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sur 7982 notes
On a tout dit, écrit ou filmé sur ce livre, mais le mieux, c'est encore de le lire car notre vieux Victor est plus que jamais l'immense écrivain que nous connaissons. C'est toujours un plaisir de lire une telle langue, à la fois sophistiquée et abordable.

Dès l'abord du roman, on fait la connaissance de l'incontournable Jean Valjean. D'abord vaurien puis, écoeuré par sa propre noirceur, initié à la générosité par un évêque sans prétention, et qui deviendra le bienfaiteur de certaines âmes sans titre ni fortune (le père Fauchelevent et quelques autres dont je préfère vous taire les noms au cas où vous n'auriez pas connaissance de l'histoire).

Victor Hugo nous fait aussi de temps en temps quelques digressions sur des sujets qui l'intéressent, notamment la bataille de Waterloo. Bien que n'ayant qu'un vague rapport avec le fil de la narration, on ne s'ennuie pas de ces méandres dans le panier ventripotent de notre histoire de France (Du moins y ai-je pris plus de plaisir qu'à la lourde digression sur le couvent du Petit Picpus).

Outre Jean Valjean, nous suivons les mésaventures de la pauvre Fantine, où l'on se heurte à l'une des scènes les plus horribles jamais écrites : la séance chez le dentiste. Je ne vous en dit pas plus, mais ce passage remue bien les entrailles ! Les " méchants " sont sublimes de méchanceté : Javert, le flic zélé et obtus, les Thénardiers, veules et cupides à souhaits, sont tous aux petits oignons...

Après l'épisode du couvent, on fait la connaissance du dernier personnage central du roman en la personne de Marius. C'est le fils d'un vaillant soldat de la grande armée, " volé " (sous peine de se faire déshériter) à son père par le grand-père maternel, vestige vivant de l'époque Louis XV et fervent royaliste.

Le petit Marius grandit donc dans cette schizophrénie des origines et se retrouve un peu déboussolé à la mort de son père, qui lui est quasi inconnu, lorsqu'il prend conscience que celui-ci fut un héros sous Napoléon, traité comme le dernier des gueux par son vieux royaliste de grand-père. En somme, tempête sous un crâne, quête identitaire, et tous les assauts de la misère jusqu'à ce que son oeil croise celui d'une belle jeune fille...

Marius fait ensuite la connaissance de son voisin, qui s'avère être également une vieille connaissance du lecteur et dont je vous laisse découvrir l'identité. Une embuscade gigantesque attend l'infortuné Jean Valjean, et toutes les vipères sont prête à lui sauter sur le dos. Marius assiste impuissant à l'exécution d'un traquenard diabolique. Il apprend à craindre ce voisin et décide de quitter son voisinage. le dépit le gagne car sa belle inconnue lui a glissé entre les doigts.

Ses amis républicains suivent attentivement la montée de la pression sociale et sauront prendre les armes et monter des barricades en temps voulu. Victor Hugo nous fait alors entrer de plain-pied dans une des multiples insurrections qui ont émaillé la période de la restauration.

Il nous fait monter sur les barricades et comprendre pourquoi, quelques années plus tard, Napoléon III a tant tenu à faire redessiner Paris par Haussmann, vu la facilité avec laquelle une guerre de rue pouvait voir le jour dans le Paris d'alors.

L'émeute en question est celle du 5 juin 1832, c'est-à-dire l'une de celles qui ont avorté, à la différence de leurs glorieuses consoeurs de 1830 et 1848.
Marius se joindra-t-il a eux lors de l'insurrection ? Retrouvera-t-il son aimée ? Jean Valjean parviendra-t-il à s'extirper de l'étau et de la malédiction qui le pressent toujours un peu plus ? le père Gillenormand pardonnera-t-il à son petit-fils et le petit-fils au grand-père dans ce gigantesque malentendu ?

Victor Hugo saura-t-il nous faire haleter jusqu'au bout ? La réponse à cette dernière question est oui. Et pour conclure, si papy Hugo ne vous arrache pas une petite larme avec son final, allez d'urgence consulter un cardiologue car vous avez sûrement un petit problème de myocarde.

Bref, lisez, relisez, re-relisez, délectez-vous de notre vieux Victor. Un style qui allie la grandiloquence et la simplicité, le tout appuyé sur un excellent scénario, donc, tous les ingrédients pour façonner un roman qui tient toutes ses promesses. Chapeau bas MONSIEUR Hugo, même si ce n'est qu'un misérable avis et qu'il ne signifie pas grand-chose sur une barricade.

