AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782952573160
215 pages
Mic Mac (04/11/2006)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Lorsque Lou découvre le cadavre de son amant brésilien dans la baignoire, son monde s'écroule. Refusant l'hypothèse du suicide, envers et contre tous, elle choisit d'explorer le passé de Carlos. Une vie bousculée, fragile et insoupçonnée se dévoile, l'obligeant à combattre ses propres démons.
Le roman s'ouvre sur une anodine piqûre de moustique, mais a l'image de l'intrigue, la lésion enfle, suppure et ronge sa victime. L'efficacité narrative de cette affair... >Voir plus
Que lire après La piqûreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Bzz.
Bzzzz.
Enfoiré de moustique. Je n'ai pas été très malin non plus de laisser la fenêtre ouverte ce soir après avoir allumé la lumière.
Mais bon, j'essaie de dormir là. Je me donne donc une grosse claque en pulvérisant probablement au passage l'insidieux insecte en un amas sanglant de pattes et d'ailes.
Il va ressembler quelques heures à un vilain grain de beauté un peu poilu qui séchera sur ma joue, mais au moins je peux me rendormir maintenant.
A peine les bras de morphée retrouvés, trois minutes plus tard ...
Bzz. Bzzzzzz. Bzzzzzzzzzzzzzzzzzz.
Alors j'enfonce ma tête sous l'oreiller afin de ne plus être dérangé par l'agaçant bruit d'ailes. Jusqu'à 2300 battements par seconde ...
Le lendemain, bien sûr, des picotements me démangent en différents endroits stratégiques. Je sais bien que je ne dois pas gratter, mais c'est difficile de m'en empêcher.
J'imagine que quelques-uns se reconnaîtront dans cette mésaventure si commune et désagréable. C'est en tout cas ce qui est arrivé Lou, le principal personnage de "La piqûre".

"Tout en parlant, Lou grattait avec acharnement la papule qui ornait son sein gauche. le gonflement semblait augmenter à mesure que sa voix s'élevait dans les aigus, la piquant de mille aiguilles à vif."

Enceinte secrètement de quelques semaines, Lou est amoureuse de Carlos, son compagnon, un peintre brésilien venu s'installer en Suisse. le couple connaît cependant des hauts et des bas. Carlos a en effet un gros défaut : il est mythomane : "Carlos mentait pour ne pas la peiner, Carlos mentait pour lui faire des surprises qui, bien entendu, tombaient à l'eau à cause de l'esprit inquisiteur de la jeune femme, Carlos mentait car il manquait de confiance en lui !" "il n'avait rien à lui offrir, à part une ribambelle de mensonges."
Cet après-midi là, c'est le mensonge de trop. L'artiste a prétendu être dans son atelier tout l'après midi alors que Lou sait pertinemment qu'il n'y était pas. Elle n'en peut plus de ces affabulations et part. En revenant chez lui le lendemain, elle découvre le cadavre de son amant dans la baignoire, les poignets en sang.

"En un jour, la plaie avait doublé de volume. Une croûte de pus s'était formée sur la partie du renflement, sans doute due aux assauts répétés des ongles de Lou."

C'est l'inspecteur Rouzier qui sera chargé de l'investigation. Pourquoi enquêter ? Parce que le suicide n'est pas certain. Ca y ressemble pourtant : Une rupture, de l'alcool et des somnifères retrouvés dans les analyses de sang : tout indique une mort volontaire. Mais Lou ne le conçoit pas. Carlos savait qu'elle allait revenir : il en a toujours été ainsi. Et il ne buvait pas. En outre, elle a également reçu une lettre anonyme se réjouissant de son malheur.
Rouzier se rendra compte rapidement des anomalies entourant la vie si secrète de la victime, concernant par exemple son autorisation de séjour en Suisse ou ses difficultés financières.
Lou quant à elle sera soutenue par sa grande soeur Nicole, qui l'a adoptée à la mort de leurs parents, et par Daniel son ami d'enfance amoureux de la jeune femme , qui l'aidera à combler les lacunes de la vie du défunt et s'intéressera à son passé méconnu.

"Par contre, l'aspect de la plaie empire. Actuellement, j'ai des écoulements de pus et j'ai peur d'avoir une infection."

Après Tout ce qui est rouge, roman qui m'avait enchanté, j'étais ravi de retrouver la ville de Lausanne et certains protagonistes : Rouzier bien sûr mais aussi Isabelle, sa perle d'assistante ou encore Arbig le légiste. Ainsi qu'un(e) patient(e) de l'hôpital psychiatrique de la Redondière. Mais le charme a moins opéré qu'avec la seconde enquête.
Roman comparé à ceux d'Agatha Christie et Maurice Leblanc, je lui ai trouvé un côté un peu vieillot même s'il a été publié en 2006. Il s'agit d'un livre moins abouti que son successeur, moitié plus court également, et je n'y ai retrouvé ni son grain de folie, ni son humour.  Peut-être aurais-je donc du commencer par celui-là tant pour respecter la chronologie que pour discerner les clins d'oeil, mais je n'aurais probablement pas eu en ce cas la curiosité de lire Tout ce qui est rouge.
La piqûre demeure néanmoins un livre bien écrit, qui nous fait voyager de la Suisse aux favelas brésiliens, et qui aborde avec une certaine finesse ce qu'on est prêt à faire par amour, la bisexualité, l'intégration, l'avortement, les conditions de vie déplorables des bidonvilles. Il parvient aussi à maintenir un certain suspense concernant l'enquête parce que même si le nombre de personnages est restreint, le lecteur hésite entre le suicide et les coupables potentiels et pour ma part, je n'ai découvert la solution que peu de pages avant l'explication finale. Et bien sûr, l'une de ses originalités est cette piqûre en filigrane qui ne guérit pas, qui enfle, et qui est forcément le symbole ou la manifestation d'autre chose. On pense par exemple à la blessure de Martin Freeman ( Lester ) dans la première saison de Fargo, dont le minuscule éclat de plomb logé dans la main prend des proportions dantesques en s'infectant, au fur et à mesure que le timide personnage s'affirme.
Son corps proteste-t-il quant à sa grossesse inattendue ou indésirable ? Se sent-elle coupable des évènements tragiques ? Est-ce le symptôme de mensonges faisant référence au nez de Pinocchio ?
Les plus curieux pourront le découvrir en lisant ce sympathique roman policier qui pour ma part n'a pourtant pas su totalement me transporter.

"Daniel posa son regard sur l'immense rougeur surmontant son sein, dont la fissure centrale encroûtée s'étalait sur quatre centimètres de long."
Commenter  J’apprécie          224
Depuis quelques années, alors qu'elles s'en désintéressaient totalement, d'emblématiques maisons d'éditions romandes, comme Zoé ou L'Âge d'Homme, se sont lancées dans le roman policier sans que l'on ne comprenne très bien le sens de cette démarche si ce n'est une volonté de saisir l'opportunité du regain d'intérêt du public suisse romand pour la littérature noire, ceci d'autant plus que les médias ne cessent d'encenser les auteurs se lançant dans le polar sur le mode local que l'on affuble désormais du qualificatif ridicule « d'ethno ». Mais bien au-delà du phénomène de mode teinté d'accents folkloriques racoleurs ou de l'aspiration à épouser les modèles des best-sellers scandinaves ou d'autres contrées, ou même de réitérer un coup d'édition à la Dicker, on peut comprendre, à la lecture de certains textes, que les éditeurs n'aient pas voulu voir échapper quelques auteurs brillants, capables de saisir l'atmosphère de nos contrées helvétiques par le prisme du genre policier. Ainsi en compulsant le catalogue de l'Âge d'Homme on découvre une collection Poche Suisse Noir comportant un titre de Marie-Christine Horn, intitulé La Piqûre que l'auteure avait publié en 2006 et dont elle nous propose une version rémaniée pour la présente publication.

Surmonter le deuil n'est pas chose une aisée pour Lou, surtout lorsqu'il s'agit de Carlos, son amant brésilien qu'elle a retrouvé mort dans sa baignoire, les veines tranchées. Une image sordide qui ne cesse de la hanter, ceci d'autant plus qu'elle ne peut admettre la thèse du suicide. Fantasque, mythomane, alternant les moments joyeux et quelques humeurs plus mélancoliques, Carlos était un homme secret ne parlant que très peu de son pays d'origine. Mais pour faire la lumière sur sa mort et à mesure qu'elle découvre le passé de son compagnon, Lou met à jour un parcours de vie insoupçonné qui se dévoile peu à peu laissant entrevoir toute la détresse de ces immigrés clandestins devant tout abandonner dans l'espoir de trouver une vie meilleure dans de lointaines contrées. Et comme cette piqûre qui la démange, Lou n'aura de cesse de trouver la vérité, tout comme l'inspecteur Charles Rozier en charge d'une enquête se révélant moins routinière qu'il n'y paraît.

