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EAN : SIE97599_7688
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.86/5   39 notes
Résumé :
" Soleil au ventre" qui est le troisième roman de la saga " La nuit indochinoise" est la suite directe du premier roman ( Tu récolteras la tempête ).
On est d’entrée avec Georges Lastin, le Georges Lastin médecin civil qu’on avait quitté en poste à Takvane, et qu’on retrouve, un peu désorienté, conducteur de camion au Vietnam.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Préface : Jean Hougron

ISBN : 9782221101902

ATTENTION : SPOILERS !

Second volume de cette somptueuse saga sur l'Indochine, "Soleil au Ventre" se passe essentiellement au Viêt-nam et nous y retrouvons le Dr Georges Lastin, personnage principal de "Tu Récolteras La Tempête", qui a dû fuir Takvane après le meurtre, pourtant en légitime défense, de son beau-frère, Khône, jeune apprenti viêt-minh qui s'était rendu coupable d'un attentat contre la Résidence. Au début, rappelons-le, Lastin voulait simplement permettre de fuir au tout jeune homme mais, dûment embrigadé et cherchant à prouver sa valeur auprès de ses "supérieurs" communistes, Khône s'était retourné contre Lastin.

Après quelques aléas, Lastin s'est reconverti dans le convoyage. A l'époque, compte tenu de la situation de plus en plus tendue, les entrepreneurs des grandes villes organisent de longs convois de camions en direction des petites villes et d'encore plus petits villages qu'ils doivent approvisionner en essence, en nourriture, etc, etc ... Ces convois sont guettés par le Viêt-minh mais pas forcément de façon systématique. En d'autres termes, ceux qui s'y engagent gagnent certes un bon salaire mais ne savent jamais s'ils vont être attaqués ou non. Et encore moins s'ils seront abattus ou faits prisonniers.

Lastin, qui a pris soin de se débarrasser de ses armes quelques minutes avant l'instant fatal, est pour sa part arrêté avec d'autres Français alors qu'il prenait la fuite pendant l'attaque tout en se retournant pour tirer sur les assaillants. Si les Viêts l'avaient pris les armes à la main, il est certain qu'il aurait été abattu sur place. Mais, désarmé, il est simplement ramené au camp des attaquants. Ses qualités de médecin lui permettent bientôt d'ailleurs de se retrouver dans la journée à l'infirmerie du camp, où il soigne les blessés, ce qu'il n'accepte de faire que si on l'autorise également à soigner les Occidentaux. Ce que le commandant du camp accepte de mauvaise grâce, sous la pression du Commissaire politique dont il dépend, homme plus âgé, moins rempli de haine également et d'esprit certainement plus ouvert.

Cette partie du roman est particulièrement intéressante. Hougron nous y fait toucher une Histoire assez récente en mettant en scène des personnages à qui, à quelque camp qu'ils appartiennent, nous parvenons à nous identifier. Lâcheté, courage, empathie, haine, mépris, respect, viêt-minh communiste ou colon français, parasite ou sincère : tous nous parlent. C'est admirablement fait et presque incroyable car il était bien difficile, voire carrément périlleux, d'atteindre à ce résultat à l'époque de parution du roman.

Dès le départ du convoi, Lastin avait fait la connaissance d'un couple, elle, Viêt-namienne particulièrement jolie, du nom de My-Diem, lui, son mari, André Ronsac, Français qui, on ne le saura que plus tard, s'est vu contraint d'abandonner une situation de haut fonctionnaire pour satisfaire sa passion. Pourtant, Lastin le sent "faible" et, même s'il le soigne avec dévouement, il ne parvient pas à concevoir pour lui beaucoup d'estime.

Il faut dire que, en parallèle et de manière insensible, Lastin tombe amoureux de My-Diem en qui il voit par contre une femme "forte", une personnalité dominante, dont il ne comprendra jamais le sentiment qui la pousse vers Ronsac. Pour parvenir à recouvrer sa liberté et celle de son mari - car ils sont bel et bien mariés - My-Diem n'hésite ni à coucher avec le commandant du camp, ni à raconter, par exemple, que Lastin possédait bel et bien une mitraillette quand il a été arrêté mais que, comme il l'avait dissimulée, les Viêt-minh n'avaient eu aucune preuve pour l'abattre, et se retrouve ainsi à Saïgon pour y négocier une grosse rançon auprès des amis d'André. Lastin, lui, ne devra son salut qu'à l'intelligence du Commissaire politique et aussi au répérage du camp de combattants communistes par l'aviation française.