P. S. : COMMENTAIRE CONCERNANT L'ÉDITION DE LA PLÉIADE
Il est à noter que ce volume pléiade est d'assez mauvaise qualité selon moi pour au moins deux raisons : d'une part, lorsqu'on achète un volume de ce prix, on espère qu'il y ait un vrai travail de relecture, or, il y a beaucoup de coquilles disséminées dans l'ouvrage.

Deuxièmement, les commentaires sont presque systématiquement inutiles ou inintéressants, car Maurice Allem, fait toute une comparaison avec la première version de l'oeuvre intitulée Les Misères et l'essentiel des notes consiste à dire « cette phrase manque dans Les Misères », « tel mot est différent dans Les Misères », etc. En somme, on s'en fiche, à moins de faire une thèse sur les différentes versions du manuscrit d'Hugo avant publication définitive.

On aurait espéré des vrais commentaires éclairants, utiles ou des explications ciblées, pas cette glose de spécialiste sans intérêt. À la fin, j'ai carrément arrêté de regarder les notes tellement c'était barbant. Cependant, le fait de tenir l'intégralité de l'histoire dans un seul volume, pas trop encombrant, est assez agréable, et en cela le format pléiade est intéressant.

P. S. 2 (du 27/04/2018) : il semble que les gens de Gallimard aient également constaté cette carence car ils vont lancer une toute nouvelle édition pléiade qui, je l'espère, gommera les lacunes de la précédente.
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Je n'ai encore jamais lu un livre qui arrive à la cheville de celui-ci.

Il y a toute la littérature, toute l'humanité et toute la vie dans les Misérables. C'est toute la différence entre un classique et un chef d'oeuvre. Les Misérables, indémodable comme tout chef d'oeuvre qui se respecte est bien plus moderne que beaucoup de romans récents.

C'est un roman absolument parfait, c'est LE roman. Il est inconcevable et impardonnable de ne pas le lire, de préférence en version intégrale, parce qu'il n'y a pas un mot de trop en 1800 pages.

Si je pouvais je l'apprendrais par coeur.

PS : Je voue un culte éternel à Éponine, bien qu'on lui préfère presque toujours cette petite cruche de Cosette. le destin d'Éponine en est d'ailleurs rendu d'autant plus tragique, puisque dans le roman et jusque dans la réalité, tout le monde se fiche de sa pauvre vie.
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Difficile de faire la critique d'une oeuvre aussi « monstrueuse ». Elle nous dépasse, elle nous illumine, elle nous écrase. Victor Hugo pointe son doigt sur la misère, il la décortique, il l'explique. Il donne sa voix au peuple.

Romancier, philosophe, prophète, historien qui se mêle de tout, tant des évènements, que des coeurs et des âmes, des idées et des moeurs. Il ausculte la civilisation. Il interroge l'ombre, la boue. Il n'a pas peur d'éclabousser les habits des élégants. La vérité doit jaillir.
Il remue les sables mouvants, la vase des égouts, pour mettre à jour ces misérables, ces hommes que l'on empêche d'atteindre l'idéal. L'ignorance, la faim, engendrent les ténèbres, le crime, la haine, la colère.

La colère et la haine engendrent la révolte. Il y a l'émeute qui est le cri de celui qui a faim, il y a l'insurrection qui émane de celui qui réclame justice, lumière, vérité. De la révolution naît le progrès, l'élévation de l'homme.

Pourquoi la route de Jean Valjean le conduit-il au bagne ? Est-ce la fatalité ou la société qui le façonnent en monstre ? La loi est faite par les hommes, les hommes ne sont pas infaillibles, ils peuvent se tromper.

La société crée, par son égoïsme, par sa bêtise, les enfants des rues, les prostituées, les voyous, les forçats. Faire sortir les misérables de leur enlisement, de leur nuit, oblige à ouvrir les yeux. Il faut remuer la vase, l'éclairer sans avoir peur d'y laisser des plumes. Il faut du courage et de la générosité. Le fumier est un trésor, il fait fleurir la rose, l'ortie a ses vertus, il faut en prendre soin. Chaque graine a sa valeur, chaque pièce est indispensable au puzzle de l'humanité.

Un forçat peut s'avérer compatissant, bienfaiteur, protecteur, s'il rencontre la bonté, la sollicitude, la confiance. Un homme comme Javert, aussi dur que le granit, peut douter si on l'ébranle. Il peut se fissurer, et laisser un rayon de lumière le traverser. Une "Cosette", alouette, paraissant laide et idiote, peut devenir lys, si on l'arrose d'amour et de chaleur.

