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EAN : 9782070373314
576 pages
Gallimard (12/11/1981)
3.65/5   132 notes
Résumé :
Le premier roman de " l'enfant sublime " : Hugo n'a guère plus de vingt ans lorsqu'il l'achève, et Han d'Islande plaide la thèse de l'alliance du roi, de la jeunesse et du peuple face à l'absolutisme du mal qui tient d'abord à ce qu'on meurt de faim aux portes des palais.
L'action se passe au XVIIe siècle dans un royaume scandinave que terrorise un être bestial, Han, qui vit seul avec un ours et ne se nourrit que de sang humain. Un monstre, une révolte popula... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Quand il écrit "Han d'Islande", Victor Hugo, ce futur génie de la littérature, n'a que dix-neuf ans. Pas encore majeur mais déjà l'émule de grands écrivains, qu'ils soient contemporains, comme Sir Walter Scott, ou de brillants précurseurs, tels Shakespeare et les auteurs picaresques du Siècle d'Or espagnol. Car, impossible de s'y tromper, il y a bien du "Robin des Bois", du "Ivanohé", du "Hamlet" et encore du "Don Quichotte" dans "Han d'Islande". L'aventure, l'amour, l'action, le manichéisme, tous sont réunis pour servir une narration bien rythmée et bien documentée.

1699, royaume de Norvège.
Voilà déjà de quoi étonner le lecteur... mais très vite les accents shakespeariens qui accompagnent toute la mise en place du contexte de l'action le mettent rapidement dans un décor familier. Pour ne pas être trop rassurant et gâter ainsi tout dépaysement, Victor Hugo veille à mêler à son récit des éléments fantastiques : caveaux funéraires, apprentis savants disséquant les morts, géant sanguinaire se jouant de la justice des hommes, ours polaire domestiqué... Bref, entre gothique et romantisme, le roman se ménage une place confortable.

Que dire du style ? Il faut se pincer pour se rappeler que l'auteur n'avait pas vingt ans lorsqu'il a pensé et écrit cette aventure digne des grandes chansons de geste. Tout est déjà là, ne demandant qu'à s'affirmer : le verbe généreux, les descriptions précises et impactantes, les personnages superbes d'idéaux ou de fiel.

Le roman historique est un genre auquel Victor Hugo s'est essayé ici avec succès et qu'il perfectionnera encore par la suite, notamment avec son très grand "Notre-Dame de Paris". Enfin, sous la fiction de la narration se laissent entrevoir les thèmes chers à Victor Hugo et qu'il développera toute sa vie via la poésie, la littérature ou le pamphlet : l'humanité, la liberté, la justice, la foi et bien sûr l'amour.


Challenge MULTI-DÉFIS 2017
Challenge XIXème siècle 2017
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Ce livre, recopié, a été refusé au vingtième siècle par plusieurs éditeurs (un seul félicitant Victor Hugo). Savoir si les éditeurs font bien leur boulot et connaissent leurs classiques est une chose, en déduire que le roman est mauvais en est une autre.
Roman de jeunesse, certes, bien plus faible que les suivants sans doute (il me faudrait essayer l'homme qui rit), daté bien sûr (mais ce n'est pas pour cela que Stendhal l'a éreinté).

Moi je dis que sa lecture reste agréable. A une époque où une mode gothique se maintient, où les films gore ont un public, un peu de sang et d'excès ne vaut pas une condamnation. Sans aller comme d'autres jusqu'à dire que la prose hugolienne se reconnaît en dix lignes (ça reste un premier roman), j'ai apprécié non seulement une langue superbe mais encore ce mélange de romantisme échevelé et de provocation dans le macabre. L'ombre de Walter Scott plane sur cette Norvège, l'intrigue y est compliquée et rebondissante à souhait (allez-y, lisez, n'espérez pas que je fasse le résumé pour vous), le sentiment de la nature est typique du premier romantisme, etc.

Jusque là je n'ai pas appris grand-chose à grand-monde, mais j'ai voulu faire cette petite critique juste pour signaler que, déjà, Hugo entame son grand plaidoyer contre la peine de mort. On trouve une expression : « Condamnés tous à mort avec des sursis indéfinis » qui sera reprise mot pour mot dans le dernier jour d'un condamné.
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Totor fait dans l'horrificque.

