Sean Dillon : Le Festin du diable

Évidemment, comme toujours avec les journaux, les versions diffèrent, pourtant, en gros, tous racontent la même histoire. Un camion contenant cinquante millions de livres en lingots d’or a été détourné sur une route de campagne, dans la région des Lacs, en Angleterre. Un jeune garçon a déclaré à la police qu’il avait été chassé après avoir aperçu un ferry-boat nommé l’ Irish Rose amarré à une jetée désaffectée près de l’endroit où avait eu lieu l’attaque du fourgon. Il a aussi déclaré avoir vu le même jour, plus tard, un camion correspondant à la description du fourgon quitter la route principale et s’engager sur la petite route menant à la jetée.

- Tu peux crever, connard !
- J'ai encore le temps. (Keogh tira une enveloppe de sa poche et la jeta sur le sol.) Cinq cent livres. C'était le prix convenu. Et maintenant je te conseille d'aller aux urgences du Royal Victoria. C'est l meilleur service du monde pour les blessures par balle. Faut dire qu'ils ont l'expérience.

certaine façon, ses problèmes cardiaques avaient été une chance pour lui, puisqu’ils lui avaient valu un transfert à Green Rapids, où le régime était moins dur. Ensuite, après avoir trouvé ce poste à l’hôpital de la ville, elle avait pu lui rendre visite plus souvent.
Mais elle souffrait de le voir ainsi, lui qui n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été à l’époque glorieuse où ils s’attaquaient victorieusement à l’IRA et parfois même à l’armée britannique. À évoquer ces souvenirs, elle se sentit parcourue d’un frisson presque sexuel.

En général, on passe son premier bac à seize ans, moi je l’ai passé à quatorze. Le deuxième se passe à dix-huit, et moi je l’ai passé il y a quatre mois en littérature anglaise, français et espagnol. Tu vois, je suis plutôt douée pour les langues. (Il y avait un air de défi dans ses propos.) Si j’en ai envie, je peux entrer à l’université, et je n’ai que seize ans.

Ici, les gens ont vraiment envie de vivre en paix. On ne peut faire confiance à personne, pas plus au Sinn Fein qu’à l’IRA. Si j’en parlais à l’actuel chef d’état-major, il faudrait qu’il en discute avec le Conseil militaire, et tout le monde serait au courant en un rien de temps.