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Geneviève Decrop (Éditeur scientifique)
EAN : 9782707144997
280 pages
La Découverte (16/09/2004)
4.13/5   106 notes
Résumé :
Dans sa première édition, en 1959, le Comité international d'Auschwitz présentait ainsi ce livre : Rudolf Hoess a été pendu à Auschwitz en exécution du jugement du 4 avril 1947. C'est au cours de sa détention à la prison de Cracovie, et dans l'attente du procès, que l'ancien commandant du camp d'Auschwitz a rédigé cette autobiographie sur le conseil de ses avocats et des personnalités polonaises chargées de l'enquête sur les crimes de guerre nazis en Pologne. [...] ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a des autobiographies dont le seul nom de l'auteur suffit à susciter un sentiment perplexe mêlé à une grande curiosité tant il est attaché à l'une des périodes les plus sombres et les plus secrètes de notre Histoire : la période de la terreur nazie.
Cela est d'autant plus vrai pour le Commandant Hoess lequel, à l'aube de son exécution, révèle non seulement toutes ses pensées intimes, ses convictions, parfois ses regrets, mais également certains rouages de la machine SS pieusement cachés.
La force de ce portrait du Commandant du camp d'Auschwitz ne réside pas dans le travail d'écriture _ Hoess concède qu'il n'est « pas un écrivain » et qu'il n'a « pas manié la plume » _ mais dans le nouvel éclairage apporté de l'intérieur à l'administration nazie en charge des camps de concentration et d'extermination.

Et qu'apprend-t-on ?

On découvre premièrement l'homme : à défaut d'exposer un monstre sadique, il dessine le portrait d'un homme ordinaire à l'enfance banale bercée par le sens du devoir, le respect et la fidélité. Rien n'évoque une quelconque perversité ou blessure profonde pouvant modeler l'esprit à des fins de folie meurtrière.
C'est sans haine d'aucune sorte qu'il troque son chapelet de chrétien pour l'insigne du national-socialisme ; adhérer au parti nazi c'est comme entrer en religion : Hoess fait preuve d'une foi inébranlable en la supériorité de la nation allemande, quitte à s'abandonner soi-même. Cet amour de la patrie se concrétisera en revêtant l'uniforme de soldat qu'il quittera à regret pour entrer dans l'administration des camps de concentration.
Au sein des camps, il est en première ligne pour observer le comportement des prisonniers et des geôliers. Il livre une étude presque anthropologique de la vie au coeur des camps de concentration. Et il n'épargne personne, pas même ses subalternes à qui il reproche sans cesse leur inefficacité, leur malveillance et leur cruauté. Aussi inattendu que cela que puisse paraître, il n'est pas à mon sens un antisémite de conviction mais un antisémite de fait.
Tout au long du récit, il fait part de ses doutes, ses questionnements et sa répugnance vis-à-vis de la barbarie commise et de la conception d'ennemi de l'Etat, bien qu'il ait participé à cette entreprise d'extermination. Il revendique avant tout une loyauté indéfectible, un sens aigu du devoir alliés aux exigences sans cesse grandissantes de la hiérarchie et l'urgence de la guerre pour expliquer sa soumission à la logique d'extermination de tout ennemi de l'Etat.
C'est le portrait d'un homme cadenassé par sa foi en le national-socialisme qui est mis en lumière…un homme pour lequel la défense de l'Etat-nation exigeait de contenir ses émotions, de dissimuler doute et répugnance. Toute faiblesse était répréhensible et la désobéissance inconcevable pour le soldat chevillé au corps qu'il était.

Ces mémoires sont aussi l'occasion pour Hoess de révéler une part du fonctionnement de la machine nazie avec l'élaboration du processus d'extermination appelé « la solution finale », les conflits d'intérêts entre les différentes administrations du Reich, les effets de la guerre sur l'organisation des camps, le culte de la dissimulation des autorités, le dogme de la lutte contre l'ennemi de l'Etat, le processus progressif de déshumanisation des SS avec la banalisation du mal…on s'aperçoit en filigrane que la haine destructrice est le fruit d'un processus progressif, tantôt accéléré tantôt ralenti par le poids de évènements.