Je vais divulgâcher le dossier, cela m'évitera de le faire pour l'intrigue. Hugo se lance à vingt ans dans l'écriture de ce premier roman pour des raisons fort pratiques : bien qu'il soit déjà récipiendaire d'une petite pension royale pour ses talents de poète, il a besoin de démontrer à son futur beau-père que son métier d'écrivaillon est une garantie de revenu suffisante pour sa future épouse. Et, comme aujourd'hui, ce n'est pas la poésie qui assure le big money. Au XIXe siècle, c'est le roman, publié en épisodes dans les journaux puis vendu en ouvrage. Et donc il s'y colle.

Ce beau-père ayant assorti ses doutes d'une interdiction formelle aux deux jeunes gens de se fréquenter, cela influence un des thèmes du roman : le beau chevalier doit accomplir une prouesse qui l'éloigne de sa belle recluse, et les deux de soupirer chacun de son côté, ce qui fournit quelques pages. Si l'on ajoute à cette quête quelques intrigues bien vilaines de quelques méchants bien retors, dont la description donne d'ailleurs des moments réjouissants, on arrive à un joli pavé de 500 pages.

Et sinon, c'est surtout du romantisme noir, gothique. Inspiré semble-t-il de Walter Scott et principalement de son Nain noir, dont Hugo était fervent lecteur. Les paysages sont systématiquement lugubres, les amours longtemps contrariées, il y des scènes qui font p-p-peeuuur, d'autres censées émouvoir.

La psychologie des personnages est rarement subtile. le sera-t-elle jamais chez Hugo romancier ? Ses personnages seront plutôt toujours très typés, souvent « larger than life », et c'est déjà le cas dans ce premier essai.

Le tout me plonge dans un abîme de perplexité. C'est très bien écrit, il y a parfois un souffle épique, mais c'est aussi parfois gentiment neuneu ou grotesque. Et, dans le second cas, je n'arrive pas à décider si c'est volontaire ou s'il a vraiment écrit cela au premier degré. Parce qu'il y a des moments où ça sent quand même la pochade, par exemple quand il égratigne un grammairien latiniste, cf la première citation que j'ai ajoutée. D'autres fois, on se demande : quand il décrit la vie de famille du bourreau (cf autre citation), est-ce qu'il pense vraiment effrayer ? Dans ce cas, ce serait un peu grossier. Il y a aussi de la maladresse dans certains quiproquos, comme le chapitre XXIV, un grand moment de n'importe quoi.

Bref, j'ai préféré penser qu'il se jouait du genre et nous entraînait dans son jeu, ça passe mieux. Même si je crains que ce ne soit pas toujours le cas. Et que son inexpérience pour ce premier roman fasse ressortir davantage, si besoin, ce qui caractérise à mes yeux Hugo : admirable mais parfois tellement « trop » que ça en devient indigeste.
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Il est toujours intéressant d'aller lire les oeuvres de jeunesse des grands auteurs. Et pour le coup ici, c'est bien d'une sacrée jeunesse qu'il s'agit puisque Hugo en a écrit la première version à tout juste 18 ans. Alors, le génie est-il déjà là dans sa toute puissance, juste en germe, ou difficile à discerner ?

Je pencherais pour la solution intermédiaire. Pour un jeune de cet âge la langue est riche et de nombreuses citations sonnent agréablement à l'oreille... mais il ne faut sans doute pas imaginer que les jeunes de 18 ans de l'époque parlaient comme la jeunesse actuelle (Ah, les SMS de Hugo, quelle poésie) et Hugo est tout de même issu d'un milieu aisé.

En revanche, l'intrigue connaît des rebondissements un peu attendus et parfois exagérés, notamment dans un recours quasi systématique aux quiproquos liés à des identités non dévoilées. On sent que l'auteur cherche à installer un mystère et un suspense mais de façon un peu artificielle.

L'intrigue en elle-même reste faite de ce qui fonctionne à l'époque: les grandes histoires romantiques, les trahisons politiques, les luttes de pouvoir. Hugo s'intéresse à ce qui fera l'essentiel de son oeuvre romanesque (on pense notamment aux Misérables) mais en prenant bien soin de parler d'un pays lointain, de rester dans une fiction aventureuse loin de toute réalité qu'on pourrait lui reprochait. Hugo n'était pas encore prêt aux risques qui l'ont conduit à l'exil.

