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Critique de Beatrice64


Attention, chaud devant ! Voici que déboule dans nos rayons un arrière-cousin d'Arturo Bandini (le double survolté de John Fante, si vous ne le connaissez pas venez sur le champ emprunter Demande à la poussière, qui trône en bonne place dans mon panthéon personnel), veuillez accueillir s'il vous plaît Jakob Bronsky, dans le rôle de l'immigré apprenti-écrivain et crève-la-faim, à New-York en 1952. Situations burlesques, ton cru, obsession du sexe et de le reconnaissance littéraire, tout y est. Mais Bronsky ne fait pas dans la dentelle : à la place de l'éloquence, de la fantaisie et de la chaleur d'un Bandini, on se coltine plutôt avec un verbe très cru et un humour très noir. C'est que si notre Bronsky est immigré, comme Bandini/Fante, l'endroit d'où il vient, lui, c'est pas l'Italie, c'est un ghetto ukrainien. Juifs persécutés pendant la guerre (pléonasme), les Bronsky/Hildenrath tentent d'émigrer vers les Etats-Unis (les lettres au consul (et leurs réponses par ledit consul) ouvrent le livre et donnent le ton, quelle rigolade, et quelle horreur). le souvenir de la Shoah est tout proche, mais Bronsky l'évoque sur le ton de la farce (“Ce matin-là, je n'arrivais pas à calmer ma bite. A la maison, j'ai pris une douche froide illico. Ça n'a servi à rien. J'ai pensé à Auschwitz. En vain.“), ce qui a choqué l'Allemagne de l'après-guerre et retardé la publication de ses livres. L'apprenti-écrivain, quand il n'est pas portier de nuit ou serveur, ou en train de fantasmer sur une secrétaire de direction, travaille à la rédaction de ses souvenirs (dont on ne saura rien ou presque, sinon que lui ne fait pas partie des six millions, et qu'il essaie de survivre, parce que ce serait con quand même, alors que les nazis ont échoué), ses souvenirs, donc, un roman intitulé LE BRANLEUR et qui doit lui assurer une gloire mondiale.

Bon, je me rends compte que je fais long et que j'en dis beaucoup. Tant pis. Lisez quand même Hildenrath, moi je vais acheter le nazi et le barbier, qui a l'air d'y aller au bulldozer également, et raconte l'incroyable aventure d'un nazi usurpant l'identité d'un juif et finissant rabbin après la guerre.
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