Avec ce témoignage allié aux travaux des historiens judicieusement incorporés par l'éditeur, on a une lecture un peu plus limpide et significative de l'idéologie nazie. C'est un récit capital en ce sens qu'il rappelle que l'inhumain procède forcément de l'humain.
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J'ai longtemps repoussé la lecture de ce livre écrit par Rudolf Hoess, commandant du camp de concentration d'Auschwitz (à ne pas confondre avec Rudolf Hess !), lors de son incarcération et dans l'attente de son jugement au procès de Nuremberg.

Si historiquement, le livre est intéressant et met "un gros rocher dans le jardin des négationnistes", il va sans dire que je me garderai bien de le noter tant il est insupportable à lire.

Rudolf Hoess parle de son "travail" avec une logique bureaucratique et un détachement glacial. Qui plus est il "ne faisait qu'obéir aux ordres", et se victime et se déresponsabilise sans jamais un instant remettre en cause la moralité de son rôle de chef d'orchestre de cette immense usine à tuer. Ses quelques doutes étaient vite balayés par une balade à cheval et la remémoration que l'ordre venait du Reichsführer-SS Himmler et que dès lors, il n'avait pas la perspective nécessaire pour s'autoriser à juger du bienfondé de son action.

Quelle répugnance j'ai eue tout au long de ces pages pour cet abject personnage, assez fidèle du reste à l'esprit que nous en dresse Robert Merle dans "La mort est mon métier". Il m'est bien difficile de trouver les mots pour dire mon malaise.

Hoess est à ce point monstrueux, qu'il a écrit ce livre à sa décharge (pensait-il).
"Que le grand public continue donc à me considérer comme une bête féroce, un sadique cruel, comme l'assassin de millions d'êtres humains : les masses ne sauraient se faire une autre idée de l'ancien commandant d'Auschwitz. Elles ne comprendront jamais que moi, aussi, j'avais un coeur..."
Ainsi achève-t-il son "ouvrage" alors même que la quantité de détails horrifiants qu'il donne sur les exterminations et les conditions épouvantables de détention le condamnent durement.

On ressort véritablement dérangé et ébranlé de cette lecture. Ce sentiment pesant, heureusement, par la préface et la postface de Geneviève Decrop, vient s'apaiser par une distanciation et une réflexion du phénomène si extra-ordinaire qu'a été la Shoah.
"C'est malgré lui que Hoess témoigne de son parcours et de celui de ses collègues vers l'inhumanité. Dans sa conscience à ce point rétrécie par ses efforts quotidiens pour faire de lui-même "un rouage inconscient de l'immense machine d'extermination du IIIe Reich", comme il se décrit lui-même au terme de sa confession, il ne reste plus à la fin aucune place pour quelque chose qui s'apparenterait à un doute véritable ou à un remords authentique. (...) Quant à la déshumanisation que durent subir les victimes, (...) il ne s'agissait pas seulement d'exploiter, ni même de tuer purement et simplement, il s'agissait de détruire méthodiquement, consciencieusement, tout ce qui fait un être humain dans ses dimensions psychologique, sociale, morale, intellectuelle, spirituelle."

"La banalité du mal", concept porté par Hannah Arendt, est évoquée dans la préface. Mais au terme de ma lecture, j'aurais personnellement employé le terme de banalisation du mal.

Banalité, certes, Hoess n'a pas particulièrement la gueule patibulaire. Il s'exprime assez aisément. On le sent posé, éduqué et sans doute courtois. Certes, il s'applique en bon petit "fonctionnaire" zélé à accomplir sa "tâche", à tenter de la coordonner avec le plus d'efficacité possible.
Tout cela, oui, pourrait nous évoquer notre voisin, l'homme lambda de la rue, sinon nous-même. Mais sa tâche précisément consistait à assister à tous les échelons de ce crime de masse, jusqu'à voir des femmes et des enfants agoniser et ceci sans sourciller. Or, la normalité consisterait en principe à s'élever par moralité, par empathie, contre de tels traitements à infliger, même indirectement.

Et s'il est quelque chose à retenir pour que le monstre en nous ne se réveille jamais, c'est de ne jamais se départir de son libre-arbitre et de sa capacité à interroger ce que l'on nous suggère ou nous assène, en particulier si cela nous séduit.

