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Interventions tome 1 sur 2
EAN : 9782080676313
146 pages
Flammarion (25/05/1998)
3.44/5   33 notes
Résumé :

" Les 'réflexions théoriques' m'apparaissent comme un matériau romanesque aussi bon qu'un autre, et meilleur que beaucoup d'autres. Il en est de même des discussions, des entretiens, des débats...

Il en est encore plus évidemment de même de la critique littéraire, artistique ou musicale. Tout devrait au fond pouvoir se transformer en un livre unique, que l'on écrirait jusqu'aux approches de la mort ; ça me paraît une manière de vivre rais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« On arrive parfois, partiellement (j'insiste sur « parfois » et « partiellement ») à communiquer par l'écriture des choses qu'il serait impossible à communiquer autrement ; et ce qu'on écrit n'est souvent qu'un faible écho de ce qu'on avait imaginé d'écrire. »
Interventions - Michel Houellebecq - éditions J'ai Lu page 458.

Cet ouvrage se présente comme un recueil de réflexions que l'auteur a eu l'occasion de se faire, d'entretiens qu'il a tenus avec untel ou un autre sur la période allant du début des années 90 au confinement du covid en 2020. Il a le grand mérite de faire parler son auteur non plus par personnage interposé – comme dans ses romans - mais par lui-même. le « Je » est bien celui de MH.

Cela fait de cet ouvrage un éclairage très intéressant quant à son auteur pour celui qui, comme j'ai pu le faire, a lu nombre d'ouvrages (exceptées les oeuvres poétiques) de sa main. Auteur qui ne laisse pas son lectorat indifférent, c'est sa marque de fabrique. MH a su se faire des adeptes, dont je suis et pas seulement pour les allusions à connotation sexuelle qui foisonnent dans ses pages, mais aussi des ennemis. Mais n'est-il pas vrai que celui qui n'a pas d'ennemis, n'a rien fait dans sa vie.

Car pour se faire des ennemis il suffit de bannir du discours hypocrisie et faux semblant ; en un mot de bannir ce que MH exècre par-dessus tout : le politiquement correct (page 213). Tendance de l'époque qui fait que plus personne ne parle de sincérité et préfère se couler dans un moule formaté par des codes de convenance consensuels et creux.

« Je n'ai pas envie de me laisser emmerder par les humanistes » clame MH (page 320). En particulier ceux qui formatent l'opinion et font que plus aucun discours n'est de vérité, mais lissé, standardisé, un peu comme les images qu'on nous déverse désormais à flot continu, lesquelles sont tellement nettoyées par la crème anti âge numérique qu'elles n'ont plus grand-chose à voir avec la réalité.

On avait compris, et il le scande dans cet ouvrage, que son combat est celui de la liberté d'expression qu'il défend bec et ongles. Dût-il pour attirer l'attention parler crument des choses que d'aucuns n'osent même évoquer à voix basse en prenant garde d'être entendu. La provocation est aussi un moyen de réveiller les esprits anesthésiés par ledit langage politiquement correct. Car si le discours de convenance est une belle vitrine il cache au chaland le contenu de l'arrière-boutique : un monde gouverné par « l'attractivité érotique et l'argent » au credo de chacun pour soi. Et Dieu pour personne désormais, depuis que Nietzsche a annoncé Sa mort et que Sa créature, bien qu'elle soit « un animal social de type religieux » se divertit de sa condition de mortel par la fête.

Notre monde, notre société, notre temps, ils ne les aiment pas. Pas plus que lui-même d'ailleurs. (Page 217) Mais il aime la littérature qu'il consomme sans modération. Ses envolées et ses références philosophiques nous font comprendre que sa culture n'est pas comme la confiture qu'on étale d'autant plus qu'on en a peu, sa culture à lui est bien consistante. Cet ouvrage le confirme au point que l'hermétique à toute philosophie s'en trouvera à la peine.

MH aime aussi se savoir lu. Quel écrivain dirait le contraire ? Aimé ou détesté peu importe. Il y a toujours un message qui passe et lui survivra quand il sera entré dans l'histoire. Avec cette ambiguïté de ne pas avoir d'estime de soi et vouloir en même temps marquer la postérité.

Avec MH le lecteur est mis à l'épreuve et jamais à l'abri de la déstabilisation. Au-delà des désillusions que lui procurent le monde et la nature humaine, et font la rancoeur nostalgique qu'on lui connaît longuement évoquée au travers des personnages de ses romans et bien sûr dans cet ouvrage, il évoque aussi dans ce dernier fréquemment son rapport à la littérature. Ne craignant pas sa compagnie bien au contraire. Elle l'a aidé à supporter le confinement. Littérature des autres bien sûr mais aussi celle de son cru. Avec ces surprenantes formules qui ne cesseront de nous surprendre : « Et quelle fascinante saloperie, quand même que la littérature, plus puissante que le cinéma, plus pernicieuse même que la musique » (page 286), mais elle reste « un moyen d'échapper à la vie » (page 337). Mais a contrario – et surement en auto dérision : « Il est bon de se méfier du roman ; il ne faut pas se laisser piéger par l'histoire, ni par le ton, ni par le style » (page 56), reconnaissant que dans ses romans à lui, « il manque quelque chose qu'on veut lui faire prononcer dans la réalité : c'est le message rassurant final. » On s'en est rendu compte !

Il est un autre combat que la personnalité et les écrits de MH confirment dans cet ouvrage, c'est celui du respect de la vie, de la personne humaine, fût-elle réduite au sommeil profond végétatif. La société qui prône la jouissance de la vie doit aussi en assumer les déficiences. Jusqu'au bout du bout et ne laisser qu'au Mystère (puisque Dieu est mort) qui préside à nos destinées le droit d'y mettre un terme.

