Le ministère de l'agriculture est intéressé par le logiciel créé par la boîte informatique du narrateur que nous appellerons « N ».
N doit alors diffuser, avec un collègue, et quel collègue ! le maniement de ce logiciel dans différents centres régionaux dépendants du ministère de l'agriculture.
Avec Tisserand, ils commencent par Rouen….
.
Michel Houellebecq a eu, selon moi, les caractéristiques d'un enfant et jeune homme surdoué mais en carence affective. Il débute en 1983 une carrière en informatique chez Unilog, puis comme contractuel à la direction informatique du ministère de l'Agriculture, rue de Picpus, dans le XIIe arrondissement de Paris, où il restera trois ans. Cette période est évoquée de façon romancée dans
Extension du domaine de la lutte.
.
MAIS….
Qu'est-ce que ce titre bizarre ?
D'après
Michel Houellebecq, on suit la règle, puis on lutte, puis maintenant, il y a même l'extension de la lutte…
Ce livre est une sorte de journal de bord que tient le narrateur N, cadre informatique dans « une boîte qui tourne » à Paris, il décrit la lutte quotidienne de ses congénères, toujours en quête d'un peu d'amour, de plaisir, d'argent. Cette lutte est « étendue » au domaine sexuel depuis les années 80 / 90.
Le narrateur jette l'éponge ! Trop, c'est trop.
Désabusé, il a un peu l'humour de
Jean-Marie Bigard ( c'est pour diner ? --non c'est pour faire un tennis ).
Je l'imagine, car toute la saveur d'un livre est dans l'imagination, habillé à la « va comme je te pousse », un peu comme
Houellebecq, un peu comme moi avant de rencontrer ma Femme : )
.
N'attendant plus rien de la vie à cause de collègues inintéressants, mais aussi à cause d'un échec sentimental, il se place en observateur pertinent et sans pression des deux systèmes sociaux qui l'intéressent :
Le travail et le sexe.
.
Au milieu du livre, N /
Houellebecq délivre sa théorie sur ces deux questions :
.
« le libéralisme économique, c'est l'
extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie, et à toutes les classes de la société. de même, le libéralisme sexuel, c'est l'
extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie, et à toutes les classes de la société.
Sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, au plan des vaincus. Certains gagnent sur les deux tableaux ; d'autres perdent sur les deux. Les entreprises se disputent certains jeunes diplômés ; les femmes se disputent certains jeunes hommes ; les hommes se disputent certaines jeunes femmes.
Le trouble et l'agitation sont considérables. »
.
C'est une théorie intéressante.
L'auteur a raison, on est dans les années 80 / 90.
Pour les anciens comme moi qui avons bien connu cette fin de XXè siècle, ça été la folie furieuse, le « struggle for life », tant pour la course au diplôme afin de devenir jeune cadre dynamique avec cravate et attaché case… que pour le sexe, dont la course effrénée est trop bien décrite dans « Les nuits fauves » de
Cyril Collard.
.
C'est une théorie socio-philosophique qu'il a fourrée au milieu d'un récit qui colle bien à ce truc.
Pour moi, c'est une re-lecture. Première lecture en 2013, deux point cinq étoiles :je n'avais pas perçu la théorie au milieu du récit ; et j'avais trouvé ce récit très glauque : )
Alors que maintenant, j'ai mis 5 étoiles : ma « patate de sensibilité » a évolué ; j'ai trouvé que la description du quotidien collait à la réalité qui EST vulgaire (je suis redescendu de mon petit nuage ), et j'ai trouvé l'insertion de la bulle théorique pertinente par rapport à l'histoire du livre. de plus, je connais un peu plus
Houellebecq qui est un « personnage » provocateur, un peu du style Gainsbourg : )