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Critique de patachinha


Ce livre faisait partie d'une bibliographie conseillée dans le cadre d'un cours de psychiatrie criminelle pour mieux appréhender la relation d'emprise de l'agresseur sur sa victime et la difficulté pour celle-ci d'identifier sa soumission et de s'y soustraire.

Il est vraiment très intéressant et aborde un phénomène qui tend à s'amplifier dans les relations humaines actuelles, celui du harcèlement moral. "...La multiplication actuelle des actes de perversité dans les familles et dans les entreprises est un indicateur de l'individualisme qui domine dans notre société. Dans un système qui fonctionne sur la loi du plus fort, du plus malin, les pervers sont rois. Quand la réussite est la principale valeur, l'honnêteté paraît faiblesse et la perversité prend un air de débrouillardise."



L'auteur insiste principalement sur le harcèlement dans le cadre du travail, bien qu'il y est question également de harcèlement dans le couple ou plus généralement dans les relations familiales.



Il en ressort que cette violence peut s'exercer directement mais le plus souvent elle est indirecte et insidieuse. La victime est une spectatrice impuissante, qui peut révéler des prédispositions pour la souffrance liées à son histoire personnelle. Mais cette violence s'explique surtout par la force de la répétition du harcèlement et l'usure psychique qui amène la victime à faire preuve d'une plus grande tolérance à l'égard de son agresseur. En effet il est commun de retrouver chez la victime un sentiment très ancré de culpabilité, l'interrogation sans cesse renouvelée " Qu'est-ce que j'ai fait ou dit pour mériter un tel traitement?"



Cela engendre avec le temps un sentiment de dévalorisation, de néant, d'incompréhension, et pour certaines victimes on retrouve même le syndrôme de Saint-Bernard, elles croient en leur mission de sauveur du partenaire en difficulté, lui cherchant toujours des excuses pour justifier ses comportements.



La principale difficulté pour la victime est de s'identifier en tant que tel et de sortir de la relation d'emprise qui s'est tissée autour d'elle. L'absence de communication, la perversité du harceleur avec toutes ses petites provocations, sa "normalité" extérieure pour garder la face et inverser les rôles aux yeux des proches, l'isolement et l'incompréhension de l'entourage, l'escalade progressive du dénigrement et l'anéantissement de tout esprit critique expliquent en partie la léthargie dans laquelle certains pensent que la victime se complaît...



Après nous avoir expliqué l'enchevêtrement de mécanismes qui conduisent inéluctablement à ce type de harcèlement, Marie-France Hirigoyen apporte des clés pour déjouer ce type de relation, retrouver son identité baffouée et se soigner. Biensûr avec des thérapies, dont elle nous expose la plus ou moins grande utilité, mais aussi en faisant appel à la justice comme seule solution appropriée pour résoudre ce genre de conflit, aussi bien destructeur physiquement que moralement.



Les conseils sont utiles mais relèvent aussi du bon sens. Pour un observateur extérieur, ses remarques et ses analyses paraissent d'une évidence incroyable, mais pour la personne qui vit la chose de l'intérieur c'est très difficile voir quasiment impossible à déchiffrer sans une aide extérieure qui la réveille de sa torpeur.

"Le patient doit reconnaître sa souffrance comme une partie de lui-même digne d'estime et qui lui permettra de construire un avenir. Il doit trouver le courage de regarder en face sa blessure. Il pourra alors cesser de gémir ou de se cacher à lui-même son état morbide".




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