AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 825 notes
Il y a des romans qui vous happent littéralement, à peine avez-vous mis le nez dedans que vous n'arrivez plus à vivre normalement. Vous devenez accro à l'histoire et au style, et rien n'a plus d'importance à part ce sacrément bon polar.
Vous négligez tout, votre conjoint (pas le temps pour des calinous), les chats (ils sont bien gras, ils mangeront demain) vous oubliez le gratin dans le four (deux heures trente de cuisson, c'est peut-être un peu trop), vous zappez la douche avant le travail pour pouvoir finir un chapitre (vous mettrez un peu plus de parfum !), vous prétendez avoir besoin d'aller aux toilettes au boulot toutes les 10 minutes juste pour lire en douce quelques pages…
Bref, ce roman japonais est vraiment bon, le style est assez froid, un peu distant mais cela s'accorde très bien avec l'histoire.

Justement qu'en est-il de l'histoire ?
Une jeune femme reçoit un drôle d'héritage à la mort de son père : une grosse clé et un plan d'accès intrigant. Elle décide alors de faire appel à un ancien petit ami pour découvrir l'endroit dont il s'agit, et à partir de là, on ne décroche plus de cette histoire qui nous emmène dans une étrange maison cachée, à la recherche d'un passé oublié.
D'indices en indices, nous allons réveiller bien des fantômes et mettre à jour des secrets longtemps enfouis.
Bon, vous l'aurez compris, j'ai adoré et je le recommande chaudement à condition de ne rien avoir d'urgent ou d'important à faire dans les prochaines heures.
Commenter  J’apprécie          11511
Un polar noir obsédant, d'une froideur étrange, un huis-clos lugubre oppressant, totalement addictif !

Je n'ai pas pu lâcher ce livre avant de l'avoir fini tant il est haletant. Impossible de le poser sans savoir ce qui se passe. Ce d'autant plus que la construction est brillante, si nous pensons parfois détenir des bribes d'explications, elles partent aussitôt en lambeaux quelques pages plus loin. Nous ne comprendrons qu'à la toute fin l'histoire, reconstituant peu à peu le puzzle d'une tragédie vertigineuse. C'est d'autant plus passionnant que Keigo Higashino traite d'une thématique sensible, celle des lacunes de notre mémoire et de la quête d'identité consécutive. Et ce que cachent ces lacunes.

Sayaka Kurahashi contacte son ancien petit ami pour lui demander de l'aide. A la mort de son père, elle a reçu une étrange clé à tête de lion et un plan conduisant à une bâtisse totalement isolée dans les montagnes, près du lac de Matsubara. Elle sent que cette maison recèle peut-être des explications au trouble dont elle souffre confusément : une amnésie concernant sa jeune enfance. Elle ne se souvient en effet de rien avant ses cinq ans, pas le moindre petit souvenir, amnésie amplifiée par l'absence totale de photos d'elle avant son entrée en primaire dans les albums de photos familiaux. Elle a besoin d'y aller car elle va mal et pense trouver une explication à son mal-être. Mariée à un homme d'affaires souvent absent, elle maltraite en effet sa petite fille de trois ans et a peur de commettre l'irréparable.
Ils vont découvrir une étrange demeure manifestement abandonnée, à la porte condamnée et dont la clé à tête de lion ouvre une discrète porte au sous-sol. A l'intérieur, le temps semble s'être arrêté, tout est laissé en plan comme si les habitants étaient partis dans la précipitation, comme semblent l'indiquer les tasses sur la table, les vêtements sur cintre, les cahiers ouverts sur les bureaux. Tout semble s'être arrêté exactement à 11h10, horloges et montres figées à cette heure-là, vingt-trois ans plus tôt. Dans une chambre d'enfant ils vont trouver le journal intime du petit garçon qui vivait là et comprennent peu à peu l'ampleur de la tragédie qui a eu lieu.

Je n'ai pu m'empêcher de me demander quel était mon plus vieux souvenir, de me remémorer là où j'ai vécu enfant. Une part de moi y est-elle encore ou y est-elle morte, je ne saurais le dire, sans doute les deux, mais elle est indéniablement constitutive de ce que je suis devenue. Comment peut-on se construire sans souvenir ? L'amnésie n'est-elle pas un réflexe de défense de l'organisme face à un traumatisme ?

