AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782895961970
112 pages
Lux Éditeur (16/04/2015)
4.29/5   14 notes
Résumé :
Fort McMurray, dans le nord de l'Alberta, est le Klondike d'une ruée vers l'or du XXIe siècle, ville-champignon au milieu d'un enfer écologique, où des travailleurs affluent de partout attirés par les promesses de boom économique. L'or qu'ils convoitent : les gisements de sables bitumineux, le pétrole le plus sale qui existe et qui est exploité au péril de la planète entière par les compagnies pétrolières comme Total. Nancy Huston est allée voir de ses propres yeux ... >Voir plus
Que lire après BrutVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Vous connaissez Fort Mc Murray, au Canada ? Non ? Et bien quand vous aurez terminé la lecture de mon billet, ou du livre, vous n'aurez sûrement pas envie de vous y rendre…

Nancy Huston, Melina Laboucan-Massimo, Naomi Klein, David Dufresne et Rudy Wiebe ont co-écrit cet ouvrage, absolument terrifiant. Et malgré le sujet très grave, j'ai eu un coup de coeur pour ce livre. Je vais essayer de ne pas trop m'étendre, mais ce n'est pas facile avec un pareil sujet.

Dans le nord-est du Canada, le pétrole lourd et le bitume reposent sous des sables qualifiés de bitumineux. L'exploitation de ce pétrole se pratique depuis une vingtaine d'années, pulvérisant tout au passage : la vie des gens, des bêtes et des arbres. Toute la nature est polluée, transformée, défigurée. La principale ville d'où partent des camions ressemblant à des wagons se nomme Fort Mc Murray, sorte d'Eldorado où vivent et transitent des milliers de personnes en quête d'une fortune rapide. C'est dans cette ville que les auteurs, une romancière, une activiste, un réalisateur de documentaire, un poète et une journaliste ont décidé de croiser et confronter leurs points de vue. Chacun et chacune apportent son témoignage. Leurs récits sont apocalyptiques. J'insère ici une photo pour donner une idée du gigantisme des chantiers car je peine à me les représenter, tout est hors-normes.

La ville de Fort McMurray regorge de centres commerciaux alors que la pauvreté augmente lentement mais sûrement. Et que dire des impacts environnementaux de ce type d'extraction ? Tout devient stérile face aux énormes quantités de saloperies chimiques déversées depuis 20 ans. Tous les animaux fuient, les rivières se meurent, les forêts sont rasées… Mais la plupart des habitants de l'Alberta semblent tout de même satisfaits : l'essentiel n'est-il pas de brasser de l'argent, même si on n'a pas le temps d'en profiter, faute de conserver une bonne santé ? Les éternels perdants sont les autochtones la faune et la flore.

Quant aux compagnies pétrolières, ce type de ville est une aubaine : on achète la conscience des élus locaux à grands renforts de constructions de salles de sport, de piscines, etc. Ils ont plus de mal à financer des bibliothèques ou des centres culturels, mais bon, on n'en sera pas étonné.

Un récit qui glace le sang parce que ces immenses zones de non-droit où tout se meurt pourraient très bien devenir notre futur proche (moi et mon syndrome Mad Max, que voulez-vous…). Heureusement qu'en France, des collectifs citoyens se battent contre l'exploitation du gaz de schiste. Mais ce n'est pas une raison pour détourner le regard de ce qui se passe à l'autre bout du monde…
Lien : https://labibliothequedefolf..
Commenter  J’apprécie          111
La démocratie est-elle soluble dans le pétrole ?

« Les étendues de l'Athabasca, dans le Nord-est de l'Alberta au Canada : 90 000 kilomètres carrés de terre écorchée et d'eaux contaminée par l'extraction des sables bitumeux… ». L'éditeur souligne, entre autres, l'ampleur de la dévastation, « ce désert toxique qui s'étend au nord du monde est une dévastation de la culture humaine », la logique extractiviste et le gaspillage…

« Ce petit livre s'ouvre donc sur une catastrophe, un oléoduc usé vomissant 4,5 millions de litres de pétrole sur les terres des Cris lubicons, la nation amérindienne à laquelle appartient Melina Laboucan-Massimo ».



Sommaire

Mot de l'éditeur

Melina Laboucan-Massimo : du pétrole en territoire Lubicon

David Dufresne : Les corbeaux (Trois hivers à Fort McMurray)

Nancy Huston : Alberta : L'horreur « merveilleuse »

Naomi Klein et Nancy Huston : La politique de la terre brûlée – Dialogue

Rudy Wiebe : L'ange des sables bitumineux



Melina Laboucan-Massimo revient sur sa jeunesse, le temps où « L'eau des rivières, des ruisseaux et de la tourbière était encore potable ». Elle aborde les transformations destructives, le mépris des droits humains « pourtant garantis par la Section 35 de la Constitution canadienne qui protège les droits ancestraux des Autochtones », l'extraction de sables bitumeux sur les territoires cri lubicon, les problèmes de santé, la dépendance aux services sociaux, les pollutions, l'air vicié, les paysages industriels, la rupture de l'oléoduc Rainbow et les « 4,5 millions de litres de pétroles » répandus, les permis d'exploitation au mépris de la santé et du bien-être des populations, les immenses feux de forêt, l'« écoblanchissement » des sables bitumeux, la perte des ressources hydrauliques potables, les dégénérescences de poissons, les changements climatiques liées aux énergies fossiles, la mise en péril des Premières Nations et des autres populations…

« Les Premières Nations s'unissent pour répondre au besoin urgent de protéger la terre et les réserves d'eau, comme le confirme la « Déclaration pour sauver le fleuve Fraser » signée par plus de 130 nations. Ce que les gens ne semblent pas encore avoir compris, c'est qu'en luttant pour sauver nos terres, nous luttons aussi pour les autres habitants de la planète ».

