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Jean-Marc Hovasse (Éditeur scientifique)Guy Rosa (Éditeur scientifique)
EAN : 9782742765065
488 pages
Actes Sud (14/03/2007)
3.97/5   45 notes
Résumé :

Réfugié à Bruxelles au sortir de la résistance armée contre le coup d'Etat de décembre 1851, qui lui avait fait mettre ses jours en danger, Victor Hugo compose en quelques semaines le plus éclatant pamphlet politique de toute l'histoire. "Je n'ai pas l'intention de faire un livre", écrivait-il alors, "je pousse un cri." Aussi brillant que profond et clairvoyant, Napoléon le Petit n'empêcha certes pas son a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Superbe colère de Victor !
Je suis obligé de remettre le livre dans le contexte politique.
En 1848, Victor Hugo soutient Louis Bonaparte, qui devient prince-président en prêtant serment à la constitution de cette Seconde République. Son mandat est de 4 ans, non reconductible. Victor Hugo devient maire à Paris et député. Mais en 1849, il se sent trahi par les idées de Louis Napoléon et rompt avec lui.
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon, en dictateur, fait un coup d'état, il édicte 6 décrets autoritaires pour conserver le pouvoir, parjure son serment, et dissout l'assemblée nationale. Victor Hugo participe d'abord à l'organisation d'une résistance. Paris outragé élève des barricades. Que fera Louis Bonaparte ? le 4 décembre, c'est la nuit des longs couteaux, la nuit de cristal, sauf que c'est l'après-midi : "Qu'on exécute mes ordres !"
"Subitement, comme nous venons de le dire, la cavalerie, l'infanterie, l'artillerie, firent front à la foule massée sur les trottoirs, et sans qu'on pût deviner pourquoi, brusquement, sans motif, "sans sommation", comme l'avaient déclaré les infâmes affiches du matin, du Gymnase jusqu'aux Bains chinois, c'est à dire dans toute la longueur du boulevard le plus riche, le plus vivant et le plus joyeux de Paris, une tuerie commença."
Victor Hugo s'exile en Belgique d'où il écrira ce livre, en un mois !
Ce pamphlet est trop riche pour que j'en tire toute la substantifique moelle, mais ce que je ressens, c'est que contrairement à L Histoire apprise à l'école, sans saveur et sans odeur, la personnalité de Louis est bien cernée : après un essai de passage en force à Strasbourg, en 1836 puis à Boulogne et un passage à la prison de Ham, il récidive, d'une manière obsessionnelle à essayer de ressembler à son oncle Napoléon Bonaparte. La relative tolérance de Victor Hugo pour Napoléon Premier n'existe pas auprès de Napoléon le Petit, car ce que le premier a acquis par son génie, le neveu le fait passer par le vol, le mensonge, la corruption, le crime et la terreur. Il est à l'origine de 1000 morts innocents et désarmés, femmes et enfants, et 60.000 déportés :
"L'assassin, penché sur l'assassiné et le couteau levé, lui crie : je t'ai arrêté, saisi, terrassé, dépouillé, volé, percé de coups, te voilà sous mes pieds, ton sang coule par vingt plaies ; dis-moi que tu TE REPENS, et je n'achèverai pas de te tuer."
Car ce n'est pas tout : il y a le plébiscite du 20 décembre 1951....
Il a tué les quatre piliers de la République en les corrompant : l'armée, les fonctionnaires, le clergé, la magistrature.
Victor Hugo a contribué à accréditer " la légende noire" de Louis Bonaparte, car ce retour en arrière politique le met en colère, lui, le républicain fervent.
On dirait aujourd'hui que Louis Bonaparte est un manipulateur, pervers narcissique, il y en eut beaucoup, de Nemrod à Hitler, qui accédèrent aux responsabilités, en passant par (Hugo cite) Busiris, Phalaris, Assuérus, Néron, Tibère, Domitien, Caracalla, Héliogabale, Commode, Borgia, Philippe dit le Bon, Richard III, Henry VIII, Christiern II, Philippe II.
De Bruxelles, où il écrit, huit mois après le coup d'état, ce pamphlet, Victor Hugo donne une belle explication divine de cette épreuve...
.