"Chacun n'a-t-il pas une maison où l'enfant qu'il était est mort autrefois ? "

Ne surtout pas en dire plus, si ce n'est que la construction est brillante ; l'écriture épurée et concise, incisive pourrait-on dire, sans fioritures ni digressions poétiques, au service de l'ambiance lugubre et angoissante ; le déploiement de l'intrigue est implacable pour d'autant mieux nous glacer ; la personnalité des personnages semble assez froide de prime abord pour mieux nous surprendre ensuite ; le suspense engendré par les secrets de la maison, thème également passionnant, est menée de main de maître. La lecture se fait véritablement en apnée. le titre interpelle immédiatement, l'incipit laisse perplexe, nous voilà bien harponné, jusqu'à la dernière phrase. Savoureusement haletant !

Commenter  J’apprécie          9645
J'ai découvert récemment la littérature japonaise avec des titres qui m'ont fait sortir de mes habitudes, une incursion dans une autre culture et d'une certaine façon, la découverte d'un autre univers. Je souhaitais poursuivre l'expérience avec des polars et des romans noirs, et le nom de Keigo Higashino m'a été suggéré, un choix judicieux.
Je vais le dire tout de suite, j'ai adoré cette lecture, beaucoup aimé l'écriture et le style de l'auteur, mais surtout j'ai admiré la construction de cette histoire dont je reprends l'excellent résumé d'introduction si dessous.

"Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d'affaires absent, mère d'une fillette de trois ans qu'elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n'a aucun souvenir avant l'âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d'elle au berceau, faisant ses premiers pas… Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l'y accompagner".

Inutile de préciser qu'avec une telle introduction, on croit se douter du fin mot de l'histoire et des causes de ce mal-être, c'est compter sans le scénario concocté par Keigo Higashino qui va nous proposer quelque chose de complexe et assez original, à savoir l'exploration d'une maison remplie de secrets et d'indices.
Une enquête aux allures d'un "escape game", une exploration méticuleuse où l'auteur fait lentement monter la pression avec une rare maestria et sans effets superflus, utilisant la logique comme seul boussole, nos deux enquêteurs ayant chacun leurs points forts, réminiscence et intuition pour Sayaka et logique "scientifique" pour son ami.
Nous avons ici plus à faire à un roman noir qu'un polar, le génie de ce scénario étant dû essentiellement au fait que les investigations vont être menées par deux personnes tout à fait "ordinaires". Dans cette histoire il sera aussi question de psychologie et de théories sur l'amnésie et les blocages psycho somatiques, de leurs conséquences comportementales, un atout de plus pour cette lecture captivante.
Je ne vais pas en dire plus, j'ai apprécié de bout en bout, le rythme est idéal et l'ensemble parfaitement maîtrisé, en un mot, c'est brillant, je ne compte pas m'arrêter là avec Keigo Higashino !
Commenter  J’apprécie          8131
Chacun de nous se rappelle plus ou moins de sa petite enfance : bribes d'évènements familiaux, endroits insolites, jeux particuliers, frayeurs parfois…

Le personnage principal de « La Maison où je suis mort autrefois », Sayaka, n'a aucun souvenir de ses premières années. Pas une photo de famille, pas une allusion de ses parents à sa tendre enfance auxquelles elle pourrait se rattacher !

Est-ce la raison pour laquelle, aujourd'hui jeune maman, elle ne supporte pas sa petite fille au point de la maltraiter ? Ses actes insensés ne trouvent-ils pas leurs origines dans des évènements potentiellement traumatiques qu'elle aurait vécus toute petite ? le phénomène déclencheur de ses pulsions suicidaires serait-il dû à cette amnésie incompréhensible ?

Livrée à elle-même, son mari est à l'étranger pour plusieurs mois, Sayaka sollicite l'aide de son ex petit ami lequel est devenu scientifique mais resté célibataire.
Celui-ci en pince toujours pour la jeune femme et les voilà tous deux, le samedi suivant, à plusieurs heures de voiture de Tokyo dans une maison inoccupée mais meublée.
Feu son père a laissé à Sayaka une enveloppe avec un plan indiquant le chemin conduisant à celle-ci ainsi qu'une clé permettant d'y entrer.

De façon habile, Keigo Higashino livre une à une les pièces d'un puzzle macabre et plonge le lecteur dans un huis-clos captivant sur les pas de ces deux explorateurs.
Peu à peu les indices découverts à différents endroits de la demeure apportent de l'eau au moulin de leurs supputations.
Son ami scientifique s'avère un fin limier et aide brillamment Sayaka à transformer en évidences factuelles les incohérences matérielles observées ici et là.

Isolez-vous une poignée d'heures dans cette bâtisse poussiéreuse, sans eau ni électricité !
Cet inconfort passager est le prix à payer pour découvrir un à un les secrets d'une famille cruellement éprouvée par le destin.