David Dufresne nous décrit un monde inouï, la « mesure de la démesure », une population fantôme « prix que l'industrie consent à payer pour régner », les camps et les travailleurs, les pistes atterrissage privées, la ville d'enfer « sans passé et sans présent », les fonctionnements 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, la mairesse et le laisser-faire, « Melissa Blake règne sur 1 milliard de dollars avec seulement 6 987 voix, pas même 10% du corps électoral », le Showgirls et les industries du sexe, ceux qui gagnent leur vie en ramassant des canettes, les prix extravagants de toutes les choses, les accidents de travail, les maladies sexuellement transmissibles, les destructions, les rapports de l'industrie, « Une certitude : tout est légal, légitimé », la censure permanente dans les propos, « Cette censure souriante est le contrepoint parfait du paysage et des efforts des pétrolières en ville : lunaire, dévastatrice. La fable démocratique tenait dans ce nuage de souffre »…

Nancy Huston propose un texte « document « brut » sur le monde de « brutes » que les compagnies pétrolières ont mis en place pour extraire du « brut » ». Elle souligne que ce qui extrait des sables est bel et bien du bitume, le circuit pour transformer en pétrole « cette substance gluante, puante et extrêmement corrosive ». L'autrice compare la situation actuelle avec celle de la ruée vers l'or de la fin du XIXème siècle. Elle aborde les « mots et les maux » de cet extractivisme, la malbaise (« les étreintes tarifés ») à l'image de la malbouffe, l'important taux de syphilis, l'arrogance et la vulgarité du « big », les gros véhicules et les vrombissements de moteur « pour que tout le monde sache qu'ils sont là ; ou plutôt, pas eux, mais leur véhicule », des jeunes femmes « que l'on semble avoir clonées », les paysages artificiels et terrifiants.

L'autrice évoque la sainte trinité Big-Money-Oil, les compagnies pétrolières, « La compagnie ne s'occupe que de leurs besoins physiques les plus basiques : manger, éjaculer, dormir. La télévision s'occupe du reste », les émissions de gaz à effet de serre… et les peuples amérindiens et leurs conception de l'humain…

Suit un dialogue entre Naomi Klein et Nancy Huston dont je n'extrais que « la manière dont ces machines ont pénétré la psyché humaine », la vie dans des camps de travail, les fictions développées, la haine des Autochtones…

Le livre se termine par un texte de Ruby Wiebe sur L'ange des sables bitumeux…

Un vrai monde de brut, de brutes, de brutalité. Un écocide et un ethnocide.
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          20
Un recueil sur l'extraction de brut dans le grand nord canadien. Plusieurs voix, plusieurs styles: le témoignage de l'Autochtone, le reportage du journaliste français, le récit de Nancy Houston, le dialogue entre Houston et Klein et enfin la nouvelle de Wiebe. Tous dénoncent la folie de Fort McMurray, ville de tous les excès, principalement écologiques et capitalistes.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les sables bitumineux et leur capitale, Fort McMurray, sont un monument du capitalisme contemporain et de la logique extractiviste selon laquelle le gaspillage, aussi bien dire le scandale, serait de ne pas mettre à profit les moindres replis de la terre. Cette atrophie calculée de la vie habitable, l'appauvrissement de notre rapport à nous mêmes, au politique, au réel, l'inversion des valeurs qui fondent notre humanité par les passions de l'accumulation, voilà ce que décrivent et décrient les voix ici rassemblées. 
Commenter  J’apprécie          10
Tandis que les autorités ferment les yeux à triple tour sur les impacts écologiques, les compagnies pétrolières achètent la paix sociale à coup de réunions d'information dotées de lecteurs DVD, de quelques dollars lâchés par participant, et d'un peu de dinde cuisinée.
Commenter  J’apprécie          20
 Là où il y avait jadis des communautés autosuffisantes qui pouvaient compter sur l'air pur, l'eau propre et les plantes médicinales de la forêt boréale, on voit aujourd'hui des familles qui dépendent de plus en plus des services sociaux parce qu'elles ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins.  Melina Laboucan-Massimo.
Commenter  J’apprécie          10
Le lobbyiste avait tout dit. Les compagnies de pétrole sont la démocratie, et la démocratie est pétrole. C'est comme si l'un coulait dans l'autre et, à ce jeu, les compagnies menaient le monde et la danse. Une danse qui ressemble à celle de ces corbeaux que Jim nourrit sur ses terres et qui pullulent dans la région, dévorant la ville comme les pétrolières, le sol.
Et si cette danse de la charogne, c'était avant tout la notre ?
Commenter  J’apprécie          00
Les Premières Nations s’unissent pour répondre au besoin urgent de protéger la terre et les réserves d’eau, comme le confirme la « Déclaration pour sauver le fleuve Fraser » signée par plus de 130 nations. Ce que les gens ne semblent pas encore avoir compris, c’est qu’en luttant pour sauver nos terres, nous luttons aussi pour les autres habitants de la planète
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Nancy Huston (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nancy Huston
Elle s'appelle Francia après s'être appelée Ruben, là-bas, dans son pays, en Colombie. Devenue femme, Francia est prostituée au bois de Boulogne. Dans son nouveau roman tout en justesse et en sensibilité, à travers ce personnage, Nancy Huston nous raconte le quotidien de la prostitution, entre larmes et espoirs.
Retrouvez l'émission intégrale sur WebTvCulture
autres livres classés : canadaVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
254 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *}