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Citations sur Carton jaune (27)

J'avais déjà été rossé à l'école, et plus rudement (j'étais petit avec une grande gueule, une combinaison malheureuse), mais les coups venaient d'adversaire que je connaissais, ce qui les rendait plus supportables. (...) J'avais honte: malgré ma taille et mon âge, j'étais du sexe fort, et bien que vague, cette conscience de ma virilité me tenaillait. Il me paraissait inadmissible d'admettre que je puisse manquer de cran. La version que ma mémoire garderait de l'incident se conforme heureusement aux exigences de l'honneur masculin: ils étaient deux et j'étais seul. Ils étaient grands et moi petit. J'aurais certes pu être mouché par un moutard de sept ans manchot et borgne, mais le souvenir gravé dans ma mémoire me protégeait contre la crainte d'avoir fait figure de minable.
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Peut-être n’ai-je pas encore dit que le football est un sport magnifique, c’est une telle évidence ! Les buts ont une valeur de rareté que les points aux tennis ou au cricket n’atteignent pas. Ils suscitent donc une excitation, celle de voir quelqu’un accomplir une action qui ne se reproduira que trois ou quatre fois dans un match, si vous avez de la chance et pas du tout si vous n’en avez pas. J’aime les caprices de l’attente, l’absence de certitude et la façon dont de petits hommes triomphent de géants (r...), vous ne verrez ça dans aucun sport de contact. Je n’en admire pas moins les athlètes (...). J’aime enfin la manière dont la force s’unit à l’intelligence pour donner aux joueurs une grâce de danseurs ; rares sont les sports qui en font autant. Un coup de tête impeccablement coordonné, une volée parfaitement frappée confèrent aux corps un équilibre élégant qui n’a guère cours chez les autres sportifs.
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À cette époque, le football était la vie et il ne s'agit pas ici d'une métaphore. Je l'éprouvais dans ma chair : la souffrance de l'échec (à Wembley en 1968 et en 1972), l'extase (l'année où nous réalisâmes le doublé), l'ambition frustrée (le quart de finale de Coupe d'Europe, perdu contre Ajax), l'amour (pour Charlie George) et même l'ennui (la plupart des samedis à vrai dire), ces états d'âme, je les devais tous à Highbury.
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Il me semblait autrefois que mûrir et grandir étaient de même nature, relevant d'un inévitable, d'un incontrôlable processus. Maintenant, je croirais plutôt que mûrir dépend de la volonté que l'on peut choisir de devenir adulte mais seulement à des moments donnés. Ces moments ne se présentent pas souvent, ils peuvent survenir lors d'une crise dans nos relations avec autrui ou quand on entame quelque chose de tout à fait différent ; libre à nous de profiter de l'occasion ou de l'ignorer.
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Je suis tombé amoureux du football, comme plus tard je m'éprendrai des femmes, d'une manière soudaine, mystérieuse, aveugle, sans me soucier des chagrins et désordres que cette passion me causerait.
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Parfois, lorsque Arsenal marque un but, je vois littéralement des étoiles, ou pour le moins des points lumineux, ce qui n'indique pas un parfait équilibre physique. Mais qu'y faire ? Le football le veut ainsi. Il m'a transformé en un monstre froid qui planterait là sa compagne si elle faisait mine d'accoucher à un moment crucial (je me suis souvent demandé ce qui se passerait si je risquais de devenir père au cours d'une finale d'Arsenal). Tant que dure le match, j'ai onze ans.
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Cette saison, Papa et moi allâmes à Highbury une demi-douzaine de fois, et à la mi-mars 1969 j'étais un supporter confirmé. Les jours de match, je m'éveillais l'estomac serré, crampe qui s'intensifiait jusqu'à ce qu'Arsenal ait deux buts d'avance, alors seulement je pouvais me détendre.
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1968 fut, me semble-t-il, l'année la plus traumatisante de ma vie. Quand mes parents se séparèrent, avant de nous installer dans une maison plus petite, nous dûmes loger chez des voisins. J'eus une mauvaise jaunisse et j'entrai dans un nouveau lycée. Tous ces coups du sort n'annonçaient-ils pas que je céderais bientôt à ma passion pour Arsenal ? Il faudrait être aveugle pour le nier. (Je me demande combien d'autres fans, s'ils réfléchissaient à l'origine de leur obsession, ne découvriraient pas des refoulements freudiens. Bien sûr, le football est un sport superbe, et tout et tout, mais quelle différence y a-t-il entre les amateurs raisonnables qui assistent à une douzaine de parties au cœur de la saison, choisissent les meilleures, évitent les médiocres et ceux qui se sentent tenus à les voir toutes ? Pourquoi se rendre de Londres à Plymouth, un mercredi, gaspiller un précieux jour de congé pour une partie dont le sort s'est joué au match aller à Highbury ? Et si cette rage ne s'explique pas par une sorte d'autothérapie, quel traumatisme hante les subconscients de ceux qui assistent aux pitoyables combats des troisièmes divisions dans des trous reculés ? Peut-être vaut-il mieux ne pas le savoir.)
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J’aurais aimé faire partie de ces gens qui considèrent leur équipe locale comme leur restaurant habituel et n’hésitent pas à en changer si on leur sert des mets immangeables. Mais nous ne sommes que trop de supporters à accepter le pire et c’est pourquoi le football a si souvent abusé de notre confiance, sans même chercher à invoquer une excuse, ou tenter de se racheter. Pour nous, la consommation l’emporte, au point que nous en oublions la qualité du produit.
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Quand j’y réfléchis à présent, la conduite de ma mère me laisse perplexe. Elle répugnait à me voir dépenser mon argent pour les disques de Led Zeppelin (c’était compréhensible), ou pour des places de cinéma, elle ne m’encourageait même pas à acheter des livres, mais elle ne trouvait rien à redire lorsque, presque chaque semaine, je filais à Londres, à Derby ou à Southampton, me mêlant aux bandes de dingues sur lesquelles je tombais.
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