P.-S. : Si vous prenez plaisir à lire ce très bon thriller, vous apprécierez également l'excellent « le Dévouement du suspect X » du même auteur.
Commenter  J’apprécie          690
La maison où je suis mort autrefois est un roman très bien construit et subtil qui m'a captivé. Je l'ai lu d'une traité, englué dans le récit de Higashino.

Le narrateur est recontacté par son ex-petite amie qui lui demande de l'aide pour aller visiter une vieille maison reçue de ses parents. Elle ne se souvient pas de son passé avant sa cinquième année et est persuadée que la visite de cette maison isolée et mystérieuse pourrait lui faire revenir la mémoire, ce qui est important pour elle car elle veut pouvoir analyser les raisons profondes qui font qu'elle maltraite sa fille et qu'elle pense liées à son enfance... Entrés dans la maison abandonnée, les deux personnages se retrouvent englués dans une atmosphère oppressante, d'autant plus que la demeure est étrange et semble avoir abrité des événements tragiques...

Le style de Higashino est concis, sans fioritures, ce qui permet de créer une atmosphère étriquée et angoissante, car le lecteur suit pas à pas les événements et retient toujours son souffle.

C'est cela qui m'a frappé : normalement, rien ne devrait nous stresser, puisque la maison est abandonnée et que les faits se sont produits il y longtemps ; mais l'auteur parvient à nous angoisser, cette maison est étouffante et on sent que quelque chose d'anormal s'y est produit. de ce fait, le lecteur est sans cesse dans l'expectative, et attend avec anxiété la suite des événements. Toutefois, il n'y a ici nulle épouvante, puisqu'il ne peut rien arriver de physique aux personnages ; la crainte provient de ce que l'on pourrait apprendre, du pressentiment funeste que l'on a dès le début du récit. Hishigano parvient à livrer un livre étonnant à la tension psychologique et au suspens fort, ce qui est paradoxal puisque l'action se passe dans une demeure abandonnée. C'est un tour de force !

Un autre aspect intéressant de ce livre est qu'il constitue une reflexion tres pertinente de l'influence du passé sur les individus. En effet, il présente Sayaka qui veut connaître son passé car elle croit que cela pourra l'aider à résoudre ses problèmes, mais la découverte de faits tragiques la concernant et qui au passage bouleversent plusieurs de ses certitudes ne sont-ils pas de nature de l'affaiblir psychologiquement voire de la rendre malheureuse ? La réponse de l'auteur semble être la suivante : même si on veut le nier ou on le méconnaît, notre passé s'impose à nous de manière impérieuse, car c'est lui qui nous construit et nous structure.

Au final, en dépit de son apparente simplicité au niveau de l'intrigue, La maison où je suis mort autrefois est un récit captivant et fort qui interroge les liens des individus avec leur passé.
Commenter  J’apprécie          522
La maison où je suis mort autrefois, un titre singulier pour un récit posthume...
Sayaka, mariée avec un homme d'affaires souvent absent, avec un enfant, ne se souvient d'absolument rien avant ses 5 ans. A la mort de son père, elle reçoit une clé et un plan qui semble conduire à une vieille maison isolée, au bord d'un lac. Persuadée que cette maison est le seul moyen qu'elle a de retrouver la mémoire, elle appelle son ex petit ami pour qu'il l'accompagne à la quête de ses souvenirs perdus. Dans cette demeure où règne une atmosphère inquiétante, les deux amis vont aller de surprise en surprise.
Dans ce polar noir, Keigo Higashino traite de l'amnésie, de l'enfance et du rapport entre ce que nous étions étant enfant et ce que nous sommes devenus.
Higashino nous livre ici un huis clos angoissant et oppressant.
Un auteur à suivre ....
Commenter  J’apprécie          421
Le héros narrateur, dont on ne connait pas le prénom, a été en couple pendant six ans avec Sayaka Kurahashi, depuis le lycée jusqu'à la quatrième année d'université, jusqu'au jour où elle l'a quitté. C'était une relation tranquille, amicale et équilibrée, sans grande passion. Ils ne s'étaient jamais engagés l'un vis-à-vis de l'autre, aussi lorsqu'elle lui a annoncé qu'elle avait rencontré quelqu'un, il ne s'est pas senti en droit de la retenir.

Sept ans plus tard, au début de l'été, ils se retrouvent à une réunion d'anciens élèves. Une semaine après, Sayaka l'appelle chez lui pour lui demander un service, que selon elle, lui seul peut lui rendre. Elle veut percer le mystère de sa perte de mémoire : elle n'a aucun souvenir d'enfance. Elle lui dit que son père est mort, il y a un an d'un infarctus, et qu'il a laissé une enveloppe avec un plan sommaire et une clé avec une tête en forme de lion. Elle explique que son père s'absentait souvent, soi-disant pour aller à la pêche mais que curieusement en rentrant il ne nettoyait pas sa canne. Elle pense qu'il mentait et elle veut aller à l'endroit indiqué sur le plan pour en avoir le coeur net, et vaincre son mal être existentiel.