« il n'y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs. »
« Humanité, c'est identité. Tous les hommes sont de la même argile … Mais l'ignorance mêlée à la pâte humaine la noircit. »

Victor Hugo, patriote de l'humanité nous dit ceci :
« À l'heure, si sombre encore, de la civilisation où nous sommes, le misérable s'appelle l'homme ; il agonise sous tous les climats, et il gémit dans toutes les langues. »

Un roman majestueux qui s'adresse à chaque homme, quelques soient l'époque et la nation où il vit. L'homme progresse, sort de sa nuit, mais il reste encore des zones d'ombre partout sur la planète. Tant que les égoïstes ne laisseront pas plus de place aux misérables, de crainte de perdre leur bonheur, l'idéal ne sera pas atteint.

Selon un proverbe mohave, "un homme ne peut être riche que s'il refuse d'aider ceux qui sont dans le besoin." (Enfants de tous les temps, de tous les mondes)
L'idéal n'est pas dans la richesse, il est dans l'égalité et la fraternité. Ne laissons pas que des miettes aux plus démunis.

Victor Hugo a ce don de résumer en une phrase une vérité étincelante et criante. Il assène cette vérité dans nos crânes à coups de mots terriblement beaux. Il a pour mission de faire fondre l'enfer sur terre, de faire que chaque homme puisse toucher les étoiles. Il nous impressionne par son sens aigu de l'analyse et par la richesse de ses connaissances. On ne peut que saluer le génie.

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GAVROCHE, Les Misérables. Classiques Hatier.
"Un petit mendiant
demande la charité aux oiseaux
Oh! Ne me laissez pas la main pleine
Je resterai là jusqu'à la nuit s'il le faut
Et, il y a dans son regard une lueur de détresse." Jacques Prévert.


Quand j'ai un gamin qui trépigne, réclame des baskets de marque, un portable dernier cri, ou ce qu'il croit être son dû, et mérite des taloches, je lui demande s'il connaît Gavroche ?...
- Tu dis quoi? Répond le môme.


Vous vous souvenez des Misérables de Victor Hugo?
Gavroche n'est qu'un personnage parmi d'autres...
Paris a un enfant et la forêt a un oiseau: l'oiseau s'appelle le moineau: l'enfant s'appelle Gavroche!


Il ne mange pas à sa faim, ni tous les jours. Pas de chemise( avec un logo), ni de souliers ( de marque) ou encore de toit sur la tête...
Il porte un vieux pantalon, jure comme un damné, tutoie les filles et le ciel, chante des chansons obscènes. Si on demande à Paris, ce que c'est?
- C'est un moineau, un titi parisien, un Gavroche!
Pas de gîte, pas de pain et pas d'amour, mais "il était joyeux parce qu'il était libre".


Quand les Thénardier furent arrêtés, Gavroche se retrouva à la rue, avec ses 2 petits frères. De toutes façons, la Thénardier n'aimait pas ses garçons:
- Je n'ai pas besoin d'une thiaulée d'enfants!


En 1830, il y avait un monument bizarre, une maquette d'éléphant,( idée de Napoléon pour commémorer sa campagne d'Egypte) à l'angle de la Bastille.
C'est là que Gavroche va abriter les 2 petits qu'il a recueillis.


Sur la barricade, Gavroche ramasse les poires à poudre et les fusils des révolutionnaires tombés à terre, pour les révolutionnaires. Une balle le rate, une autre renverse son panier, alors Gavroche se dresse:
- Je ne suis pas notaire
C'est la faute à Voltaire
Je suis petit oiseau
C'est la faute à Rousseau.
Un spectacle épouvantable, Gavroche taquine les tireurs, un moineau becquetant sous les fusils des chasseurs. L'enfant ripostait par un pied de nez, en chantant, il n'avait pas 13 ans...


Re lisez "Les Misérables"! Grâce à cet essai des classiques Hatier, on revoit Gavroche et on se souvient du Titi parisien... Il y a de jolis dessins d'enfant, dont celui de Gavroche par Victor Hugo. Et, des textes de Sempé, Prévert, Cesbron, Sabatier et Rimbaud sur les enfants dans la ville...


Elu député en 1849, Victor Hugo lança à l'Assemblée Nationale:
- Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre, Vous n'avez rien fait tant qu'il y a, au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère. Je suis de ceux qui croient qu'on peut détruire la misère.
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Une somme, un chef d'oeuvre absolu, lu, relu, vu, revu, écouté, réécouté...et même chanté, rechanté! J'ai même eu pour livre de chevet un "Paris des Misérables " pour me guider dans mes balades parisiennes...dommage que l'Eléphant de Gavroche ait disparu...

