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Critique de Simonbothorel


Troisième oeuvre que je lis en entier du grand Victor Hugo après Hernani et le Dernier Jour d'un condamné. Notre Dame de Paris, publié en 1831 est une grande fresque médiévale racontant l'histoire de plusieurs personnages tous très importants aujourd'hui dans la culture populaire que ça soit Phoebus, Frollo, Esmeralda et surtout Quasimodo.
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Ce fut un énorme plaisir de lire ce roman très important dans l'histoire de la France (surtout récemment avec l'incendie de Notre Dame qui a remit l'oeuvre au devant de la scène). Ce qui m'a d'abord marqué ce sont les descriptions très précises sur le Paris du Moyen-Age. On sent la précision, l'odeur, l'architecture, ou encore l'ambiance de cette époque. Hugo est très minutieux avec tous ce que regorge la capitale française. Même si par moment, cela est un poil ennuyant à certains chapitres comme Paris à vol d'oiseau qui je trouve est trop dense dans sa description et nous nous perdons vite dans ce chapitre. Mais malgré cela, j'aime les moments où Hugo digresse sur des passages importants de l'Histoire comme le chapitre "Ceci tuera cela" que je trouve passionnant sur son propos. L'imprimerie qui a apporté énormément à la civilisation pour Hugo à tué également l'art de l'architecture et cela porte tout le propos de l'oeuvre. Car au-delà d'être une histoire passionnante d'un amour impossible, Hugo fait un essaie sur l'Histoire de l'architecture et ce que cela a apporté à la société. On ressent une connaissance très profonde de cet art et l'importance culturelle qu'elle engendre.
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Pour ce qui est des personnages, ils sont tous incroyables. Cela est une bonne idée de commencer le roman par un personnage secondaire. Celui de Pierre Gringoire, un personnage fantasque et drôle. Ce premier "livre" n'est pas non plus des plus faciles car il y a une insistance marquante sur l'ambiance dantesque qu'apporte Hugo. Ce dernier exprime magistralement des passages plus démentiels les uns que les autres en s'essayant tout d'abord à l'écriture du roman mais également à la poésie et au théâtre. Bien entendue cela reste dans une écriture romanesque mais certains moments montrent très bien qu'Hugo maîtrise à merveilles les autres styles littéraires. Ce qui est donc un peu difficile au début mais on s'y habitue puis on attend avec impatience l'arrivée de Quasimodo qui est assez tardive. Ce dernier est un personnage très touchant, Hugo en fait une description terrible (physiquement parlant) mais arrive à trouver les failles pour qu'on est une empathie immense (sans tomber dans le misérabilisme malhonnête) pour le bossu. Il arrive à faire cela en le décrivant dans la partie de la fête des fous où celui qui fera la meilleure grimace remporte le prix des papes des fous. Bien entendu c'est Quasimodo qui gagne sans avoir le besoin d'en faire une tellement son visage est défiguré et son corps inhumain. On a une tendresse immense pour celui-ci et on lit avec attention ce basculement entre entre ces moments de bonheur (quand il sonne les cloches par exemple) mais aussi quand on le voit souffrir (notamment à cause de Frollo).
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Frollo est lui aussi un protagoniste d'une grande valeur. Ce visage froid qui lui colle à la peau nous donne des frissons mais Hugo encore une fois arrive à trouver des failles pour engendrer de l'empathie pour celui-ci. Je l'ai trouvé finalement profondément humain car il a dû tellement retenir ses pulsions, son lâcher-prise ou encore le sentiment d'amour que tout cela explose et crée des monologues incroyables. Notamment entre lui et la belle Esmeralda. J'ai trouvé que c'était le personnage le plus intéressant grâce à sa complexité et sa palette d'émotion très polyvalente. Pour ce qui est de la Esmeralda, c'est un magnifique personnage. Chaque passage qu'elle traverse (avec sa chèvre la petite Djali laissant toujours une petite touche d'humour) laisse une empreinte très forte sur l'ambiance et les autres personnages. Que ça soit Phoebus, Gringoire, Frollo ou Quasimodo, ils tous happés par les sentiments les plus profonds que cela leur engendre d'être face à l'Egyptienne. Cela leur fait casser les codes de leurs propres sentiments et de leur ligne de conduite qu'ils avaient avant de la rencontrer.
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Tous ces personnages font également amener beaucoup de thématiques. Même si j'ai lu peu de choses de Victor Hugo, j'ai sentis une grande continuité du Dernier Jour d'un condamné à mort. On sent l'immense importance de critiquer cette manière terrible de punir les criminels (qui souvent ne le sont pas). Toutes les scènes de pilori où Quasimodo est humilié en public (avec cette scène magique où Esmelrada vient l'aider), également où Esmeralda est prête à être pendu, etc. montrent la cruauté de cette époque et questionne également l'époque d'Hugo mais aussi la notre. C'est une oeuvre intemporelle et qui est toujours d'actualité. Hugo parle aussi de la conservation des oeuvres historiques de Paris (donc ici en particulier de Notre Dame mais parle pour toutes les oeuvres mondiales), de la violence de cette époque, la notion de révolution, des relations amoureuses impossibles, des normes de beauté, de la croyance religieuse, de l'art, etc. C'est une panoplie immense d'énormément de choses et dont nous restons accrochée grâce à cette magnifique histoire universelle. Des passages sont très marquants par leurs violences et Hugo n'y va pas de main morte. Je pense à l'attaque des truands de la cour des Miracles essayant d'assiéger Notre Dame pour récupérer Esmeralda et dont Quasimodo défend avec rage sa Dulcinée (avec qui il n'arrivera jamais vraiment à communiquer, ce qui fait aussi la beauté de cette relation). C'est une oeuvre d'une grande tragédie qui parle également de la fatalité (le fameux ANÁΓKH voulant dire en grec Fatalité et qui est le mot qu'Hugo a vu dans Notre Dame écrit sur la roche et qui lui a donné l'idée d'écrire ce roman). On sait que cela finira dans un aspect tragique et cette fin montre l'importance de cette notion de destinée mais aussi du poids du temps qui pèse sur l'humain.
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Pour conclure, c'est un roman très marquant pour ses personnages, son style passant facilement de la description romantique de cette époque, à des monologues digne de la tragédie grecque, à des séquences d'humour et de poésie ou encore des dialogues construits avec brio. C'est notamment la présence imposante de Notre Dame qui devient un personnage appart. Tout tourne autour de ce monument et c'est aujourd'hui impossible de dissocier Notre Dame de Paris et Victor Hugo, tellement le livre décrit avec perfection cette beauté architecturale et son importance historique. C'est une traversée presque fantastique dans les méandres des rues du Paris du XVI° siècle et la construction de l'oeuvre (par exemple, le fait de voir sous plusieurs angles les mêmes scènes en fonction des personnages ou encore le fait de lire une scène d'un personnage puis lire un autre chapitre l'histoire d'un personnage dans le même temps réel que la précédente, etc.) permet de densifier la présence immense de tous ces personnages qu'ils soient principaux ou secondaires. On admire avec beauté les vues que décrit Hugo lorsque un personnage se trouve en haut de Notre Dame et cela devient presque contemplatif. C'est une oeuvre à la fois romantique mais aussi profondément réaliste sur l'être humain et tout ce qu'il y a de plus beau et de plus terrible chez lui.
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