Beethoven est mon compositeur préféré, et de ce fait j'ai lu des tas de choses écrits sur lui ou par lui, ne seraient-ce que les biographies, sa correspondance, ses réflexions quotidiennes... Et parmi les biographies, je suis tombé sur ce drôle de livre qui s'avère parfaitement adapté à la jeunesse.
La symphonie du Destin est en effet une biographie de Ludwig van Beethoven, mais une biographie romancée. C'est une sorte de biopic littéraire.
Le titre du roman n'est pas anodin: il fait d'abord référence à la 5ème Symphonie, aussi dite "du Destin" à cause du petit motif rythmique du premier mouvement, qui donne l'impression que c'est le Destin qui frappe à la porte. C'est la seule chose que la majorité des gens retient de cette symphonie, alors que le deuxième mouvement est davantage magnifique! Un jour je ferai reconnaître les beautés méconnues de la musique beethovénienne, dussé-je en mourir! (le mec qui y croit trop...)
Aussi, Beethoven a commencé à souffrir de surdité un peu avant ses trente ans, si je dis pas de bêtises, vers 25-26 ans. Si au début il avait projeté de se suicider ou de fuir la société (ce qui a donné le déchirant Testament de Heiligenstadt, une lettre adressée à ses deux frères), parce que c'était quand même la honte pour un musicien de ne pas pouvoir se servir de ses oreilles, il finit par y voir un défi. Dès le début, le compositeur se savait musicien, il savait qu'il aurait à accomplir quelque chose d'exceptionnel. Et toute sa vie il s'est battu contre tout. Franchement, vous devriez lire les biographies de Beethoven, c'est à pleurer!
Parlons de
Michel Honaker, maintenant. Il a écrit un livre de science-fiction qui s'intitule "
L'Oreille Absolue", une sorte d'enquête policière futuriste menée par un musicologue, mettant en scène un maestro retrouvé mort alors qu'il avait soi-disant trouvé la 10ème Symphonie du Maître de Bonn (alors qu'en fait on a juste quelques esquisses), et on retrouve également notre cher Ludwig! Comme quoi, on est en droit de se dire que l'auteur connaît le personnage. Que dire donc de ce roman,
La symphonie du Destin? D'une manière qu'on peut dire excellente,
Michel Honaker donne là une biographie quasi-parfaite du compositeur. Quasi-parfaite, car quelques notes de bas de page contiennent des erreurs: ainsi l'auteur confond-il la sonate Pathétique avec celle "au clair de lune", ou encore la sonate "du printemps" avec celle "à Kreutzer".
Les événements les plus importants et les plus marquants de sa vie sont racontés avec exactitude, et j'ai eu plaisir à retrouver quelques-unes des anecdotes les plus marrantes concernant Beethoven. Il y a également éléments qui relèvent de la légende et que l'auteur lui-même a pris soin de préciser comme tel. Je pense notamment à la rencontre entre Mozart et Beethoven, qui a plus des allures de fantasme que de fait avéré. Comment ne pas imaginer telle situation, les deux géants de la musique réunis dans une même pièce!? La psychologie de Ludwig est respectée, et notamment la spontanéité qui définissait tant l'homme que le musicien. Cette spontanéité qui faisait qu'il a toujours eu du mal avec l'autorité, la bienséance et les principes de savoir-vivre, et que l'académisme de la période musicale classique ne lui convenait guère. Il jouait mal s'il n'avait pas envie de jouer, ou si l'auditoire ne lui plaisait pas ou lui manquait de respect. Dieu seul sait s'il faisait exprès d'être aussi effronté ou si c'était réellement un blocage. Aussi, la personnalité de Beethoven est tellement complexe qu'il aurait fallu quelques centaines de pages supplémentaires pour permettre à
Michel Honaker de l'exposer pleinement. Cette personnalité, il la met en avant par des réflexions du compositeur, des fragments de lettres, comme celle à l'"immortelle bien-aimée", dont la lecture complète (non donnée ici car très longue) fait l'effet d'un coup de poing dans la figure tant elle est chargée d'une sensibilité rare, et en même temps si propre à Beethoven. Et oui, le bourrin qui a écrit le trop célèbre premier mouvement de la 5ème symphonie avait un coeur d'or...
Ce roman tient définitivement plus de la biographie déguisée que du roman à proprement parler, après lecture. Mais c'est sans compter sur l'écriture agréable de
Michel Honaker, capable de s'adresser à de jeunes lecteurs (à partir de 11 ans), leur faire découvrir la vie d'un artiste dans sa complexité sans pour autant les prendre pour des neuneus, que
la Symphonie du Destin apparaît comme une lecture facile, loin du caractère parfois pédant, poussif ou magistral des biographies conventionnelles. En ce qui concerne le fond, je ne peux être que subjectif, puisque je connais la vie et l'oeuvre de Beethoven quasiment par coeur. Et pour ce qui est de la forme, je ne peux que saluer le travail remarquable qui a été effectué, si on excepte les quelques rares erreurs commises.
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