« Si tu ne comprends pas le message du produit, c'est que tu n'es pas la cible. »
J'aurais dû m'en douter : « Seinen Manga » veut dire manga s'adressant à un public de jeunes hommes. Voilà que présentement, je mutais présomptueux !
Je partis donc en flèche dans la prodigieuse trajectoire de ce type de lecture, à me perdre dans la profusion, novice que je suis.
Le titre : « Les deux
Van Gogh » m'a immédiatement séduit ce qui également m'arrangeait car l'histoire se déroulait en un seul tome et non pas en une trentaine comme fréquemment.
« Man » : Divertissant, exagéré. – « Ga » : Dessin, peinture.
« Man », je confirme. J'ai passé les premières pages la bouche ouverte à gober les mouches tout autant que mes héros qui s'étonnent de tout et surtout de rien et les yeux écarquillés comme dans le film « Orange mécanique », genre les gars qui auraient vu les trois mousquetaires tirer à la mitrailleuse avant de s'éclipser en bateau-volant, délirant micmac.
J'avoue, divertissant mais comac les mimiques !
Alors à côté, les deux
Van Gogh catalogués dandy chic glacé aux cheveux plaqués pour Théo et va-nu-pieds débraillé et rêveur pour Vincent composent une approche étrangement soft.
La proximité des frères est correctement dépeinte, Théo protégeant sans cesse son frère élu, caractériel, introverti à la destinée à l'oreille cassée et professeur es-tournesols.
« Ga », en noir et blanc surement pour des raisons économiques et vraisemblablement comme pour le papier aspect « journal ». Les dessins sont quasiment plus éloquents et plus exubérants que les textes qui souvent sont courts et quelquefois onomatopéique : blam, gulp, flap, shrak. Pourtant parfois tendre et émouvant : « Avoir vécu à tes côtés aura été le plus grand bonheur et le plus grand malheur de ma vie. »
Que n'as-tu donc pas compris dans le message du produit ?
Bonne question, merci de me l'avoir posée. Shrak. Eh, redescend truffe molle, c'est toi qui te la pose. Gulp.
En fait, c'est l'âge - quoi l'âge ? Justement, celui qui ne te permet plus de te laisser embarquer, bercer, attendrir par des situations rocambolesques, des élucubrations de personnages ayant réellement existés sortis d'une jolie tête de mangaka qui te fais prendre pour argent comptant une histoire douloureuse, pathétique et sensible que tu connais déjà mais qui est à mille lieues de la vérité vraie. N'oublie pas qu'à l'époque, c'est Vincent qui me dictait ses lettres pour que je les poste à Théo. Et bam ! – Gros mytho !
« Dis Vincent - Quoi ? – Sais-tu comment on dit « Talent » en anglais ? – Non, aucune idée – « Gift » - gift ? – Oui, en d'autres termes le talent...est un « cadeau » du ciel, il n'est pas offert à tous. le Seigneur ne l'offre qu'à une poignée d'élus. – Ces gens là doivent être vraiment heureux... »
Franchement, tu le crois ça ? Gloups !