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Critique de Renod


Renod
13 novembre 2015
Si vous souhaitez frapper d'anathème un amateur de football, vous devez le traiter de « footix ». le terme désigne le fan qui ne supporte que les équipes qui gagnent et qui, s'il n'y connaît pas grand-chose en football, ne peut s'empêcher d'émettre des avis péremptoires et vaseux sur le sujet. A l'opposé dans la hiérarchie des footeux, il y la le supporter, le pur et dur. Nick Hornby est l'un d'entre eux. Il décrit sa passion dévorante pour un club du nord de Londres, l'Arsenal Football Club, dans son livre « Carton jaune ». Je râle à nouveau contre la traduction du titre orignal « Fever pitch », qui donnerait plutôt "l'excitation est à son comble". Nick Hornby sacrifie ses samedis après-midi pour assister, sous la pluie ou par un froid glacial de janvier, à un match nul, une rencontre dénuée d'intérêt, sans enjeu, contre une équipe nulle au milieu d'un public blasé. Les supporters semblent en effet guidés par des pulsions masochistes. Rien ne peut vous garantir un résultat favorable pour votre équipe et encore moins un spectacle agréable à regarder. A vrai dire, la plupart des rencontres sont dénuées d'intérêt, certaines équipes prennent peu de risque, le jeu est pauvre. Votre équipe peut se faire sortir en coupe par un adversaire beaucoup plus faible et réaliser la semaine suivante l'exploit de battre le leader du championnat. Il y a des hauts, souvent des bas et la plupart des équipes se situent dans le ventre mou du championnat. Mais le supporter se fait un devoir d'être présent, d'assister à chaque match, quitte à faire passer au second plan ses amis ou sa famille. Si vous souhaitez inviter Nick Hornby à votre mariage, veillez à ce que la date de l'événement ne coïncide pas avec un match d'Arsenal. L'auteur défend une cause perdue, celle des supporters de football. Dans l'esprit de certaines personnes, ce sport qui a le tort d'être populaire, se résume à quarante mille boeufs qui contemplent en crachant des insultes vingt-deux autres boeufs courir derrière une baballe. Mais il y a de tout dans un public, comme dans toute foule, et il ne peut être réduit à une minorité violente.

Nick Hornby raconte comment sa passion est née en 1968, il a alors une dizaine d'années, et comment le football a accompagné chacune des étapes de sa vie, du garçon paumé après la séparation de ses parents au jeune adulte qui se cherche sentimentalement et professionnellement. D'ailleurs, chaque chapitre est lié à un match, il en précise la date et les adversaires, en respectant une chronologie sportive. L'auteur évoque la face obscure du football, le hooliganisme (avec les drames du Heysel et de Hillsborough), la violence et le racisme. Il pointe aussi les difficultés à venir du football contemporain : l'emprise de la télévision sur ce sport, ce sont désormais les chaînes qui imposent leurs exigences en vue de la diffusion du match, la suppression des tribunes debout et l'augmentation du prix des places qui barrent l'accès aux supporters les plus modestes. Il nous explique combien l'ambiance est primordiale dans un match, que le spectateur qui se rend au stade vient autant pour le spectacle dans les tribunes, les chants et les clameurs, que pour celui sur le terrain. Cruel dilemme rencontré par les équipes de Premier League dans les années 90 et que connaît aujourd'hui le Paris-Saint-Germain : en vidant un stade de ses hooligans, on en sort ses principaux animateurs et on étouffe ainsi la « fever pitch ».

Vous connaissez la maxime ce qui est rare est précieux, j'étais donc bien heureux de m'attaquer à un livre défendant le football en tant que culture, racontant le quotidien d'un passionné, expliquant l'importance d'un public sans oublier de traiter les côtés les plus sombres de ce sport. J'ai malgré tout trouvé certains passages longs et pénibles ce qui est le comble quand il est question d'une passion. Mais comme l'avoue l'auteur, il s'agit plus d'une obsession que d'une passion. Par contre, j'ai aimé plonger dans le football anglais des années 70/80. Tapez "Charlie George" dans votre moteur de recherche, vous verrez, il avait une sacrée dégaine (pas de gel extra fort à l'époque) ! Et du tempérament : pour sa première et dernière sélection en équipe d'Angleterre il lance un vibrant « Go fuck yourself » à son sélectionneur.
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