Et de plaider quand même parfois pour son prochain – et pourquoi pas son lecteur : « L'homme est un être de raison – si on veut, cela arrive de temps en temps. Mais il est avant tout un être de chair et d'émotion : Il serait bon de ne pas l'oublier. » (Page 441).

De religion, de toutes les religions il est forcément beaucoup question dans cet ouvrage. Quand on parle de philosophie, la religion n'est jamais très loin pour tenter de lui reprendre la vedette. Aussi parmi les interventions sur le sujet, j'ai eu un faible pour la citation des Frères Karamazov qui n'a pas échappée à MH lorsque « Dostoïevski s'en prend à l'Église catholique, en particulier au pape et aux jésuites. Revenant sur terre, le Christ est aussitôt emprisonné par les autorités ecclésiastiques. le grand inquisiteur, venant lui rendre visite dans sa cellule, lui explique que l'Église s'est très bien organisée sans lui, qu'ils n'ont plus besoin de lui – et que, même, il les dérange. Il n'a donc d'autre choix que de le faire exécuter à nouveau. » (Page 422).

L'adepte de MH sera, avec cet ouvrage confirmé dans son inclination. Son détracteur pourra moduler sa répugnance avec ces Interventions qui si elles nous confirment que l'auteur aime bien bousculer son monde, n'en restent pas moins au-dessus de la ceinture.

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Interventions successives pour des revues, entretiens avec des personnalités plus ou moins connues, salons du livre, MH rembobine le temps et nous livre sans détour les traits de son existence comme il sait si bien le faire.
Métaphysique, politique gauche droite, science-fiction, sexe, féminisme, eugénisme, immigration, guerre civile, tout y passe et bien sûr sa conception de l'art littéraire, pas de littérature sans nicotine.
Détestation de Jack London (Le chouchou de Lénine), une certaine tendresse pour le Sarko du moment, essayant de lui glisser la formule d'une constitution visant à instaurer un régime présidentiel sans parlement avec une démocratie directe ce qui le fera qualifier de bobo-maurassien. Je n'aurais pas cru qu'il s'implique autant dans la politique politicienne avec son air grincheux, misanthrope et tourmenté, une dégaine à sans taper un peu…
Son seul vrai engagement : la lutte contre le politiquement correct et la pensée « mainstream ». La vraie formule pour se faire beaucoup d'ennemis…
Il fait un constat désespéré sur la sexualité de l'homme en général, caractéristique dans son oeuvre. Voyant une affiche faisant la promotion d'un site de rencontre, il s'écrit : qu'ils nous laissent au moins le hasard…
Il exprime l'angoisse si présente dans son oeuvre, un mal de vivre tiraillé entre une forme de nostalgie refoulée et la science-fiction, estimant que la vision de l'avenir ou la prédiction n'existent pas. Il cite Orwell avec 1984, affirmant qu'il n'était pas un visionnaire mais qu'il traduisait simplement ses angoisses du présent. Il se place au même niveau, notamment dans Soumission tout en octroyant une place fondamentale à la religion. Personne ne peut vaincre une religion, un peu comme un tsunami. L'eau renverse tout le reste, feu, air, etc… mais au final, ceux qui se convertissent à l'Islam, comme un destin inéluctable, ne le font que dans un but détaché de la dimension métaphysique, par pur opportunisme.
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Ramassis de péroraisons glauques, provocations à deux balles, une somme d'inepties qui ne vaut que ce que le petit cercle de copains et coquins lui donnent comme publicité. Un véritable compagnon de route des néo fascistes qui tentent depuis des années de relever la tête (libertaires, et hystériques du libre-marché et de la marchandisation de tout). Cette engeance qui vit grassement se permet de mépriser les pauvres et les plus vulnérables, tout en se gargarisant de textes ineptes.
Rappel : "La prostitution, je trouve ça très bien. Ce n'est pas si mal payé, comme métier"... a-t-il osé déclarer dans une interview. Et s'enfonçant encore plus, il ajoutait, à propos des victimes de guerres : "Bien sûr qu'il y a des victimes dans les conflits du tiers monde, mais ce sont elles qui les provoquent [sic]. Si ça les amuse de s'étriper, ces pauvres cons, qu'on les laisse s'étriper."
Pour compléter, cet auteur n'a pas hésité à voler le titre d'un autre écrivain, "La carte et le territoire" (Michel Levy), déposé légalement à la BNF, et usurpé par ce pseudo intellectuel sans scrupule ni morale.
Tout est dit, mieux vaut mépriser ce genre d'individu
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Bouquin assez méconnu de Houellebecq, dommage car très riche, souvent percutant. Un livre qui nous fait réfléchir sur des sujets comme le travail, la poésie, notre époque, etc. Houellebecq essayiste est presque aussi bon que Houellebecq romancier !
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Articles et interview qui se lisent bien dans le métro.
Mais l'intérêt des sujets traités reste discutable tant il y a de bavardages.
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Vidéo de Michel Houellebecq
Guillaume Nicloux et l'éclectisme ne font qu'un, de la quinzaine de films qu'il a réalisé, il a exploré des genres bien différents. Cette fois-ci ci, il nous embarque en Guadeloupe aux côtés de Blanche Gardin et Michel Houellebecq, un duo pour le moins improbable...
À l'occasion de son film "Dans la peau de Blanche Houellebecq", sorti en salle le 18 mars 2024, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Joel Saget / AFP
#art #cinema #film _________
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