De retour à Saïgon lui aussi, il a vite fait de se remettre financièrement sur pied et se met en quête des Ronsac ...

Le roman se concentre alors sur la relation entre Lastin et My-Diem avec, entre eux, cette étrange figure de Ronsac que je ne suis, pour ma part, pas parvenue à comprendre et envers qui je partage, je l'avoue, le mépris de Lastin. Nous revenons donc au psychologique pur et à l'incroyable aveuglement de ceux qui aiment mais ne sont pas aimés de retour avec la même intensité. Disons-le avec franchise, c'est parfois un peu gnangnan, ce genre de choses ...

Evidemment, vous pouvez apprécier ce que, personnellement, j'ai jugé plan-plan, soit le dernier tiers du roman. Mais, je le répète, la première partie a une ampleur, un souffle qu'on n'est pas près d'oublier et les descriptions de cette Indochine que l'auteur a aimée comme s'il y était né sont luxuriantes, étouffantes, incroyablement vraies et elles vous enveloppent comme si vous y étiez, vous donnent même l'envie de partir voir tout ça.

Il y a beaucoup d'amour chez les personnages de Hougron pour cette contrée qui, si longtemps pour les cartographes, demeura à la fois fabuleuse, somptueuse et inquiétante. Mais l'auteur français nous fait voir aussi la misère qui y sévissait - et y sévit probablement encore - et tente avant tout de nous faire percevoir et comprendre ne serait-ce qu'une parcelle de la façon de voir les choses des habitants - de la même manière que certains de ses personnages occidentaux tentent d'ouvrir leur univers aux Asiatiques tandis que font de même certains des personnages laotiens, viêtnamiens, cambodgiens, etc ... envers les Français.

Une saga à lire dans son intégralité car elle recèle les âmes multiples de ces peuples qui formèrent l'Indochine et parvient à les faire dialoguer avec l'âme de la France, sinon de l'Occident. Pour saisir le phénomène dans toute sa beauté, son intensité et son indubitable humanité, il faut en lire tous les tomes, si possible dans l'ordre chronologique. Les amoureux d'Aventure ET d'Histoire - les vrais "citoyens du monde - n'y manqueront pas, j'en suis certaine. Que les "bobos", devenus aujourd'hui ce que je nomme les "vovos", passent leur chemin : L Histoire, ils n'y connaissent rien et, qui pis est, ils s'essaient de nos jours à la falsifier. C'est tellement plus facile que de faire ce que Hougron a fait ... ;o)
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Dans ce troisième volume de « La Nuit indochinoise » réapparait le personnage de Georges Lastin héros du premier roman « Tu récolteras la tempête ». Devenu transporteur il est capturé par le Viet Minh lors de l'attaque d'un convoi.
Emprisonné dans la jungle avec quelques européens Lastin dévoile qu'il est médecin est devient celui de tous dans le camp, ce qui lui confère un statut et le respect des geôliers ainsi qu'une certaine facilité à établir des contacts. C'est là qu'il rencontre Ronsac un français maladif et My Diem sa magnifique et mystérieuse épouse vietnamienne dont il va tomber amoureux.

Si la première partie est épatante, du roman d'aventure à l'état pur, la suite consacrée à la relation orageuse entre Lastin et My Diem souffre de longueurs et Hougron peine à la rendre passionnante.

Le début du roman est haletant avec une scène d'action inaugurale de haut vol, une description de la vie dans un camp Viêt Minh parfaitement réussie en particulier sur le plan des relations entre prisonniers et gardiens faites de brutalité mais avec une compréhension mutuelle qui rend les choses supportables. Les Viets détestent les coloniaux prisonniers mais les connaissent et c'est réciproque. Chacun joue son rôle et une relation est possible, dans ce cadre Lastin est l'homme idéal, le médecin soigne sans distinction et se fait respecter par son détachement et sa solidité.
Sorti du camp par miracle il n'a de cesse de retrouver Ronsac et surtout sa femme My Diem dont il est sûr de faire la conquête. A Saigon tous les européens se connaissent et les retrouvailles seront rapides. Commence la seconde partie du livre où les amants vont jouer un je t'aime moi non plus qui finit par être un peu lassant.

