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EAN : 9782874490897
128 pages
Les Impressions nouvelles (12/03/2010)
4.07/5   7 notes
Résumé :
« Ce n’est pas assez que tu sois morte. Il faut vider. Fouiller les tiroirs. Inspecter les étagères. Chaque matin, je me rends dans ta maison. Je reste jusqu’à la nuit. Boîte après boîte, classeur après classeur, je décime le passé. »

Corinne Hoex

Une femme accompagne sa mère à l’hôpital et assiste à ses derniers jours, espérant en vain jusqu’au bout que quelque chose se dise, une parole d’amour. Cette attente déçue laisse la narratrice... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Autobiographie.

Une fille et une mère se retrouvant dans la maison de la maman, sa fille lui rendant visite. Elles jouent aux cartes, au Scrabble dont la mère est assez calée remportant des coupes.
Puis, la maman a le teint jaune, sa fille le remarque, oui, elle est bien malade.
Elles se rendent à l'hôpital, traitements, opération, pas opération puis si, finalement, on l'opère.
Sa fille dépeint la descente de sa mère, la froideur de l'équipe médicale, le service palliatif. Destinée : la mort de la mère.

Hoex nous raconte l'après. Beaucoup de gens ont vécu ce moment. La personne décédée, oui, il faut pénétrer dans le lieu de vie du mort, oui, il faut trier : les armoires, les tiroirs, les vêtements, les papiers et peut-être découvrir des choses.
Les photographies, la vie de sa maman .

Elle voit aussi des notes d'hôtels et de restaurants, des billets de chemins de fer, sa fille qui ne savait jamais où partait sa mère. Maintenant, elle le découvre : Guadeloupe, Prague, Budapest, Rome...

Hoex attend jusqu'au bout que sa mère lui dise ''je t'aime'', lui montre de l'affection ou une sensibilité à son égard. Mais non, elle restera égocentrique jusqu'au bout.
L'auteure ne tient apparemment aucune rancune et elle a même un certain recul concernant sa mère. Elle ne l'a juge pas, elle l'aime...

Lu en septembre 2019 / Les Impressions Nouvelles (Collection Traverses) - Pris : 13 €.
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🌷 « Ma gorge est sèche. Les paroles me font mal. Des sanglots montent du fonds d'un puits. Je les bloque à mi-course.
- Maman, tout le monde t'aime. Tout le monde pense à toi.
Je ne dis pas que moi, je t'aime. Pas devant les deux femmes. Ni devant toi. »
(P.46)

🌷 Elle la regarde et note le teint pâle, jauni, malade. Alors qu'elles jouent aux cartes, chez sa mère, comme à l'habitude, il semble que cette fois la narratrice s'inquiète, ce visage qu'elle connaît si bien, différent ; cette lueur dans les yeux, absente ; le teint jadis porcelaine, effacé. Il suffit d'un rendez-vous chez le médecin pour que l'espoir s'amenuise : il faut opérer sa mère, sa santé se détériore, aucune marche arrière n'est possible. Désormais, les murs d'un blanc clinique forment l'ultime horizon, avec pour seul leurre, cette fenêtre qui donne sur un parc, un immense arbre probablement plus que centenaire, âge que la mère de la narratrice contemplait avidement.

🌷 Les analyses s'enchaînent, les diagnostics aussi, un amoncellement de malchances, d'erreurs. Les mots que la mère aimait tant, les concours et les mots croisés, les victoires et les coupes, les voyages qu'ils permettaient, ces mêmes mots à présent viennent à manquer. La fille est démunie face à la mère qui s'échappe, face aux paroles jamais prononcées, aux sentiments jamais avoués, aux regards toujours de biais. Dans cette chambre aseptisée, antichambre d'une fin annoncée, la femme redevient la fille docile, à attendre l'amour d'une mère qu'elle n'a jamais reçu. Jusqu'au dernier souffle, la mère retiendra tout, sans ne rien donner…

🌷Décidément je t'assassine est un récit aussi triste que doux, aussi impertinent que mélancolique. L'amour d'une fille envers sa mère, indicible, le besoin de dire, insatiable : récit des mots qui s'emmêlent et qu'on n'ose prononcer, la peur de l'indifférence, de l'incompréhension. Balayées par la mort, les craintes s'envolent et laissent place aux regrets, aux remords de n'avoir pas dit, pas fait, pas tenté. Au creux de soi et parmi les objets qui restent encore, subsiste un sentiment d'inachevé que rien ne pourra jamais atténuer. Un récit d'une justesse implacable, qui, paradoxalement, respire la soif et le bonheur de vivre.
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Famille, je vous hais !

