L'équation de plein été

Chut je suis dans le Shinkansen et, respectueuse je parle à voix basse car un enfant vient de se faire rabrouer devant moi car il utilisait son téléphone portable... par contre comme tout le monde ici je me suis offert un délicieux ekiben que j'ai savouré tout en contemplant le paysage.
Aussi je vais essayer d'être rapide et succincte mais je crois que je ne vais pas y arriver.
Direction Hari-Plage, station balnéaire oubliée, dépassée et délaissée par les touristes pour assister à deux conférences (oui oui j'avais renvoyé mon bulletin d'inscription il y a quelques semaines et tout fait dans les règles).
Point de chute, l'auberge Rokugansö conseillée dans un murmure par un petit garçon étonnant de 10 ans, Kyöhei, neveu justement du couple d'aubergistes, rencontré durant mon trajet.

Vacances studieuses? Non! Mais vacances très instructives pour plusieurs raisons:
la première, la raison de mon déplacement, assister aux conférences de la DESMEC, la Société nationale d'exploration minière sous-marine, dont le projet serait l'exploitation de gisements hydro-thermaux.
Deuxièmement, la rencontre du professeur physicien, Yukawa, que j'ai accompagné presque quotidiennement dans d'étranges expériences ou plutôt démonstrations en vue d'aider Kyöhei dans ses devoirs de vacances et résoudre l'équation de plein été.
la troisième, m'initier à la plongée sous-marine dans les eaux cristallines grâce à une charmante jeune fille, Narumi, la fille des aubergistes
Ah, j'oubliais la visite du bateau océanographique de la DESMEC et, dans la lumière de la nuit le spectacle pyrotechnique dont Yukawa m'a révélé les mystères.
et enfin la découverte de la mécanique judiciaire nippone et là j'ai du m'accrocher, ça n'a pas été très simple.

Je vous rassure tout de suite, je ne suis ni coupable, ni victime, ni même témoin de quoi que se soit! Mais le lendemain de mon arrivée à Hari-Plage le corps de l'un des rares clients de l'Auberge a été découvert sur les rochers de la plage... ainsi d'un coup j'étais aux premières loges pour suivre le déroulement de l'enquête et quelle enquête!

Brrreeu, quand j'y pense, j'ai dormi dans la chambre « Cerisiers en fleurs » mitoyenne de celle du défunt, la chambre « Arc- en- ciel ».
Bref l'identification rapide du corps par la police locale nous a révélé qu'il s'agissait d'un policier à la retraite de Tokyo, âgé de 61 ans.

Mais comment expliquer la présence de son corps le long du port de Hari-Plage alors que très vite, après autopsie, le diagnostic tombe: décédé des suites d'une intoxication au monoxyde de carbone.
La mort de toute évidence n'est pas naturelle, un meurtrier à Hari-Plage?
Les uns s'interrogent, d'autres font profil bas mais la vérité sort de la bouche des enfants... et le physicien Yakawa n'en perd pas une surtout qu'il est de connivence avec la police judiciaire de Tokyo.

Pour ma première immersion dans un polar japonais et dans l'univers de Keigo Higashino j'ai été servie! J'ai cru me noyer dans la foultitude des noms des personnages, ceux de la famille élargie de Kyöhei passe mais ceux des policiers, une autre paire de manches.
Une enquête sur trois niveaux, d'abord celui de l'équipe locale, puis celui de la préfecture à laquelle est rattachée Hari-Plage, et enfin celui de l'enquête parallèle menée par un binôme de Tokyo car la victime n'est autre que le mentor d'un grand ponte et ami de la police judiciaire de la capitale.

Je ne me suis pas du tout ennuyée, attentive aux moindres détails, Keigo Higoshino m'a promené dans un Japon contemporain, éloigné des vues des cartes postales, plus proches des soupes populaires et des menaces environnementales...

Beaucoup de temps, d'empathie, de précisions pour nous faire partager le fin mot de cet affaire qui se dévoile étapes par étapes en accumulant les indices méticuleusement.
Et puis je me suis prise d'affection pour Kyöhei et je dois dire que c'est avec son regard d'enfant que j'ai appréhendé et vécu cette histoire. le monde des adultes lui a réservé des surprises et révélé bien des secrets.
Une lecture agréable qui a assouvi ma curiosité car L'équation de plein été était ma première incursion dans le polar nippon.

Allez, tout cela m'a donné faim, je vais de ce pas me concocter des nouilles aux algues, spécialité de Hari-Plage, avant d'aller boire un café maison!

Et bien me suis replongée avec plaisir dans l'oeuvre d'Higashino. Sa façon de nous présenter les choses, ses tours et détours pour livrer l'information c'est quasiment vilain. Ma curiosité est toujours totalement titillée. C'est le troisième titre que je lis mettant en scène le physicien Yukawa. "Le dévouement du suspect X" est mon préféré de cette série. "Un café maison" m'a également séduite. Alors dans "L'équation de plein été" c'est la découverte d'un corps sur les rochers en bord de mer, près de la digue à Hari -Plage. Les problèmes économiques de Hari-Plage, lieu touristique dévitalisé, qui se meurt, sont présentés efficacement et sont bien contemporains. C'est à cet endroit que la mer est la plus belle et des militants écologistes s'acharneront à la préserver de l'exploitation de ses fonds. Bref, je reviens au mort. Accident ou meurtre ? Y a-t-il un lien avec les militants écologistes? Avec le passé ? Il y aura trois niveaux d'enquête. Celle de notre professeur Yukawa qui est à Hari -Plage pour une présentation sur l'exploitation des fonds marins, celle des policiers locaux et celle des policiers de Tokyo. La police de Tokyo sera impliquée car le mort est un policer à la retraite.
Tout se dénoue bien évidemment dans le dernier quart du récit. C'est là tout l'art de cet auteur. Savoir nous tenir en haleine sans action , sans rebondissements, sans connaître mais plutôt supposer, sans divulguer mais dissimuler et deviner. Les personnages enquêteurs d'Higashino sont tenaces, ils fouillent, creusent, déterrent et trouvent...
Pas le meilleur de la série avec le professeur Yukawa, mais je reste, néanmoins, une fan inconditionnelle de cet auteur.