On ne peut pas juger cet oeuvre comme l'oeuvre de jeunesse de n'importe quel auteur. On ne peut s'empêcher d'y voir par moments le génie du grand auteur qu'il va devenir... même si on ne peut que constater qu'il reste ici assez bien dissimulé !
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Roman de jeunesse de Victor Hugo, écrit en 1821, Han d'Islande m'a plus fait pensé à un livre de Dumas, roman d'aventure sans prétention (j'ai une dent irrémédiable contre Dumas, je dois l'avouer, non pour un manque de qualité littéraire mais, je crois, parce que j'ai lu assez tôt Les trois Mousquetaires, à un âge où pour moi les livres se finissaient toujours bien, et je me suis sentie flouée par une fin plus noire que ce que je pouvais imaginer. Au moins vingt ans après cette lecture, je ne lui ai toujours pas pardonné, et n'ai jamais rouvert un livre de lui…), qu'au Victor Hugo tourmenté des grands romans qu'on lui connaît.
J'ai donc apprécié cette lecture plus pour son côté divertissant que pour ce que j'aime d'habitude dans les oeuvres de Hugo. Situé en Norvège (malgré le titre) à la toute fin du XVIIème siècle, le roman est l'histoire des conspirations et des machinations que l'attrait du pouvoir et des privilèges fait échafauder, avec la figure improbable mais tellement nécessaire au roman de cape et d'épée du preux chevalier que rien ne peut détourner des nobles sentiments et de l'honneur, bien aidé en cela par les soupirs extasiés d'une jeune ingénue qui attend patiemment sa libération. Et puis, parce qu'un gentil n'existe pas en soi mais grâce au méchant qui lui donne la réplique, Han d'Islande est là pour incarner la barbarie à l'état le plus brut.
Certes ce résumé est quelque peu ironique, mais il me paraît souligner ce que j'ai apprécié dans cette lecture et éviter tout malentendu pour d'éventuels lecteurs à venir. Ce fut un moment divertissant, où les péripéties sont parfois prévisibles quelques chapitres à l'avance, mais où l'on peut se laisser surprendre, une histoire agréable à lire et qui montre que, si le génie de Victor Hugo ne s'est pas créé en un jour, ses écrits moins célèbres sont aussi intéressants à lire, bien qu'à d'autres titres.