NB : Rudolf Hoess a été exécuté, à la suite de son jugement, par pendaison le 2 avril 1947.
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En attendant son procès Rudolf Hoess a rédigé ses mémoires à la demande de ses avocats. C'est le témoignage d'un homme qui avait conscience de l'inéluctabilité de sa condamnation à mort et y était résigné. Un témoignage qui a certainement sa part de sincérité, dans le sens où, rétrospectivement, Hoess ne se considérait pas comme un bourreau mais comme un militaire qui était dans l'obligation d'étouffer ses sentiments pour faire son devoir. Toutefois, la sincérité n'est pas un gage de vérité et il cherche avant tout à se dédouaner (au niveau humain) des atrocités perpétrées à Auschwitz.
Il commence par relater son enfance pieuse, le destin religieux auquel l'avaient voué ses parents, sa perte de la foi, sa vocation militaire, sa détention à la prison de Brandenburg durant quatre ans, son passage chez les Artamans (sorte de communauté rurale nationaliste), son désir de devenir agriculteur et finalement son engagement nazi.
Toute sa carrière au sein du parti d'Hitler s'est déroulée dans l'encadrement des camps de concentration avec une ascension rapide de la hiérarchie. de 1934 à 1938 à Dachau, de 1938 à 1940 à Sachsenhausen, puis à partir de 1940 comme commandant d'Auschwitz ; il a été une importante cheville ouvrière du système concentrationnaire nazi.
D'abord conçus pour enfermer des prisonniers de droit commun et des opposants politique, les camps de concentration faisaient partie des mesures qui permirent à Himmler et à ses SS de faire régner la terreur. Hoess raconte comment Eicke (l'un des principaux instigateurs des camps) a inculqué la violence aux soldats en charge de la surveillance ; une brutalité dont ils ne se départiront jamais par la suite.
Des différents types de prisonniers, outre les opposants politiques et les prisonniers de droit commun, il évoque particulièrement les témoins de Jéhovah et leur absolu pacifisme, les homosexuels et les Tziganes. Tous ont subi des mauvais traitements, ont été les victimes d'assassinats arbitraires et du délabrement progressif des camps après l'entrée en guerre. Hoess, en tant que commandant, dit avoir été accaparé par la construction d'Auschwitz et l'agrandissement exponentiel qu'exigeait Himmler. En ce qui concerne les mauvais traitements, il les impute à ses subordonnés.
Cependant aucun de ces différents groupes de prisonniers n'a été désigné pour être exterminé radicalement, à la différence de « la solution finale de la question juive » (qui fait, dans ce livre, l'objet d'une annexe). Un plan secret que Rudolf Hoess atteste avoir mis en oeuvre sur l'ordre d'Himmler ; les modalités étant discutées avec Eichmann. Mais Hitler avait ouvert en même temps un nouveau front à l'Est et la demande de main d'oeuvre pour l'industrie de l'armement se faisait de plus en plus pressante, aussi Rudolf Hoess dit avoir reçu des ordres contradictoires pour maintenir en vie les Juifs en état de travailler.
Quoi qu'il en soit, il a écrit ses mémoires non pas pour se confesser mais pour se justifier. Il ne renie aucunement son engagement nazi, ne ressent aucune responsabilité personnelle mais accepte sa responsabilité uniquement parce que le règlement le dit : « Mais je n'ai jamais été cruel et je ne me suis jamais laissé entraîner à des sévices. Bien des choses se sont produites à Auschwitz – soi-disant en mon nom et sur mes ordres – dont je n'ai jamais rien su : je ne les aurais ni tolérées ni approuvées. Mais puisque c'était à Auschwitz j'en suis responsable. le règlement du camp le dit expressément : le commandant est entièrement responsable pour toute l'étendue de son camp. » Il se présente comme un exécutant d'ordre zélé et soumis, et d'autre part comme un commandant incompris par des subordonnés incapables et fanatisés par la violence. Quand il évoque le premier homme qu'il a tué en tant que soldat, la première exécution à laquelle il a assistée, les massacres dans les chambres à gaz, chaque fois il exprime son dégoût, sa pitié, son angoisse et il conclut en disant :