Dans le train qui l'emporte vers la station balnéaire de Hari-Plage, le professeur Yukawa fait la connaissance de Kyôhei Esaki, un jeune garçon qui va passer quelques semaines de vacances dans l'auberge tenue par son oncle et sa tante. le physicien, lui, se rend sur place pour participer à une série de réunions d'information organisées par la DESMEC, une société qui souhaite exploiter les fonds marins. Il en profite pour descendre à l'auberge Rokugansô où il retrouve Kyôhei et fait la connaissance de Shigeharu et Setsuko et de leur fille Narumi, une activiste écologiste prête à tout pour préserver la mer, sa faune et sa flore.
L'auberge vit sans doute sa dernière saison. Hari-Plage est tombée en désuétude, délaissée par les touristes qui lui préfèrent désormais des stations plus modernes ou exotiques. le seul autre client est un retraité qui, malheureusement, est découvert mort le lendemain même de l'arrivée de Yukawa. Un banal accident, sans doute. L'homme aura glissé sur les rochers du bord de mer, peut-être pris de boisson… Mais Masatsugu Tsukahara était un ancien policier et, à Tokyo, l'inspecteur Kusanagi est missionné pour mener une discrète enquête afin de déterminer avec précision les causes de sa mort. La tâche n'est pas facile mais il sait qu'il pourra compter sur l'aide précieuse de son ami physicien.

Ambiance estivale et balnéaire pour une enquête qui prend le temps d'installer ses personnages et son environnement. Dans les pas du physicien Yukawa, on vit au rythme d'Hari-Plage, on découvre la beauté de sa mer transparente, ses atouts qui n'intéressent plus personne, on s'inquiète de la préservation de ce site exceptionnel menacé par une société d'exploitation sous-marine. On apprend à connaître les sympathiques aubergistes du Rokugansô, leur fille si attachée à la ville et bien sûr leur neveu, le petit Kyôhei. Une belle relation se noue entre cet enfant et le professeur qui l'aide dans ses devoirs de vacances grâce à des expériences qui, si elles sont ludiques, n'en sont pas moins scientifiques.
Mais la plage, le soleil, les bains de mer et les repas de poissons ne font pas oublier qu'un homme est mort. L'enquête trouvera sa résolution dans le passé de la victime et des différents protagonistes car, sous un air jovial et innocent, chacun cache des zones d'ombre, des secrets enfouis, des vérités cachées.
Comme toujours avec Keigo Higashino, on s'intéresse plus aux motivations profondes des coupables qu'au crime lui-même. Cette fois, il ajoute à son intrigue une dimension écologique, alertant sur la richesse des fonds marins menacés par des entreprises qui font miroiter un nouvel essor à des habitants touchés par la crise économique. Encore une fois, il propose une enquête minutieuse, complexe et pleine de surprises. Passionnant.

J'ai découvert Keigo Higashino avec la maison où je suis mort autrefois que j'ai beaucoup apprécié et j'ai poursuivi cette découverte avec le dévouement du suspect X et un café maison qui m'ont enchantée. Je suis moins enthousiasmée avec l'équation de plein été que j'ai lu avec moins d'empressement.
On retrouve le professeur Yukawa qui arrive dans la petite station balnéaire Hari-plage pour des raisons professionnelles. le soir de son arrivée , le seul autre client hébergé dans l'auberge dans laquelle il séjourne va disparaître et être retrouvé mort sur les rochers au bord de mer. Ce client n'est autre qu'un ancien policier de Tokyo. lusieurs enquêtes vont être menées en parallèle. A côté de l'enquête classique menée par les policiers, le professeur Yukawa va avec intelligence et sensibilité comprendre ce qui s'est passé. Sa relation avec Kyohei , le neveu de 10 ans en vacances chez son oncle et sa tante , propriétaire de l'auberge va apporter une touche de « tendresse » à l'histoire.
La difficulté de retenir les noms n'a pas facilité mon immersion dans cette petite ville au bord de mer , d'où peut-être mon avis mitigé sur cette lecture qui l'avait été encore plus avec la prophétie de l'abeille.

Une station balnéaire un peu vieillotte, un policier à la retraite venu passer quelques nuits dans une auberge, un physicien en mission, un petit garçon en vacances chez son oncle et sa tante, un groupe d'opposants à l'exploitation des ressources sous-marines et un cadavre trouvé sur les rochers, voilà les ingrédients de ce policier à la sauce japonaise.
Rien ne semble simple à résoudre dans cette histoire, car les différents protagonistes paraissent tous avoir une zone d'ombre.

Les enquêtes de cet auteur sont assez particulières, elles dégagent une atmosphère à part, les gens y sont plein de prévenance, d'attentions pour les autres mais on ressent également une certaine réserve qui parfois ressemble assez à de la froideur.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cheminer avec ce petit garçon qui découvre la science, avec ces activistes qui se battent pour préserver la beauté de la mer, avec ces policiers qui tentent de pénétrer de vieux secrets enfouis sous des années de silence.
Le style bien que froid en apparence m'a beaucoup plu et l'intrigue tient bien la route.