Mais je me pose deux questions :
1) Comment Casablanca a-t-il "emprunté" les 25 millions de Francs à la Banque pour que Louis fasse son coup d'état et corrompe tous ses fonctionnaires ?
2) Hugo pensait que l'usurpateur de la république durerait peu d'années. Comment a-t-il tenu 18 ans ? Certes, il y a eu une conjoncture économique favorable...
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Peuple de France : indignez-vous car NABOLEON a violé, martyrisé la République !
C'est Victor Hugo, qui a été maire du 8 ° arrondissement de Paris et député de la II° République qui dans un pamphlet percutant et célèbre dénonce Louis-Napoléon Bonaparte comme un imposteur, un traitre, un parjure..un fossoyeur de la république !
Cependant, dans un 1° temps Victor Hugo avait partagé les idées du neveu de l'Aigle, mais c'est après le coup d'Etat du 2/12/1851 et les massacres du 4 décembre qu'il devint un des opposants les plus farouches de cet " idiot " comme l'appelait Thiers.
Il faut recontextualiser les événements pour comprendre les accusations portées par Victor Hugo :
Le 4 novembre 1848 Louis-Napoléon est élu député au suffrage universel masculin au sein de la II ° république.
Le 20/11 : il devient président et prête un serment solennel devant l'assemblée nationale.
Et, le 2 décembre 1851 : il s'empare du pouvoir par un coup d'Etat ( semblable à celui du 18 brumaire an VIII ) et, à cette occasion : il se parjure, présente 6 décrets autoritaires et dissout l'assemblée nationale...
Ensuite, le 4 décembre, à Paris et en Province : il envoie l'infanterie, l'artillerie, la cavalerie tuer la population qui lui résiste ! Il y aura 1000 morts innocents et désarmés, des femmes, des enfants, des blessés et s'en suivront 60 000 déportations en Algérie, au bagne de Cayenne et des proscriptions ( dont Victor Hugo en Belgique ).
En novembre 1852 : il met fin à la II ° république et se proclame empereur ! Il endosse les attributs impériaux : uniforme de général, cordon rouge, épaulettes d'or et bicorne ...
Il faut se rappeler qu'il est le fils d'Hortense de Beauharnais et de Louis Napoléon et donc le neveu du Grand Empereur Napoléon I ° et, lui le Petit !
Il a toujours pensé qu'un grand destin l'attendait et c'est pour cela qu'il a fait 2 tentatives de coup d'Etat :
en 1836 à Strasbourg, et en 1840 à Boulogne/mer qui l'ont conduit à faire 6 ans de prison au Fort de Ham puis à s'évader pour revenir briguer un mandat en France...
Victor Hugo l'accuse d'avoir spolié la nation, d'avoir séquestré les biens de Louis Philippe et de sa famille, d'avoir abusé de l'argent public, d'avoir mené un grand train de vie à l'Elysée : sa nouvelle demeure, d'avoir acheté les consciences des fonctionnaires, d'avoir muselé la presse, d'avoir supprimé les corps législatifs...bref : Victor Hugo a assombri sa " légende noire " !
L.C thématique de mars 2023 : une biographie.

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Aujourd'hui, ce n'est pas une critique que je vous livre, mais une auto-critique.
Je veux absolument rendre à César ce qui est à César, ou plutôt à Victor Hugo ce qui lui appartient ! J'ai ajouté une citation à ce livre, il y a seulement quelques jours, et je viens de m'apercevoir qu'elle n'appartient pas au recueil : c'est effectivement dans l'oeuvre, mais pas du tout sous cette forme, ni dans cet ordre... Petits bouts de phrases picorés ça et là dans les textes, en prenant bien soin de prendre celles où se trouve "petit" "président" et "princesse étrangère"... Deux mots m'avaient mis la puce à l'oreille (président et bourse), mais je ne m'y suis pas arrêtée comme je l'aurai dû. Moi qui ai tant aimé étudier cet écrivain, et en particulier "La légende des siècles", je m'en veux terriblement pour cette bévue monumentale.
En espérant que vous vous montrerez indulgent, je vous prie de bien vouloir pardonner cette grossière erreur.
