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Critique de BazaR


BazaR
10 novembre 2018
Décidément, Jean-Yves le Naour touche sa bille lorsqu'il s'agit de transcrire la première guerre mondiale en BD. Avec Marko à la mise en scène et Iñaki Holgado au dessin, il développe en plusieurs épisodes la longue bataille de Verdun. « Boucherie » serait d'ailleurs un terme tout aussi approprié.

Le premier épisode décrit d'abord les préparatifs : le plan de von Falkenhayn, l'installation près de Verdun de milliers de canons et de 150000 fantassins allemands, l'inquiétude des rares troupes françaises dans les parages, les avertissements du député et lieutenant-colonel Driant auprès du Parlement, et l'absence totale d'inquiétude du généralissime Joffre, qui ne croit pas à un véritable danger dans cette zone jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
Puis c'est l'attaque : un premier bombardement phénoménal qui fera tomber un million d'obus sur les troupes françaises et rasera les bois alentours, un premier assaut de fantassins persuadés qu'il ne reste rien des Français et se retrouvent face à des soldats qui vendent chèrement leur peau.
Puis la chute du symbolique fort de Douaumont, présenté comme une grande victoire par la presse allemande – Duaumont ist Gefallen – et comme un accident de parcours vite réparé par la presse française à qui le gouvernement ment effrontément – il s'agit de conserver le moral de la population.
Puis c'est la prise de commandement de Pétain et l'arrivée de renforts français qui va enliser la situation. Seuls quelques jours ont passé, et c'est déjà un carnage.

Jean-Yves le Naour n'hésite pas à tourner l'état-major français en ridicule. Ses cibles sont surtout Joffre – comme dans son livre 1914 – qu'il montre prétentieux, sûr de son analyse, négligeant les signes pourtant évidents, et guère inquiet même lorsque la bataille tourne à l'aigre, et Pétin qu'il montre malade dans sa bicoque de commandement tandis que son aide de camp fait tout le boulot (informations tirées du journal du fameux aide de camp).

Pourtant le dossier nuance l'absurdité des décisions de Joffre qui ne croyait pas que les Allemands lançaient toutes leurs forces à Verdun mais cherchaient à pousser la France à déplacer ses troupes vers Verdun pour affaiblir d'autres zones du front. le dossier précise que telle était bien l'idée de von Falkenhayn au départ, mais voyant que le reste du front ne se dépeuplait pas de Français, il décida de se lâcher sur Verdun vu la masse de matériel germanique qui y était engagée. Joffre, par son entêtement et son aveuglement, aurait donc contrarié les plans de l'état-major allemand un peu par accident.

Je reste soufflé par la puissance de l'artillerie allemande et des incroyables dégâts qu'elle pouvait engendrer. Il faut pourtant bien réaliser qu'on a par la suite largement dépassé ce stade grâce aux bombardements aériens d'une part, puis aux armes nucléaires ensuite.
Un enfer plus terrible encore menace nos têtes.
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