Non réconcilié : Anthologie personnelle 1991-2013

Cet écrivain dépressif et incisif, que l'on adore détester, est aussi un poète.
Et cela ne date pas d'hier, il publie des poèmes depuis plus de 30 ans.

Ceux qui connaissent les sujets traités dans ses livres ne seront pas dépaysés. En gros, l'abandon affectif dans lequel se trouve l'individu dans une société occidentale indifférente.

Qui mieux que lui, qui a vécu cette tragédie d'abandon étant enfant, avec le talent qu'on lui connaît, peut décrire une telle atmosphère!

Un brin de muguet et de désillusion, des volutes de fumée de cigarettes et de pessimisme.

Vous avez peut-être vu comme lui, les vieux assis le long des couloirs des maisons de retraite où circulent des internes indifférents. Des vieux pour lesquels on lui devine de la tendresse, tout en sachant que la visite qu'ils attendent ne viendra pas ce dimanche.

J'ai compati aussi avec celui qui s'afflige de perdre ses dents tout en regardant la jeunesse se bécoter sur les bancs publics. A certains moments, comme ceux-là, il pense mettre fin à ses jours.

Car il veut et il cherche pourtant l'amour!
Mais peut-être pas dans ces clubs de vacances où l'on s'ennuie, finalement.

Tous les poèmes ne se valent pas mais le format de ces écrits apportent une concision et sûrement un éclairage sur ses grands romans.

Une poésie du désespoir, des désillusions, des rêves envolés avec les années. Parfois cruel, Houellebecq se raconte et chacun y trouvera une part de lui-même.

Trivial. Tel semble être l'objet de l'anthologie de poésie de Michel Houellebecq intitulée, Non réconcilié. À travers ces poèmes, nous retrouvons le cynisme, la distance froide, clinique même, qui paraît traverser l'oeuvre de Houellebecq. Et c'est bien ce qui en constitue pour moi l'intérêt. Nul ne dépeint avec autant de clairvoyance mêlée de sévérité les maux modernes.

Tout au long des quatre premières sections du recueil, Houellebecq développe des motifs saturniens : la mort, la maladie, l'ennui, la mélancolie, l'absence d'amour…bref, une bonne lecture d'automne, parfaite en cette période sereine et joyeuse ! Ajoutez à cela un bon gros temps de novembre, avec du brouillard et une humidité à 200%, vous obtenez un cocktail déprime aussi puissant que Romances sans paroles, de l'ami Verlaine.

Pour autant, la dernière section semble tempérer ce climat maussade et y apporter une note d'espoir. Les poèmes se font plus doux. Un soleil hivernal pointe. Et la mélancolie acerbe, bileuse, laisse place à un sentiment plus léger, un spleen aérien, emprunt de nostalgie. C'est la partie que j'ai préférée parce qu'elle me semblait donner sens à l'ensemble du texte, véritable catabase. Ici, point de héros grec qui affronterait son destin aux Enfers, l'Enfer est intérieur et les démons se combattent à grand coup de Tramadol.

Dernier point, Houellebecq choisit la plupart du temps la versification rimée et c'est peut-être mon seul mais gros bémol. Je n'y ai pas trouvé la musique de la poésie classique. Les idées sont terriblement puissantes et pour cette raison, certains vers sont à tomber par terre. En revanche, les sonorités, le jeu sur le rythme, les rimes n'étaient pas pour moi au rendez-vous. C'est dommage parce que lorsque la forme rimée est choisie, je m'attends toujours à retrouver les rythmes classiques. Déception sur ce point, donc.

Toutefois, je vous invite à ouvrir les pages de ce recueil. Michel Houellebecq est surtout connu pour ses romans et c'est regrettable, tant sa poésie développe les mêmes thèmes, ce que beaucoup considèrent comme des obscénités, en moins. Il révèle son talent pour donner à voir le réel dans sa vérité la plus crue. le monde apparaît tel qu'il est : froid, distant, lugubre. Et cette confrontation au réel agit comme une véritable catharsis, ce qui au final est très positif et surtout, très beau.
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Poesie pessimiste, cruelle parfois. J'ai beaucoup aimé cette poésie contemporaine compréhensible qui sent le vécu. Je préfère Houellebecq poète que romancier.