« Que le grand public continue donc à me considérer comme une bête féroce, un sadique cruel, comme l'assassin de millions d'êtres humains : les masses ne sauraient se faire une autre idée de l'ancien commandant d'Auschwitz. Elles ne comprendront jamais que, moi, aussi, j'avais un coeur… »
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Comme le titre l'indique, il s'agit d'un mémoire rédigé par Rudolf Hoess après la guerre, pendant son dernier séjour en prison et avant sa pendaison à Auschwitz. SS spécialisé dans l'administration des camps de concentration (qui deviendront des camps d'extermination), il livre de nombreux éléments ou détails qu'ils soient techniques, organisationnels, sociologiques ou politiques. Pour ma part, cette lecture a fait suite au roman de Robert Merle inspiré de la vie et des confessions de R. Hoess. Et, effectivement, le mémoire de ce dernier offre un éclairage encore différent sur le personnage qu'il incarne. On y trouve — et c'est troublant — un homme qui ne semble pas fortement névrosé ou déviant et pas non plus fanatique ni religieux ni politique. On voit un homme effectivement antisémite et nationaliste, croyant à l'hégémonie allemande, et qui l'assume ; on voit aussi un militaire passionné doublé d'un patriote de la première heure ; en sus, il s'agit effectivement d'un homme qui a le souci sérieux d'accomplir ses missions et d'atteindre ses objectifs comme de proposer un commandement irréprochable. Autant d'aspects d'une personnalité qui ne sont pas des raretés et qui font habituellement un bon soldat. D'ailleurs, il semble que la ligne de défense de Hoess était de ne pas se distinguer de ceux qui étaient au front (ce qu'il a toujours voulu faire). Cette lecture m'a souvent mis mal à l'aise, car cet homme qui a accompli un travail monstrueux à l'extrême, n'est apparemment pas aussi anormal, inhumain ou bon à interner que ce à quoi on pourrait et voudrait s'attendre. La préface, la postface et les notes apportent d'autres détails et parfois des contrepoints intéressants. Entre autres, je citerais le fait qu'une grande partie du peuple allemand avait connaissance de l'extermination des juifs, mais qu'elle y était indifférente. Tout cela m'amène à adhérer à l'idée qu'une poignée de leaders du régime nazi a effectivement donné des ordres, proposé ou imposé une doctrine, mais que tout n'aurait pas été possible sans le peuple allemand qui a très largement adhéré à ce système, que ce soit comme Hoess en ne le remettant pas en cause et en acceptant de mener à bien des missions comme l'extermination, ou comme 1/3 au moins de la population en y étant indifférent. Une lecture parfois difficile, car éveillant de nombreux sentiments ou questions, mais instructive.
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Je ne sais trop comment me positionner face a cette lecture,j'avais tres envie de le lire et je ne suis aucunement decue;mais je suis perdue car Hoess reconnait sa culpabilite mais s'estime victime de l'endoctrinement national-socialiste.Je considere cet ouvrage comme temoin mais non comme une jutification des actes reprehensibles des dignitaires nazis
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« Les SS étaient les seuls soldats à être jour et nuit, même en temps de paix, en contact avec l’ennemi, cet ennemi qu’ils gardaient derrière les fils de fer barbelés. » Il y a dans cette phrase l’essentiel du programme SS : un endoctrinement forcené destiné à faire reconnaître dans tout indésirable désigné par le régime un ennemi radical, un entraînement implacable à la dureté et à l’insensibilité à tout sentiment humain de pitié, épinglé comme faiblesse. Il s’agissait, comme le disait Hoess, d’abdiquer sa propre personnalité et de se réduire à un état de soumission absolue aux ordres.
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(p.217 - Conclusion)

