Je pense que pour goûter tout à fait cette pièce et sans doute bien d'autres de cette époque, il est préférable d'avoir lu les oeuvres dont elle prend le contrepied. D'abord pour bien réaliser en quoi elle est révolutionnaire, puis pour pouvoir comparer le traitement de certaines situations, l'amour contrarié, le devoir envers la mémoire du père, le pouvoir… avec celui fait par les prédécesseurs. A tout le moins la lire dans une édition critique. Voire deux.
Mais si l'on veut juste avoir le plaisir de lire, pas besoin de notes en bas de page ou de dossier en fin d'ouvrage. Parce qu'elle est, à ma grande surprise (béotienne que je suis) fort plaisante.
D'abord c'est enlevé, que de coups de théâtre, d'entrées en scène opportunes (pour l'action, pour les protagonistes pas toujours), les personnages ont du caractère, et ils ne sont pas toujours ou tout blanc ou tout noir, voir en particulier Don Ruiz Gomez de Silva et Don Carlos. Et enfin l'humour n'est pas absent, parfois des situations mais surtout des dialogues.
Vous l'avez compris, j'ai aimé. Allez, si vous avez peur de ne pas apprécier, empruntez-le. A la bibliothèque, à votre enfant, à la voisine… Mettez le nez dedans, que risquez-vous, de passer un moment agréable, ou de perdre une demi-heure avant de vous dire que décidément ce n'est pas pour vous. Vous avez le droit de ne pas aimer mais vous saurez pourquoi. Et si vous ne vous souvenez pas de ce que la (le) prof avait dit de la bataille d'
Hernani et de
Théophile Gautier, de ce que pensait
Victor Hugo de l'unité de temps et de l'unité d'action, si même vous avez oublié ce que c'est, ce n'est pas grave, si finalement vous aimez l'
Hernani de ce brave père Hugo. Enfin père, quand il l'a fait jouer, il n'avait que 28 ans. Pas mal pour un presque débutant.
Victor, je vous admire comme homme, je lis volontiers vos
poèmes, je sens qu'un jour peut-être je dirais « comment peut-on ne pas lire
Victor Hugo ». Mais cela est une autre histoire.
Critique faite dans le cadre du Challenge ABC 2014-2015