Une trilogie d'inspiration autobiographique qui évoque les rapports d'une fille avec ses parents et s'articule sur trois moments de sa vie ; enfance, adolescence et le début de l'âge adulte; enfin, l'accompagnement de la mère en fin de vie. Par des phrases sobres et brèves, des chapitres courts, l'auteur décrit un univers pesant et ambigu et met les âmes à nu. Des livres dont le lecteur ne sort pas indemne.



Le grand menu : Une petite fille décrit son environnement avec la toute puissance des objets qui l'entourent et de ses parents jamais satisfaits de leur enfant; un papa souvent drôle mais qui sait se montrer sévère et une maman distante et un peu froide, devenue mère malgré elle.



Ma robe n'est pas froissée : la narratrice évoque trois actes de sa vie d'adolescente et d'adulte : avec son père, sa mère, son fiancé qui l'enferment dans un cycle infernal de violences morales et physiques.



Décidément, je t'assassine : une femme âgée se retrouve hospitalisée, On lui diagnostique brutalement un cancer en phase terminale. Il ne lui reste probablement que quelques jours à vivre… Sa fille unique l'accompagne dans ses derniers jours à l'hôpital ; le rapport de force entre les deux femmes s'inverse et chacune, par des mots ou des regards, va crier son désarroi à l'autre. Enfin, la fille se retrouve à vider et trier la maison qui va être vendue ; elle se remémore alors leurs relations douloureuses.
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Un hôpital, une fille et sa mère mourante. Ces derniers instants où tout revient en mémoire, le bon et le moins bon et surtout les mots qu'on n'a jamais dit et qu'on aimerait dire mais qu'on n'ose pas. Dans "Décidemment je t'assassine", l'auteur montre combien il est difficile d'accompagner celle qui nous a mis au monde dans ses derniers jours. Rien ne semble vraiment jamais bien. Des moments difficiles qui seront encore à vivre après la mort car après il y a le vide laissé par celle qui n'est plus et le vide qu'il faut faire car il faut vider la maison, faire du tri. Chaque armoire, chaque tiroir recèle des trésors du passé. Que jeter ? Que garder ? Comment se défaire de toutes ces petites choses qui nous rappellent l'être aimé, notre enfance, notre passé. La narratrice commence dés lors son travail de deuil sachant qu'elle ne recevra jamais les petits gestes qu'elle attendait de sa mère depuis si longtemps.
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Un roman bref, dense, tout en sobriété. Même dans sa fin de vie et après sa mort, la mère prend toute la place, par le tutoiement employé par la narratrice. D'elle, on ne connaît même pas le prénom : toujours appelée "Ma fille" par sa mère.

La perte de cette mère révèle ce qui aurait pu, mais n'a jamais été : la tendresse, l'affection, le respect. Nous ressentons la profonde solitude de la narratrice et sa satisfaction un peu malsaine de pouvoir reprendre un peu d'importance dans cette relation toxique.

Une lecture rapide, mais intense, que j'ai beaucoup aimée. Une belle découverte de cette autrice !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Page 79 :
Une ceinture rouge que je t'ai vue porter dans ta jeunesse. Ornée de cabochons. Je te revois : ta jupe en pied-de-poule, tes escarpins à talons hauts en cuir grenat et cette ceinture. Je t'aimais. Tu étais ma maman.
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On ne lambine pas aux Soins Intensifs. On clôt son existence avec Intensité certes, dans le plus grand Soin assurément, et avec promptitude. On choisit la morphine, décisive, concluante. On offre à la piqûre une veine coopérante. On s'empresse de lâcher un bref dernier soupir. Dans la foulée, on baisse rapidement les paupières, on rentre le menton, on enfouit sous le drap ses vilains bras jaspés. Et - hop ! - direction : le frigo.
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Ce n'est pas assez que tu sois morte. Il faut vider. Fouiller les tiroirs. Inspecter les étagères. Chaque matin, je me rends dans ta maison. Je reste jusqu'à la nuit. Boîte après boîte, classeur après classeur, je décime le passé. Libre de prendre. De jeter.
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Vidéo de Corinne Hoex
Chez Corinne Hoex, il est souvent question d'assujettissement, d'emprise sur les plus vulnérables et de rébellion. Rompant quelque peu avec son univers habituel, il ne s'agit pas ici de l'univers familial mais d'un genre de confrérie féminine en quête de sens. Corinne Hoex nous offre avec « Le ravissement des femmes » un roman troublant, sur la puissante fascination qu'un orateur, au charme redoutable, exerce sur des femmes qui ne demandent qu'à être ravies...
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