LE LIVRE par essence sous toutes ses facettes : grande Histoire et fourmillement d' histoires, personnages mythiques et figures populaires, lieux inoubliables et objets symboliques, plaidoyer vibrant et réquisitoire inspiré, présence tutélaire de l'auteur et vitalité quasi-indépendante des personnages, fresque épique des événements et intimité étroite avec les sentiments.

Bien sûr, il y a des longueurs: la bataille de Waterloo, les chandeliers rédempteurs de Mgr Myriel, la grande Barricade, l'ancienne et la nouvelle, les amours un peu gnian-gnian de Marius et Cosette....mais quel souffle, quel panache, quel maelström d'émotions!

On peut fermer le livre, on ne quitte jamais vraiment les personnages, on les retrouve dans la vie, ils sont immortels, ce sont devenus des types : un gavroche, une cosette, une fantine, un javert, une/un thénardier, un valjean..

Pour ceux que les gros pavés rebutent -en particulier les jeunes lecteurs,- je recommande Les Misérables en classiques abrégés, à l'Ecole des Loisirs: le résultat est inespéré...sitôt le livre fermé, ils se jettent sur le VRAI LIVRE pour en savoir plus, en revivre encore les émotions, en prolonger le plaisir..
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Les Misérables constituent l'un des piliers de la littérature française. C'est presque un lieu commun de déclarer cela et en même temps, c'est très rassurant que ça le soit. Victor Hugo est un monstre dans son domaine et c'est normal que de sa plume se soit naturellement extraite une oeuvre monstrueuse, colossale et dont la grandeur semble insurpassable.

Jamais titre ne fut aussi bien choisi pour introduire une oeuvre. C'est par le titre que le lecteur est d'abord accroché et ce titre "Les Misérables" est un véritable fil d'Ariane tout au long du roman. Tous les personnages de l'oeuvre ont été, sont ou seront à un moment donné dans le récit ce qu'il convient d'appeler "un misérable". de différentes manières : socialement, sentimentalement, pécuniairement, politiquement...

Le récit est très bien mené, les personnages sont fouillés, le rythme est bon, les descriptions sont puissantes, les développements autour de la psychologie et de la nature humaine sont avant-gardistes, le plaisir de lire est intense.

Les Misérables, un roman prégnant qui place le lecteur devant sa propre humanité, dans un décor grandiose, celui de l'Histoire en mutation et de l'Humanité si désespérément fidèle à elle-même.
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100 ème critique aujourd'hui !

Pour fêter cela dignement, il n' y avait qu'un seul livre possible à chroniquer.
Les Misérables de Victor Hugo.


100ème critique et cela fait bientôt un an que je me suis inscrite sur Babelio. Je me souviens encore d'avoir eu à choisir mes livres pour une île déserte. le premier qui s'est imposé naturellement, c'est ce chef d'oeuvre incommensurable.


Partir sur une île déserte revient à tout abandonner. Famille, maison, travail, amis...
C'est se retrouver seul sans rien. Se sentir complètement démuni.
Et pourtant. Si j'emmenais avec moi Les Misérables, je sais à quel point sa lecture me comblerait.


Les Misérables, c'est la vie, c'est l'humanité toute entière, c'est la moindre petite joie jusqu'au plus violent bouleversement.
A travers Les Misérables, on peut tout vivre !

La joie, la peine, le regret, la colère, la révolte, la honte, la rémission, le bonheur, la misère, la médiocrité, l'innocence, la jalousie, l'amitié, l'amour, la décadence, l'enrichissement, la trahison, la haine, l'enfance, la légèreté, l'impertinence, l'ivresse, l'abandon, la désolation, la débauche, le vice, la guerre, l'incompréhension, l'injustice, la déroute, le pardon, le dévouement, l'espoir...


Il y a des jours où …j'abandonnerais bien ma p'tite vie pépère pour aller vivre tout cela sur mon île déserte avec Les Misérables sous le bras !

