En librairie dès le 22 août prochain, "
Avec les hommes" est le quatrième roman de l'écrivain français
Mikaël Hirsch, également auteur de "
Le Réprouvé", "
Les Successions" et "
OMICRoN".
A Brest, un écrivain recroise Paul Rubinstein, un ancien camarade de classe perdu de vue 20 ans plus tôt et lequel a visiblement très envie de lui tenir la jambe en s'épanchant sur sa vie.
Paul lui raconte sa désillusion amoureuse avec une femme qui le quitta en raison de son faible statut social, sa fuite dans un kibboutz israélien où il travaillera dans une usine de détergents avant de rentrer en France et d'entamer une vie d'errance jusqu'à sa rencontre avec Valérie.
Une confession comme l'écrivain en entend souvent mais qui pourrait bien sonner comme un écho imprévu à sa propre vie.
Paul Rubinstein apparaît d'emblée comme un personnage romantique dont on ne sait si il faut s'en attendrir ou s'en agacer. Pas vraiment beau et dénué de charisme, peu sociable, il est surtout un homme très fleur bleue dont la grande naïveté tend au masochisme.
Quoiqu'il fasse, il finit toujours par être exclus à un moment donné au point qu'on songe à une certaine fatalité.
En cynique "éboueur des vies médiocres", l'écrivain écoute d'une oreille amusée le récit de cette vie sans relief, se rassure et se félicite d'avoir mieux réussi. Mieux vaut être à ma place qu'à la sienne se dit-il sans doute.
Sauf que cette confession l'amène progressivement à s'interroger sur sa propre vie, entièrement consacrée à la littérature. Dans le fond, à part se nourrir de la vie des autres, peut-il se targuer d'avoir mené une existence propre ? Est-il plus heureux que Paul ?
Après avoir beaucoup aimé "
Le Réprouvé" et "
Les Successions", j'étais curieuse de découvrir le nouveau roman de
Mikaël Hirsch que celui-ci a gentiment proposé de m'envoyer.
Tout comme l'écrivain, au départ je me suis dit "Quel boulet ce Paul ! A assommer cet écrivain qui n'a rien demandé avec sa vie qui n'intéresse personne".
Mais tout comme le narrateur qui y voit une distraction pour passer le temps, je me suis surprise à tendre l'oreille, prenant d'abord Paul en pitié pour ensuite m'agacer de ce qu'il ne fasse rien pour arranger les choses.
Il est vrai que certaines personnes n'ont pas de bol dans la vie mais certaines ont vraiment l'art de s'enfoncer et de reproduire les mêmes situations, sans se donner les moyens de faire changer les choses.
Paul est vraiment un personnage à la dérive, sans ego, incapable de se réconcilier avec lui-même autrement qu'à travers le regard de quelqu'un d'autre.
On se rend compte à la fin du livre à quel point il misait sur sa rencontre avec l'écrivain pour "lui donner vie" et à quel point l'écrivain a sous-estimé toute la responsabilité dont il se voyait investi à son insu.
J'avais d'abord eu le réflexe de trouver la fin un peu trop facile (on prend souvent conscience de certaines choses quand il est trop tard) mais elle m'est finalement apparue comme une suite logique dans le cheminement du narrateur.
Les deux personnages semblent complètement opposés au départ (l'un trop humble, l'autre trop arrogant) et pourtant l'auteur nous montre au fil du récit qu'ils sont finalement tous deux aussi paumés l'un que l'autre.
Comme dans ses deux précédents romans,
Mikaël Hirsch reprend cette thématique de la quête identitaire qui pousse des personnages mal dans leur peau à partir dans d'autres pays pour trouver un sens à leur vie ou à se réfugier dans d'autres existences comme c'est le cas ici de l'écrivain.
A nouveau, je me suis délectée de l'écriture de l'auteur, toujours aussi précise, juste et drôle quand il le faut et à l'origine de réflexions qui font forcément mouche dans l'esprit du lecteur et l'invitent au questionnement intérieur. Et rien que pour ça, j'ai envie de vous recommander ce roman.
Mais pour ma part, il m'a manqué ce petit quelque chose qui fait d'un roman un coup de coeur, une de ces lectures marquantes qu'on n'oubliera jamais.
Me voilà bien embêtée car je n'arrive pas à mettre le doigt sur cette chose qui m'a manquée dans ma lecture. J'ai fini ce roman avec l'impression d'un goût de trop peu. Ca doit tenir à l'histoire car je n'ai strictement rien à reprocher au style de l'auteur.
Je n'ai pas envie de conclure ce billet par un "bien mais sans plus" car je sais que pour ma part, c'est le genre de réflexion qui me pousse à passer mon chemin. Mais je ne pouvais pas non plus ne pas évoquer ma réserve.
Du coup, je suis très curieuse de découvrir d'autres avis sur ce roman et vous encourage de toute façon à découvrir l'écriture de cet auteur !
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