Après s'être fait prier, l'homme accepte. Il espère secrètement renouer avec elle. Leurs échanges sont teintés d'ambiguïté des deux côtés.

Arriver à cette maison isolée, cachée, n'est pas une sinécure, mais ils finissent par y parvenir.

C'est le début de toute une série de découvertes troublantes, à commencer par l'entrée qui ne se fait pas par la porte principale, mais par le sous-sol, de montres et horloges toutes arrêtées à 11h10… je n'en dis pas plus…

Est-ce que Sayaka va retrouver la mémoire, se souvenir de son enfance ?
A-t-elle vécu dans cette maison ?
Quel est l'origine de son traumatisme ?
Le temps des investigations, nos deux héros vont être très proches, vont-t-ils s'aimer à nouveau ?

Pour trouver les réponses à ces questions, il faut lire La maison où je suis mort autrefois.

Le rythme est très lent. C'est une écriture pointilliste, qui s'attache aux détails, qui s'attarde sur des constatations banales pour, par recoupements et un examen attentif, identifier les éléments qui permettent de cheminer d'une fausse réalité apparente vers la vérité. On oscille entre le présent et le passé, entre deux rivages flous.

Je suis très sensible à ce style singulier, imprégné de japonisme, qui me semble familier, qui me rappelle Haruki Murakami ou Seicho Matsumoto. Cette minutie est symptôme de maniaco-dépression.

Je ne qualifierais pas La maison où je suis mort autrefois de polar proprement dit mais plutôt de roman noir intimiste.

C'est ma deuxième rencontre avec Keigo Higashino. En mars 2019, j'ai lu La fleur de l'illusion que j'ai beaucoup aimé. C'est un auteur que j'ai plaisir à suivre.

Les décors sont différents, dans La maison où je suis mort autrefois (1994), nous sommes dans un huis-clos oppressant entre un homme et une femme, dans la Fleur de l'illusion (2013), nous nous déplaçons dans la ville de Tokyo, le marché aux ipomées…, et il y a plusieurs personnages.

Dans le premier, le propos est resserré, bien centré, tandis que dans le deuxième le discours est plus foisonnant.

Cependant, nous sentons bien la même patte, à noter que les dates de publication des deux romans montrent un écart de presque vingt ans.

Les deux récits sont méticuleusement construits et bien structurés. On retrouve, en commun, certains thèmes chers à l'auteur : les non-dits dans la famille (et aussi dans une relation amoureuse), la violence intérieure, la quête d'identité, le questionnement sur la notion de réalité (ou vérité), l'amour platonique ou la jouissance du désir non assouvi…

Tous deux démarrent par une introduction dont on ne saura qu'à la fin quel est son rapport avec l'histoire.

La maison où je suis mort autrefois fait partie de ces livres que je n'ai pas pu lâcher avant la fin. Je l'ai lu en quelques heures entre 2023 et 2024.