Mila
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Attaque au vitriol de Napoléon III, concentrée sur sa prise de pouvoir : Hugo rappelle le serment que le prince-président avait prêté devant l'Assemblée Nationale, décrit un massacre de rue dans les jours suivant le 2 décembre, s'insurge contre le serment à l'Empereur exigé de tous les fonctionnaires... Je l'ai lu pendant l'insurrection syrienne, à l'été 2012, et je voyais des échos à ma lecture dans les mots employés par les journaux pour décrire Bachar al-Assad et le traitement infligé à sa population.
Une lecture salutaire, qui nous rappelle que la démocratie ne vient pas seule après des décennies d'autocratie, et qu'il est du devoir de chaque citoyen de la défendre quand elle est en danger.
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Un livre que je voulais lire depuis longtemps, car j'aime l'écriture de Victor Hugo, je m'intéresse à la période d'un point de vue historique, et je connais de nombreux poèmes des @Châtiments, le premier recueil de poésie que j'ai lu en entier, et qui m'a beaucoup marqué, par son croisement entre l'épopée, la satire, l'indignation et la politique.
Ce recueil n'est donc pas de la poésie, mais de l'Histoire. Hugo fait le récit du coup d'état, en s'appuyant sur des sources, sur des témoignages. le Je est donc moins présent que dans la poésie.
Mais l'écriture est toujours belle, puissante, pleine d'indignation et de souffrance, avec des images fortes - le massacre du boulevard, les flots de sang dans Paris, la cervelle restée sur un arbre.
Je comprends ce que disait Charles Péguy, écrivant que le passage du paragraphe de Napoléon le Petit traitant de la mort d'un enfant au célèbre poème "Souvenir de la nuit du quatre" est une leçon de poésie.
Un grand livre pour un grand crime et un petit homme, qu'un grand génie renvoie aux oubliettes de l'histoire, en rappelant qu'il y a bien crime à l'origine, et qu'aucune légitimité ne peut se fonder sur la violation du droit, de la loi, et de la conscience. Et un grand livre aussi parce qu'il reste actuel, tant que les libertés publiques sont menacées, quelque soit le pays.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Que peut-il ? Tout.
Qu'a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance,
en huit mois un homme de génie
eût changé la face de la France,
de l'Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France
et n'en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président se démène :
il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;
ne pouvant créer, il décrète ; il cherche
à donner le change sur sa nullité ; c'est
le mouvement perpétuel ; mais, hélas !
cette roue tourne à vide.

L'homme qui, après sa prise de pouvoir
a épousé une princesse étrangère
est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots,
ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.
Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.
Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit
et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme,
il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds,
lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue !

Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde,
d'un homme médiocre échappé.
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Quand la moralité publique s'éclipse, il se fait dans l'ordre social une ombre qui épouvante.
Toutes les garanties s'en vont, tous les points d'appui s'évanouissent.
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Le grand talent de Napoléon Bonaparte est le silence (...) Il ne parle pas, il ment (...) Machiavel a fait des petits, il en est un (...) Il ne fait rien (...) Il cherche à donner le change sur sa nullité (...) Qui est à l'Elysée et aux Tuileries? Le crime. Qui siège au palais Bourbon? L'imbécilité. Qui siège au palais d'Orsay? La corruption (...) Nous ne nous laisserons pas abattrent (...) L'avenir c'est la République pour tous, la paix avec tous.
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Maintenant faites déclarer par sept millions cinq cent mille voix que 2 et 2 font 5, que la ligne droite est le chemin le plus long, que le tout est moins grand que la partie ; faites-le déclarer par huit millions, par dix millions, par cent millions de voix, vous n’aurez point avancé d’un pas. Eh bien, ceci va vous surprendre, il y a des axiomes en probité, en honnêteté, en justice, comme il y a des axiomes en géométrie, et la vérité morale n’est pas plus à la merci d’un vote que la vérité algébrique.
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Il y a donc dans une boutique où se fabriquent les lois et les budgets un maitre de maison, le conseil d'état, et un domestique, le corps législatif.
Aux termes de la Constitution, qui est-ce qui nomme le maitre de maison? M Bonaparte. Qui est-ce qui nomme le domestique? La Nation. C'est bien.
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