Aujourd'hui, je reconnais aussi que l'extermination des Juifs constituait une erreur, une erreur totale. C'est cet anéantissement en masse qui a attiré sur l'Allemagne la haine du monde entier. Il n'a été d'aucune utilité pour la cause antisémite, bien au contraire, il a permis à la juiverie de se rapprocher de son but final.

Quant à la direction de la Sécurité du Reich, ce n'était que l'organe d'exécution, le bras policier prolongé d'Himmler. Cette direction et les camps de concentration eux-mêmes n'étaient destinés qu'à servir la volonté d'Himmler et les intentions d'Adolf Hitler.

J'ai déjà amplement expliqué dans les pages précédentes l'origine des horreurs qui se sont produites dans les camps de concentration. Pour ma part, je ne les ai jamais approuvés. Je n'ai jamais maltraité un détenu; je n'en ai jamais tué un seul de mes propres mains. je n'ai jamais toléré des abus de mes subordonnés.

Et lorsque j'entends maintenant parler, au cours de l'interrogatoire, des tortures épouvantables qu'on a imposées aux détenus d'Auschwitz et d'autres camps, cela me donne le frisson. Je savais certes qu'à Auschwitz et d'autres camps les détenus étaient maltraités par les SS, par les employés civils et pour le moins autant, par leurs propres compagnons d'infortune. Je m'y suis opposé par tous les moyens à ma disposition. Mes efforts ont été inutiles. ...
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(p.70 - Dans la prison de Bradenburg - 1924-1928)

Quelques jours de pénitencier avaient suffit pour me ramener à la raison. Une lettre expédiée par un de mes avocats avait détruit mes derniers espoirs : j'en avais pour dix ans de travaux forcés. Désormais je voyais clair et j'allais agir en conséquence. Jusqu'alors j'avais vécu au jour le jour ; j'avais pris la vie telle qu'elle s'offrait à moi sans jamais envisager sérieusement l'avenir. Maintenant les loisirs n'allaient pas me manquer pour réfléchir sur mes actes passés, pour définir mes erreurs et mes faiblesses et pour me préparer à une existence ultérieure plus féconde.

Certes, j'avais appris un métier au cours des périodes où je n'étais pas appelé à participer à l'activité des corps francs. J'étais devenu un passionné de l'agriculture et mes certificats étaient là pour attester que j'avais toutes chances pour réussir dans ce domaine : j'y avais déjà fait mes preuves.
Ce qui me manquait encore c'était la compréhension du vrai sens de la vie. Cela peut paraître paradoxal : derrière les murs de la prison, je m'étais mis à le chercher ... pour le trouver beaucoup plus tard.
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(p.186 - Auschwitz devient un camp d'extermination)

À plusieurs reprises, il est arrivé aux hommes du commando spécial de retrouver des parents parmi les cadavres ou parmi ceux qu'ils conduisaient dans les chambres à gaz. Cela les affectait visiblement, sans jamais donner lieu à un incident.

J'ai été moi-même témoin d'un cas semblable. En sortant un cadavre d'une chambre à gaz, un homme du commando spécial fit soudain un geste de surprise et s'arrêta pétrifié; mais au bout d'un bref instant, il rejoignit ses camarades en traînant le cadavre. Je m'adressai aussitôt au kapo pour lui demander de se renseigner sur ce qui était arrivé. J'appris ainsi que le Juif avait découvert la femme parmi les cadavres. Je l'observai encore pendant un bon moment, mais je ne remarquai rien de particulier : il continuait à traîner ses cadavres. Lorsque je revins au bout de quelque temps auprès du commando, je le vis installé à manger avec les autres, comme si rien n'était arrivé. Avait-il réussi à dominer son émotion ou était-il devenu indifférent à une telle tragédie.

Je me suis toujours demandé comment ces Juifs du Sonderkommando trouvaient en eux-mêmes la force nécessaire pour accomplir jour et nuit leur horrible besogne. Espéraient-ils qu'un miracle les sauverait, au seuil de la mort ? Ou étaient-ils devenus trop lâches, trop abrutis, après avoir vécu tant d'horreurs, pour mettre fin à leurs jours et pour échapper ainsi à leur atroce existence ? Bien que j'y aie souvent pensé je n'ai pas réussi à trouver l'explication à leur conduite.
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L'egoisme feroce ne se manifeste nulle part aussi brutalement qu'en prison.L'instinct de conservation incite les hommes a prendre une attitude d'autant plus egoiste que leur vie est plus difficile
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Video de Rudolf Höss (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rudolf Höss
Si la Shoah était une maison, comment serait-elle ? C'est à partir de ce postulat un peu fou que "La Zone d'intérêt" prend forme.
S'inspirant du roman de Martin Amis, Jonathan Glazer nous reçoit dans un « charmant » pavillon avec piscine, qui jouxte le camp d'Auschwitz. C'est là où vivent Rudolf Höss, le commandant du camp, sa femme, Hedwig, et leurs cinq enfants blonds.
Une allégorie puissante ou bien une esthétisation facile… le Grand Prix de Cannes 2023 divise nos critiques : https://www.telerama.fr/cinema/la-zone-d-interet-de-jonathan-glazer-une-glacante-demonstration-de-la-banalite-du-mal_cri-7030620.php
#histoire #cinema
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