Au second degré on peut sans doute voir à travers ce couple une métaphore de la relation entre les français et les vietnamiens. Une curiosité mutuelle, une attirance charnelle mais une méfiance permanente due à la domination des uns sur les autres, Lastin passe son temps à traquer l'insincérité chez My Diem, la soupçonne de double jeu. de son côté My Diem accuse Lastin d'égoïsme et de ne pas la comprendre. A la lecture de « Soleil au ventre » il devient aisé de comprendre l'attachement que les coloniaux pouvaient avoir pour l'Indochine même si c'était pour des mauvaises raisons et pourquoi les vietnamiens ne pouvaient les accepter.
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Troisième volume de la série "La nuit indochinoise" ce récit nous fait retrouver le personnage principal du premier roman et de ce fait pourrait apparaitre comme une suite.
Le roman se partage en deux parties, la première étant un récit d'action pure débutant par une longue scène de combat et la seconde une histoire d'amour et de questionnement entre le français et une jeune vietnamienne.
Excellent livre d'aventure et très bien documenté ce récit est intéressant à lire par ce qu'il démontre de la mentalité et la pensée occidentale sur les peuples asiatiques qu'ils dominent alors encore militairement . À travers les écrits de Hougron transparait la supériorité et la condescendance du colon sur un peuple viet ou lao qu'il considère comme de grands enfants, fourbe et souvent cruel .Hougron n'a pas une vision très optimiste de la femme en général et la femme asiatique en particulier. Si les propos et les opinions teintées de sexisme et de racisme qu'il met dans les pensées de ses personnages occidentaux devraient être tenus de nos jours lui faudrait l'opprobre générale. Ceci dit comme dans chaque roman de la saga il n'épargne pas non plus les colons qui sont souvent perçu comme des êtres faibles et sans grande morale.
Une saga intéressante à lire donc et qui peut se voir comme un excellent récit d'aventure avec de l'action et de la tendresse mais également comme un témoignage des mentalités de l'époque.
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Comme beaucoup de "suites", "Soleil au ventre" sent le plat réchauffé.
Et à la différence de la daube, le réchauffé littéraire passe mal.
Surtout l'histoire sentimentale avec l'ex-espionne des Viets n'apporte pas grand-chose, tandis que la première partie (la route, l'attaque, la captivité) auraient aussi bien pu prolonger le premier tome...
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A lire autour d'un voyage au Viet Nam
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... "Deux jours plus tard, je débutais comme taxi-girl dans un grand dancing de Cholon. Je n'avais même pas eu à faire la démarche pour obtenir la place. Tout avait été arrangé d'avance par le comité viêt-minh de Saigon. Le patron du dancing chinois où j'entrais payait de grosses sommes à notre parti, afin que l'on ne jetât pas de grenades dans son établissement qui était surtout fréquenté par des Blancs ...

... A cette époque-là, en 1945, je ne savais pas beaucoup danser, mais les Français m'invitaient quand même à leurs tables. Nous parlions. Ils me posaient des questions. Le genre de question que l'on pose aux taxi-girls. Je répondais en essayant de deviner la réponse qu'ils attendaient de moi. J'avais toujours peur qu'ils ne s'aperçoivent que je les haïssais et je leur présentais mon visage le plus aimable. La plupart d'entre eux étaient des militaires, des officiers, car le dancing était l'un des plus luxueux de la ville. Ils m'apprenaient à danser et je voyais qu'ils étaient heureux de ma maladresse même. Ils buvaient beaucoup. Certains devenaient ivres avant la fin de la soirée et faisaient du scandale, insultant les boys et les femmes indigènes qui se trouvaient là. Le patron finissait toujours par leur donner raison et j'étais satisfaite de les voir si semblables à l'image que je me faisais d'eux ...