Deux aspects que j'aimerais souligner, avant de conclure cette note de lecture. D'abord, l'ironie de Victor Hugo, très pince-sans-rire, est déjà très présente dans ce texte. Dans le roman, certes, mais surtout peut-être dans les préfaces, notamment celles à la première et la seconde éditions (la préface plus tardive se prenant un peu trop au sérieux cette fois). J'avais vu ce trait du style d'Hugo dans différents livres que j'ai lu de lui récemment, et j'ai été étonnée de voir que ce roman de jeunesse présente déjà de telles caractéristiques.
Ensuite, je suis étonnée, dans ce livre somme toute assez léger, de l'importance donnée aux sentences de mort. Il y a plusieurs scènes où intervient le bourreau, dont certaines décrivant par le détail (comme sait si bien le faire Victor Hugo) des exécutions capitales, comme l'on dit pudiquement. Parfois, ces scènes n'apportent rien à l'intrigue, mais Victor Hugo devait tenir à ces évocations lugubres. Je ne dirais pas que l'on retrouve là les prémisses de ce que sera un des plus grands combats politiques de Hugo car il me semble qu'il est plus question de fascination que de positionnement politique ou philosophique. C'est peut-être dans cette fascination cependant que s'enracinera plus tard le combat, mais même s'il est question de sens moral (chevaleresque serait peut-être plus approprié bien qu'un peu anachronique peut-être), Han d'Islande n'est pas encore un écrit politique. Victor Hugo trempera sa plume dans l'amertume des inégalités et dans l'écoeurement de la morale bien-pensante plus tard et nous donnera alors des romans bien plus incisifs. Ce n'est pas ce qu'il faut espérer en ouvrant ce roman, le premier publié par Victor Hugo, mais ce n'est pas non plus une raison pour bouder son plaisir. Son style est déjà affirmé, et il n'est pas toujours désagréable que les preux et les vertueux blancs comme neige triomphent des fourbes et des vilains.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
La foule, plus émue que le condamné, le considérait avec une attention avide. L’éclat de son rang, l’horreur de son sort, éveillaient toutes les envies et toutes les pitiés. Chacun assistait à son châtiment sans s’expliquer son crime. Il y a au fond des hommes un sentiment étrange qui les pousse, ainsi qu’à des plaisirs, au spectacle des supplices. Ils cherchent avec un horrible empressement à saisir la pensée de la destruction sur les traits décomposés de celui qui va mourir, comme si quelque révélation du ciel ou de l’enfer devait apparaître, en ce moment solennel, dans les yeux du misérable ; comme pour voir quelle ombre jette l’aile de la mort planant sur une tête humaine ; comme pour examiner ce qui reste d’un homme quand l’espérance l’a quitté. Cet être, plein de force et de santé, qui se meut, qui respire, qui vit, et qui, dans un moment, cessera de se mouvoir, de respirer, de vivre, environné d’êtres pareils à lui, auxquels il n’a rien fait, qui le plaignent tous, et dont nul ne le secourra ; ce malheureux, mourant sans être moribond, courbé à la fois sous une puissance matérielle et sous un pouvoir invisible ; cette vie que la société n’a pu donner, et qu’elle prend avec appareil, toute cette cérémonie imposante du meurtre judiciaire, ébranlent vivement les imaginations. Condamnés tous à mort avec des sursis indéfinis, c’est pour nous un objet de curiosité étrange et douloureuse, que l’infortuné qui sait précisément à quelle heure son sursis doit être levé.
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C’était en la sauvant d’un grand péril que Caroll avait enfin obtenu sa Lucy. Un jour il avait entendu des cris dans un bois ; c’était sa Lucy qu’un brigand, redouté de tous les montagnards, avait surprise et paraissait vouloir enlever. Caroll attaqua hardiment ce monstre à face humaine, auquel le singulier rugissement qu’il poussait comme une bête féroce avait fait donner le nom de Han. Oui, il attaqua celui que personne n’osait attaquer ; mais l’amour lui donnait des forces de lion. Il délivra sa bien-aimée Lucy, la rendit à son père, et le père la lui donna.
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Qui ne s’est point arrêté cent fois durant les nuits pluvieuses sous quelque fenêtre à peine éclairée ? Qui n’a point passé et repassé devant une porte, erré avec délices autour d’une maison ? Qui ne s’est point brusquement détourné de son chemin pour suivre, le soir, dans les détours d’une rue déserte, une robe flottante, un voile blanc tout à coup reconnu dans l’ombre ? Celui qui ne connaît pas ces émotions peut dire qu’il n’a jamais aimé.
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Cet être, plein de force et de santé, qui se meut, qui respire, qui vit, et qui, dans un moment, cessera de se mouvoir, de respirer, de vivre, environné d'êtres pareils à lui, auxquels il n'a rien fait, qui le plaignent tous, et dont nul ne le secourra ; ce malheureux, mourant sans être moribond, courbé à la fois sous une puissance matérielle et sous un pouvoir invisible; cette vie que la société n'a pu donner, et qu'elle prend avec appareil, toute cette cérémonie imposante du meurtre judiciaire, ébranlent vivement les imaginations. Condamnés tous à mort avec des sursis indéfinis, c'est pour nous un objet de curiosité étrange et douloureuse, que l'infortuné qui sait précisément à quelle heure son sursis doit être levé.
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Nos frères les mineurs se plaignaient de la tutelle royale, et cela était tout simple, n'est-ce pas, votre courtoisie ? Vous n'auriez qu'une hutte de boue et deux mauvaises peaux de renard, que vous ne seriez pas fâché d'en être le maître. Le gouvernement n'a pas écouté leurs prières. Alors, seigneur, ils ont songé à se révolter, et nous ont priés de les aider. Un si petit service ne se refuse pas entre frères qui récitent les mêmes oraisons et chôment les mêmes saints. Voilà tout.
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