Je viens de lire
le chagrin entre les fils, dernier roman policier de
Tony Hillerman se déroulant en territoire navajo. Joe Leaphorn, maintenant à la retraite (depuis combien de temps ?), reprend la piste d'une vieille enquête pourtant close. En effet, une couverture navajo vient de refaire surface dans un magazine de décoration. Pourtant, elle a brûlé trente ans auparavant dans l'incendie d'un comptoir d'échange, celui du vieux Totter. Un homme bien mystérieux. Quelqu'un d'autre a vu la couverture dans le magazine et cette personne a disparu. Et la couverture, tissée à la fin du XIXème siècle, pour rappeler les souffrances de la Longue Marche, ne peut être copiée. On dit qu'elle est maudite car elle rompt l'harmonie en rappelant la haine.
Tous les ingrédients sont réunis pour une enquête passionnante. le légendaire lieutenant (et ses rhumatismes) prennent la route de Flagstaff. Bien sûr, il n'est plus le policier infaillible, patient et redoutable pisteur qu'il fut. Il traîne un peu sa fatigue, sa solitude largement teintée de mélancolie ce qui donne au roman un ton crépusculaire, que renforce l'évocation de la déportation des navajos au XIXème siècle, l'assimilation forcée au XXème et la lente reconstruction du Dineh.
J'ai lu des critiques plutôt mitigées sur ce roman, mais, pour moi, il a tenu ses promesses. Malgré quelques facilités (coïncidences plus ou moins plausibles) et une ou deux longueurs, je ne me suis pas ennuyée sur les pistes défoncées et au milieu des décombres du vieux comptoir, à la recherche du passé.