... Mais tous n'étaient pas ainsi. Parfois, ils se mettaient à parler de la guerre et ils avaient la même voix et les mêmes gestes que mes deux frères au retour d'une attaque. Eux non plus d'ailleurs n'aimaient pas tellement parler de la guerre et de leurs ennemis et j'étais un peu irritée de leur découvrir les mêmes réactions et les mêmes attitudes que celles des hommes de ma race. ..." ... [...]
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[...] ... Lorsque la troupe arriva, il faisait presque nuit. Des sentinelles à demi-dissimulées dans l'herbe à éléphants regardèrent passer les soldats et leurs prisonniers. Ils débouchèrent bientôt dans une sorte de clairière qui semblait être le centre du camp, et les militaires se dirigèrent vers un long bâtiment bas dont la porte et les deux fenêtres étaient faiblement éclairées. Les gardes, poussant les prisonniers devant eux, les enfermèrent un par un dans les minuscules cabanes de bambou tressé, qui bordaient la clairière. Une porte se rabattit sur Lastin, un cadenas claqua dans sa gâche. Il se retrouva seul et tâta les parois de sa prison. En se redressant, il heurta le toit et jura sourdement. Il eut vite fait le tour de ses quatre mètres carrés et s'allongea sur la terre battue.

Il se rassit pour ôter ses sandales et chercher les sangsues agglutinées en bourrelets épais sur ses orteils et autour de ses chevilles. Il les effleurait à tâtons, saisissait leurs grappes molles entre ses doigts et les arrachait d'une secousse. Il les écrasait ensuite en pressant vigoureusement la semelle de l'une de ses sandales contre le sol. Quand la dernière sangsue qu'il avait découverte agrippée au gras de sa cuisse eut éclaté, il se recoucha.

On bougeait de l'autre côté de la cloison. Il appela :

- "Qui êtes-vous ?

- Ronsac.

- Qui ça, Ronsac ?

- Nous avons été capturés ensemble.

- Votre femme est avec vous ?

- Non. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Nous avons été séparés.

- Il n'y a pas de paillote à côté de la vôtre ?

- Je ne crois pas." ... [...]
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Il y a dans la vie coloniale à ce niveau un ennui soporifique qui tient à ses rites, à ses manières empesées, au code minutieux de ce qui se fait et ne se fait pas. On se croirait sous Jules Ferry. Rien n’y manquait, pas même la promenade du dimanche dans des lieux consacrés, feuillus et branchus, pour y faire parade et respirer le bon air en famille. J’étais sensible à cet anachronisme, ce recul dans le temps – jeune fille à longs gants sous une ombrelle – qui n’est pas sans charme et que j’ai retrouvé un peu partout en Indochine, comme si on avait voulu immobiliser le temps afin de mieux lutter contre l’envahissement sournois de l’Asie, par nostalgie aussi d’exilés.
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Et puis les femmes m’aidaient, avec lesquelles je me suis toujours bien entendu, celles de là-bas veux-je dire. D’elles, j’ai souvent acquis l’essentiel, il passe quelquefois une belle, une étrange sincérité entre deux jeunes qui s’aiment et tirent au même attelage. Ils ne se cachent rien. L’estime, la tendresse, l’amour, les querelles aussi qui jouent leur rôle décapant, vous font découvrir cette fameuse vérité qui m’était si chère. Les différences raciales, culturelles soudain gommées, on est de plain-pied et on se dit ce qu’on pense.
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Quand je pense qu’autrefois, il était le premier à clamer qu’il valait mieux se pendre qu’épouser une indigène. C’est à ce moment-là qu’il avait raison. Avec ces filles-là, de n’importe quel bout que tu les prennes, tu es nécessairement roulé. Elles te vident ton compte en banque, font fuir tous tes amis, et quand elles t’ont bien trompé, adieu ! Sans compter que pendant qu’elles vivent avec toi, elles ne rêvent que de te cocufier avec le premier bougnoule venu…
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Littérature
(Le débat commence entre le public et les chroniqueurs à propos d'un article écrit par Matthieu GALEY sur Jean-Paul SARTRE, après son refus du prix Nobel, et dans lequel, Matthieu GALEY explique "qu'il est devenu malgré lui, un auteur lu par les bourgeois"). Sont abordés, les livres :
- " Histoire de Georges Guersant", de Jean HOUGRON - " L' État sauvage", de Georges...
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