Petite fleur des champs : la pierre de soleil

Un gémissement rompit le silence et tira Petite Fleur Des Champs de sa prostration. Elle déposa vivement ses fardeaux et se précipita vers la vieille femme au centre du cercle.
— Mère De La Tribu ! Mère De La Tribu, que se passe-t-il ? Pourquoi ne bougent-ils plus ?
Assise en tailleur, la femme aux cheveux blancs posa un regard lourd sur la fillette. Ses yeux fatigués avaient connu plus de cent hivers, ils avaient assisté à la naissance de chacun des habitants du village. On l'appelait donc à raison la Mère De La Tribu. L'expérience des nombreuses années vécues lui avait conféré de la sagesse. L'intensité de ses prunelles démentait la fragilité de son corps.
— Écoute-moi bien, Petite Fleur Des Champs !
La fillette colla pratiquement son oreille aux lèvres de la doyenne tant les paroles de celle-ci étaient à peine audibles.
— Le village est sous l'emprise d'un charme. Toi seule peux l'en délivrer.
— Mais, comment ?
— Tais-toi et écoute ! Le temps m'est compté. Dans quelques instants, je serais pétrifiée à l'égal des autres villageois. Une seule chose peut briser le sortilège. La Pierre De Soleil. Elle se trouve sur le sommet d'une haute montagne vers le couchant. Va la chercher !
— Comment la reconnaîtrais-je ?
— C'est un cristal magique, il prend la couleur du soleil à chaque instant de la journée.