Je tiens à remercier, encore une fois, Chrystèle, @hordeducontrevent, qui avec sa brillante critique de la maison où je suis mort autrefois a rappelé à mon bon souvenir Keigo Higashino.
Commenter  J’apprécie          4110
Une femme sans mémoire cherche un lieu d'où elle pourrait remonter le temps. Et elle le trouve : une maison dans laquelle on ne peut progresser qu'à l'envers parce qu'on ne peut y entrer que par la porte de derrière.
Il ne fait pas de doute que l'enquête révélera un traumatisme : pas de révélation fracassante dans ce vrai faux polar mais une atmosphère angoissante intelligemment entretenue par une métaphore doublement filée.
L'un des personnages, aux ⅔ du roman, évoque le palais de Cnossos, rare lieu où s'exprime la si mal connue civilisation minoenne.
« À l'intérieur, il y a une pièce qui a donné bien du mal aux archéologues. Au premier coup d'oeil, elle ressemble à la chambre du roi, mais on s'est aperçu qu'il y avait plein de détails qui ne collaient pas. Tout le monde se demandait à quoi avait pu servir cette mystérieuse pièce.
— Et à quoi servait-elle ?
— À force de réfléchir, les chercheurs ont fini par trouver la réponse. Il s'agissait d'une tombe. »
Or, ce palais inextricablement imbriqué dans la ville qui le pénètre plus qu'elle ne l'entoure est l'image même du labyrinthe où l'architecte Dédale installa le Minotaure, fils monstrueux de la Reine, qu'on cacha pour ne pas aller jusqu'à le tuer et auquel on sacrifiait rituellement vierges et éphèbes.
Thésée finit par le trouver, guidé par le fil d'Ariane.
Si les sexes sont inversés, si c'est la femme qu'un ancien amant va guider jusqu'à l'antre du monstre, la maison qui donne son titre au roman est bien ce dédale au sens propre comme au sens figuré, chaque pièce recélant son lot d'indices pour résoudre l'enquête.
Or, les Grecs -et pas seulement les Crétois- ont inventé la tragédie avec Oedipe, celui qui enquête sur un coupable dont il s'avère bien sûr qu'il n'est autre que lui-même. Oedipe, le criminel ultime (peut-on imaginer pire que de tuer son père et d'épouser sa mère ?) et l'innocent absolu chargé dès la naissance d'un crime qu'il s'efforcera d'éviter par tous les moyens. de même, le monstre à tête de taureau est moins coupable que victime, né d'amours contre-nature voulus par Poseidon pour se venger du roi Minos. Et Keigo Higashino sait aussi nous montrer que les enfants détestables n'ont été rendus tels que par l'orgueil et l'aveuglement parentaux, victimes autant que coupables. Et comme chez les Grecs, il n'est pas sûr que la malédiction puisse un jour prendre fin.
Thésée tua le Minotaure, ce qui ne l'empêcha pas de provoquer la mort de son propre fils.
Toute maison est un tombeau nous dit finalement l'auteur, car il n'y a de famille que dysfonctionnelle, et qui massacre ses enfants.
On n'est évidemment pas obligé de croire qu'un Japonais converti aux mythes grecs a forcément raison. Mais il n'est pas interdit de se demander quels parents nous sommes (et avec quelles motivations nous avons encore pourri nos enfants à Noël !)… tout en savourant l'atmosphère délétère de ce polar très bien fichu
Commenter  J’apprécie          406
Un roman très fort sur l'enfance maltraitée et les non-dits qui rejaillissent des années plus tard pour perturber le quotidien.

Recontacté par une ex-petite amie, un homme visite avec elle une maison qui semble abandonnée et dans laquelle toutes les horloges sont arrêtées sur la même heure. Elle espère retrouver des souvenirs d'enfance qu'elle n'a jamais eu et comprendre ce que lui cachait son père…

C'est un récit à la première personne fait par cet homme. En même temps que lui le lecteur découvre le lieu, observe, s'interroge sur les éléments troublants. L'intrigue est habilement construite autour de détails qui prennent plus tard leur importance. Un peu à la façon des poupées russes, le passé de chaque personnage se dévoile tout en dévoilant une part du passé de l'autre. A la fin le puzzle s'assemble enfin, nous laissant stupéfaits et bouleversés.
Tout cela dans une langue harmonieuse, au fil de phrases bien cadencées.
Commenter  J’apprécie          365
C'est le troisième livre de keigo higashino que je lis et je retrouve le même plaisir à chaque fois de découvrir le cadre dans lequel il nous transpose et ses personnages attachants et tourmentés.
La maison où je suis mort autrefois est un huis-clos touchant car auprès du narrateur nous vivons l'angoisse de Sayaka qui essaie de retrouver son passé. Elle n'a plus aucun souvenirs de ce qui s'est déroulé dans son enfance.
Maman maltraitante, elle veut savoir ce qu'elle même a vécu dans sa propre enfance afin d'essayer de comprendre pourquoi elle n'arrive pas à aimer sa petite fille et pourquoi elle la maltraite. Ayant reçu à la mort de son père, une lettre avec une clé et une adresse , elle part avec son ancien petit ami pour tenter de retrouver des indices concernant son identité.
Pas à pas, nous allons de découvertes en découvertes et nous essayons de reconstituer, avec Sayaka et son ami, le puzzle de son enfance.
Connaissant l'auteur et étant un livre de la collection actes noirs, nous pensons bien que Sayaka ne va pas se remémorer des souvenirs tendres, chaleureux et heureux, mais que va t-elle découvrir ? une certaine tension se fait sentir et nous nous laissons emporter, guider par les multiples indices. La fin reste toutefois inattendue.
Commenter  J’apprécie          350




Lecteurs (1656) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "La maison où je suis mort autrefois" de Keigo Higashino.

Quel tête d'animal se trouve sur la clé accompagnant le plan d'un lieu au début du roman ?

un loup
un lion
un cheval

10 questions
32 lecteurs ont répondu
Thème : La maison où je suis mort autrefois de Keigo HigashinoCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..