(Enfin...juste pour les vacances !)
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C'est un thriller du XIXè siècle !
A Digne, Jean Valjean, galérien libéré aux idées embrouillées par le bagne avec son passeport de forçat qui l'exclut de la société, tuera t-il l'évêque Bienvenu pour lui voler ses chandeliers ?
A Montreuil-sur-Mer, Monsieur Madeleine, riche homme d'affaires altruiste, ira t-il se dénoncer à la place de Champmathieu, alors que Fantine a besoin qu'il extirpe sa fille Cosette des mains du cupide Thénardier, et que la ville de Montreuil, qu'il a fait prospérer, a besoin de lui ?
A Paris, l'implacable inspecteur Javert reprendra t-il le forçat reconnu Jean Valjean, alors que celui-ci a promis à Fantine mourante qu'il s'occupera de sa petite Cosette ?
.
Victor Hugo fait de son oeuvre un immense procès à la Justice, qui ne sait pas s'adapter aux circonstances.
Mérite t-on 5 ans pour le vol d'un pain qui empêcherait une famille de mourir de faim par un rude hiver ?
Doit-on infliger 19 ans de galères abrutissantes à un forçat qui s'échappe, mais ne fait rien de mal ?
La "Justice" ne doit-elle pas tenir compte des bienfaits que Jean Valjean ( Monsieur Madeleine ) a apporté à la ville de Montreuil, et faire grâce de sa peine pour le "vol" de 40 sous à Petit-Gervais ?
.
Au contraire du sens des lois de l'époque, Victor Hugo montre qu'un misérable, si on ne le rend pas à toute extrémité comme lui donner, une fois libéré, un passeport de forçat avec lequel il ne trouve aucun travail, ce misérable peut rester la bonne personne qu'il était.
En 1848, alors député, Victor Hugo a fait un discours en ce sens, mais les mentalités évoluent lentement.
Avec l'évêque Bienvenu et Monsieur Madeleine, Victor Hugo montre le chemin de l'altruisme et du partage que devraient prendre les gens qui "réussissent".
.
Ce roman est toujours d'actualité : )
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Plus jeune, j'adorais la version abrégée des Misérables pour enfants. La lecture de la version complète est un véritable coup de fouet. Sa force ce sont les personnages emblématiques : le vaurien Jean Valjean, Cosette l'orpheline, la malheureuse Fantine, Marius le rêveur, la maligne famille Thénardier ou le tenace Javert. Des personnages qui se croisent, se traquent et se retrouvent à travers les rues de Paris alors marqué par des émeutes.
Victor Hugo coupe parfois le récit pour évoquer la bataille de Waterloo, Napoléon, l'évolution de l'argot "la langue des gens de la rue" ou nous faire voyager dans les égouts de Paris.
J'ai un petit faible pour Gavroche et tous les gamins de Paris qui deviennent adultes trop tôt mais gardent une âme d'enfant en chantonnant dans les rues tout en volant. Une oeuvre incommensurable, marquante à lire et à relire.
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1 632 pages, 1.100 kg (en édition de poche) : un livre qui tient davantage du pavé que l'on descelle pour construire une barricade, que de l'objet inoffensif que l'on glisse dans un sac.

De ce roman, je ne connaissais que les noms des personnages principaux : Jean Valjean, Cosette, Gavroche, Javert et les affreux Thénardier. L'intrigue m'était pratiquement inconnue, et c'est donc sans aucun a priori que je m'y suis engouffrée. Et j'ai été aussitôt happée par l'histoire de ce bagnard touché par la grâce, qui ne souffre pas l'injustice.

De 1815 à 1833, Victor Hugo raconte la France de la Restauration et le Paris de l'insurrection de 1832, et c'est une leçon d'Histoire magistrale. A travers les personnages et leurs péripéties, il dresse le portrait impitoyable d'un pays dur et méprisant avec les faibles, et ce faisant, il dépeint une humanité qui serait à désespérer si elle n'était illuminée par la bonté d'un Jean Valjean ou la gouaille d'un Gavroche. Car cet énorme roman qui parle de pauvreté, de faim, de froid, de méchanceté, n'est jamais déprimant ni complaisant. Là est la force de l'auteur : parler des choses graves sur un ton presque léger, en faisant même preuve d'humour, parfois. Et c'est avec regret que j'ai atteint, au bout d'un mois ( ! ), la dernière page, tant cette histoire est universelle et intemporelle.

Alors, oui, il y a de nombreuses digressions (sur la bataille de Waterloo, sur la Révolution de 1848, sur l'argot de Pantin etc.), mais peu importe, finalement, tant on est emporté par l'intrigue, tant on est attaché aux personnages. Et puis, il y a le lyrisme d'Hugo, et sa poésie, qui se mêlent à la politique et à la romance, et nous laissent étourdis devant tant de maîtrise et d'érudition.

Hugo, plus grand écrivain français ? Avec ce roman, ça me semble indéniable. Sur la 4e de couverture, il est écrit : "On dit que lorsque les premières épreuves sortirent des presses, les correcteurs et les imprimeurs pleuraient". Je le crois volontiers, ce livre est un condensé d'émotions, d'intelligence du coeur et d'intelligence tout court. Alors, un conseil : ne vous effrayez pas de son épaisseur, réservez-vous un mois, et plongez à votre tour dans cette lecture qui vous transformera -ou, du moins, vous touchera pour le meilleur.
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