. Cependant ce truisme (qui est l’un des plus sots jamais inventé par l’humanité) touche à l’absurde et au vulgaire lorsqu’il attribue obligatoirement à « l’argent » une valeur suprême. Mais ne me demandez pas de me justifier car, malgré tout ce que je peux prétendre, je suis un homme oisif qui gaspille son temps, aime la tranquillité et répugne à travailler ; ne parlons pas des autres vices. (Page 21)
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Quoi que les humoristes écrivent, les thèmes qu'ils empruntent et les titres qu'ils donnent à leur oeuvre ne sont que des prétextes. Ils n'ont tous et toujours qu'un seul thème : la singulière tristesse et la chierie de la vie humaine et l'étonnement de ce que cette vie si misérable puisse être cependant si précieuse et si belle.
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Après "Bienvenue au club", le CNL en partenariat avec Public Sénat, met en avant les conseils des lecteurs en leur donnant la parole dans l'émission #LivresetVous. Une nouvelle chronique à ne pas manquer tous les vendredi à 17h30.
Que peut nous apprendre la philosophie au quotidien?Pour répondre à cette question Guillaume Erner est accompagné de Géraldine Mosna-Savoye et d'Emmanuel Kessler. Cette semaine, David, étudiant et membre du club de lecture de l'université d'Orléans, répond au thème de l'émission en convoquant « Siddharta » de Hermann Hesse, et «l'insoutenable légèrté de l'être » de Milan Kundera.
Une émission présentée par Guillaume Erner, en partenariat avec France Culture.
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