Sur une trame narrative plutôt classique où l'héroïne, envers et contre tous, découvre dans le passé de la victime quelques obscurs secrets en lien avec le crime, Marie-Christine Horn met en place une dramaturgie originale, un peu décalée notamment au niveau de l'introduction avec cette piqûre nous renvoyant au souvenir du crime dans une redoutable et efficace mise en perspective permettant de percevoir toute la détresse d'une femme désemparée. Outre l'efficience d'un schéma narratif maîtrisé on appréciera avec Marie-Christine Horn la convergence des genres pour une intrigue oscillant entre le polar et le roman noir. Ainsi l'enquête policière se met en place par l'entremise de l'inspecteur Charles Rouzier dont le profil s'apparente à celui d'un policier comme Jules Maigret ou Martin Beck tout en occupant un rôle plutôt secondaire pour mettre en exergue les carences des institutions cantonales révélant une corruption ne tournant pas forcément autour d'une simple question d'argent. Mais La Piqûre emprunte davantage de thèmes afférents aux romans noirs en mettent en scène cette dichotomie entre l'insouciance de Lou, représentation d'une classe moyenne aisée, et l'angoisse de Carlos dont le statut de séjour précaire le contraindra à quelques compromissions dont il ne peut révéler les tenants et les aboutissants. Parce qu'elle ne peut se départir du cliché du brésilien séducteur, Lou ne voit, dans les dissimulations de son amant, que de vagues petites histoires d'infidélité la conduisant sur le seuil de la rupture. Bien évidemment, rongée par le remord, ce n'est qu'à la mort de son amant que Lou va découvrir une réalité beaucoup moins glamour en se rendant dans un bidonville de Rio de Janeiro où vivait Carlos. Dans le cadre de cette dynamique de rédemption bien trop tardive, on appréciera également les personnages secondaires composant l'entourage de l'héroïne à l'instar de sa soeur Nicole, incarnation de la mère de famille modèle et de Daniel, son ami d'enfance dévoué, qui voit dans la quête de Lou, l'occasion de conquérir son coeur. L'ensemble se décline dans une atmosphère lausannoise que Marie-Christine Horn restitue par petites touches et avec beaucoup de justesse tout comme la ville de Rio de Janeiro et ses bidonvilles, dépeints avec beaucoup de pudeur en évitant tous les clichés sordides.

On l'aura deviné, l'ensemble du récit, dépourvu d'éléments gores ou de scènes d'actions trépidantes, tourne autour d'une tension psychologique continue que l'auteure entretient au gré de rebondissements surprenants qui alimentent une intrigue à la fois subtile et prenante. Avec une écriture précise et dynamique, sans abuser d'artifices narratifs propres au genre et avec une logique implacable, l'intrigue baigne dans une atmosphère de suspense se déclinant au rythme des nombreuses péripéties jalonnant le roman et dont l'issue ultime révélera encore quelques surprises que l'on découvrira sous la forme d'un épilogue à l'ironie mordante.

Pertinente dans le choix des thèmes qu'elle aborde avec beaucoup de finesse au travers de la belle énergie de cette figure héroïque d'une femme forte mais désemparée devant surmonter les obstacles de la disparition suspecte de son amant, Marie-Christine Horn nous offre, avec La Piqûre, un excellent polar dynamique conciliant la veine populaire du genre tout en abordant les multiples disfonctionnements sociétaux pouvant pousser l'individu à la commission d'un crime. Dans le paysage de la littérature noire helvétique il faut compter sur Marie-Christine Horn.

Marie-Christine Horn : La Piqûre. Editions L'Âge d'Homme 2017.

A lire en écoutant : O Caminho de Bebel Gilberto. Album : Bebel Gilberto. Crammed Disc 2004.

Lien : http://monromannoiretbienser..
Commenter  J’apprécie          90
"La piqûre" de Marie-Christine Horn est un roman particulier par la mise en parallèle d'une insupportable piqûre de moustique et les émotions de l'héroïne. L'auteure sort de son chapeau de magicienne cette idée originale et cela m'a beaucoup plus.

Il s'agit bel et bien d'un polar bien mené avec des personnages que j'ai beaucoup apprécié. Une plume aboutie et le mystère de cette affaire de pseudo-suicide nous portent de pages en pages en quête de la vérité jusqu'au dénouement, avec une petite surprise en toute dernière page.

Mais il s'agit également ici de réfléchir sur "que savons-nous du passé de la personne que l'on aime?" Connaissons-nous vraiment la personne qui partage notre quotidien?

En conclusion, une très bonne lecture en ce qui me concerne, je recommande ce roman et prenez soin de vos piqûres et pas seulement sur le plan physique.
Lien : https://silencejelis.blogspo..
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il faut croire que le psychisme a cela de très fort : si quelque chose va à l'encontre de vos principes, mais que vous vous sentez impuissant à y renoncer, vous modifiez votre perception pour que les deux s'accordent.
Commenter  J’apprécie          182
"Je sais à peine me gérer toute seule! Je n'ai que 25 ans, ... et ma vie n'est pas réglée comme du papier à musique. D'ailleurs ton père est loin d'en être les notes, ..."

La peinture est le reflet de l'âme, je ne peux pas reproduire ce que je ne connais pas.

Je souhaite que tu trouves ton bonheur... pas que tu fasses le mien.
Commenter  J’apprécie          00
La démangeaison la réveilla. Une douleur piquante sous la peau, semblable à l'implant d'aiguilles brûlantes.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : micmacVoir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}